Rudolph Rocker est né en Rhénanie, à Mayence, de parents ouvriers et catholiques. Orphelin assez jeune, il fut admis dans un orphelinat catholique. À la fin de ses années d'apprentissage, il devint relieur et exerça en tant que compagnon itinérant pendant plusieurs années[3].
Ses conceptions politiques évoluèrent vers l'anarchisme à partir de 1890, après avoir été socialiste puis adhérent au Parti social démocrate allemand[4].
Apports théoriques
Dans Nationalismus und Kultur il fait un tour complet de l'histoire de l'humanité à travers le prisme du nationalisme. Il prétend que le nationalisme limite le développement culturel dans le sens large : Jamais l'homme n'a été aussi créatif que dans les périodes de décadence des États et de la notion de nation.
Nationalismus und Kultur est un ouvrage imposant qui invite le lecteur à revoir ses idées reçues sur énormément de domaines. Il termine le livre en tirant des conclusions pour l'avenir de l'Europe en prônant le fédéralisme. La tendance historique de la construction européenne à tendre vers le fédéralisme européen pourrait lui donner raison[citation nécessaire].
Bien que soulignant les aberrations du capitalisme, il maintient que ce dernier est de loin moins mauvais que le « communisme » essentiellement à cause de la perte de liberté que ce dernier comporte.
Pour lui, « Alors que le socialisme libertaire ou anarchisme s’est rattaché à la doctrine libérale des traditions humanistes et a approfondi la question de la liberté jusqu’au bout, le socialisme autoritaire rappela à la vie des philosophies absolutistes auxquelles les révolutions des XVIIe et XVIIIe siècles avaient tordu le cou ». L’autoritarisme socialiste porte la lourde responsabilité d’avoir ouvert la voie « à la réaction nouvelle pour aboutir à l’État totalitaire ». Le rejet du capitalisme chez Rocker s’accompagne d’un regard très critique sur les formes dominantes de socialisme : « Ces deux extrêmes, l’impérialisme capitaliste avec la domination de ses cartels économiques et les courants socialistes avides de dictature, ont des points de contact communs ». Pour contrer le nationalisme et le totalitarisme, dont il déplore l’attraction sur les milieux ouvriers, un socialisme de la liberté est à réinventer[2].
Nationalismus und Kultur a été publié en anglais car il a été achevé aux États-Unis. Il existe aussi une édition en espagnol, en allemand et en français.
Œuvres traduites en français
La tragédie de l’Espagne. Analyse du conflit (1936-1938), éditions CNT-RP, 2016. Préface : Miguel Chueca. Traduction : Jacqueline Soubrier-Dumonteil.
Théorie et pratique de l'anarchosyndicalisme, Aden, Bruxelles, 2011. Introduction et traduction par Normand Baillargeon, préface de Noam Chomsky.
• James Twenty, De l'action à l'écrit, une même volonté de lutte
Tanguy L'Aminot, Rudolf Rocker et Rousseau : à propos de « Nationalisme et culture », suivi de Rudolf Rocker : Rousseau, créateur de la moderne réaction, extrait du chapitre 10 de Nationalisme et culture, trad. de l'anglais par T. L'Aminot, in Jean-Jacques Rousseau, politique et nation éd. par T. L'Aminot, René Pomeau et Alexandre Stroev, Paris, Champion, 2001, p. 461-481.
(en) Mina Graur, An Anarchist Rabbi: The Life and Teachings of Rudolf Rocker, New York: St. Martin's Press, 1997.
↑p. 3 in De la doctrine à l'action. L'anarcho-syndicalisme des origines à nos jours (éd. Atelier de création libertaire, 1995, 79 p..
↑Il en fut exclu en 1890 pour avoir soutenu une tendance d'opposition de gauche au sein de ce parti, animée entre autres par Gustav Landauer (ibid., p. 3).