Élève de Maurice Allais, il entre à Électricité de France en 1949 et y fait toute sa carrière. Il dirige l'entreprise de 1967 à 1987. À ce titre, il théorise et met en œuvre la tarification de l’électricité au coût marginal et est l'un des artisans du développement de l'industrie nucléaire en France.
Il rejoint EDF le en tant qu'ingénieur au service commercial, sur recommandation de Maurice Allais.
À partir de 1949, il publie plus d'une cinquantaine d'articles, dont certains peuvent être considérés comme tout à fait essentiels pour la compréhension de l'analyse économique et de ses applications au secteur de l'énergie. Certains de ses articles sont traduits dans l'ouvrage Marginal Cost Pricing in Practice de James Nelson en 1964[9]. Il est l'auteur du problème de Ramsey-Boiteux[10].
Au cours des années 1950, il rebâtit la tarification de l'électricité, après avoir réalisé la tarification de la SNCF et de la FNTR (1946-1949) et participe à l'élaboration d'une approche rationnelle du choix des investissements. En 1956, il obtient le statut d'ingénieur au service des études économiques générales, puis de directeur des études économiques à la direction générale en 1958. En , il est nommé directeur général adjoint puis directeur général d'EDF le et jusqu'au [11]. Il succède à André Decelle, démissionnaire, sur proposition de Pierre Massé, alors président du conseil d'administration d'EDF. C'est seulement en devenant directeur général qu'il aborde réellement les problèmes du nucléaire. Le débat reste alors confidentiel au sein de la commission PEON sur le changement de filière, du procédé uranium naturel graphite gaz développé en France, aux réacteurs à eau pressurisée et uranium enrichi sur lesquels ont misé les États-Unis. EDF fait le choix de l'uranium enrichi, et les premières réalisations sont engagées.
Au moment de la crise pétrolière de 1973, EDF était ainsi prêt à la transition vers des programmes d'investissements « tout-nucléaire », et s'engage auprès du gouvernement à mettre en place, dès 1974, 7 à 8 tranches nucléaires par année, au lieu d'une auparavant. Ce développement va de pair avec celui du chauffage électrique. Pour réduire les coûts d'investissement, Marcel Boiteux décide d'uniformiser et de normaliser la fabrication des centrales nucléaires sur l'ensemble du territoire français.
Le , il échappe à un attentat commis sur son domicile. Les explosifs, placés devant l'entrée principale blindée de la maison, causent de très gros dégâts matériels. D'après l'enquête, les charges étaient suffisantes pour tuer si sa famille ne s'étaient pas trouvés à l'autre extrémité de la maison. L'attentat, revendiqué par un « comité d'action contre les crapules atomiques » (CAcCA)[12], a lieu juste quelques jours avant le lancement officiel du chantier de construction du très contesté Superphénix.
Le [13], pour permettre à Framatome d'exporter des centrales électro-nucléaires, notamment au Maroc[14] ou en Syrie[15], il crée la « Sofratome » (Société française d'études et de réalisations nucléaires), qui est une filiale d'EDF constituée essentiellement avec le personnel des services de l'ingénierie. Il succède à Paul Delouvrier à la présidence du conseil d’administration d'EDF du au [11].
Membre d'honneur du conseil d'administration de l'Alliance Internationale pour la Reconnaissance des Apports de Maurice Allais en physique et économie[17]
Président du groupe « Transports : choix des investissements et coût des nuisances », au Commissariat général du Plan (2000-2001)
Sur la taxe carbone : Marcel Boiteux soutient l'introduction d'écotaxes pour les émissions de gaz carbonique (ainsi que d'autres polluants : oxydes de soufre et oxydes d’azote dans l’air, nitrates dans l’eau, etc.)[20] : « En effet, c’est en alourdissant les prix […] de tous les produits à impacts nuisibles sur l’environnement que l’on réduira la consommation, et donc la croissance économique, dans la mesure nécessaire pour en contrôler judicieusement les méfaits[20]. » et « Si on n’augmente pas le prix de l’énergie, on se dirige droit vers une dictature[21]. »
Sur les usages de l'électricité : « De plus en plus d'usages de l'électricité, de moins en moins d'électricité par usages. »
Sur le marché de l'électricité en France : « On avait ouvert l’électricité à la concurrence pour baisser les prix et il faudrait aujourd’hui les élever pour permettre la concurrence[22]. »
Sur les déchets radioactifs : « N'est-il pas une évidente et dangereuse illusion que de vouloir extirper de notre héritage toutes difficultés, toutes responsabilités, que de vouloir transmettre à nos descendants un monde sans problème[23] ? »
En 2008, il participe au Comité anti-éoliennes de l'ancien président Valéry Giscard d'Estaing. Il argue que « cette source d’énergie était un contresens économique »[24]. Il s'engage ensuite au sein de la Fédération environnement durable, une autre association opposée à l’éolien.
↑« Un « comité d'action contre les crapules atomiques » revendique l'attentat contre le domicile de M. Boiteux », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le ).
↑Jacques Girod, L' énergie en Afrique : la situation énergétique de 34 pays de l'Afrique subsaharienne et du nord, Paris, KARTHALA éditions, , 467 p. (ISBN2-86537-549-8, lire en ligne).
↑Extrait du courrier du 3 mai 2010 à la commission Champsaur, chargée en 2009 d'établir le cadre de la loi NOME.
↑Magazine Sciences et Vie, 1974. Invité dans l'émission de Radio Courtoisie le Libre Journal des sciences et des techniques du , Marcel Boiteux affirme que le texte n'est pas de lui mais d'un collaborateur et qu'il n'avait pas pu le relire complètement avant publication.
↑Jean-Michel Bezat, « L’ancien président d’EDF Marcel Boiteux, chantre du « tout-nucléaire, tout-électrique », est mort », Le Monde, no 24474, , p. 17 (lire en ligne)
Annexes
Bibliographie
Patrick Cabanel, « Marcel Boiteux », in Patrick Cabanel et André Encrevé (dir.), Dictionnaire biographique des protestants français de 1787 à nos jours, tome 1 : A-C, Les Éditions de Paris Max Chaleil, Paris, 2015, p. 355-356 (ISBN978-2846211901)
J-F Picard, A. Beltran, M. Bungener, 'Histoire(s) de l'EDF', Dunod, 1985