En 1903, la famille part à Paris, où Jeanne devient l'élève d'Eugène Vigo, dit Miguel Almereyda (père de Jean Vigo, né en 1905, qui doit son prénom à Jeanne Rigaudin, sa marraine laïque). Eugène Vigo lui apprend la sténographie.
Eugène Humbert
Dans le cercle des connaissances d'Eugène Vigo, se trouve Eugène Humbert (1870-1944) ; en 1909, il demande à Jeanne Rigaudin de venir au secrétariat de son journal Génération consciente. Devenue sa compagne, elle en a une fille en 1913.
Elle collabore ensuite à La Grande Réforme, autre journal créé par Humbert. Comme son mari, elle est condamnée à plusieurs reprises à des peines de prison, en particulier pour ses propos et ses actions en faveur de l'avortement, interdit en France depuis la loi du [1].
C'est pour infractions à cette loi nouvelle qu'intervient son arrestation le . Malgré son moyen de défense : « Je n'ai fait qu'apprendre aux pauvres les procédés qu'emploient les riches pour limiter leur progéniture », elle est incarcérée à la prison pour femmes de Saint-Lazare à Paris, qu'elle qualifie de « pourrissoir », jusqu'au . Elle obtient d'accomplir le reste de sa peine à la prison de Fresnes, en région parisienne, où le silence total était pourtant exigé des détenues, jusqu'à sa libération conditionnelle le [2].
Le couple se marie en 1924, afin de faciliter leurs relations en cas d'emprisonnement.
À leur sortie de prison en 1924, ils font la connaissance de Marcel Kienné de Mongeot, théoricien et praticien du naturisme. Eugène Humbert s'occupe alors de la revue Vivre tandis que Jeanne écrit son roman En pleine vie, où elle exalte le nudisme tout en développant des thèses néo-malthusiennes.
Dans les années 1930, elle parcourt la France pour y donner plus d’une centaine de conférences en faveur du contrôle des naissances et du pacifisme.
En 1939, ils s'installent près de Lisieux (Calvados). Emprisonné pour propagande anticonceptionnelle, Eugène Humbert meurt en 1944 au cours d'un bombardement, alors qu'il se trouve à l'hôpital d'Amiens.
L'après-guerre
En 1946, Jeanne Humbert crée l'Association des amis d'Eugène Humbert.
En 1951, elle participe aux côtés de Félicien Challaye et Émile Bauchet à la fondation du Comité national de résistance à la guerre et à l'oppression (le CNRGO, qui devient l'Union pacifiste de France en 1961).
↑Franck Bart, « Jeanne Humbert militante libertaire, pacifiste, naturiste et néo-malthusienne ! », Club de Mediapart, (lire en ligne, consulté le )
↑Roger-Henri Guerrand et Francis Ronsin, Le sexe apprivoisé, Jeanne Humbert et la lutte pour le contrôle des naissances, Paris, Editions de la Découverte, , 191 p. (ISBN2-7071-1941-5, lire en ligne), p. 77,82,83
↑René Bianco, Répertoire des périodiques anarchistes de langue française : un siècle de presse anarchiste d’expression française, 1880-1983, thèse de doctorat, université d’Aix-Marseille, 1987, 3503 pages, L’Encyclopédie anarchiste.