Le camp de Rieucros, organisé dans les dépendances de l'ancien séminaire de Mende en Lozère et ouvert en 1939, est le premier camp d'internement français. Il est destiné aux membres des Brigades internationales (dénommés « étrangers indésirables ») et à des hommes ayant eu affaire à la justice avant d'être reconverti en camp d'internement de femmes.
Historique
Le camp est créé par décret datant du et est le premier camp d'internement français[1]. Il est installé dans le vallon du Rieucros, à proximité de la ville de Mende. Le terrain est une propriété de l'hôpital hospice de Mende, qui le loue à la préfecture pour qu'elle installe ce camp. Son but est d'interner les « indésirables », c'est-à-dire les opposants politiques, notamment ceux qui ne sont pas de nationalité française. C'est ainsi que l'on retrouve des anti-fascistes allemands, et des membres des Brigades internationales. Le 6 octobre 1939, ces hommes sont transférés au camp d'internement du Vernet en Ariège. Dès lors, le camp de Rieucros n'est plus réservé qu'aux femmes sous le nom de « centre de rassemblement d'étrangères », puis « camp de concentration » en janvier 1941.
Au cours de l'automne 1939, des femmes espagnoles y sont internées[2], bientôt rejointes par une centaine d'Allemandes opposantes au nazisme, d'Italiennes, de juives en provenance des pays de l'Est. Une cinquantaine d'entre elles[3] sont d'abord incarcérées à la prison parisienne de la Petite Roquette. Des Polonaises « immigrées du travail » sont également internées à Rieucros[4]. Des Françaises aussi, souvent pour leurs convictions communistes ou anarchistes ou pour des questions de mœurs.
Les conditions sont très éprouvantes - froid, faim, manque d'hygiène - en particulier pour les mères chargées de bébés et d'enfants en bas âge. Malgré tout, les internées montrent beaucoup de détermination et de solidarité et organisent des cours de français et de langues étrangères et des activités diverses.
Le , les internées et leurs enfants sont transférés au camp d'internement de Brens, à proximité de Gaillac, dans le département du Tarn[5]. Celui de Rieucros ferme définitivement ses portes au printemps 1942.
Mathilde Gabriel-Péri, ouvrière puis femme politique française (députée de Seine-et-Oise de 1945 à 1958), née le , a été internée à Rieucros en 1940. Son époux, Gabriel Péri, a été fusillé au Mont-Valérien en 1941.
Travail de mémoire
Une association a été créée en 1992 pour garder en mémoire ce qui s'y est passé et aménager ce lieu pour les visiteurs[8].
Les vestiges du camp
Il ne reste que peu de traces du camp d'internement dans le vallon du Rieucros aujourd'hui. Depuis 2023, un espace a été aménagé avec des panneaux informatifs[9] et un parcours permet de cheminer entre les emplacements des baraquements. Mais ces derniers ont entièrement disparu sans laisser de trace visible.
Deux maisons de pierre faisaient partie de l'ensemble, elles existent toujours et appartiennent à des propriétaires privés.
Le vestige le plus significatif reste un rocher sculpté, représentant un soldat tenant son fusil du bras droit. Deux dates le surmontent : 1789 et 1939, symbolisant les 150 ans de la Révolution française. Non loin de là, un nom est gravé : Gierke Walter. Ce Walter fait bien partie de la liste des internés du camp et pourrait être l'auteur de cette sculpture[10].