Il réalise plus d'une quarantaine d'albums originaux couvrant une période d'activité de 46 ans. De culture musicale classique, il dirige également à plusieurs reprises des orchestres symphoniques, en public ou à l'occasion d'enregistrements discographiques. Léo Ferré se revendique anarchiste et ce courant de pensée inspire grandement son œuvre.
Biographie
L'enfance
Né le à Monaco[1] de Marie Scotto, couturière de nationalité monégasque[2], et d'un père français — Joseph Ferré, directeur du personnel du casino de Monte-Carlo —, Léo Ferré est né français[3], le fait d'être né à Monaco ne donnant pas droit automatiquement à la nationalité monégasque[4]. Cependant, en 1953, selon Jacques Vassal : « On a souvent dit ou écrit que Rainier avait accordé la nationalité monégasque à Ferré. En fait, une loi venait d’être promulguée en 1953 par le prince, annonçant que toute personne née à Monaco de mère monégasque avait le droit de choisir sa nationalité, française ou monégasque[5],[3]. Léo choisit la seconde, à la différence de sa sœur Lucienne[6], mariée à un Français. »
À neuf ans, son père, un homme rigide, l'envoie en pensionnat en Italie, au collège Saint-Charles de Bordighera tenu par les Frères des Écoles chrétiennes. Il y reste en pension pendant huit longues années entre 1925 et 1934. Il racontera cette enfance solitaire et encagée dans une fiction autobiographique (Benoît Misère, 1970), relatant notamment être la victime de pratiques pédophiles du surveillant général[8]. Il y approfondit sa connaissance du solfège et joue du piston dans l'harmonie. À quatorze ans, il compose le Kyrie d'une messe à trois voix et une mélodie sur le poème Soleils couchants de Verlaine[N 1].
Il lit en secret des auteurs considérés comme subversifs par les Frères : Voltaire, Baudelaire, Verlaine, Rimbaud, Mallarmé. Entendant prononcer le mot « anarchie », il ouvre un dictionnaire pour en trouver le sens (anarchie : « opposition à toute autorité d'où qu'elle vienne »). L'adolescent ne peut encore l'assumer, mais c'est décidé, il deviendra anarchiste et subversif, révolté contre les stéréotypes du nouveau monde de la consommation et de la bêtise envahissante[9].
Il passe et obtient son baccalauréat de philosophie au lycée Albert-Ier de Monaco. Son père refuse qu'il s'inscrive ensuite au Conservatoire de musique[10].
Années de formation
Léo Ferré va à Paris en 1935 pour étudier à l'Institut d'études politiques de Paris et suivre des études de droit à l'université. Il étudie sur les bancs de l'institut au même moment que François Mitterrand qui, lui, est inscrit en section générale et non en section administrative[11].
Le cursus de Léo Ferré au sein de Sciences Po dure quatre années (1935-1939) et non trois comme il est alors d'usage : Ferré redouble une année, se montre peu intéressé par les événements politiques et leurs enjeux[N 2], et préfère peaufiner son apprentissage du piano en complet autodidacte en même temps qu'il mûrit son rapport à l'écriture. Il reçoit laborieusement son diplôme, que l'établissement lui accorde « par décision spéciale parce que mobilisé », le , alors qu'il lui manque deux oraux à passer[11].
Il revient à Monaco en 1939, avant d'être mobilisé cette même année. Il est affecté dans l'infanterie après s'être inscrit à l'école des officiers de réserve de Saint-Maixent. Devenu aspirant en , il se voit confier deux mois plus tard la mission d'accompagner un peloton de tirailleurs algériens vers une position de repli, avant d'être démobilisé en août[12]. Sa vocation de compositeur s'affirme avec ce retour à la vie civile[13].
En 1940, à l'occasion du mariage de sa sœur, il écrit un Ave Maria pour orgue et violoncelle[N 3], et commence la mise en musique de chansons écrites par une amie. C'est avec ce répertoire qu'il se produit pour la première fois en public le , au Théâtre des Beaux-arts de Monte-Carlo, sous le pseudonyme de Forlane (nom d'une danse du XVIIe siècle à deux temps[14]). Ses premiers textes personnels datent sans doute de cette année-là.
À la fin d'un concert à Montpellier où se produit Charles Trenet, il lui présente trois de ses chansons, mais ce dernier lui conseille de ne pas les chanter lui-même et de se contenter d'écrire pour les autres. En 1943, l'écrivain René Baer lui confie des textes qu'il met en musique et qui deviendront plus tard des succès : La Chanson du scaphandrier fut reprise par Claire Leclerc, Henri Salvador et Eddie Constantine et La Chambre, un des moments forts de son jeune répertoire. La même année, Léo Ferré épouse Odette Schunck, rencontrée en 1940 à Castres. Le couple s'installe dans une ferme à Beausoleil près de Monaco et tente de vivre de quarante-cinq oliviers, une mule, un mouton et trois vaches dont ils vendent le lait, et un berger allemand nommé Arkel. En 1945, alors qu'il est toujours fermier et occasionnellement homme à tout faire à Radio Monte-Carlo, Léo Ferré rencontre Édith Piaf qui l'encourage à tenter sa chance à Paris. Ils broyaient du noir, L'opéra du ciel, Suzon, sont les plus vieux enregistrements connus de Léo Ferré. Ils ont été retrouvés par son fils, Mathieu Ferré, dans le bureau de son père. Il découvre une demi-douzaine d'enregistrements sur disque en pyral[15]. Mêlés à un amoncellement de partitions et de manuscrits, ils sont pour la plupart totalement inutilisables et seules trois chansons ont pu être récupérées. Si la date et les circonstances des enregistrements demeurent inconnues, tout laisse à penser que c'est vers le milieu des années 1940 que Ferré les grave[N 4].
Les débuts à Paris
À la fin de l'été 1946, Léo Ferré s'installe à Paris. Il obtient un engagement de trois mois au cabaret Le Bœuf sur le toit où il s'accompagne au piano. Il se lie d'amitié avec Jean-Roger Caussimon, à qui il demande s'il peut mettre en musique son poème À la Seine. Ensemble, régulièrement ils feront plusieurs chansons particulièrement appréciées du public comme Monsieur William (1950), Le Temps du tango, (1958) ou encore Comme à Ostende (1960) et Ne chantez pas la mort (1972)[16]. En avril 1947, Léo Ferré accepte de faire une tournée en Martinique, qui se révèle désastreuse et le conforte dans son aversion du voyage. Faute d'argent, il met six mois avant de revenir. Il écrit une lettre pour obtenir un secours à Charles Trenet, sans succès. Il doit se résoudre à demander de l'aide à son beau-père. Ce dernier, administrateur du théâtre de l'Étoile, ne l'aura guère plus aidé. À son retour, il commence à fréquenter le milieu des anarchistes espagnols, exilés ayant fui le franquisme. Cela nourrira sa rêverie romantique de l'Espagne[N 5], dont Le Bateau espagnol et Le Flamenco de Paris seront les premières manifestations.
Cette période lui est psychologiquement et financièrement difficile. Pendant sept longues années il doit se contenter d'engagements aléatoires et épisodiques dans les caves à chansons de la capitale : Les Assassins, Aux Trois Mailletz, L'Écluse, La Rose rouge, Le Trou, le Quod Libet, ou encore le Milord l'Arsouille, ces trois derniers étant successivement dirigés par son ami Francis Claude, avec lequel il coécrit plusieurs chansons, dont La Vie d'artiste (1950), en écho à sa récente séparation d'avec Odette.
Le , Léo Ferré signe son premier contrat avec un éditeur musical : Le Chant du Monde, maison d'édition affiliée au parti communiste. Mis à part La Chanson du scaphandrier, Ferré n'enregistre aucune des chansons sur lesquelles il cède l'exclusivité des droits au Chant du Monde[N 12], sans doute parce qu'il les envisage comme un corpus destiné aux interprètes. À ce stade Léo Ferré n'est pas encore certain de vouloir chanter lui-même. Il le fait par nécessité, pour gagner sa vie.
Le , il divorce[17] : Odette ne serait pas fidèle (cf. Testament phonographe). Leur vie commune était marquée par la précarité financière et l'aurait amenée à poser pour des photos de réclame à une époque où l'homme était censé subvenir aux besoins du ménage. Cette même année, il avait rencontré Madeleine Rabereau au BarBac, rue du Bac à Paris. « Je suis né par erreur en 1916 et une seconde fois le 6 janvier 1950 quand j’ai connu Madeleine »[18], celle dont il dira aussi « c'est l'autre bout de moi-même »[19]. La relation passionnée qui en naît donne une impulsion nouvelle à sa vie et sa carrière. Il fait de Madeleine sa muse, elle influe positivement sur la prise de confiance et le devenir charismatique de l'artiste sur scène, ainsi que sur certains choix artistiques (mise en scène et organisation du tour de chant, essentiellement). Elle lui fait enlever ses lunettes sur scène, laisser un peu son piano, modifier son habillement[18]. Ils vivent ensemble boulevard Pershing avec Annie Bizy, la fille de Madeleine.
En juin de la même année, Léo Ferré renouvelle son contrat avec Le Chant du Monde pour trois ans. Cette fois, le contrat concerne l'édition phonographique, Léo Ferré va pouvoir enfin s'enregistrer.
Dès le , il est en studio et, s'accompagnant lui-même au piano, il enregistre quatorze chansons, dont douze sont diffusées en 78 tours[N 13].
Toujours en 1950, il part pour l'Angleterre, tenir le (petit) rôle d'un pianiste dans le film Cage of Gold (La Cage d'or), de Basil Dearden. C'est son unique apparition au cinéma.
En janvier 1951, Ferré enregistre pour la radio De sacs et de cordes, un récit lyrique récité par Jean Gabin[N 14] et diffusé sur les ondes en février. Les Frères Jacques, Léo Noël, la cantatrice Laïla Ben Sedira et d'autres chanteurs et comédiens participent à cet enregistrement. C'est l'occasion pour Léo Ferré de diriger pour la première fois un orchestre symphonique et des chœurs.
Dès la fin de 1947 Léo Ferré produit et anime sur Paris Inter plusieurs cycles d'émissions consacrées à la musique classique. Dans Musique byzantine (1953-1954), il élargit son propos à des questions esthétiques sur la tonalité, l'exotisme, la mélodie, l'opéra, l'ennui, l'originalité ou la « musique guimauve »[20], et affirme avec une acuité polémique ses conceptions anti-modernes, épinglant tout à la fois l'assujettissement de la musique au mercantilisme industriel (« la musique de conserve »[21]) et la décadence intellectualiste en quoi consiste la recherche éperdue de procédés et de systèmes (« le terminus des dilettantes »[22]), incarnée à ses yeux par les avant-gardes, au premier rang desquelles la musique sérielle en plein essor. Un projet ultérieur d'émission ayant été refusé et le succès venant, Léo Ferré cesse de travailler à la radio.
En 1952, pour présenter le concours Verdi à La Scala de Milan, il écrit le livret et la musique d'un opéra qui transpose de manière grinçante et très noire ses récentes années de galère : La Vie d'artiste[N 15]. Il semble qu'il n'y ait pas tellement tenu, abandonnant très vite cet exercice[23] pour d'autres projets. Il en tirera néanmoins la chanson La Chemise rouge ainsi que la matière de la chanson Miséria, intégrées toutes deux à son futur Opéra du pauvre (1983), et plus tardivement la chanson Vison l'éditeur (1990). C'est également cette année-là qu'il épouse Madeleine Rabereau.
En 1953 Léo Ferré rejoint la maison de disques Odeon. Le Chant du Monde lui rappelle qu'il ne s'est pas acquitté du nombre de chansons à leur fournir stipulé dans son contrat. Aussi Léo Ferré retourne-t-il en studio pour leur compte, choisissant de réenregistrer toujours au piano mais dans de meilleures conditions techniques onze des douze titres précédemment diffusés en 1950 (Le Temps des roses rouges est écartée, elle aurait été jugée anticommuniste[24] par la maison de disque)[25]. Ces sessions donnent naissance au 33 tours 25 cm nommé Chansons de Léo Ferré, qui paraît en 1954.
En , Léo Ferré chante à L'Arlequin, salle de spectacle située à Saint-Germain-des-Prés, où il partage un spectacle avec Pierre Dac et Catherine Sauvage. Le Prince Rainier de Monaco est des spectateurs, il lui propose de créer à l'Opéra de Monte-CarloLa Chanson du mal-aimé. L'œuvre, pour quatre chanteurs lyriques, est créée sous la baguette du compositeur le à l'Opéra de Monte-Carlo. La Symphonie interrompue, que Léo Ferré compose en trois mois[27], complète le programme. Une captation radiophonique de cette unique représentation est réalisée et diffusée par Radio Monte-Carlo le . Longtemps on a cru la bande détruite, il n'en était rien[N 16]. Après plusieurs démarches infructueuses pour faire vivre sur scène son adaptation du poème d'Apollinaire, Ferré verra son opiniâtreté récompensée en enregistrant l'oratorio sur disque en 1957.
Odeon lui alloue plus de moyens ; ainsi à l'automne 1954, pour l'enregistrement de son deuxième 33 tours 25 cm, Le Piano du pauvre, dont il signe tous les arrangements, pour la toute première fois, il dispose d'un grand orchestre qu'il dirige lui-même. Pour des raisons inconnues, cette expérience restera sans lendemain jusqu'en 1971[N 17].
L'année 1954 est décisive pour la reconnaissance de Léo Ferré, comme auteur, interprète et aussi et surtout comme compositeur. Sa renommée va croître au fil des disques et des succès tels que Le piano du pauvre, L'Homme[N 18] (1954), Le Guinche, ou encore Pauvre Rutebeuf (1955).
Cette progression vers la reconnaissance se concrétise par un passage du cabaret au music-hall, avec un récital en vedette à L'Olympia en mars 1955[N 19]. Cette fois encore le succès est mitigé[N 20] et Ferré ne se produit plus dans une grande salle parisienne durant trois ans[28]. Odeon sort le premier 33 tours 30 cm et premier live de l'artiste, Récital Léo Ferré à l'Olympia, qui obtient un accueil très confidentiel[28].
Les surréalistes André Breton et Benjamin Péret saluent ses talents de poète[N 21]. André Breton entretient une amitié suivie avec lui, mais n'intervient pas pour soutenir Léo Ferré dans le four provoqué de La Nuit, un ballet lyrique que le chorégraphe Roland Petit lui a commandé cette année-là. C'est une expérience malheureuse et Léo Ferré va abandonner pour de longues années ses ambitions musicales au profit de l'écriture, commençant la rédaction de Benoît Misère, qui sera son unique incursion dans le champ du roman. André Breton accepte puis refuse de rédiger la préface de son premier recueil de poésies Poète... vos papiers !, dont la teneur le heurte. Déçu, Léo Ferré écrit alors lui-même une préface qui sera, à l'instigation de l'éditeur, publiée dans le journal Arts en même temps que le recueil, en (Il s'en inspirera plus tard pour la chanson Préface, publiée en ouverture de son album Il n'y a plus rien). Dans ce texte polémique, le poète s'en prend à l'écriture automatique et aux cénacles littéraires, entre autres. André Breton découvre ce texte dans le journal, s'estime visé et dénigré, et rompt avec Léo Ferré, qui écrira une lettre vengeresse jamais postée[30].
Léo Ferré fait précéder la publication de son recueil (aux éditions de la Table Ronde) par la parution d'un album éponyme, où sa femme récite une sélection de poèmes[28], tandis qu'il chante L'été s'en fout et Les copains d'la neuille[N 22].
Cette même année 1956, Léo Ferré rencontre Maurice Frot. En 1968, celui-ci devient son secrétaire « homme à tout faire » jusqu'en 1973 où ils se brouilleront.
1957 célèbre le centenaire de la publication du recueil Les Fleurs du mal de Charles Baudelaire. Léo Ferré fait paraître la même année un album éponyme, devenant le premier chanteur à consacrer la totalité d'un disque longue durée à un poète.
Ces deux albums confèrent au chanteur un statut particulier, qu'il entendra garder toute son existence[28]. L'artiste, ambitieux et exigeant, désire mener une « croisade » poétique pour faire voler en éclats la distinction entre poésie et chanson, et contrecarrer par le haut ce qu'il juge être la médiocrité des paroliers de son époque[31].
La même année paraît le super 45 toursJava partout, La Zizique, Mon Sébasto, qui confirme que Ferré, malgré ses ambitions de compositeur, ne néglige pas pour autant son public des cabarets, où il continue à régulièrement se produire. Il y rencontre Paul Castanier, pianiste aveugle (qui va devenir son accompagnateur jusqu'en 1973) et le guitariste Barthélémy Rosso (qui jouera pour Félix Leclerc et Georges Brassens). Ferré se lie également avec le pianiste et arrangeur Jean-Michel Defaye, la chanteuse et ondisteJanine de Waleyne.
Accompagné par Castanier et Rosso, auquel s'est joint l'accordéon de Jean Cardon, Léo Ferré pour la troisième fois s'essaie à séduire le public d'une grande salle parisienne. C'est ainsi qu'il est, du 3 au , sur la scène de Bobino. L'artiste, qui reste sur le succès mitigé de l'Olympia de 1955, n'est plus désormais contraint d'être « figé » devant son piano, il interprète désormais ses chansons en les accompagnant d'une gestuelle travaillée. Un jeu de scène — qu'il abandonnera par ailleurs très vite, pour revenir à plus de sobriété devant le public — qui lui vaut d'être désormais reconnu comme interprète[28]. Un album live Léo Ferré à Bobino est distribué.
Léo Ferré publie son cinquième et ultime album chez Odeon, Encore du Léo Ferré. Ce 30 cm inclut la chanson Le Temps du tango, qui est son premier vrai succès personnel en tant qu'interprète[28]. Les titres La Vie moderne, Dieu est nègre et Le Jazz band comptent parmi les futurs classiques de l'artiste.
Léo Ferré quitte la maison de disques Odeon, pour laquelle en six ans, il a produit treize 78 tours (de 1953 à 1955), une trentaine de super 45 tours (y compris les rééditions), trois 33 tours 25 cm et six 33 tours 30 cm originaux[28].
1959, une année de transition
Léo Ferré n'est plus lié par contrat à une quelconque maison de disques. Pour autant, il reste très impliqué dans l'écriture et la scène.
En septembre, Ferré interprète à la radio une première version de L'Âge d'or[N 24], et déclare avoir composé durant l'été 51 nouvelles chansons. Tout au long de l'année il est régulièrement invité par le poète Luc Bérimont, qui anime l'émission radiophonique hebdomadaire Avants-premières[N 25]. Ce dernier conservera nombre de présentations radiophoniques de créations de l'artiste[32]. Un CD paru en 2006, La Mauvaise Graine, rassemble plusieurs de ces inédits.
Pour acheter le Fort du Guesclin, îlot situé entre Cancale et Saint-Malo, Léo Ferré vend à son nouvel éditeur les Éditions Méridian les droits de 159 titres, renonçant ainsi à une indépendance acquise depuis , date à laquelle il s'était libéré de toute contrainte éditoriale[32]. La Bretagne lui inspire entre autres le long poème Les Chants de la fureur, dans lequel il trouve la matière de sept chansons, la plus célèbre étant La Mémoire et la Mer[N 26].
Léo Ferré chante, à partir du , au Drap d'Or ; la chanson La mauvaise graine est un des titres phares du récital[N 27].
Très productif, Léo Ferré a désormais « en stock » de nombreuses chansons à venir[32].
En 1960 Léo Ferré rejoint le label florissant d'Eddie Barclay. À l'instar d'un Georges Brassens ou d'un Jacques Brel, Léo Ferré est à présent considéré comme « un grand de la chanson française » et du music-hall, dont il maîtrise les codes. Mettant entre parenthèses les expériences musicales de la précédente décennie, il se consacre à la chanson. Son orchestrateur Jean-Michel Defaye crée le « son Ferré » caractéristique de cette première époque Barclay et donne durant dix ans une cohésion musicale aux créations du poète.
La première publication de Ferré chez Barclay n'est pas son album sur les poésies d'Aragon, prêt depuis 1959, mais un album de chansons volontairement accrocheuses et populaires, selon le souhait d'Eddie Barclay. Intitulé Paname, ce 33 tours 25 cm connaît le succès avec les chansons Paname et Jolie môme (parallèlement interprétée par Juliette Gréco). Ferré y poursuit la collaboration avec son ami Jean-Roger Caussimon (Comme à Ostende) et met aussi en musique l'éditeur et écrivain Pierre Seghers (Merde à Vauban), entre autres. L'album paraît à la fin de l'année 1960. Ferré enregistre dans la foulée Les Chansons d'Aragon, en . Ce disque fait date et s'impose rapidement comme une référence dans le monde de la chanson.
Pour un album 25 cm sur ses propres textes, Léo Ferré se montre très offensif : Mon général, Regardez-les (texte de Francis Claude), La gueuse, Pacific Blues, Les rupins, Miss Guéguerre, Thank you Satan, Les 400 coups. Le disque est gravé et pressé, mais n'est pas publié dans son intégralité. Plusieurs chansons sont interdites d'antenne ; à cette censure officielle s'ajoute la censure interne de la maison de disques. Plusieurs chansons sont publiées en super 45 tours[N 28].
Léo Ferré est tour à tour sarcastique, mordant, moqueur (Les rupins, Les Parisiens), antimilitariste (Miss guéguerre), ironique et sexiste (Les femmes), tendre (Nous deux, Les chéris, L'amour), romantique (Vingt ans), anarchiste (Les temps difficiles, Les 400 coups).
En 2003, paraît un album CD justement nommé Les Chansons interdites... et autres (s'inspirant du titre du 45 tours de 61) ; outre les douze titres cités ci-dessus, il en comporte six supplémentaires : Pacific blues*, Regardez-les*, Mon général*, La gueuse*, Chanson mécanisée, Le vent (quatre d'entre elles (*) étaient initialement sur l'album Mort né).
Mon général interpelle Charles de Gaulle et fait la différence entre l'homme de 1940-1944 et le chef d'État qu'il est alors : «… Paraît qu'on veut vous faire élire, c'est vrai sans blagu' c'est enfantin, ils savent pas que les vacheries de la gloire c'est qu'au milieu d'une page d'histoire, il faut savoir passer la main / (…) / Mon général j'ai souvenance que vous avez sauvé la France, c'est Jeanne d'Arc qui me l'a dit, c'est une femme qui avait de la technique malgré sa fin peu catholique, vous aviez les mêmes soucis… ».
Thank you Satan est devenue au fil du temps une chanson emblématique de Ferré dans sa veine anarchiste. Sa chute, telle une prémonition, clôt l'épisode de censure : « … et que l'on ne me fasse point taire et que je chante pour ton bien, dans ce monde où les muselières ne sont pas faites pour les chiens ».
Par deux fois, en mars et en , Léo Ferré se produit à l'Alhambra. Avec ces prestations la popularité s'installe. Le récital de novembre donne lieu à un enregistrement sur disque (substantiellement complété en 2020 à la faveur de la parution du coffret L'Âge d'or : intégrale 1960-1967).
L'artiste vitupère l'époque : essor de la société de consommation, bellicisme et torture (en pleine Guerre d'Algérie), tutelle de Charles de Gaulle, bourgeoisie étouffante. Il est régulièrement interdit d'antenne mais finit par s'imposer grâce à ses succès déjà cités et, dans une moindre mesure, grâce à L'Affiche rouge, chanson tout d'abord interprétée par Monique Morelli[33] et mettant en musique Strophes pour se souvenir, texte écrit en 1955 par Aragon, reprenant après quelques hésitations une idée de Claude Lévy en 1953, inspirée par le livre Pages de gloire des 23, datant lui de 1951, dix ans avant la chanson.
Ferré se produit à guichets fermés dans les grandes salles parisiennes et surtout à Bobino, pour des périodes de deux à six semaines. Il tourne peu en province, mais se rend pour la première fois au Canada en 1963. Il y retournera régulièrement jusqu'à la fin de sa vie. Il se montre peu à la télévision et se tient éloigné du « métier ».
De 1963 à 1968, Léo Ferré vit dans le Lot, où il a acheté une demeure vétuste du XVIe siècle, le château de Pechrigal (« tertre royal » en quercynois), qu'il rebaptise Perdrigal (« perdrix » en occitan). En plus des chansons, il y écrit pour lui des textes de réflexions et de longs poèmes. Il s'adonne à sa passion de l'imprimerie, en installant du matériel professionnel ; il apprend la typographie et le brochage, et édite le journal de son épouse Madeleine, un livre de deux cents pages qui décrit leur quotidien difficile. Le couple – dont la relation se dégrade - vit entouré de nombreux animaux, à commencer par la chimpanzéePépée, achetée en 1961 à un dresseur. Léo Ferré développe une relation privilégiée avec la guenon ; inspiré par les idéaux libertaires en vogue, il l'élève comme une enfant humaine sans lui imposer de contraintes. Ainsi, selon la fille de Madeleine, Annie : « Pépée avait sa chambre, ses jouets, elle déjeunait avec nous, faisait la sieste, conduisait la voiture sur les genoux de Léo. Le soir, avant d'enfiler son pyjama, elle buvait gentiment sa tisane avant de nous serrer tendrement et très fort dans ses bras ». Annie doit appeler la guenon "soeu-sœur"[34], qu'elle considère désormais comme une rivale. Annie finit par quitter la famille quand Léo et Madeleine accueillent trois chimpanzés de plus, un taureau, un cochon, des vaches, des chiens et des chats.
Toutefois au début de l'année 1966, Madeleine et Léo se produisent ensemble à un enregistrement public intitulé « Madeleine et Léo Ferré disent et chantent les poètes ». La soirée est organisée par le poète Luc Bérimont au studio 102 de la Maison de la Radio, pour l'émission dont il est producteur : La Fine fleur de la chanson française, diffusée sur France Inter. Madeleine récite notamment le Poète contumace de Tristan Corbière et le Crachat de Léo Ferré.
En 1967, Barclay censure la chanson À une chanteuse morte dédiée à Édith Piaf (voir album Cette chanson). Ferré lui intente un procès, qu'il perd. La même année, à l'occasion du centenaire de la mort de Baudelaire, Ferré consacre un double album au poète.
En mars 1968, Léo Ferré ne revient pas au domicile conjugal après un gala, malgré les menaces de son épouse. Il part vivre avec Marie-Christine Diaz, la gouvernante du château dans le Lot[35].
Peu de temps auparavant, Pépée, à la suite d'une blessure[36], devient agressive. Madeleine la fait tuer ainsi que plusieurs autres animaux. Très affecté, Ferré se sépare de Madeleine avec qui il n'a jamais eu d'enfants, cette dernière lui ayant caché qu'elle s'était fait ligaturer les trompes[37]. La chanson Pépée est le requiem de ce drame intime.
Après les railleries (Épique époque en 1964, Le Palladium et Les Romantiques en 1966), et alors qu'il vilipende l'immobilisme et la soumission du peuple français (Ils ont voté, La Grève, 1967), Léo Ferré place ses derniers espoirs de changement dans la jeunesse (Salut, beatnik !, 1967). Le 10 mai, première nuit des barricades au Quartier latin de Paris, Léo Ferré chante à la Mutualité pour la Fédération anarchiste comme il le fait chaque année depuis 1948. Il interprète pour la première fois la chanson Les Anarchistes. Puis il part dans le Sud rejoindre sa compagne Marie-Christine, sans prendre part aux événements de Mai. Il vit quelque temps en Lozère, puis en Ardèche[38].
1968-1974
À partir de l'été 68, Léo Ferré se plonge dans la mise en musique de poèmes extraits de son recueil Poète... vos papiers !. Ces nouvelles chansons, enregistrées sur les albums L'Été 68 et Amour Anarchie[N 29], seront perçues par la critique comme un renouvellement de son inspiration alors que ces textes ont été pour la plupart écrits au début des années 1950.
Le succès de « C'est extra » en 1969 élargit considérablement son audience, tout particulièrement auprès de la jeunesse. La réceptivité de ce nouvel auditoire, qui reconnaît dans le poète le « prophète » de sa propre révolte, amène Ferré à éclater dans certaines de ses chansons les structures traditionnelles au profit de longs monologues discursifs s'apparentant aux arts oratoires. Par un travail très précis sur la voix parlée (rythme, élocution) et une écriture rhétorique inspirée de la prose de Rimbaud, Ferré ritualise sa parole sur un mode incantatoire[39] et dramatique, qui vise à emporter son auditoire (Le Chien, La Violence et l'Ennui, Le Conditionnel de variétés, La Solitude, Préface, Il n'y a plus rien). Cette recherche ne sera pas toujours bien comprise et Ferré va dorénavant partager le public et la critique comme jamais.
À cela s'ajoute son attirance pour le rock anglo-saxon, qu'il envisage comme un moyen de dépoussiérer les vieilles habitudes du paysage musical français. Ainsi en 1969, il enregistre à New York une version inédite du titre Le Chien avec des musiciens de jazz-rock (John McLaughlin et Billy Cobham, respectivement guitariste et batteur du Mahavishnu Orchestra, et Miroslav Vitouš, bassiste de Weather Report). Initialement ce devait être avec Jimi Hendrix[40],[41]. Pour d'obscures raisons, Ferré n'utilise pas cette version et réenregistre le titre avec un jeune groupe français que sa maison de disques veut mettre en avant : Zoo. La collaboration durera le temps de deux albums (Amour Anarchie, La Solitude) et d'une tournée en 1971. Toujours en 1969, il rencontre Brel et Brassens lors d'un entretien pour RTL. Ferré s'établit à la même époque en Toscane, entre Florence et Sienne, d'abord à San Casciano, puis dans le domaine de San Donatino, qu'il achète à Castellina in Chianti[35].
En 1970, sa maison de disques écarte « Avec le temps » du double LPAmour Anarchie. Sortie « à la sauvette » en 45 tours, cette chanson tragique inspirée de ses propres désillusions devient un classique instantané, le plus grand succès de Ferré, qui ne cesse d'être repris en France et à l'étranger (voir la Liste des interprètes de Léo Ferré). La même année est publié son roman autobiographiqueBenoît Misère. L'indifférence du monde littéraire et le peu d'implication de l'éditeur retiendront Ferré de retenter l'expérience (malgré des projets ultérieurs). Il saute par contre sur l'occasion que lui offre Jean-Pierre Mocky de renouer avec ses rêves orchestraux en lui demandant de composer la musique de son film L'Albatros. Ferré écrit et orchestre quarante minutes de musique symphonique. La collaboration se passe mal ; Mocky n'en utilise que cinq minutes. Ferré reprend ce matériau pour créer, l'année suivante, les chansons Ton style et Tu ne dis jamais rien, décidant du même coup de se passer désormais de tout arrangeur. Voulant s'affirmer aux yeux de tous comme musicien, Ferré décide alors de ré-enregistrer La Chanson du mal-aimé dans de meilleures conditions techniques. Cette fois il dirige, chante et dit le texte seul, en lieu et place des chanteurs lyriques d'autrefois, ce qui l'amène à modifier légèrement son orchestration.
Après avoir été idolâtré par de nombreux jeunes, Ferré subit en 1971 une contestation virulente d'une minorité du public se disant gauchiste, qui vient régulièrement perturber les concerts. Ces « désordres » reprendront de plus belle en 1973 et en 1974, au point de lui faire un temps envisager d'arrêter la scène.
L’année 1972 signe son retour à l'Olympia, où il ne s'est pas produit depuis 1955. Très actif durant ces années, il fait une tournée au Liban, en Algérie, effectue de nombreux galas au profit d'ouvriers grévistes, ou encore du jeune journal Libération, alors totalement indépendant financièrement et politiquement. Il tourne partout en France, en Suisse, en Belgique, et participe avec Brassens à un concert en faveur de l'abolition de la peine de mort.
En 1972, il se déplace également en Bretagne pour rencontrer Glenmor, un auteur-compositeur-interprète, écrivain et poète de langues française et bretonne, engagé dans la défense de l'identité bretonne. Ce faisant, il souhaite découvrir l'« homme qui dit que la France n'existe pas»[42]. Ils tournent tous les deux en Bretagne à l'occasion de cette rencontre.
Le , il épouse à Florence sa compagne Marie-Christine Diaz, qui a 31 ans de moins que lui, avec qui il aura trois enfants : Mathieu, le , Marie-Cécile, le et Manuella, le [43]. Durant l'année précédente sont sortis deux disques très noirs : Il n'y a plus rien, qui met en mots et en musique la désillusion de Mai 68, et Et... Basta !, où Ferré fait le bilan de ses souvenirs intimes et règle ses comptes dans un long monologue en prose, qui n'est plus à proprement parler de la chanson. Sur le premier disque, Ferré est exclusivement symphonique. Sur le second, l'accompagnement se réduit au contraire à quelques instruments.
Le départ de son pianiste Paul Castanier, fidèle accompagnateur depuis 1957, ainsi que la rupture en 1974 avec la maison Barclay, à la suite d'une accumulation de différends, vont contraindre juridiquement Léo Ferré au silence pendant plusieurs mois au cours desquels il se consacre alors principalement à la composition et la direction d'orchestre.
Au cours de cette période, la chanteuse Pia Colombo « prête » sa voix à Léo Ferré. C'est dans ce contexte que sort en 1975 l'album Pia Colombo chante Ferré 75, où elle interprète cinq nouvelles chansons de l'artiste. Conjointement à ce disque, sort l'unique album instrumental de Ferré, Ferré muet… dirige, où sont donnés dans une version symphonique quatre des cinq titres précédemment enregistrés par la chanteuse.
C'est en participant au Festival de Vence organisé par son ami le violoniste Ivry Gitlis qu'il rencontre le pianiste classique Dag Achatz(en), avec lequel il enregistre le Concerto pour la main gauche de Ravel. Ensemble, ils donnent durant cinq semaines un spectacle hors normes à l'Opéra comique, avec La Chanson du mal-aimé en piano-voix, Et... Basta !, de nouvelles chansons « en chantier » et L'Espoir, qui est emblématique du lyrisme « espagnol » de l'artiste. C'est un véritable succès public, malgré une incompréhension et un rejet critique quasiment unanimes.
Les années toscanes : 1975-1993
En 1975 Léo Ferré dirige sur scène l'Orchestre de l'Institut des Hautes Études Musicales de Montreux, puis l'Orchestre Symphonique de Liège et en novembre, l'Orchestre Pasdeloup au Palais des congrès de Paris, à l'occasion de la publication de l'album Ferré muet dirige…, enregistré avec Dag Achatz. Ferré tient la gageure de diriger l'orchestre et chanter en même temps. Il mélange Ravel et Beethoven à ses propres compositions[N 30], et inverse le placement de l'orchestre. 140 musiciens et choristes sont présents sur scène. C'est de nouveau une expérience de spectacle inédite, cassant les conventions et décloisonnant les univers. Ferré fait salle comble durant cinq semaines, mais la critique issue du monde musical classique rejette ce spectacle hybride.[réf. nécessaire] Ferré en est profondément blessé et, malgré ses nombreuses tentatives, il éprouvera de grandes difficultés à rééditer ce genre de spectacle. Faute de pouvoir être accompagné par un grand orchestre et plutôt que de se produire sur scène en petite formation, Léo Ferré fait le choix de s'accompagner tantôt au piano comme à ses débuts, tantôt de chanter sur les bandes-orchestre de ses enregistrements studio.
En 1976, recouvrant le droit de s'enregistrer, il signe chez CBS. À partir de cette date, la majeure partie de ses enregistrements sera réalisée avec l'Orchestre symphonique de la RAI, placé sous sa direction[N 31]. La major va très vite se débarrasser de Ferré, dont les retombées commerciales pourtant réelles sont jugées trop faibles au regard de l'investissement qu'il représente (son esthétique à contre-courant de toutes les modes rend malaisée sa programmation sur les ondes et complique désormais la possibilité d'un « tube »). Lâché par le « métier »[N 32], définitivement dégoûté de n'être qu'une « marchandise pour les producteurs »[44], Ferré se résout en 1979 à assurer lui-même la production de ses disques en louant à ses frais studio, musiciens et techniciens, ne signant plus que des contrats de distribution avec les maisons de disques, et cela jusqu'à la fin de sa carrière[N 33].
De 1976 à 1979, il tourne moins[45]. Il s'éloigne quelque peu de l'expression violemment déclamatrice de sa révolte pour ne pas s'enfermer dans un rôle[N 34] et pour mieux célébrer les forces spirituelles qui l'habitent. Les albums Je te donne (1976), La Frime (1977) et Il est six heures ici et midi à New York (1979) font la part belle à un lyrisme toujours aussi charnel mais d'une plus grande sérénité. Chacun d'entre eux aurait pu proposer le double de titres tant Ferré a accumulé de textes et tant il compose sans cesse[46]. En témoignent pour la seule année 1977 ses maquettes d'un troisième album consacré à Baudelaire (publié en 2008) et celle de Je parle à n'importe qui, long monologue en prose et en vers libres, qui peut être considéré comme le « suite et fin » radical d'Et... Basta !. Ferré nourrira toujours beaucoup plus de projets qu'il ne saura en officialiser.
Il continue ses travaux d'auto-édition durant toute la décennie[N 35], tirant plusieurs plaquettes aux formats inusités, accompagnées de nombreuses photographies, illustrations, lithographies et gravures en bichromie, qu'il ne cherche pas à commercialiser si ce n'est parfois lors de ses spectacles.
En 1980, à la demande de l'éditeur Plasma, il assemble un nouveau recueil qu'il intitule Testament phonographe. Cela lui permet de rendre disponible les textes de ses chansons enregistrées entre 1962 et 1980, ainsi que plusieurs inédits. Le livre se vendra à plusieurs milliers d'exemplaires avant que l'éditeur ne fasse faillite, sans avoir reversé un seul centime à l'artiste. La même année paraît La Violence et l'Ennui, un album de rupture avec le tout-symphonique qui inaugure une recherche du contraste propre au Ferré des années 1980. Cet album donne à entendre Villon et sa célèbre Ballade des pendus, un poète peu mis en avant jusqu'ici par Ferré mais cher à son cœur.
Toujours en 1980, les 28 et , Léo Ferré remonte sur scène à la Maison pour tous de Saint-Quentin-en-Yvelines. Le Courrier de Mantes écrit : « Le mur de la solitude est tombé : Léo Ferré rechante. »
L'année d'après il reprend La Nuit, son feuilleton lyrique de 1956, le modifie en profondeur pour en faire une nouvelle œuvre baroque par son foisonnement et ses sautes de registre poétique et musical. Ce sera l'épique quadruple album L'Opéra du pauvre, auquel il adjoint Le Chant du hibou, une ballade instrumentale pour violon et orchestre en trois mouvements. Toujours en 1983, le , à l'Espace B.A.S.F., seul au piano, il donne un concert de soutien au profit de Radio libertaire[N 36], alors menacée d'interdiction par l'État, et écrit à l'instigation du comédien-dramaturgeRichard Martin les dialogues de la pièce L'Opéra des rats, qui sera donnée au Théâtre Toursky de Marseille la même année, puis en 1996.
Ce travail intense ne l'empêche pas de se remettre à sillonner les routes[N 37] pour se produire devant un large public dont le renouvellement constant fait sa fierté, lui qui est souvent moqué par les journalistes sur son âge[N 38]. La décennie 1980 voit le rapport entre Ferré et son public se modifier pour aller vers une plus grande connivence, débarrassée de l'hystérie idolâtre des premières années 1970.
Les récitals restent cependant très offensifs[N 39] et durent alors près de trois heures. Avec une spontanéité volontiers digressive l'artiste n'hésite pas à railler et déconstruire certaines de ses chansons emblématiques. En témoigne le récital donné au Théâtre des Champs-Élysées en avril 1984, qui « balaye » quatre décennies d'un travail d'écriture poétique ininterrompue. Cette même année, il dirige l'Orchestre Symphonique de Lorient pour sept concerts atypiques, tous les morceaux étant reliés les uns aux autres par la récitation du poème Métamec. Ferré revient une nouvelle fois à l'Olympia, puis clôt l'année en dirigeant l'Orchestre symphonique et lyrique de Nancy pour trois représentations où il redonne La Chanson du mal-aimé, à la salle Victor Poirel à Nancy.
Il consacre l'hiver 1984-1985 à la composition et au filmage des Loubards, un album et une émission sur de nouveaux textes de son vieil ami Caussimon. La même année il dirige l'Orchestre de la Cité de Barcelone pour deux concerts nocturnes devant la cathédrale en compagnie du guitariste catalan Toti Soler, puis l'Orchestre Métropolitain de Montréal pour quatre représentations.
En février 1986, toujours fidèle aux anarchistes, Léo Ferré inaugure le Théâtre Libertaire de Paris (Théâtre Déjazet) pendant six semaines avec un récital à nouveau exclusivement consacré aux poètes, qu'il n'a pas cessé de mettre en musique (dans les années 1980 surtout Rimbaud et Apollinaire). Il reviendra au TLP pour chacun de ses grands rendez-vous parisiens, en 1988 et en 1990. À la fin de l'année paraît le double LP On n'est pas sérieux quand on a 17 ans, qui synthétise toutes les facettes de son travail en assemblant des éléments épars de ses innombrables chantiers en cours.
En 1987, Ferré entame une nouvelle « tournée-marathon » : en France, en Allemagne, en Autriche, en Italie, en Belgique, au Canada et jusqu'au Japon, où le public l'accueille très chaleureusement. Il participe aux troisièmes Francofolies de La Rochelle, qui lui rendent hommage à travers un concert où Jacques Higelin, Mama Béa, Catherine Ribeiro et d'autres chanteurs reprennent ses chansons. Le public français accueille désormais de plus en plus souvent ses entrées en scène par une longue ovation fraternelle, debout. À partir de 1990 Ferré termine tous ses récitals par Avec le temps, qu'il demande au public de ne pas applaudir[N 40], disparaissant dans le silence vers le néant des coulisses, sans rappel.
Léo Ferré meurt chez lui, le , à l'âge de 76 ans, des suites d'une maladie qui le mine depuis plusieurs années. Il est inhumé au cimetière de Monaco, dans l'intimité.
« Je vous donne ma voix et puis tous mes violons / Vous savez qui je suis maintenant ? / Le vent je suis le vent »
— Léo Ferré, Vous savez qui je suis maintenant ?
Style
Léo Ferré est une référence de la chanson française. Mêlant l'amour et la révolte, le lyrisme et le registre familier, l'érudition et la provocation, l'ironie (souvent grinçante) et le sublime, la plus grande simplicité et la démesure épique, Ferré dépeint des états d'âme plus qu'il ne raconte des histoires avec des personnages. Son chant secoue plus qu'il ne flatte. Cet artiste est celui par qui la chanson a su acquérir un langage véritablement critique[49].
L'écriture textuelle
Ferré est considéré comme un poète marquant de la deuxième moitié du XXe siècle, avec une expression riche et profonde, où l'influence du surréalisme se fait sentir notamment dans la seconde moitié de l'œuvre enregistrée. Il utilise un vocabulaire étendu, des champs lexicaux récurrents plutôt inattendus par rapport aux sujets choisis, il joue avec la connotation usuelle des mots, forge des néologismes, crée des images complexes s'engendrant les unes les autres, avec de nombreux changements de registre et de rythme ; l'intertexte littéraire y est abondant, le sens rarement univoque.
En tant qu'écrivain, il a abordé – en les subvertissant à des degrés divers – le récit d'enfance romancé (Benoît Misère, 1970), le genre épistolaire (Lettres non postées, inachevé), la chronique autobiographique (Les Années blêmes, L'An soixante-huit), l'essai (Technique de l'exil, Le Style, Les idoles n'existent pas, Introduction à l'anarchie, Introduction à la poésie/Le mot voilà l'ennemi !, Introduction à la folie), le portrait, voire l'autoportrait (préface à l'édition au Livre de poche des Poèmes saturniens de Paul Verlaine, 1961 ; préface au recueil consacré à Jean-Roger Caussimon dans la collection Poètes d'aujourd'hui, 1967). Il s'est frotté au théâtre (L'Opéra des rats, 1983), il a publié des recueils de poésies (Poète... vos papiers !, 1956 ; Testament phonographe, 1980) et composé de vastes poèmes ouvragés (La Mémoire et la Mer (version longue), Le Chemin d'enfer, Perdrigal/Le Loup, Testament phonographe, Death… Death… Death…, Métamec).
L'écriture musicale
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Engagements
Dès 1948, Léo Ferré fréquente le milieu libertaire parisien et participe à tous les galas de soutien organisés par le journal Le Libertaire et la Fédération anarchiste. Il reste fidèle jusqu'au bout à l'anarchie, qu'il décrit comme une forme de solitude et d'amour, et comme la « formulation politique du désespoir », aidant à la création de Radio Libertaire et ne se produisant à Paris, les dernières années de sa vie, qu'au Théâtre libertaire de Paris[49],[50].
Contre la peine de mort, il écrit en 1964 la chanson Ni Dieu ni maître, considérée comme un de ses classiques. En 1972 il monte sur scène avec Brassens dans un concert en soutien à l'abolition de la peine de mort[51]. Il réaffirme sa position en 1975 dans sa chanson La Mort des loups. Puis, quelques mois avant l'abolition de la peine de mort en France, il publie dans Le Monde, une « Lettre ouverte au ministre dit de la Justice », adressée à Alain Peyrefitte pour défendre Roger Knobelspiess, emprisonné mais revendiquant son innocence, et condamnant encore au passage la peine capitale[52]« qui a permis de guillotiner Roger Bontems qui n’avait jamais tué personne »[53].
Léo Ferré assume à plusieurs reprises sa misogynie, souvent incluse dans une franche misanthropie. À la question « pourquoi êtes-vous misogyne ? », Léo Ferré répond « parce que j'aime trop les femmes, [...], j'aime toutes les femmes »[55],[56]. Au cours d'un entretien télévisé en 1971, Ferré déclare notamment :[57]
« La misogynie c'est intéressant aussi, vous savez. On ne sait pas ce que c'est la misogynie, mais il faut être misogyne. Il faut aimer les femmes, mais être misogyne, savoir mettre les femmes à leur place, justement, sur un trône, savoir les adorer. Mais quand on a fini de les adorer, il faut qu'elles nous foutent la paix. [...] La femme c'est la plus grande artiste, parce qu'elle fait un objet extraordinaire. C'est pour ça qu'il n'y a pas d'autres femmes que... Il n'y a pas de femme vraiment art... de grand génie. Pourquoi ? Parce-que le génie de la femme c'est de faire... C'est extraordinaire. Une femme elle dit : « Je veux faire un enfant. Il va sortir de moi ». C'est extraordinaire. Je ne comprends pas les femmes qui n'ont pas l'instinct maternel, c'est une chose énorme ça, non ? Et bah, qu'elles en restent là. Vous comprenez ? Et surtout qu'elles n'emmerdent pas l'artiste. Elles emmerdent, vous comprenez, les femmes. Je parle d'expérience, oui, d'expérience, ô combien... Je hais certains types de femme, en tous les cas les femmes cultivées. De toute façon, il n'en rentre plus une chez-moi. Pas de femme cultivée. Parce que c'est jamais assez cultivé, vous comprenez ? [...] Ce n'est pas assez intelligent, jamais. L'intelligence des femmes c'est dans les ovaires. Ça a tout pris, vous comprenez ? Je ne dis pas ça en mauvaise part. J'aime la femme, je l'admire. [...] La femme, c'est la mère, voilà. »
— Léo Ferré, 1971, entretien télévisé
Ferré présente ainsi dans son œuvre un rapport très contradictoire aux femmes. Tantôt adorateur, tantôt acerbe[56].
Juliette Gréco, en juillet 1993, répond à un journaliste qui lui demande si Ferré est misogyne : « C’est possible. C’est possible aussi que quelques-unes l’aient mérité… »[56]
En février 2016, la rediffusion radiophonique des déclarations de Léo Ferré, qui a « beaucoup écrit et composé pour les femmes » rappelle l'animateur, à la radio France Inter, choquent quelques « admirateurs et admiratrices » qui l'ont fait savoir à l'antenne[58],[59].
Postérité
Influence artistique
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On a donné son nom à une variété de roses originaires d'Asie, dont la fleur est bicolore, blanc-or bordé de rouge carmin.
En 2001, l'ancienne équipe du Théâtre Libertaire de Paris ouvre un cabaret, le Forum Léo Ferré, à Ivry-sur-Seine.
En 2006[64], la commune de Grigny (Rhône) inaugure une médiathèque Léo-Ferré et la ville de Bagneux donne son nom à une salle des fêtes, l'Espace Léo Ferré.
En 2007, la street artiste Miss.Tic réalise deux grands pochoirs muraux représentant Ferré et son chimpanzé Pépée pour la résidence universitaire d'Orly.
Le , la salle du Canton, une salle de spectacles de 200 places dans le quartier de Fontvieille à Monaco, est renommée Espace Léo-Ferré et est inaugurée par Albert et Caroline de Monaco. Plusieurs autres salles de concerts portent son nom.
En 2014[réf. souhaitée], Le conseil municipal de Daumazan-sur-Arize décide de renommer la salle polyvalente et de lui donner le nom de Léo-Ferré.
En , l'espace Léo-Ferré est créé sur les terrasses du Théâtre Toursky, quartier de Saint-Mauront à Marseille[66].
En 2016, pour le centenaire de sa naissance, plusieurs hommages lui sont rendus notamment avec un Cabaret Léo-Ferré à la Comédie-Française à Paris, ou encore une exposition, soutenue par sa famille, à la bibliothèque municipale de Beaune[67]. Le festival canadien Coup de Cœur Francophone lui rend également hommage lors d'un spectacle inédit à Montréal, fin . La Ville de Paris inaugure, au sein de la Canopée des Halles, le Grand studio Léo-Ferré, en .
Captation amateur par Raphaël Caussimon. DVD inclus comme bonus dans le coffret CD regroupant les passages de Léo Ferré au Théâtre Libertaire de Paris (voir Discographie). Récital non intégral.
Coffret d’anthologie INA. 2 DVD (Léo Ferré à la télévision 1956-1987) + 1 CD (les passages radio 1957-1962). Pratiquement toutes les prestations de Léo Ferré à la télévision : des interviews, plus de 70 chansons et le documentaire de sa tournée de 1971 en Belgique. Durée : 6h.
Coffret regroupant de façon quasi exhaustive les archives vidéo des fonds de l'INA, de CBC & Radio-Canada, de la SONUMA (Radio-Télévision Belge de la Communauté française), de la Radio Télévision Suisse, de la RSI (Télévision Suisse Italienne), de la RAI, de TF1, de la VRT (Organisme de la radiodiffusion flamande), des Archives Gaumont, de RTL, et de la Televisio de Catalayuna. 18 DVD regroupant 65 heures d'archives : 630 chansons, plus de trente années d’interviews et 8 concerts inédits : Liège 64, Bobino 69 & 70, Palais des Congrès 75, Turin 77, Groningen 83, Barcelone 85, Luxembourg 88.
Dominique Lacout & Didier Barbelivien, Léo Ferré, la Chanson du Bien-Aimé, avec une préface de Didier Barbelivien et une postface de Dominique Lacout, Éditions du Rocher, 1993.
Annie Butor, Comment voulez-vous que j'oublie… Madeleine et Léo Ferré, 1950-1973, Phébus, 2013.
Claude Frigara, Léo Ferré, ses pas sur la carte de la Méditerranée. En compagnie de Maurice Angeli, cahiers Chiendents, Éditions du Petit Véhicule, 2016.
Divers
Alain Fournier et Jacques Layani, Léo Ferré, une mémoire graphique, Périgueux, La Lauze, 2000[N 43].
↑Suivront deux autres œuvres d'inspiration religieuse : un Benedictus et un Agnus Dei.
↑Livret du double CD Long Box Les années Le Chant du Monde 1947-1953, texte de présentation Robert Belleret. Ce double CD (sortie en 1998), sort ces chansons de l'anonymat où elles sont restées durant plus de cinquante ans et les propose au public pour la première fois.
↑Ferré refusera d'y aller chanter tant que Franco, contre qui il écrit le virulent « Franco la muerte » en 1964 (voir discographie), sera au pouvoir.
↑Elle enregistre « La Chambre » en 1947, ce qui fait d'elle la première interprète de Léo Ferré au disque, avant Renée Lebas, contrairement à ce qui est souvent dit.
↑Elle est celle qui le fait découvrir au public en créant sur la scène de l'ABC « Elle tourne… la Terre » dès l’automne 1946. Elle enregistre cette chanson en 1948 et créera aussi « L'Île Saint-Louis » et « Paris canaille », avant Catherine Sauvage.
↑Elle chante « Les Amants de Paris », jamais enregistrée par Ferré, en 1948.
↑Il enregistre et interprète sur scène « À Saint-Germain-des-Prés » en 1949.
↑Le duo enregistre « Monsieur William » en 1950, soit deux ans avant Catherine Sauvage, et trois ans avant les Frères Jacques, dont la version est plus connue.
↑Elle enregistrera une soixantaine de titres de Ferré, lui consacrant même des récitals entiers.
↑Il s'agit de Paris (mars 1947), Les Amants de Paris (avril 1948), La Mauvaise Étoile, Histoire de l'amour, Petite vertu, Le Banco du diable, « Oubli », Les Vigiles, La Rengaine d'amour (juin 1948), Elle tourne… la Terre (mars 1949). Source : Livret du CD Le Temps des roses rouges, 2000. Texte : Alain Raemackers. Léo Ferré enregistrera Elle tourne… la Terre en 1990 sur l'album Les Vieux Copains.
↑La Chanson du scaphandrier/La Vie d'artiste, Le Bateau espagnol/L'Île Saint-Louis, Monsieur Tout-Blanc/À Saint-Germain-des-Prés, Le Flamenco de Paris/Les Forains, L'Inconnue de Londres/Barbarie, L'Esprit de famille/Le Temps des roses rouges. Les chansons Monsieur William (version 1950) et La Femme adultère resteront inédites durant plus de 40 ans
↑« Gabin était entre deux pentes, là… Alors j'avais écrit ça, je ne sais pas pourquoi… Ou j'ai écrit ça en même temps sachant que Gabin accepterait de lire le texte et c'est passé une fois à la radio… On ne le repasse pas souvent, hein ? Pourtant Gabin ce n'est pas moi ! » (Léo Ferré). Source : Avec le temps, une nuit avec Léo Ferré, France Culture, le 1er janvier 1988.
↑À ne pas confondre avec la chanson homonyme, dont le thème est proche par ailleurs.
↑Pour la première fois, cette première version de La Chanson du mal-aimé d'Apollinaire, ainsi que la Symphonie interrompue de Ferré, sont diffusées en 2006 sur le double CD Le Piano du pauvre, 1954, Intégrales Archives Léo Ferré, Référence Originale : La Mémoire et la Mer 9952.53.
↑Léo Ferré durant toute cette période renoncera à écrire ses propres arrangements et à diriger un orchestre. L'hypothèse avancée par Alain Raemackers serait, peut-être, qu'il aurait été découragé de poursuivre dans cette voie par l'avortement des projets de jouer à Paris et à nouveau à Monte-Carlo, au printemps 1955, La Chanson du mal-aimé et la Symphonie interrompue. En 1972, au moment de la sortie de l'album La Chanson du mal-aimé, Ferré amer déclarera : « Il y a 20 ans que je n'écris plus de musique… et pourtant, c'était beau ! »
↑Léo Ferré s'est précédemment produit « chez » Coquatrix du 14 au 27 mai 1954, en première partie de Joséphine Baker, sans véritablement emporter l'adhésion du public. Source : Livret du triple CD long box Léo Ferré les années Odéon, (2002), texte Éric Didi.
↑C'est Odette Laure — qui assure la première partie — qui obtient les faveurs du public.
↑La chanson L'Amour est publiée par Péret dans son Anthologie de l'amour sublime et par Breton, avec la partition, dans sa revue Le surréalisme, même.
↑Léo Ferré livrera en 1958 sur l'album Encore du Léo Ferré des versions alternatives de ces deux titres
↑Léo Ferré l'interprétera quelquefois sur scène, à Bobino en 1967 entre autres, puis l'enregistrera en 1990 sur l'album Les Vieux Copains / source : Alain Raemackers
↑Ainsi en ce début d'année, Ferré révèle à Bérimont s'être attelé, (durant le précédent automne), à mettre en musique quinze poèmes de Louis Aragon, qu'il envisage d'enregistrer prochainement, (projet qui finalement ne verra le jour qu'en 1961 chez Barclay).
En avril, « chez » Bérimond, Léo présente La belle amour, chanson écrite par Michelle Senlis et Claude Delécluse.
Ce même mois, toujours à la radio, il interprète, accompagné par une modeste formation, Soleil de Luc Bérimont. Quelques semaines plus tard, il y chante Pierre SeghersDes filles, il en pleut.
Il confie au poète présentateur, en juin, qu'il vient d'achever la mise en musique de douze poèmes de Verlaine (recueils Poèmes saturniens, Fêtes galantes, Romances sans paroles, Sagesse, Jadis et Naguère, Amour, Parallèlement).
3 décembre, Luc Bérimont diffuse au cours de son émission trois chansons captées durant son tour de chant au Drap d'Or, La mauvaise graine, Sérénade, Vitrines.
Ensemble, ils présentent aux auditeurs le 17 décembre, le fruit de leur dernière et ultime collaboration Noël, (texte Luc Bérimont, musique Léo Ferré).
↑L'éditeur Pierre Seghers et Aragon en éditeront chacun des fragments, qui dans la collection Poètes d'aujourd'hui (1962), qui dans Les Lettres françaises (1963). Mais Ferré n'en donnera une version définitive, considérablement modifiée, qu'en 1986, in Léo Ferré, les années-galaxie, Seghers, 1986. Voir bibliographie.
↑le 12 novembre, à la radio, il l'a interprété dans une version piano-voix / Source : Alain Raemackers
↑* Le 1erEP paraît avec le titre Les chansons interdites de Léo Ferré : Les rupins, Miss Guéguerre, Thank you Satan, Les 400 coups.
Le 2eEP fait la part belle à l'amour et moque gentiment les habitants de la capitale : Les femmes, Ta parole, Les Parisiens, L'amour.
Le 3eEP est tendre en son ensemble, bien que la troisième piste « habille tout le monde pour l'hiver » : Vingt ans, Nous deux (texte de Jean-Roger Caussimon), Les temps difficiles, Les chéris
↑Respectivement Madame la misère, A toi, Le Testament et Poète, vos papiers !, Le Crachat, Psaume 151, Les Passantes.
↑Il fera de même en 1978 lors d'une mini-tournée avec l’Orchestre Symphonique de l’Essonne pour la scène finale deTristan und Isolde de Richard Wagner. Jusqu'à dire dans les années 1980 ses textes sur le motet O vos omnes de Victoria et l'ouverture d'Egmont de Beethoven.
↑Pour des raisons contractuelles, l'orchestre sera rebaptisé Orchestre symphonique de Milan dans les crédits des pochettes de disque.
↑Aucune compagnie ne fait de démarche pour le récupérer.
↑Ceci explique en partie pourquoi Ferré va tourner sans discontinuer dans les années 1980, ses droits d'auteurs ne suffisant pas à financer ses sessions d'enregistrement studio.
↑« Je trouve que la Révolte n'est plus de mise. La Révolte, c'est une façon de rentrer dans la Cité. C'est une vertu tribale (…) ». Technique de l'exil, in La Mauvaise graine, Édition no 1, 1993
↑Sous la marque éditoriale Gufo del Tramonto (« le hibou du couchant » en italien).
↑Léo Ferré les soutiendra encore en 1991 par un concert au Palais des Sports de Paris.
↑Ferré assure une moyenne de 100 à 150 concerts par an, chaque année. Cf. Robert Belleret, Léo Ferré, une vie d'artiste : neuvième partie, chap. « On dit qu'on a toujours vingt ans… », op. cit.
↑« La plupart des artistes, leurs clients vieillissent avec eux. Moi c'est le contraire. C'est le miracle du disque ou parce que je suis… jeune. » Entretien avec Jean Huchet, Ouest-France, 17 janvier 1984.
↑De 81 à 84, Ferré dédie Thank you Satan à l'activiste Bobby Sands et conspue Thatcher, Brejnev, Boulez et les « compositeurs subventionnés » de la musique « dodécacophonique », le pape et Reagan, entre autres.
↑« Cette chanson, c'est ma vie. J'avais mis deux heures à la faire, pour moi quoi. (…) Maintenant c'est un très très gros machin, alors je la chante pour vous raconter ce qui s'est passé et non pas pour en faire un succès. (…) Je garde cet accord à la fin… Alors faites-moi plaisir, comme ça vous serez tout à fait avec moi. Je m'en vais, je vous souhaite bonne nuit, n'applaudissez pas à cette chanson, merci d'avance. » Léo Ferré au Théâtre Libertaire de Paris (voir discographie).
↑Vendu avec un CD 2 titres inédits : « Tu chanteras » et « La Mauvaise Graine », tous deux extraits du dernier concert/récital de Léo Ferré, au Festival en Othe à Saint-Florentin, le samedi 22 août 1992.
↑Réédition revue et augmentée sous le titre de Léo Ferré, comme si j'vous disais, L'Archipel, 2008.
↑Réédité chez le même éditeur en 2003 avec des dessins de José Corréa, sous le titre Léo Ferré, Je vous vois encore….
↑La double nationalité pour les ressortissants de Monaco n’étant possible que depuis une loi promulguée au journal officiel de la principauté le 30 décembre 2011, Léo Ferré a perdu la nationalité française en choisissant de devenir monégasque.
↑Sa sœur était de deux ans son aînée (source : Robert Belleret, Léo Ferré. Une vie d'artiste : biographie, Actes Sud, , p. 31)
↑« par la 9e chambre du tribunal civil de la Seine et transcrit le jeudi 17 mai 1951 », Odette se remarie, en décembre 1951, avec un Suédois, à Göteborg, Odette Schunck, épouse Ferré, Jacques Layani[1]
↑ a et bAnnie Butor, Comment voulez-vous que j'oublie… Madeleine et Léo Ferré, 1950-1973, Phébus, 2013.
↑« L'école de musique municipale de Martignas porte le nom de Léo Ferré », sur sudouest.fr, : « Lorsque la municipalité m'a contacté, j'ai été ravie de voir que l'on voulait donner le nom de Léo à une école de musique. Il y a des squares, des écoles, des théâtres… qui portent son nom, mais c'est la première école de musique (Marie-Christine Ferré) ».
Chemical compound DOV-216,303Legal statusLegal status US: Investigational New Drug Identifiers IUPAC name 1-(3,4-dichlorophenyl)-3-azabicyclo[3.1.0]hexane CAS Number66504-40-3 NPubChem CID9795276ChemSpider7971043 NUNII5W2YA6F455ChEMBLChEMBL528995 NChemical and physical dataFormulaC11H11Cl2NMolar mass228.12 g·mol−13D model (JSmol)Interactive image SMILES C1C2C1(CNC2)C3=CC(=C(C=C3)Cl)Cl InChI InChI=1S/C11H11Cl2N/c12-9-2-1-7(3-10(9)13)11-4-8(11)5-14-6-11/h1-3,8,14H,4-...
Cet article est une ébauche concernant une localité luxembourgeoise. Vous pouvez partager vos connaissances en l’améliorant (comment ?) selon les recommandations des projets correspondants. Bonnevoie-Sud (lb) Bouneweg-Süd (de) Bonneweg-Süd Vue aérienne. Administration Pays Luxembourg Canton Luxembourg Commune Luxembourg Démographie Population 13 345 hab.[1] (31 décembre 2023) Densité 5 579 hab./km2 Géographie Coordonnées 49° 35,7′ nord, 6°&...
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TV25CaractéristiquesCréation 26 avril 2016Propriétaire CH Media[1]Slogan «TV25 – Zeigt Dir mehr»(«TV25 - Vous montrer plus»)Langue Allemand, Suisse-allemandPays SuisseStatut Généraliste nationale privéeSiège social AZ TV Productions AG - TV25 Heinrichstrasse 267CH - 8005 Zurich - ZHSite web www.tv25.chDiffusionAnalogique NonNumérique NonSatellite NonCâble UPC CablecomIPTV Sunrise TVmodifier - modifier le code - modifier Wikidata TV25 est une chaîne de télévision généralist...
Artikel ini tidak memiliki referensi atau sumber tepercaya sehingga isinya tidak bisa dipastikan. Tolong bantu perbaiki artikel ini dengan menambahkan referensi yang layak. Tulisan tanpa sumber dapat dipertanyakan dan dihapus sewaktu-waktu.Cari sumber: Penawaran Moskow untuk Olimpiade Musim Panas 2012 – berita · surat kabar · buku · cendekiawan · JSTOR Penawaran untuk Olimpiade Musim Panas 2012 (Olimpiade Musim Panas 2012)IkhtisarOlimpiade Musim P...
Coppa del Mondo di salto con gli sci 1985 Vincitori Generale Matti Nykänen Torneo dei quattro trampolini Jens Weißflog Classifica per nazioni Finlandia Dati manifestazione Tappe 17 Gare individuali 23 Gare cancellate 2 1984 1986 La Coppa del Mondo di salto con gli sci 1985, sesta edizione della manifestazione organizzata dalla Federazione Internazionale Sci, ebbe inizio l'8 dicembre 1984 a Thunder Bay, in Canada, e si concluse il 24 marzo 1985 a Štrbské Pleso, in Cecoslovacchia. Fu...
35th and 39th President of Brazil (2003–2011, 2023–present) Lula redirects here. For other uses, see Lula (disambiguation). You can help expand this article with text translated from the corresponding article in Portuguese. (November 2022) Click [show] for important translation instructions. View a machine-translated version of the Portuguese article. Machine translation, like DeepL or Google Translate, is a useful starting point for translations, but translators must revise errors a...
Bosnian Serb chess player Borki PredojevićPredojević in 2008CountryYugoslavia (before 2003)Bosnia and Herzegovina (after 2003)Born (1987-04-06) 6 April 1987 (age 37)Teslić, SR Bosnia and Herzegovina, SFR YugoslaviaTitleGrandmaster (2005)FIDE rating2567 (June 2024)Peak rating2655 (May 2016)Peak rankingNo. 68 (April 2008) Borki Predojević (Serbian Cyrillic: Борки Предојевић; born 6 April 1987 in Teslić) is a Bosnian chess grandmaster, the youngest ever fr...
Scottish painter (1856–1936) The Flight of the Swallows by John Henry Lorimer, 1906 The Ordination of Elders in a Scottish Kirk, 1891. National Gallery of Scotland. The Lorimer family grave, Newburn, Fife John Henry Lorimer (12 August 1856 – 4 November 1936) was a Scottish painter who worked on portraits and genre scenes of everyday life. Life Lorimer was born in Edinburgh, the son of James Lorimer, who was Regius Professor of Public Law at Edinburgh University from 1862 to 1890.[1 ...
John K. Fairbank Información personalNombre de nacimiento John King FairbankNacimiento 24 de mayo de 1907Huron, Dakota del SurFallecimiento 14 de septiembre de 1991Cambridge, MassachusettsNacionalidad EstadounidenseFamiliaPadre Arthur Boyce Fairbank Cónyuge Wilma Canon Fairbank EducaciónEducado en Universidad de HarvardUniversidad de Wisconsin-MadisonPhillips Exeter AcademyBalliol CollegeHarvard CollegeTaipei Language Institute Información profesionalOcupación Historiador y sinólogoEmpl...
The original members of Night Raid, left to right: Tatsumi, Mine, Leone, Najenda, Sheele, Lubbock, Akame, and Bulat. The Akame ga Kill! manga and anime series features an extensive cast of fictional characters. The visuals of the characters were designed by Tetsuya Tashiro, while their stories were created by Takahiro. The story focuses on Tatsumi, a young warrior who joins an assassin group called Night Raid to fight corruption from the Empire. Its members, along with other characters in th...
Shopping mall in South Carolina, United StatesHaywood MallEntrance to Haywood Mall, October 2012LocationGreenville, South Carolina, United StatesCoordinates34°51′00″N 82°20′00″W / 34.85°N 82.333333°W / 34.85; -82.333333Opening dateJuly 30, 1980DeveloperHaywood Mall AssociatesManagementSimon Property GroupOwnerSimon Property GroupNo. of stores and services172No. of anchor tenants5 (4 open, 1 vacant)Total retail floor area1,237,411 sq ft (114,959.2&...
Lithuanian Yiddish writer (1840–1913) Eliakum Zunser Eliakum Zunser (Eliakim Badchen, Elikum Tsunzer) (October 28, 1840 – September 22, 1913) was a Lithuanian Jewish Yiddish-language poet, songwriter, and badchen who lived out the last part of his life in the U.S. A 1905 article in The New York Times lauded him as the father of Yiddish poetry.[1] About a quarter of his roughly 600 songs survive. He influenced and was influenced by Brody singer Velvel Zbarzher, although it is not b...
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