Pour les articles homonymes, voir Vidal et Naquet.
Pierre Vidal-Naquet
Hommage de la ville de Paris à Pierre Vidal-Naquet, « militant contre la torture » dans la dénomination d'une esplanade du 13e arrondissement de Paris.
Spécialiste de l'histoire de la Grèce ancienne, il a aussi joué un rôle dans divers domaines de la vie intellectuelle et politique de la France[évasif].
Auteur de plusieurs ouvrages historiques ou politiques, il a aussi écrit de très nombreuses préfaces pour les livres les plus divers[1] ; il a été un militant actif contre la torture pendant la guerre d'Algérie, contre la dictature des colonelsgrecs et a soutenu les efforts de paix dans le conflit israélo-arabe au Moyen-Orient, affirmant dès 1967 la nécessité de créer un État palestinien aux côtés d'Israël. À partir de la fin des années 1970, il a consacré une part de son activité intellectuelle à la lutte contre la poussée du négationnisme.
Biographie
Pierre Emmanuel Vidal-Naquet a écrit plusieurs textes autobiographiques, notamment ses Mémoires, publiés en 1998, mais aussi des textes plus ponctuels comme : « Esquisse d'un parcours anticolonialiste » (2001)[2] et « Pourquoi et comment je suis devenu historien » (2003)[3], issu d'une conférence prononcée aux Rendez-vous de l'histoire à Blois en 2002[4].
Il est le fils de Lucien Vidal-Naquet (né le à Paris[6] et mort en 1944 à Auschwitz), avocat, et de Marguerite Valabrègue (née le à Marseille[6] et morte en 1944 à Auschwitz), mariés en 1929. Leur dernière adresse est au 9, avenue Frédéric Mistral[6]. La sœur de Lucien, Isabelle (1898-1954) est l'épouse du polytechnicien Robert Brunschwig ; le frère de Lucien, Georges (1900-1978), épouse en 1931 Marthe Valabrègue (1907-1996)[7], sœur jumelle de Marguerite.
C'est un milieu laïc (athée pour certains) et républicain, d'orientation dreyfusarde : « Toute ma vie, j'ai été marqué par le récit que m'a fait mon père à la fin de 1941 ou au début de 1942 de l'affaire Dreyfus »[8].
Lucien Vidal-Naquet, devenu avocat en 1921, a d'abord été dans le cabinet de René Viviani, puis est entré dans celui d'Alexandre Millerand. C'est un civiliste, particulièrement intéressé dans les questions de propriétés intellectuelle ; dans les années 1930, une de ses affaires l'oppose à la compagnie cinématographique Tobis.
Pierre Vidal-Naquet s'est marié en 1952 et a eu trois enfants.
Enfance
Après Pierre, naissent François (1932), Aline (1933), Yves (1940) et Claude (1942).
Scolarisé au sein de la famille, en liaison avec un cours privé[9], Pierre est admis en à entrer en septième au lycée Montaigne.
Une adolescence marquée par la Shoah
En , les familles de Lucien et Georges Vidal-Naquet et de Robert Brunschwig viennent en vacances à Beg Meil[10] (commune de Fouesnant, Finistère). Elles vont y rester pendant la drôle de guerre, sans les pères qui sont mobilisés (Lucien dans l'artillerie à Charleville). En naît le second frère de Pierre, Yves. Le , en pleine débâcle de l'armée et du gouvernement, les trois femmes prennent la décision de partir à Marseille (en voiture). Elles y arrivent assez péniblement le 1er juillet ; le petit Yves, assez fragile, est mort le .
Lucien Vidal-Naquet, démobilisé, les rejoint, puis revient à Paris où il continue d'exercer son métier jusqu'à sa révocation de l'ordre des avocats. Dès 1940, il est entré dans la Résistance au sein du réseau de résistance du musée de l'Homme[11]. La révocation prend effet le et il vient alors vivre à Marseille.
Après l'invasion de la zone Sud par l'armée allemande (), Georges Vidal-Naquet réussit à passer en Espagne, puis rejoint la France libre ; sa famille part pour Saint-Agrève, ville protestante offrant possibilité de refuge aux Juifs. Les autres enfants partent dans une institution à Megève. En , les enfants Vidal-Naquet reviennent à Marseille, mais les Brunschwig se rassemblent dans une demeure de famille à Dieulefit (Drôme). Pierre Vidal-Naquet y fait deux séjours ( et ), y rencontrant le poète Pierre Emmanuel.
Le , Lucien et Marguerite sont arrêtés par la Gestapo, amenés à Drancy, puis par le Convoi No. 75[6], en date du , déportés à Auschwitz où ils meurent l'un et l'autre peu après[12], mais les trois enfants échappent à cette arrestation et sont d'abord hébergés par des professeurs. Le , Pierre et François sont emmenés chez le chauffeur Maurice, à Cucuron. Aline est emmenée à Saint-Agrève le , retrouver sa grand-mère maternelle et sa tante Marthe Vidal-Naquet ; ses frères la rejoignent le .
Après un dernier séjour à Dieulefit (mi septembre-mi ), il revient à Paris avec les Brunschwig, chez qui il va vivre jusqu'en 1948. Il entre en Seconde au lycée Carnot. Cette période est marquée par les doutes sur le sort de ses parents (il sait qu'ils sont passés par Drancy et ont été déportés) ; ce n'est qu'à la rentrée 1945 qu'il acquiert la certitude qu'ils ne rentreront pas.
Sa vocation d'historien résulte entre autres de la lecture de L'Étrange Défaite de Marc Bloch, mais il s'intéresse beaucoup à la littérature, notamment au surréalisme (André Breton, René Char et Antonin Artaud) et aux arts. En 1948-1949, il participe avec Pierre Nora à l'aventure de la revue Imprudence, qui publie trois numéros. Durant les vacances d'été de 1949 et 1950, il voyage en Italie avec Jacques Brunschwig. Sur le plan politique, il se situe nettement à gauche, mais malgré un certain intérêt, il n'adhère pas au Parti communiste, décision définitivement confirmée en 1949 après le procès de László Rajk en Hongrie, dont il perçoit le caractère truqué.
En 1950, il décide de faire une troisième khâgne, mais à Marseille, au lycée Thiers[14] ; c'est une classe mixte, où il fait la connaissance de Geneviève Railhac[15], qu'il épousera peu après.
Après un nouvel échec en 1951, il n'a pas d'autre diplôme qu'une « licence libre » ; il la complète avec des certificats qui lui donnent une licence de Lettres classiques, puis fait un mémoire sur Platon, avec Henri-Irénée Marrou (mémoire complémentaire sur Jean Jaurès, avec Ernest Labrousse), obtenant un diplôme d'études supérieures d'histoire (). Il prépare ensuite l'agrégation d'histoire et est reçu troisième en 1955[16] (ainsi qu'au CAPES de Lettres classiques)[17].
À la demande de Robert Blum, il collabore à l'édition des œuvres de Léon Blum ; il travaille sous la direction de Robert Verdier sur les écrits des années 1945-1950, qui donnent finalement deux volumes[18] (l'édition du second étant dirigée par François Furet)[19].
L'université de Caen (1956-1961)
À la rentrée 1956, il obtient un poste d'assistant à l'université de Caen, auprès de Henri Van Effenterre. Il consacre alors son activité professionnelle essentiellement à l'enseignement de l'histoire de la Grèce antique, tout en commençant à la rentrée 1960 à suivre le séminaire de Jean-Pierre Vernant à l'EPHE[20].
Mais, à cette époque, il s'implique beaucoup dans les problèmes liés à la guerre d'Algérie (affaire Maurice Audin, manifeste des 121) : en 1961, il est suspendu à l'université de Caen, à cause justement du manifeste.
De 1962 à 1964, il est détaché au CNRS. Durant cette période, il participe toujours à l'EPHE au séminaire de Jean-Pierre Vernant, mais aussi[23] à ceux d'André Aymard (sociologie de la guerre dans l'Antiquité), de Roger Rémondon (papyrologie) et de Louis Robert (épigraphie grecque). Il a aussi des activités archéologiques à Mallia en Crète (1963) avec Henri Van Effenterre et à Samos en 1964[24].
Il rédige alors le premier travail important dans son œuvre, en collaboration avec Pierre Lévêque : « Clisthène l'Athénien », d'abord projeté comme article pour les Annales, puis livre publié au début de 1964.
Il prend aussi connaissance de l'œuvre de Moses I. Finley, auteur de The World of Odysseus (1954), dont aucun livre n'a encore été traduit en français et qu'il introduit en France à travers une recension dans les Annales en 1963[25].
En 1964, le dédoublement de la chaire d'histoire grecque, détenue par Antoine Bon, lui permet d'y être élu professeur.
L’École pratique des hautes études puis l’École des hautes études en sciences sociales (1966-1997)
Entré comme sous-directeur d'études à l'EPHE dans la VIe Section (Sciences économiques et sociales) dirigée par Fernand Braudel - à partir de 1975, École des hautes études en sciences sociales -, il devient directeur d'études en 1969, poste qu'il occupe jusqu'à sa retraite en [26].
Le , son directeur de thèse étant Édouard Will, il soutient à l'université de Nancy une thèse « sur un ensemble de travaux » (articles et ouvrages sur la Grèce ancienne publiés depuis 1960), devenant ainsi docteur ès-lettres. En 1981, paraît le recueil Le Chasseur noir, qui regroupe ses principaux articles sur la Grèce ancienne.
Lecteur de Dumézil et de Lévi-Strauss, il est considéré comme membre de l'« école de Paris » (formule issue du milieu universitaire américain), aux côtés de Jean-Pierre Vernant, avec qui il a écrit quelques livres, de Nicole Loraux et de Marcel Detienne : il s'agit du groupe des chercheurs liés à l'EPHE, qui se différencient des hellénistes classiques (François Chamoux) par le souci de mettre en œuvre des disciplines diverses, notamment l'anthropologie structurale.
De 1982 à 1992, il est membre du Conseil national des Universités et de la commission de recrutement du CNRS.
Succédant à Jean-Pierre Vernant, il prend la direction du Centre Louis Gernet de recherches comparées sur les sociétés anciennes.
Interventions militantes
En Mai 1968, il soutient le mouvement étudiant et participe à la commission de réflexion sur la réorganisation de l'EPHE. Durant l'été, après avoir rassemblé un grand nombre de documents (tracts), il écrit avec Alain Schnapp un livre : Le Journal de la Commune étudiante (publié début 1969).
La fin des années 1970 est marquée par l'émergence du négationnisme dans les médias français ; Pierre Vidal-Naquet publie alors plusieurs articles consacrés à l'analyse de ce phénomène, recueillis dans Les Assassins de la mémoire (1987).
Décès
Pierre Vidal-Naquet meurt à l'hôpital de Nice le . Il est enterré au cimetière La Guardi de Fayence (Var) ; sa tombe porte l'épitaphe « Historien dans la cité ».
Apport à l'histoire de la Grèce antique
Il consacra ses recherches à la Grèce antique, l'histoire juive ainsi que l'histoire contemporaine. Jean-Pierre Vernant se rappelait en : « - Pensez-vous qu'il y a, dans la discipline historique, un « avant » et un « après » Pierre Vidal-Naquet ? [Réponse de Jean-Pierre Vernant] : - […] Pour moi qui ne suis pas historien de métier, Pierre était des pieds à la tête un historien. Il ne pensait pas seulement en historien, il regardait le monde contemporain, le monde grec, le monde juif de la même façon : en historien. Classiciste qui maîtrisait les armes de l'épigraphie et de la papyrologie, il n'a jamais fait de la Grèce un modèle intemporel. Il n'oubliait pas qu'à côté il y avait la Chine, l'Inde, l'Amérique précolombienne, par exemple, et qu'on ne pouvait pas comprendre les Grecs si l'on ignorait ces civilisations. Pierre réunissait en lui des qualités très rares : lettré, prodigieux érudit, il était aussi un novateur, et pas seulement dans le domaine du monde grec. Je pense à ses travaux sur le monde juif : dans son livre admirable sur Flavius Josèphe, il brosse un tableau saisissant des problèmes qui se posaient à cette époque (le Ier siècle) à la Judée, pointant certaines questions latentes dans le monde moderne. Le Chasseur noir (éd. Maspéro, 1981) est une façon absolument neuve de voir le monde grec, dans ses complexités et ses ambiguïtés. Même chose dans ses études sur la tragédie qu'il a en partie menées avec moi : comprendre ce qu'il y avait de spécifique dans le théâtre grec tout en ayant le souci de ne pas le détacher du contexte social, politique et mental »[27].
Pierre Vidal-Naquet se disait persuadé également que le continent nommé Atlantide par Platon constituait une invention de celui-ci et « était tout simplement l'Athènes impérialiste du Ve siècle »[28].
En dehors du milieu intellectuel français, on lui a reproché de négliger les faits historiques ainsi que les caractéristiques individuelles des auteurs, voire de manipuler les textes en y introduisant des catégories étrangères à eux, notamment des notions comme la polysémie et l'ambigu[29].
Un intellectuel engagé
Outre la Grèce antique, son domaine de prédilection, il s'intéresse à des sujets contemporains comme la guerre d'Algérie et la Shoah.
Contre la torture en Algérie
Intellectuel engagé dans la défense des droits de l'homme, il milite très tôt contre le colonialisme, et particulièrement contre l'usage de la torture pendant la guerre d'Algérie. En avril 1957, il fait publier dans la revue Esprit un article de son ami Robert Bonnaud (qu'il connaît depuis le lycée Périer à Marseille), à propos des exactions de l'armée française dont il a été témoin comme réserviste rappelé en 1956.
À partir de la fin de 1957, il effectue un travail d'historien à propos de la disparition de Maurice Audin, mathématicien, assistant à l'université d'Alger, arrêté par les parachutistes pendant la bataille d'Alger, puis « disparu » : alors que la thèse officielle affirme que Maurice Audin s'est évadé, Pierre Vidal-Naquet, avec les autres membres du Comité Audin, défend la thèse de sa mort sous la torture. Il en fait un livre, L'Affaire Audin, paru en 1958 et réédité, largement complété, des années plus tard.
En 1960, avec Robert Barrat, Paul Thibaud et Jacques Panijel, il fonde le journal clandestin Vérité-Liberté[30], en remplacement de Témoignages et Documents, chargé de publier les textes (articles ou livres) ayant provoqué une saisie.
Pour avoir signé en 1960 le « Manifeste des 121 », pétition d'intellectuels sur le droit à l'insoumission pour les appelés envoyés en Algérie, le ministère de l'Éducation nationale lui retire pendant un an son poste (sans pour autant lui retirer son traitement de fonctionnaire).
En 1962, il publie La Raison d'État, livre dénonçant l'emploi de la torture.
Homme de gauche non-violent
Marxiste anti-stalinien, il a été brièvement membre du Parti socialiste unifié, ainsi que sympathisant de Socialisme ou barbarie, mais ne s'est jamais considéré comme militant d'un parti politique, le PSU n'étant pour lui qu'un « simple cercle de discussion ».
En 1972, au cours d'un rassemblement antimilitariste à la salle de la Mutualité à Paris, il se déclare « antimilitariste sous tous les régimes, même à La Havane, Alger, Moscou ou Pékin »[31]. Il développe ce point de vue dans la Lettre des objecteurs :
« Finalement la campagne fondamentale est, à l'heure actuelle, tout ce qui se fait dans le sens d'un refus de l'autorité. Il y a dans ce pays une formidable capacité de refus de l'autorité et je crois que la lutte contre le militarisme est un aspect de ce mouvement anti-autoritaire. Si j'ai dénoncé le militarisme des organisations de gauche, c'est parce [qu’elles] sont à bien des égards des organismes autoritaires. »
— Entretien avec Pierre Vidal-Naquet recueilli par Michel Tachon et Paul Berlioz-Arthaud, Lettre des objecteurs, n° 19, juin 1973, p. 20-23
Au printemps 1979, Cornelius Castoriadis et lui critiquent fortement Bernard-Henri Lévy dans Le Nouvel Observateur pour avoir mal vérifié ses références dans son livre Le Testament de Dieu (cette première édition du livre citait un témoignage aux procès de Nuremberg de Heinrich Himmler alors que celui-ci s'était suicidé lors de sa capture), affirmé « contemporains » des événements éloignés de plusieurs siècles, et effectué des citations sans en mentionner les auteurs. Le conflit s'étale sur plusieurs numéros jusqu'à ce que Jean Daniel y mette fin sur une dernière réponse de Bernard-Henri Lévy. Ce dernier convient de son erreur de référence et du fait qu'il ne mentionne en effet pas toujours les auteurs de ce qu'il cite[32].
En 1980, il est cofondateur de l'association Afrane (amitié franco-afghane) et devient directeur de sa revue « Les Nouvelles d'Afghanistan ».
La défense de Luc Tangorre
Pierre Vidal-Naquet, qui d'après Annie Kriegel, fut toujours à la recherche d'un Alfred Dreyfus dont il pourrait être le Zola[33][source insuffisante], s'implique dans la défense de Luc Tangorre, condamné en pour une série de viols à Marseille et dont l'avocat est François Vidal-Naquet, frère de Pierre. Pierre Vidal-Naquet publie notamment dans Le Monde du un plaidoyer intitulé « Pour Luc Tangorre », puis organise un manifeste intitulé « Le viol est un crime, l'erreur judiciaire aussi » qui parait le , également dans Le Monde. Bénéficiant d'une libération conditionnelle en , Luc Tangorre sera accusé d'avoir violé, peu après sa sortie de prison en mai de la même année, deux jeunes étudiantes américaines qui faisaient de l'autostop. À l'occasion du procès jugeant ces nouveaux faits, en 1992, Luc Tangorre étant à nouveau reconnu coupable et condamné, Pierre Vidal-Naquet s'excuse publiquement dans les colonnes du même journal[34], reconnaissant que sans l'intervention du comité de soutien, Tangorre n'aurait pas été gracié et les viols des deux Américaines n'auraient jamais eu lieu.
Militant contre le négationnisme
Pierre Vidal-Naquet s'est également engagé dans la lutte contre le négationnisme.
Ses Mémoires témoignent également de cet engagement, comme la publication du livre Les Assassins de la mémoire en 1995.
Cependant, il sera condamné en pour diffamation envers le négationnisteHenri Roques. Celui-ci avait présenté une thèse en littérature comparée à l'Université de Nantes (thèse par la suite annulée pour irrégularités administratives), consacrée à Kurt Gerstein. Pierre Vidal-Naquet avait écrit à ce propos, dans ses Mémoires : « Si j’en crois un témoin bien placé pour le savoir, [la thèse présentée par Henri Roques] aurait été rédigée non par Henri Roques, qui ne sait pas un mot d’allemand, mais par mon ancien camarade [de khâgne], Robert Faurisson en personne » (P. Vidal-Naquet, Mémoires t.2 - Le trouble et la lumière, 1955-1998, Le Seuil, 1998, p. 44). Pierre Vidal-Naquet fut condamné en première instance. En , la cour d'appel de Paris donnait raison à Pierre Vidal-Naquet, mais le jugement fut annulé par la Cour de cassation en [37]. Pierre Vidal-Naquet et son éditeur s'étant désistés devant la cour d'appel qui devait rejuger l'affaire, le jugement de 2001 fut considéré comme définitif. Une polémique l'a opposé au début des années 1980 à l'intellectuel américain Noam Chomsky concernant le soutien que ce dernier a accordé au négationniste Robert Faurisson menacé dans ses droits fondamentaux. Noam Chomsky considère qu'il n'a fait que soutenir la liberté d'expression de Robert Faurisson sans soutenir ses thèses historiques[38], tandis que Pierre Vidal-Naquet l'a accusé d'être allé au-delà de ce soutien de principe en qualifiant notamment Faurisson de « sorte de libéral relativement apolitique » et d'avoir maintenu sa position par orgueil et irritation d'avoir été contredit[39].
Solidaire du peuple palestinien
En , il participe à l'appel « Une autre voix juive », qui regroupe des personnalités juives solidaires du peuple palestinien, pour une paix juste et durable au Proche Orient. Il adhère à l'Union juive française pour la paix.
L'Atlantide. Petite histoire d'un mythe platonicien, Les Belles Lettres, 2005 ; (ISBN2-251-38071-X)
Flavius Arrien entre deux mondes, postface à la traduction par Pierre Savinel de la Vie d'Alexandre d'Arrien, Les Éditions de Minuit, coll. Arguments, 1984
Du bon usage de la trahison, introduction à la traduction par Pierre Savinel de La Guerre des Juifs de Flavius Josèphe, Éditions de Minuit, coll. Arguments, 1988
Histoire contemporaine
La Guerre d'Algérie
L'Affaire Audin, 1957-1978, Éditions de Minuit, 1989 [nouvelle édition augmentée]
La Torture dans la République : essai d'histoire et de politique contemporaine (1954-1962), Minuit, 1972
Face à la raison d’État. Un historien dans la guerre d’Algérie, La Découverte, collection « Cahiers libres », Paris, 1989, 259 p.
Les Crimes de l'armée française Algérie 1954-1962, La Découverte, 2001 [Préface inédite de l'auteur]
"L'affaire Audin par les tracts", Revue de la Bibliothèque nationale de France, no 10, 2002, p. 35-41.
La Raison d'État. Textes publiés par le Comité Audin, La Découverte, 2002 (nouvelle édition du livre publié en 1962 aux éditions de Minuit)
Préface du livre de Jacques Inrep : "Soldat, peut-être... tortionnaire, jamais!". Editions Scripta. 2006.
Préface du livre de Maurice Rajsfus, Des Juifs dans la collaboration, L'UGIF (1941-1944), éd. Études et Documentation Internationales, 1980.
Préface du livre d'Arno Mayer, La Solution finale dans l'histoire, La Découverte, 1990 (repris dans Les Juifs, la mémoire et le présent, Point Seuil, p. 437)
Préface du livre de Simon Laks, Mélodies d'Auschwitz, Cerf, 2004
Préface du livre de Gérard Chaliand, Le Crime de silence : le génocide des Arméniens, Flammarion, 1984
Préface à Auschwitz Graffiti, d'Adrien Le Bihan, Librio, Paris, 2000.
Avec Alain Schnapp : Journal de la commune étudiante. Textes et documents. - , Paris, Le Seuil, 1969[41] (édition américaine, 1971 ; édition revue et augmentée, Le Seuil, collection « L'univers historique », 1988).
Bernard-Henri Lévy
Pierre Vidal-Naquet s'insurgea, avec vigueur, contre les erreurs et approximations de l'ouvrage Le Testament de Dieu de Bernard-Henri Lévy, avec lequel il entama une discussion ferme en 1979 par articles interposés de numéro en numéro du Nouvel Observateur, bientôt rejoint en cela par Cornelius Castoriadis[42].
Mémoires
Mémoires t.1 - La brisure et l'attente, 1930-1955, Le Seuil, 1998
Mémoires t.2 - Le trouble et la lumière, 1955-1998, Le Seuil, 1998
Articles
« Au pire de toi-même. Essai sur la méthode de Paul Valéry» in Sigila no 12, 2003.
« Les réponses de Pierre Vidal-Naquet et de Michel Foucault » (à propos de l'état d'urgence déclaré en Pologne par le général Jaruzelski, publié dans Michel Foucault, Dits et écrits IV, no 302)
↑Marcel Bénabou, « PVN préfacier ou une forme latérale de l’histoire », in Pierre Vidal-Naquet, un historien dans la cité, La Découverte, 1998, p. 58-66.
↑Les deux textes ont été rassemblés dans Le Choix de l'Histoire, éditions Arléa, 2004.
↑Pierre Vidal-Naquet, « Pourquoi et comment je suis devenu historien », Esprit (1940-), no 297 (8/9), , p. 56–75 (ISSN0014-0759, lire en ligne, consulté le )
↑Mémoires t.2 - Le trouble et la lumière, page 19. Voir également son livre L'Atlantide. Petite histoire d'un mythe platonicien
↑Vincenzo Di Benedetto, Il Filottete e l'efebia secondo Vidal-Naquet, dans Belfagor 33 (1978), p. 191-207, et Vincenzo Di Benedetto, L'ambiguo nella tragedia greca: una categoria fuorviante, dans Euripide "Medea", introd. di V. Di Benedetto, trad. di E. Cerbo, Milan, 1997, p. 62-75.
↑À l'origine, La Découverte publie en 1981 Les Juifs, la mémoire et le présent I et Les Juifs, la mémoire et le présent II ; certains textes utilisée dans Les Assassins de la mémoire disparaissent de l'édition de 1991 qui regroupe le reste des ouvrages d'origine.
↑Dans sa recension des livres sur les événements de mai 1968, Michel de Certeau estimait, en mai 1969, que l'ouvrage de Schnapp et Vidal-Naquet était « désormais, le livre d'information » (La prise de parole et autres écrits politiques, Points Essais, 1994, p. 124, c'est De Certeau qui souligne).