Chanteur oublié, sont surtout connues ses chansons pamphlétaires et ses idées libertaires ; il est aussi l'auteur de récits radiophoniques, de pièces de théâtre et de textes pour d'autres artistes. Sous son vrai nom, celui de Jehan Jonas ou celui d'Henri de Canterneuil, il publie des romans érotiques et scénarise des films pornographiques.
Jonas écrit ses premiers textes durant son apprentissage[2]. À partir de 1964, il se produit, guitare à la main, dans les cabarets parisiens de la rive gauche[4],[6], notamment à la Contrescarpe ou rue Mouffetard[4]. Rue de la Huchette, il fréquente le mouvement beat[4]. Il est admis comme « auteur » à la SACEM en 1965 et « compositeur » en 1967[réf. souhaitée]. À vingt ans, il dit avoir écrit cent cinquante chansons[6] ; il en compte deux cent cinquante à vingt-trois ans[7].
Simultanément, il s'engage dans le groupe des Jeunesses anarchistes pacifistes[8].
Carrière musicale
À vingt ans, Jehan Jonas participe à son premier gala à la Maison de la Mutualité, dans le programme de Léo Ferré[2]. En 1965, Jehan Jonas écrit deux chansons pour Marcel Rothel, publiée dans son album Belles pognes[9]. Il continue la tournée des cabarets[2].
Il participe à nombre de galas de soutien au mouvement libertaire ; en 1974, pour le journal Le Monde libertaire[19], mais aussi, en 1975 au Gala de solidarité aux objecteurs et insoumis organisé par Les Amis de Louis Lecoin et le journal Le Réfractaire, et, en 1977 au Gala de solidarité avec l'Espagne libertaire organisé par la Confédération nationale du travail[20]. Il écrit des chansons pour d'autres interprètes, tels que Jean-Marie Vivier[21], Yves Desnos[22] ou Alain Moisan[23]. Lorsqu'en 1970, Vivier reprend ses chansons Flic de Paris et Mentalité française dans son premier 33 tours, celui-ci se voit interdit d'antenne[24].
Si Jehan Jonas est dans les années 1960 assez présent sur les ondes radiophoniques, avec quelques succès — un des plus importants est Le Manège —, il s'y fait absent la décennie suivante. Il explique cet effacement de deux façons : la mort de Lucien Morisse en 1970, fondateur de Disc AZ qui le « favorisait » selon ses dires, et l'« autocensure » des animateurs de radio. D'après lui, ces derniers « préfèr[ent] de loin la voie de la facilité et refus[ent] le risque de programmer des chansons à textes, quand elles ne sont pas d'auteurs déjà reconnus ou certifiés par le marché du disque ». Dans le même temps, il s'ouvre à d'autres supports artistiques : la scène et l'écriture notamment[5], tout en continuant d'écrire et de se produire en concerts[25].
Son œuvre, décrite comme franche et satirique par la critique[17],[26], mêle politique (Pompi... que dalle ! est un pamphlet contre le président Georges Pompidou[27], Flic de Paris fait de même contre la police[28] et White and black prône l'antiracisme[14]) et sujets de la vie quotidienne (À la visite médicale)[29]. Il se moque tantôt de la police et de l'armée[7],[26], tantôt de la religion et de la morale[26].
Diversification des activités
En 1974, avec le chorégraphe Cyril Réginald[30], Jehan Jonas monte son premier spectacle[2], un récital nommé Le Pain des fous[30], avec trois musiciens[31]. Sa première a lieu le au théâtre Daniel-Sorano de Vincennes[30]. Il recommence l'année suivante à la Pizza du Marais avec Ce soir, on récalcitre[2],[32]. Il écrit aussi des pièces de théâtre : Jokari, à Daniel-Sorano en 1975[33], et Trois allers simples pour l'enfer en 1976 au Lucenaire[34] avec la mise en scène de Bernard Salvage[35]. Sa dernière, Le Timbre et la baguette, avec le metteur en scène Jean Vilain, se produit le au théâtre Daniel-Sorano[36].
De 1978 à sa mort, il signe les scénarios de sept films pornographiques, dont deux sous son nom de naissance. Il collabore avec Maxime Debest[39], dit Maxi Micky[40], Roger Derouillat[39], qui se fait appeler Sven Hansen[41], et Henri « Sand Sunsea » Sala[39],[42]. Pour Derouillat, il écrit aussi les dialogues de deux films tous publics : Les Voyants en 1975 et Comment passer son permis de conduire cinq ans plus tard[39].
Mort
Atteint d'une tumeur du cerveau[29] en , il est emporté en moins d'un mois[2]. Il meurt le à l'âge de 35 ans à l'hôpital de la Salpêtrière à Paris[43]. Chanteur oublié[44],[45], il avait écrit des centaines de chansons. Parmi ses plus connues, on retrouve Comme dirait Zazie, Flic de Paris, Mentalité française ou Plaidoyer pour un futur crétin[4].
Ses cinq albums sont réédités par la Société française de production phonographique en 1981[46]. L'étiquette, son dernier 33 tours paru en 1972, sort en CD[47] en 1992. En 2008 paraît Ce soir... on récalcitre, album live enregistré le à la Pizza du Marais à Paris. Deux ans plus tard est édité Bavure, un CD contenant des chansons inédites[13].
En 2008, dans sa compilation Le Boucher, Mister Modo fait figurer Chanson assassine[48]. Sa chanson Nocturnes est reprise dans lalbum 69 année mélodique, édité par Fanon Records en 2014[44].
Si pour le grand public, Jehan Jonas est tombé dans l'oubli, ses chansons sont cependant interprétées par de nombreux artistes dans le monde de la chanson à texte : Jann Halexander[49], Alain Léamauff[50], Yves Desnos[51], Jean-Marie Vivier[52], Pierre-Yves Mériac[53], Alain Moisan[54], etc. Ils sont plusieurs d'entre eux à lui dédier un album : Moisan sort Jehan Jonas... vous connaissez ? en 1985[55], Léamauff enregistre en public en 2006 Alain Léamauff chante Jehan Jonas[56], qu'il publie l'année suivante[57], Mériac PY Mériac chante Jehan Jonas[53]. Jean-Marie Vivier, qui a repris au total environ quarante de ses titres[58] dans une petite dizaines d'albums[59],[60], lui consacre trois albums complets, publiés en 2000 et 2001[59].
Le patrimoine de Jehan Jonas est également défendu par des associations culturelles.
Au mois de , durant le festival montalbanais Alors... chante !, l'œuvre de Jehan Jonas est reprise pour un concert hommage. Ses chansons sont interprétées par Agnès Bihl, Daniel Fernandez, Yves Jamait, Loïc Lantoine, Gérard Morel, Éric Toulis, Bastien Lallemant, Catherine Vaniscotte, Claire Joseph et François Pierron. L'association Jehan Jonas second souffle édite un DVD du concert, réalisé et produit par Philippe Viala[61]. En 2014, la troupe des Cabarettistes crée un spectacle en triptyque, Caves, bars et...?. Son deuxième tableau, Prenez pas les morts pour des cons, est entièrement inspiré par Jonas, et son premier, Les plus inconnus des auteurs, compositeurs, interprètes connus l'est en partie. Leurs premières a lieu à la péniche Adélaïde sur le quai de Seine à Paris[62] ; ils sont coproduits par le Collectif 36 bis et l'Arca[63].
Entre 1966 et 1972, Jehan Jonas sort trois singles, quatre EPs et cinq albums studios chez Disc AZ. À titre posthume, un album d'inédits, un album live et deux compilations sont publiées, dont trois d'entre eux par l'Association Jehan Jonas Second souffle.
Avec Nathalie Bourg, Alain Carbonnel, Nathan Gabily, Clémentine Lebocey, Matila Malliarakis, Malvina Morisseau, Zofia Rieger, Hugues de la Salle, Jeanne Vimal et Solange Wotkiewicz. Accompagnés par Zofia Rieger et Nathan Gabily.
Caves, bars et...?, deuxième tableau : Prenez pas les morts pour des cons[62]
Première à la péniche Adélaïde à Paris le , d'après l'œuvre de Jehan Jonas. Coordonné par Matila Malliarakis, assisté de Solange Wotkiewicz, arrangé par Zofia Rieger, Nathan Gabily, Hugues de la Salle et Alain Carbonnel.
Avec Nathalie Bourg, Alain Carbonnel, Nathan Gabily, Clémentine Lebocey, Matila Malliarakis, Malvina Morisseau, Zofia Rieger, Hugues de la Salle, Jeanne Vimal et Solange Wotkiewicz. Accompagnés par Zofia Rieger et Nathan Gabily.