Edmond Lepelletier est le fils d'Auguste Alfred Le Pelletier de Bouhélier (1816-1868) et de Caroline Catherine Marie (1819-1871). Il a une sœur, Laure, épouse d'Alphonse Humbert (1844-1922).
Bien que soutien de famille, ayant perdu son père, il prend part à la Guerre de 1870, puis, démobilisé, il obtient sa licence en mars 1871, et décide de rester dans Paris assiégé. Il prend alors le parti de la Commune, et est nommé, grâce à Peyrouton, conservateur du palais du Conseil d'État. Au moment des purges anti-communardes, il est traduit devant la justice et écope le 25 août 1871 d'un mois de prison ferme[5].
Sous le pseudonyme de « Gaston Valentin », il est chroniqueur théâtral dans Le Peuple souverain, journal fondé en 1870 par Pascal Duprat. Dans ce même journal, le 16 novembre 1871, il est le premier à signaler aux lecteurs que « le couple Rimbaud-Verlaine déambule au foyer du théâtre de l'Odéon » : seul détail qui interpella, Rimbaud y est mentionné comme étant « Mademoiselle » : la suite se révéla catastrophique pour Verlaine, puisque, quelques jours plus tard, Lepelletier rendait une visite aux parents de Mathilde Verlaine (indisposée car venant d'accoucher) et confirmait bien que Rimbaud et Verlaine « se tenaient par le cou »[6].
Dans L'Écho de Paris, le 17 novembre 1891, Lepelletier revient à la charge contre Rimbaud — dont il ignore la mort une semaine plus tôt —, au moment de la sortie du Reliquaire édité, non sans problèmes, par Rodolphe Darzens : les mots sont durs, le poète est qualifié de « trafiquant d'âge mûr ». Toutefois, dans le même journal, le 1er septembre 1897, Lepelletier finit par saluer en Rimbaud, le « précurseur du décadentisme pur et du symbolisme absolu »[6].
En dehors de cette carrière de journaliste, poète et dramaturge lui-même, Lepelletier publia un grand nombre d'adaptations romanesques de succès théâtraux, carrière à laquelle il met un terme en 1898.
En 1898, il dévient antidreyfusard, puis membre de la ligue des patriotes : il est alors exclu de la franc-maçonnerie et rompt avec les radicaux[8].
Élu conseiller municipal de Bougival, il est ensuite élu conseiller municipal aux Batignolles en 1900 au nom du Parti nationaliste. Il devient ensuite député nationaliste de 1902 à 1906[8]. En décembre 1903, il est brièvement le rédacteur en chef d'un périodique, Le Justiciable, journal des réformes judiciaires, qui est l'organe officiel de la « Ligue des justiciables »[9].
Durant les dix dernières années de sa vie, il se fait biographe, entre autres de Verlaine et Zola, et surtout historien de la Commune de Paris.
C'est ainsi qu'il reste aujourd'hui connu essentiellement pour avoir été l'un des premiers biographes de Verlaine, par la publication d'une biographie publiée en 1907 au Mercure de France[10]. Il a le mérite de se rallier à la version de Verlaine, dans le cadre des ennuis judiciaires que rencontra celui-ci. Ayant croisé Rimbaud « à deux ou trois reprises », il propose un portrait plutôt critique du jeune poète, pour mieux disculper Verlaine[6]. Son ouvrage fera réagir l'ex-Madame Paul Verlaine, Mathilde Mauté, qui écrira ses mémoires à la suite de la publication de sa biographie de Verlaine. Elles ne seront publiées qu'en 1935.
Le 5 juillet 1913, il est nommé officier de la Légion d'honneur par le ministère de l'Instruction publique et des Beaux-Arts ; il meurt le 22 juillet suivant. Il est inhumé à Rueil-Malmaison.
Vie privée
Marié en premières noces à Jeanne Rougelet, Edmond Lepelletier est le père de l'écrivain Saint-Georges de Bouhélier (1876-1947) et d'Isabelle (morte en 1923), épouse de René Viviani, président du Conseil. Il épouse en secondes noces Eugénie Thérèse Dumoulin (née en 1856), fille d'Eugène Dumoulin, peintre, père de Louis-Jules Dumoulin (1860-1924), peintre paysagiste.
Il existe une abondante correspondance entre Lepelletier et Verlaine, dont l'amitié dura jusqu'à la mort du poète[11].
Publications
Le Chien du commissaire, roman, Paris, Dubuisson, 1877 — publié en feuilleton dans Le Bien Public.
L'Amant de cœur, roman, Paris, Tresse, 1884.
Le Supplice d'une mère, roman, Paris, E. Dentu, 1884.
La-ï-tou, roman érotique à tirage privé, Bruxelles, Kistemaeckers, 1886.
Les amours de Don Juan, roman écrit avec Clément Rochel, « Collection Excelsior », Paris, Librairie Nilsson - Per Lamm, 1898 — avec des photographies de Paul Sescau.