Ses apports majeurs dans le champ de la connaissance historique concernent l'histoire économique et sociale du monde rural et l'histoire de l'environnement, notamment à travers ses travaux précurseurs sur l'histoire du climat. Ils lui ont conféré un grand prestige international[2].
Son grand-père, le commandant Barthélemy-Emmanuel Le Roy Ladurie, est un officier de carrière destitué à 43 ans, lors d'un conseil de guerre, à Nantes, le , pour avoir refusé de participer, le , à la fermeture des écoles des congrégationscatholiques ouvertes avant 1901, à Douarnenez, sous le gouvernement d'Émile Combes. Il fut réintégré avec son grade, sans avancement, au début de la Première Guerre mondiale[4].
Barthélemy-Emmanuel et Jeanne Le Roy Ladurie, issus d'une famille normande, ont eu sept enfants dont Gabriel, directeur de la banque Worms sous Vichy, Marie (mère Marie de l'Assomption[5],[6], fondatrice du cercle Saint Jean-Baptiste) et Jacques, père d'Emmanuel[7].
Emmanuel Le Roy Ladurie se marie en juillet 1955 avec Madeleine Pupponi (1931-2024), médecin, fille du professeur de mathématiques et militant communiste d'origine corse Henri Pupponi (1904-1980)[10]. Elle le soutient tout au long de sa carrière en l'accompagnant, entre autres, dans ses recherches sur l'avancée ou le recul des glaciers, marqueurs de l'histoire du climat[11]. Ils ont eu deux enfants, dont l'un, François, devenu médecin, s'est spécialisé dans les transplantations pulmonaires[12].
En 1966, il soutient sa thèse de doctorat ès lettres, Les paysans de Languedoc. En 1975, il publie un livre d'histoire totale à partir du registre d'inquisition de Jacques Fournier : Montaillou, village occitan de 1294 à 1324, qui rencontre un grand succès public[7].
Il est administrateur général de la Bibliothèque nationale de 1987 à 1994[14] — préparant la création de la nouvelle entité avec Dominique Jamet, président de l'établissement public de la Bibliothèque de France —, et qui donna en fusionnant la BnF[7]. Il est un lecteur assidu à la bibliothèque de la Fondation Maison des sciences de l'homme, et à la bibliothèque de Météo-France, à laquelle il lègue le fonds climat de sa bibliothèque personnelle[15].
Sans doute l'un des historiens contemporains les plus féconds, Emmanuel Le Roy Ladurie doit beaucoup à son mentor Fernand Braudel, grand historien de l'École des Annales[19]. Au début des années 1970, Le Roy Ladurie participe à la « Nouvelle Histoire »[19]. Il est un pionnier de l'analyse micro-historique. Son œuvre la plus connue, Montaillou, village occitan (1975)[20], se fonde sur les notes de l'inquisiteurJacques Fournier, évêque de Pamiers (1318-1325), traduites en français par Jean Duvernoy, pour reconstituer la vie d'un petit village du Languedoc à l'époque du catharisme. Il devient ainsi un spécialiste de l’anthropologie historique, qui permet de saisir les hommes du passé dans leur environnement[21]. L'ouvrage bénéficie alors d'un succès totalement inattendu. Il sera vendu à plus de deux millions d'exemplaires, faisant connaître son auteur auprès du grand public cultivé[16].
Étude historique du climat
Chercheur éclectique, Emmanuel Le Roy Ladurie s'intéresse à l'histoire des régions (Histoire de France des régions, Seuil, 2004) et a joué un rôle pionnier dans l'histoire du climat par ses études de phénologie. Lors de ses recherches personnelles à la Bibliothèque de France, il découvre l'« Arbre de Justice », premier organigramme de l’État français réalisé par Charles de Figon au XVIe siècle, dont il fit l'analyse et la transcription en concepts modernes.
Toujours très actif à la retraite, il continue à donner des interviews[22],[23],[24], des conférences[25],[26],[27] et à publier des articles[28],[29], notamment dans le domaine de l'histoire du climat et de ses conséquences pour l'Homme[30].
Il a plus tard analysé et renié son engagement au sein du mouvement communiste dans Paris-Montpellier : PC-PSU (1982), Les Grands Procès politiques ou la pédagogie infernale (2002), et Ouverture, société, pouvoir : de l’Édit de Nantes à la chute du communisme (avec Guillaume Bourgeois, 2004).
En 1998 et 1999, Le Roy Ladurie s'oppose à la création du pacte civil de solidarité (PACS) et relie homosexualité masculine et pédophilie[35],[36],[37] dans une tribune du Figaro : « Les prosélytes de l'homosexualisme proposent un modèle d'intolérance vécu comme une insulte par des couples hétéros normaux pour lesquels le mariage correspond avant tout à une certaine manière d'élever les enfants et de les garantir contre ces fléaux modernes que sont le sida ou la pédophilie. [...] Le fait de confier des enfants à des couples d'homosexuels masculins (comme cela se produira un jour ou l'autre par évolution logique si le Pacs est adopté), ce fait-là ne manquera donc pas d'accroître encore les risques pédophiliques qui sont déjà en plein essor[38],[39]. » Ces propos sont considérés comme homophobes par plusieurs commentateurs[40],[41].
Parmi les historiens, Paris, Le Seuil, 1983 et 1994.
Pierre Prion, scribe, Paris, Gallimard, 1987.
Histoire de France Hachette, t. 2 : L'État royal : de Louis XI à Henri IV, 1460-1610, Paris, Hachette, , 357 p. (ISBN2-01-009461-1, présentation en ligne)
Réédition : Histoire de France Hachette, t. 2 : L'État royal : de Louis XI à Henri IV, 1460-1610, Paris, Hachette littératures, coll. « Pluriel » (no 999), , 510 p., poche (ISBN2-01-278999-4).
Histoire de France Hachette, t. 3 : L'Ancien Régime : de Louis XIII à Louis XV, 1610-1770, Paris, Hachette, , 461 p. (ISBN2-01-013146-0).
Réédition : Histoire de France Hachette, t. 2 : L'Ancien Régime : de Louis XIII à Louis XV, 1610-1770, Paris, Hachette littératures, coll. « Pluriel » (no 999), , 510 p., poche (ISBN2-01-278999-4).
↑Emmanuel Le Roy Ladurie, « L'affaire Le Roy Ladurie, 1902 », in l'avant-propos des Grands Procès politiques, dir. Emmanuel Le Roy Ladurie, éd. du Rocher, 2002, p. 7-22.
↑Pierre Barral, « Un normand de fort caractère : Jacques Le Roy Ladurie: Xavier Walter, Paysan militant. Jacques Le Roy Ladurie 1925-1940 », Annales de Normandie, vol. 58, no 1, , p. 183-187 (lire en ligne, consulté le ).
↑« Bio Pupponi », sur histoire-contemporaine-languedoc-roussillon.com (consulté le ).
↑Emmanuel Le Roy Ladurie et Daniel Rousseau, « Impact du climat sur la mortalité en France, de 1680 à l'époque actuelle », La météorologie, (lire en ligne, consulté le )
↑Jean-Pierre Javelle, Emmanuel Le Roy Ladurie et Daniel Rousseau, « Sur l'histoire du climat en France : le XIXe siècle », La météorologie, (lire en ligne, consulté le ).
↑Emmanuel Le Roy Ladurie et Francine-Dominique Liechtenhan, Une vie avec l’histoire, Paris, Tallandier, (ISBN979-10-210-0435-1, lire en ligne), p. 9-240.
Philippe Cailleux et Bertrand Renouvin, Avec Emmanuel Le Roy Ladurie : La nature du pouvoir royal, Revue Cité no 11, 1985. lire en ligne.
(en) Jeffrey A. Bowman, « Emmanuel Le Roy Ladurie (1929- ) », dans Philip Daileader et Philip Whalen (dir.), French Historians, 1900-2000 : New Historical Writing in Twentieth-Century France, Chichester / Malden (Massachusetts), Wiley-Blackwell, , 610 p. (ISBN978-1-4051-9867-7, présentation en ligne), p. 394-416.