Lanjuinais doit à sa vie parlementaire d'avoir rencontré Alexis de Tocqueville, qui partage ses opinions libérales et qui l'implique dans la plupart de ses projets politiques : il participe ainsi à l'aventure du Commerce en prenant des parts dans la société d'exploitation du journal et s'intéresse vivement au projet de constitution d'un parti de la « Jeune Gauche ». Il partage également avec Tocqueville son goût des voyages et s'inquiète comme son ami du sort de la colonie française d'Algérie, où les deux amis se retrouvent d'ailleurs en 1846.
« En somme, c'était un associé très sûr et, à tout prendre, le plus honnête homme que j'aie rencontré dans la vie publique et celui de tous qui m'ait paru mêler à son amour du bien public le moins de vues particulières ou intéressées. [...]
Son humeur était aussi calme et aussi paisible que la mienne était inquiète et troublée. Méthodique, lent, paresseux, prudent, méticuleux même, il n'entrait que très difficilement dans une entreprise ; mais, une fois entré, n'y reculait jamais et s'y montrait jusqu'au bout résolu et têtu comme un paysan breton. »
Lorsque le représentant Rateau demande, au nom de la droite, la dissolution de la Constituante, il signe avec lui la motion qui prévaut, et qui tend à une dissolution volontaire de l'Assemblée après le vote de la loi électorale.
Il ne tarde pas d'ailleurs à rentrer au parlement : le 8 juillet suivant, onze réélections ayant lieu à Paris par suite d'options ou de démissions, Lanjuinais, candidat conservateur, est élu[9], le premier de la liste, représentant de la Seine.
Comme ministre du Commerce, il prend part à la suppression du système des quarantaines du Levant ; il veut aussi mettre fin au monopole de la boulangerieparisienne ; mais cette décision n'est pas confirmée par son successeur. Chargé pendant trois mois de l'intérim du ministère de l'Instruction publique et des Cultes, il obtient du pouvoir exécutif l'autorisation collective des synodes provinciaux qui seraient tenus pendant le cours de l'année 1849, en réservant à l'autorité civile les droits stipulés par le Concordat. Soutenu par la majorité de droite, le cabinet, dont Lanjuinais fait partie, est révoqué le 31 octobre.
Le représentant de la Loire-Inférieure refuse d'entrer dans les combinaisons ultérieures et prend part encore dans l'Assemblée aux travaux de plusieurs commissions importantes, telles que la commission d'enquête de la marine et celle des boissons ; il est en outre président et rapporteur de la commission d'enquête sur la production et la consommation de la viande de boucherie.
Après avoir subi une courte détention au château de Vincennes, il rentre dans la vie privée, refuse en 1857 la candidature au Corps législatif, et reparait au parlement, le [10], comme candidat indépendant de la 2ecirconscription de la Loire-Inférieure.
Lanjuinais siège dans le tiers-partiorléaniste, se sépare de la gauche au sujet de la loi de 1864 sur les coalitions qui abolit le délit de coalition[11], qu'il vote avec Émile Ollivier, parla (session de 1867), sur le budget de la Justice, pour blâmer l'intervention des juges des paix dans la politique, un certain nombre de ces magistrats ayant été obligés d'envoyer aux parquets un rapport trimestriel sur l'attitude des partis, et mourut le avant la fin de la législature.
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
Claude Kahn et Jean Landais, Nantes et les Nantais sous le Second Empire, Nantes, Ouest Éditions, , 300 p. (ISBN2-908261-92-8), Fiche biographique page 284 ; page 20 ;