Son père, Roger Mossé, rescapé de la Première Guerre mondiale, n'a pas pu reprendre ses études au sortir du conflit mais, devenu agent commercial d'un négociant en vins, il inculque à ses trois filles la passion des livres. Claude Mossé « Dans ma famille, on lisait énormément ; il y avait des livres partout », se souvient-elle[3].
Études, découverte de l'Antiquité grecque
Son premier contact avec la Grèce a lieu en 1941 au cours duquel l'adolescente, au lycée Jules-Ferry, découvre un texte de Démosthène qui est un vibrant éloge de la liberté et de la démocratie. Tandis que sous ses fenêtres défile l'armée du Troisième Reich et que ses parents, d’origine juive, vivent dans la peur d’une dénonciation, ce texte fait l’effet d’une véritable révélation. Elle décide alors de se consacrer exclusivement à l’étude de la Grèce[2].
Elle espérait préparer le concours de l'École normale supérieure mais elle a dû y renoncer, la fonction publique étant interdite aux Juifs. Elle a pu s'inscrire à la Sorbonne, bénéficiant du numerus clausus, une mesure discriminatoire instaurée sous le régime de Vichy, y autorisant 3 % d’étudiants juifs s'ils pouvaient attester appartenir à une famille établie en France depuis au moins cinq générations.
Claude Mossé étudie pendant vingt-cinq ans Le déclin de la cité grecque au IVe siècle av. J.-C., qui fut le sujet de sa thèse de doctorat. Si, depuis, cette idée d'un déclin dès le IVe siècle av. J.-C. a été remise en cause, les analyses qu'elle fournit en matière d'histoire économique demeurent essentielles. D’inspiration marxiste, sa méthode a d’abord le mérite de renouveler un sujet jusque-là dominé par des études qui mettaient en avant les luttes patriotiques et les aspects nationaux de la question grecque[2]. Elle s'intéresse davantage à l'histoire des structures, à l'analyse des institutions et de la pensée politique, qu'à l'histoire événementielle[7]. Elle a également réalisé des ouvrages de synthèse (sur la colonisation, le travail, la démocratie, la femme, le citoyen, etc.), des biographies (Démosthène, Alexandre ou encore Périclès[8]), ainsi que des manuels et des articles destinés au grand public[9]. Une constance de sa démarche est son analyse méthodique des textes grecs[10].
↑Dialogue avec Hélène Monsacré, in Athènes et le politique. Dans le sillage de Claude Mossé, Pauline Schmitt-Pantel et François de Polignac (dir.), Albin Michel, 2007.
François de Polignac, « Claude Mossé, la passion d'Athènes », dans André Burguière et Bernard Vincent (dir.), Un siècle d’historiennes, Paris, Des femmes-Antoinette Fouque, (ISBN978-2-7210-0634-9), p. 167-180.