Gilbert Paul Vergara naît le à Marseille dans une famille protestante franco-suisse. Il est le second fils de Pierre Paul Vergara et de Lisette, née Schopfer, qui ont six enfants. Après le divorce de ses parents, il grandit en Suisse.
Il épouse le à Paris Marcelle Amélie Georgina Louise Roberty, née à Lyon le et fille de Jules-Émile Roberty, pasteur à l'Oratoire du Louvre de 1891 à 1925 et de son épouse Marcelline Jeanne, née Illaire. Paul et Marcelle Vergara ont sept enfants.
En 1919, il est devient responsable de l’œuvre sociale de l'Oratoire du Louvre auprès des Halles de Paris, « La Clairière », rue Greneta, aujourd'hui association membre du Centre d'action sociale protestant (CASP)[2],[3]. En 1922, il est pasteur auxiliaire de la paroisse de l'Oratoire, puis titulaire de 1927 jusqu'en 1954.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, Paul Vergara prêche explicitement en chaire la résistance spirituelle au nazisme[4], au côté des deux autres pasteurs de l'Oratoire, Gustave Vidal et André-Numa Bertrand, lequel est par ailleurs vice-président de la Fédération protestante de France en zone occupée[5],[6]. Avec l’aide de paroissiens et de l'assistante sociale de La Clairière, Marcelle Guillemot, il monte un réseau d’évasion d’enfants juifs. Le couple Vergara héberge des enfants juifs et procure de faux papiers d’identité à des Juifs pourchassés. En , ils parviennent à sauver 63 enfants, avec l'aide de paroissiens de l'Oratoire et d'éclaireuses unionistes. Il est en contact étroit avec Suzanne Spaak, résistante belge exécutée par les Allemands en . Le pasteur Vergara préside ses obsèques[7],[8],[9].
La Clairière devient une adresse du secrétariat de la zone Nord du Conseil national de la Résistance (CNR) alors dirigé par Daniel Cordier, tandis que Jean Moulin dirige le secrétariat de la zone Sud. La sœur de l’un des adjoints de Cordier, Hugues Limonti, est l’amie de Marcelle Guillemot et organise une rencontre entre Daniel Cordier et Paul Vergara. Celui-ci accepte immédiatement de mettre la Clairière au service du CNR. Elle devient une boîte aux lettres de premier ordre, reçoit postes émetteurs et récepteurs, journaux clandestins, courriers, armes, et est un endroit de réunion de dirigeants du CNR.
Le , dénoncé par son concierge, Paul Vergara échappe de peu à l’arrestation. Il se cache dans un premier temps à Asnières, puis à Amiens, réussit à passer en Suisse, et se réfugie à L'Étivaz, dans le canton de Vaud, où les Vergara ont un chalet[10]. Mais il n’en est pas de même des autres membres de sa famille : son épouse Marcelle et leur fille Sylvie sont internées 6 mois à la prison de Fresnes. Leur fils Sylvain est déporté au camp de Neue Bremm puis à Buchenwald, mention Nacht und Nebel. Il a alors 17 ans[11]. Leur gendre Jacques Bruston, époux d’Éliane, et membre du réseau Comète, est déporté au camp de concentration de Mauthausen et exécuté en 1944. Éliane, agent de liaison des FFI, transporte des messages à vélo.
Après la guerre, le pasteur Vergara, son épouse et Marcelle Guillemot reçoivent la médaille des Juste parmi les nations du mémorial Yad Vashem[12]. Paul Vergara est décoré de la Légion d’honneur. Par décret du 11 mars 1947, il reçoit, ainsi que Marcelle Guillemot, la médaille de la Résistance. Son fils Sylvain Vergara est titulaire de la croix de guerre avec citation, de la médaille de la Résistance et de la médaille des Déportés. Leur fille Eliane Bruston reçoit la médaille de la Résistance.
Paul Vergara, André-Numa Bertrand et Gustave Vidal, Voix chrétiennes dans la tourmente : sermons prêchés en 1940-1944 à l'église de l'Oratoire du Louvre, Paris, Église réformée de l'Oratoire, , 192 p. (EAN9782717901504, BNF31572929).
Notes et références
↑Paul Vergara, La "Nouvelle théologie" du Rév. R. J. Campbell, Fischbacher, (lire en ligne)
↑Camille Ménager, « Chapitre 25 : Rafles, sauvetage et réseaux sociaux à Paris », dans Jacques Sémelin, Claire Andrieu et Sarah Gensburger, La résistance aux génocides, Presses de Sciences Po, (lire en ligne), p. 425-444.
↑Patrick Cabanel, « L’Oratoire du Louvre dans les années 1940, la tentation d’une Église confessante ? », L'Oratoire du Louvre et les protestants parisiens, Labor et Fides, (lire en ligne)
Denis Faure, « Le pasteur Vergara et sa famille, un engagement en résistance », Cahiers du Centre de généalogie protestante, Paris, Société de l'histoire du protestantisme français, no 157, , p. 25