Au cours des années 1930, il joue un rôle non négligeable pour la promotion du jazz en France[2].
Il est l’oncle du chanteur et guitariste Sacha Distel.
Biographie
Orchestre de jazz
Raymond Ventura naît le au 8 bis rue de Châteaudun dans le 9e arrondissement[1], fils d'Abraham Albert Ventura, joaillier en appartement[3] d'origine turque, et de Sarah Alice Landauer[4], tous deux d'ascendance juive. Il est élève au sein des classes élémentaires du lycée Molière[5] (Paris). Encore lycéen, Raymond Ventura commence par monter un orchestre de jazz avec des camarades du lycée Janson-de-Sailly. Un certain Albert Cuisin, ayant des salles de réception à quelques mètres du lycée, rue de la Pompe, prête ses locaux pour que la jeune formation puisse s'exercer. Ray Ventura joue pour la première fois en public lors des réceptions mondaines organisées par Albert Cuisin.
Sa sœur Andrée Ventura (1902-1965), pianiste et ancienne lauréate du Conservatoire, est la mère de son neveu Sacha Distel.
Influencé par les orchestres de Paul Whiteman aux États-Unis, des Comedian Harmonists en Allemagne et de Jack Hylton en Grande-Bretagne, Raymond Ventura fonde un des premiers orchestres à sketches de France, « Ray Ventura et ses Collégiens » avec quelques-uns de ses amis. Il réunit ainsi dans sa formation des musiciens de talent qui marqueront la chanson française : Paul Misraki (pianiste, compositeur, arrangeur), Loulou Gasté (guitariste, banjo, compositeur), Grégoire Aslan, chanteur et percussionniste (de son vrai nom Krikor Kaloust Aslanian, également dit Coco Aslan), ainsi que Philippe Brun[6], Alix Combelle et Guy Paquinet[7].
En 1929, le groupe se produit quelque temps au casino de Deauville, où il est remarqué par un des administrateurs de la Compagnie générale transatlantique qui propose aux jeunes gens de leur offrir une croisière aller-retour jusqu'à New York, pour prix de leur participation à l'animation du bord.
Chansons à sketches avec ses Collégiens
Ray Ventura, Paul Misraki et Loulou Gasté sont alors tous trois âgés de 21 ans, et ces grands jeunes gens sympathiques et dynamiques, qui jouent leur musique avec un entrain et une bonne humeur des plus communicatifs, semblent à peine sortis de l'adolescence et portent bien leur nom, qui ne les quittera plus, de Collégiens. Ils enregistrent leur premier disque cette année 1929, et enchaînent ensuite les concerts salle Gaveau en 1931, puis à partir de 1932 l'Empire, Bobino, l'Olympia, le Casino de Paris, et bientôt des tournées à travers toute la France, en attendant que Ray Ventura ouvre son propre cabaret sur les Champs-Élysées en 1936, alors que sa chanson écrite par Misraki Tout va très bien Madame la marquise[8],[9] est sur toutes les lèvres.
Raymond Legrand (orchestrations) rejoint la formation en 1934, ainsi qu'André Cauzard (trombone et arrangements) puis Guy Dejardin (orchestrations à partir de 1939). André Hornez, parolier, joue également un rôle éminent dans la formation de Ray Ventura, car la plupart des grands succès des Collégiens de Ray Ventura sont écrits par Paul Misraki (pour la musique) et André Hornez (pour les paroles).
Leur retour en France à la Libération sera triomphal.
Ray Ventura crée alors une nouvelle formation (1945-1949) qui remporte de nouveaux succès (Maria de Bahia, 1947 ; À la mi-août, 1949, deux chansons de Paul Misraki), où débutent alors son neveu Sacha Distel ainsi que le jeune guitariste-chanteur Henri Salvador.
Ils jouent dans plusieurs films (Nous irons à Paris ; Nous irons à Monte-Carlo), produits par Ray lui- même au travers de la société Hoche Productions montée en 1947 avec Bruno Coquatrix; ces films contribueront largement à étoffer leur popularité et à diffuser leurs chansons sur la TSF dans toutes les régions de France.
En 1953, il épouse Jacqueline Lemoine de qui il a deux filles, Carole et Anne.
En 1959, il effectue la promotion du grand orchestre de Caravelli, alors à ses débuts.
Les années 50 sont caractérisées par son activité de producteur de films, en particulier de Et Dieu... créa la femme en compagnie de Raoul Lévy et de beaucoup d'autres au travers de Hoche Productions.
Au cours des années 1960, la mode des orchestres à sketches passe progressivement, et, face à l'importance prise par le disque et la radio, cette formation avec un grand nombre de chanteurs et musiciens devient une formule trop coûteuse pour rester viable. Ray Ventura quitte la scène pour se consacrer aussi à l'édition musicale.
Il contribuera ainsi à lancer Georges Brassens, alors que la plupart de ses « Collégiens » tentent l'aventure d'une carrière soliste.
Vedettes issues de l'orchestre
Tous les Collégiens ne réussissent pas, mais certains comme Henri Salvador, Henri Génès, Jacques Hélian (dès la Libération), Philippe Lemaire, André Ekyan ou Sacha Distel tirent leur épingle du jeu. Dix ans plus tard, d'autres groupes, comme celui issu de l'Olympia, avec ses jazzmen, forment le Big Band de l'Olympia qui sera engagé par Quincy Jones pour accompagner Frank Sinatra. Avec de plus jeunes musiciens, d'autres groupes se forment en France et entreprennent des tournées internationales. L'orchestre belge d'Eddy de Latte reste plusieurs saisons au Palais d'hiver de Lyon, et Aimé Barelli fait les beaux jours du Sporting de Monaco[13].
Il est également cité en 1984 dans la chanson Je chante à la radio de la chanteuse animatrice Dorothée, sur son album Qu'il est bête ! En 1985, cette dernière reprend d'ailleurs avec ses collègues et amis présentateurs de l'émission Récré A2,Ariane Carletti, Jean-Jacques Chardeau, Alain Chaufour et Jacky Jackubowicz, Les Récréamis, la chanson Tout va très bien, Madame la marquise, dans le cadre de la rubrique Discopuce de l'émission Récré A2. Cette reprise paraît sur l'album Le jardin des chansons, Album 5 de Dorothée.
Vie privée
De 1953 à 1971, il fut l'époux de Jacqueline Lemoine qu'il rencontra sur le tournage de Femmes de Paris. Ils eurent deux filles : Carole et Anne Ventura (épouse de Xavier Gélin). Anne s'essaya à la chanson et sortit quelques 45 tours dans les années 1970.
Œuvres musicales
Principales chansons à succès de Ray Ventura et ses Collégiens :
↑« Les confidences de Sacha Distel », publiées dans le journalL'Écho républicain de la Beauce et du Perche du 2 août 1961 : « J'allais tous les dimanches chez mes grands-parents, Boulevard de Beauséjour. Mon grand-père n'était pas du tout musicien. Il était joaillier en appartement et fréquentait beaucoup les milieux de la bourse, les milieux politiques. Il appartenait à ce type de bourgeois qui pouvait se permettre de recevoir les ministres chez lui. »
[audio] « Ray Ventura et ses collégiens », D’un air entendu, sur rts.ch, Espace 2, (consulté le ). Par le biais d'archives et de textes choisis, cette émission de la Radio suisse romande, diffusée sur Espace 2, retrace la carrière et le parcours du musicien, compositeur et interprète Ray Ventura. Production : Daniel Robellaz. Durée : 55:32