Léon Faucher est issu d'une famille sans fortune. Agrégé de philosophie en 1827[1], il débute comme précepteur dans la famille Dailly, avec laquelle il est resté ami par la suite.
La monarchie de Juillet
Engagé d'abord au côté de la gauche royaliste, il se lance dans le journalisme militant au côté des libéraux après la révolution de 1830[1]. Il écrit d'abord des articles dans Le Temps (1830-1833) puis devient rédacteur en chef du Constitutionnel avant de rejoindre le Courrier français, dont il est le rédacteur en chef de 1839 à 1842[1]. Après avoir quitté le Courrier français, il s’intéresse surtout à l’économie et défend le principe de la liberté de commerce, prônant notamment la constitution d’une union douanière d'abord entre pays latins puis entre la France et la Belgique pour faire face au Zollverein[1].
En 1845, il publie, dans la Revue des deux Mondes, une étude en 2 volumes sur le système social anglais[1].
Partisan affirmé du libre échange économique, il est élu député de Reims en 1846 et siège parmi les réformistes.
Après l'élection de Louis-Napoléon Bonaparte à la présidence de la République en , ce « républicain du lendemain » est appelé au ministère des travaux publics le puis à celui de l'Intérieur le suivant. Dans cette fonction, il réprime énergiquement les désordres, mais, censuré par l’Assemblée à la suite de la découverte d’une circulaire adressée par lui aux préfets afin d'infléchir le résultat des futures élections, il démissionne en mai 1849.
Il redevient ministre de l'Intérieur le tout en étant le principal ministre et chef de facto d'un gouvernement de compromis, constitué entre bonapartistes et monarchistes du Parti de l'Ordre. Le but du président de la République, Louis Napoléon Bonaparte, est alors de rallier le vote conservateur à une modification de la loi électorale pour réinstaurer le suffrage universel masculin[2] mais c'est un échec. Léon Faucher est d'ailleurs hostile à l'abrogation de la loi électorale du 31 mai 1850 dont il avait été le rapporteur devant l'Assemblée nationale.
L'Assemblée nationale débat ensuite d'une proposition de loi visant à réviser la constitution pour rendre le président de la République rééligible. Malgré une majorité de 446 voix pour et 278 contre, la révision constitutionnelle est rejetée, n'ayant pas obtenu le seuil des trois-quarts des suffrages exigé par la constitution. Dans une dernière tentative de révision régulière, Louis-Napoléon tente de nouveau d'obtenir de l'Assemblée nationale le rétablissement du suffrage universel et l'abrogation de la loi électorale de 1850[3]. Léon Faucher, qui refuse de soutenir cette initiative, démissionne le 14 octobre suivi des autres ministres de son gouvernement. Un nouveau cabinet est formé le 26 octobre[4] puis la proposition d'abrogation de la loi électorale déposée à l'Assemblée. Elle est une fois de plus rejetée le [5]. Louis-Napoléon décide alors de procéder à son coup d’État du 2 décembre 1851.
Faucher refuse de siéger dans la commission consultative chargée de discuter une nouvelle Constitution mise en place par le prince-président afin de remplacer l'Assemblée dissoute et le Conseil d'État. Il se retire dès lors de la vie politique.
En 1837, Léon Faucher épouse Alexandra (ou Alexandrine) Wolowska (1812-1905)[7], fille de François Wołowski, juriste polonais exilé en France, et sœur de l'économiste Louis Wolowski.
Après sa mort, sa veuve fait en son nom un don de 20 000 francs à l'Académie des sciences morales et politiques, destiné à fonder un prix annuel d'économie politique, et un autre à la faculté de médecine de Paris pour quatre bourses de thèse[9] ; Louis Wolowski, éditeur de la Revue de Jurisprudence, publie ses écrits sous le titre de Mélanges d'économie politique et de finances (1856).
Dictionnaire des Ministres (1789 - 1989), sous la direction de Benoît Yvert, Librairie Académique Perrin, 1990, notice biographique p. 257-258.
Michel Papaud, Léon Faucher en République (1848-1852) : les mésaventures du libéralisme sans concession à l'aube de la Révolution industrielle. 1984, n° 5, p. 77-79.[1]
↑Cf. Gallica : « La Faculté de Médecine de Paris est autorisée à accepter la donation que lui a faite Mme Alexandra-Vincentine-Sophie Wolowska, veuve Léon Faucher, d'une rente de 1,200 fr., dont les arrérages seront employés, chaque année, à acquitter les frais de scolarité, d'examen et de diplôme, ainsi que les frais d'impression de la thèse de deux étudiants français et de deux étudiants polonais. » (extrait du Journal des Débats)
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