La force du contentieux avec le Parti communiste est telle qu'il ne participe pas à la Résistance pendant la Seconde Guerre mondiale. Il prend part en revanche à des collectes de fonds pour aider les enseignants victimes de la répression et les prisonniers politiques, et à l'évacuation d'enfants parisiens vers des communes rurales[7].
En 1949, il contribue à la fondation de l'Institut français d'histoire sociale[2],[8] et, selon Michelle Perrot, « se fait alors historien », reportant ainsi « sur l'histoire ouvrière ses espérances politiques déçues, mais non reniées[4] ».
Il est instituteur en 1936 puis professeur de cours complémentaire jusqu'en 1955, passant ensuite dans le second degré jusqu'en 1958[9]. Il épouse le Marcelle Gourdon, licenciée en histoire-géographie[10], elle-même issue d'une famille protestantecévenole et descendante du chef camisardRolland, qui l'accompagne dans ses travaux de recherche[11]. Le couple a trois enfants[10].
Pionnier de l'histoire ouvrière en France, il la fait entrer à l'université et lui donne ses bases archivistiques. Ses publications englobent des ouvrages de référence, notamment le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, poursuivi après sa mort et appelé couramment « le Maitron », et une histoire de l'anarchisme en France. Jean Maitron a fondé et dirigé deux revues : L'Actualité de l'histoire[13] (1953-1960), puis Le Mouvement social (1960-). Historien du mouvement et de l'anarchisme, il n'est pas anarchiste comme beaucoup le croient[14].
En 1996, la Fédération de l'Éducation nationale (aujourd'hui UNSA Éducation) crée le prix Jean-Maitron qui prolonge son œuvre et qui récompense un mémoire de master (initialement un mémoire de maîtrise). Le jury du prix Maitron, actuellement[Quand ?] présidé par Antoine Prost, a l'originalité d'être composé pour moitié d'universitaires et pour moitié de syndicalistes[15].
En 2016, le journaliste Edwy Plenel publie Voyage en terres d’espoir, « hommage aux oubliés et aux méconnus qui se sont battus pour l’émancipation ». L'auteur précise : « j’ai souhaité rendre justice au Maitron, du nom de l’historien Jean Maitron, le fondateur de ce grand œuvre : le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier et du mouvement social »[17].
Publications
Ouvrages
Histoire du mouvement anarchiste en France (1880-1914), SUDEL, Paris, 1951, 744 p., épuisé. Deuxième édition avec une préface de Georges Bourgin, 1955, épuisé. Réédition revue et complétée en deux volumes aux éditions Maspero, Paris sous le titre :
Le mouvement anarchiste en France, des origines à 1914, tome 1, Paris, Éditions Maspero, 1975, 486 p., réédition Gallimard, 2011.
Le mouvement anarchiste en France, de 1914 à nos jours, tome 2, Paris, Éditions Maspero, 1975, 440 p., réédition Gallimard, 2011.
Le Syndicalisme révolutionnaire, Paul Delesalle. Préface d'Édouard Dolléans, Éditions ouvrières, 1952, 176 p. Réédité augmenté d'un avant-propos de Jean Maitron, sous le titre :
Paul Delesalle. Un anarchiste de la Belle époque, éditions Fayard, Paris, 1985, 208 p.
De la Bastille au Mont Valérien. Dix promenades à travers Paris révolutionnaire, Éditions ouvrières, Paris, 1956, 286 p.
Ravachol et les anarchistes, collection Archives-Julliard, Paris, 1964, 216 p.
Publication de textes : H. Messager, Lettres de déportation, 1871-1876, Paris, Le Sycomore, 1979, 380 p.
Syndicalisme révolutionnaire et communisme. Les Archives de Pierre Monatte (en collaboration avec Colette Chambelland), préface de Ernest Labrousse, Éditions Maspero, Paris, 1968, 462 p.
La Sorbonne par elle-même, mai-, (avec Michelle Perrot & Madeleine Rebérioux), Le Mouvement social, N° 64, juillet-, éditions ouvrières, 416 p. Préface rééditée in Jean-Claude Perrot, Michelle Perrot, Madeleine Rebérioux, Jean Maitron, La Sorbonne par elle-même, envoyé par Sophie Cœuré, Paris, Editions de la Sorbonne, coll. « Tirés à part », 2018
La série de 78 volumes du Maitron français et international, 34 de son vivant, 44 après sa mort, sous la direction de Claude Pennetier, Éditions de l'Atelier.
Ces dictionnaires sont désormais en accès libre et gratuit[18].
Rédaction, Enquête par Jean Maitron sur un ouvrier anarchiste à l’époque de Ravachol, Paul Delesalle, Les Nuits de France Culture, France Culture, 3 épisodes, avril/mai 2024, écouter en ligne.
Jacques Taroni, Jean Maitron, sauveteur de la mémoire ouvrière, Les Nuits de France Culture, France Culture, 2 épisodes, 28/29 avril 2024, écouter en ligne.
↑Claude Pennetier, « Geneviève Poujol, prosopographe », dans Un engagement à l'épreuve de la théorie. Itinéraire et travaux de Geneviève Poujol, L'Harmattan, (lire en ligne), p. 63.
↑Annonce et mise en service faites lors de la « journée du Maitron », le
Voir aussi
Bibliographie
Colette Chambelland, Jean Maitron dans Le Mouvement social (listes des articles publiés), dans Le Mouvement social, N° 142, janvier-.
Colette Chambelland, « Maitron (Jean) », dans Jacques Julliard et Michel Winock (dir.), Dictionnaire des intellectuels français : les personnes, les lieux, les moments, Paris, Le Seuil, (ISBN978-2-02-099205-3), p. 892-894.
« Marius Maitron », màj 10 janvier 2020, sur maitron.fr.
Avec Jean Maitron, témoignages, études, textes inédits, Le Mouvement social, Numéro spécial supplément au n°144, octobre-, Les éditions ouvrières, 168 p.