6 août : Madagascar devient colonie française. Le protectorat instauré en 1885 et la royauté subsistent un temps dans le centre de l’île. L’insurrection menalamba donne lieu à une répression sauvage. Le général Gallieni, résident général arrivé le 16 septembre, fera exiler la reine () et fusiller le ministre de l’Intérieur le 15 octobre (fin le )[12],[13].
Août : bataille de Boumba[15]. Sous les coups d’Abdoulaye Bayero (un émir du Gwandu allié aux djihadistes de Sokoto), Issa Korombé et 3 000 guerriers zarma ont trouvé la mort.
6 octobre : attaque de la mission chrétienne de Dombole par les Ngoni au Nyassaland ; leur chef Inkosi Gomani, qui refuse que son peuple paye des taxes et travaille pour le gouvernement ou pour la Zambezi Industrial Mission, est arrêté et tué par les forces britanniques le 27 octobre[18].
31 décembre, Algérie : un décret marque la fin du régime des rattachements[21]. Le statut administratif et juridique de la colonie est semblable à celui de 1860 (avant la création du ministre d’Algérie). En outre, le gouverneur général voit ses pouvoirs augmentés.
7 novembre : début de la guerre de Canudos[26]. Dans le Sertão (Brésil), le « beato » Antônio Conselheiro fonde une secte (1890), construit une cité sainte, Canudos (1893), et ne peut être réduit par les forces de police envoyé contre lui. C’est seulement le qu’une armée de 5 000 hommes, pénétrant dans l’intérieur de l’État de Bahia, put prendre Canudos, la détruire et disperser la secte.
La dévaluation du milréis empêche le Brésil de subir la crise internationale[28].
Asie
15 janvier : accord franco-britannique sur les sphères d’influence au Siam. Les Britanniques abandonnent l’exigence d’un glacis entre les colonies françaises et la Birmanie, la France s’engageant à garantir l’indépendance du Siam[29].
10 février : capitulation des insurgés arméniens de Zeïtoun, qui obtiennent une amnistie et évitent le massacre[30].
11 février : à la suite d’incidents antijaponais en Corée, le roi Kojong se réfugie dans la légation russe à Séoul, ce qui provoque un regain de tension entre le Japon et la Russie qui luttent, après l’élimination de la Chine, pour la prépondérance en Corée[31].
15 février : publication à Vienne de l’État des Juifs, du hongrois Theodor Herzl, qui reprend les thèses sionistes[32]. Herzl, convaincu que l’assimilation des Juifs est un leurre, défend la création d’un parlement habilité à parler au nom de tous les Juifs du monde. Il cherche des concours financiers et politiques. Il rencontre Abdül-Hamid II pour le convaincre de favoriser l’émigration juive en Palestine, mais le sultan refuse. De même, la grande aristocratie financière juive est réticente à un financement du projet sioniste.
15 avril, Inde : création à Raigârh par des nationalistes du festival Shivaji, destiné à soutenir l’esprit national et à libérer le pays des influences étrangères[34].
28 avril : institution d’un code civil au Japon inspiré des droits français et allemands[35]. La liberté d’opinion, de religion, de la presse et du droit de propriété sont garantis. La torture est abolie.
14 mai et 6 juin : signature des accords Komura-Weber (Séoul)[37] et Yamagata-Lobanov[38] (Saint-Pétersbourg) entre le Japon et la Russie. Les deux puissances, qui se considèrent comme protectrices de la Corée, s’accordent pour limiter leurs effectifs militaires et promettent de s’informer mutuellement à l’avance en cas de mouvements.
2 juillet : fondation en Corée d’un Club de l’indépendance[43] animé par des intellectuels libéraux nationalistes qui cherchent à gagner la confiance des milieux populaires.
19 août, Philippines : l’existence du Katipunan, société secrète fondée par Andrés Bonifacio pour l’indépendance des Philippines, est découverte par les Espagnols. Le 23 août, Bonifacio et ses partisans se réunissent au nord de Manille où ils proclament l’indépendance des Philippines (cri de Pugadlawinou ou cri de Balintawak). Une insurrection armée éclate ; le 30 août, les insurgés attaquent un dépôt de munitions (bataille de Pinaglabanan ou de San Juan del Monte), mais sont battus par les Espagnols, qui imposent immédiatement la loi martiale. Arrestations, exécutions, et déportations s’ensuivent[44].
Massacres en Arménie. La guerre entre l’armée ottomane et les Arméniens redouble d’intensité alors que la nationalisme arménien prend un caractère de plus en plus révolutionnaire. De nouveaux massacres sont organisés à Muş, à Van et à Killis. Le parti Dachnak décide alors de faire appel à l’opinion internationale par une action spectaculaire : le , 26 dachnak emmenés par Babken Siuni(en) et Armen Garo Pasdermadjian s’emparent de la Banque ottomane, à Constantinople, après avoir tué les sentinelles de garde. Les Puissances s’émeuvent de la prise du premier établissement financier de l’Orient. Les ambassadeurs occidentaux s’unissent pour en demander l’évacuation et promettre des réformes. Six mille Arméniens sont massacrés à Constantinople par la foule et les religieux musulmans après l’attaque de la banque[46].
La population arménienne de Turquie est réduite de 400 000 habitants : 100 000 Arméniens ont été tués ou martyrisés, 50 000 sont morts de faim ou de froid dans les 2 500 villages dévastés, 100 000 ont fui en Transcaucasie ou dans les Balkans.
18 mai : une organisation insurrectionnelle des chrétiens de Crète, l’Epitropie, attaque Vámos et bloque les 1 600 soldats de la garnison turque dans le fort ; ils sont dégagés par l’armée turque le 30 mai[55].
24 mai : massacre de chrétiens par les musulmans à La Canée en Crète en répression du siège de Vámos[55].
4 juin ( du calendrier julien) : début des grèves des ouvriers du textile à Saint-Pétersbourg (fin le 15/)[57]. Elles réunissent jusqu’à 35 000 grévistes[58].
9 juin - 13 octobre (-1er octobre du calendrier julien) : exposition universelle et premier Congrès panrusse de l’industrie et du commerce à Nijni Novgorod[60].
25 août : la conférence de Constantinople statue sur la question crétoise[63]. Depuis février, Turcs musulmans et chrétiens s’affrontent dans de violents combats. Cette situation alerte les puissances européennes qui s’accordent pour imposer à l’île un régime d’autonomie accepté par le sultan et par une assemblée d’élus crétois.
20-23 août (8- du calendrier julien), Russie : réunion des présidents de zemstvos à la foire de Nijni Novgorod[64], à l’initiative du libéral Chipov. Une nouvelle réunion, prévue pour 1897, est interdite.
23-25 novembre : création à Erfurt en Allemagne par Friedrich Naumann de l’Union social-nationale (Nationalsozialer Verein ), née d’une scission du parti chrétien social, ouvertement antisémite[71]. L’Union revendique une politique coloniale expansionniste.
Décembre : fondation du parti catholique aux Pays-Bas (Christelijk-Historische Kiezersbond, CHK)[72].
Création en Russie par Serge Witte d’un bureau des migrations pour encourager le peuplement de la Sibérie[73].
↑Guido Moltedo, L'Assedio di Maccalè : campagna d'Africa 1895-96, con note storiche e geografiche e due schizzi : Il forte di Maccalè e la dislocazione dei campi Abissini durante l'assedio, Dante Alighieri, (présentation en ligne)
↑Clifford Edmund Bosworth, Encyclopedie de l'Islam : Supplement : Livr, 3-4 Batriyya-Diawhar, vol. 1, Brill Archive, , 128 p. (ISBN978-90-04-06381-5, présentation en ligne)
↑Robert Martel, Une école protestante à Madagascar : Ambositra, 1861-2011 : le temple école devenu le lycée FJKM Benjamin Escande, Paris, Karthala Éditions, , 335 p. (ISBN978-2-8111-0523-5, présentation en ligne)
↑Assa Okoth, A History of Africa : African Societies and the Establishment of Colonial Rule, 1800-1915, vol. 1, East African Publishers, , 414 p. (ISBN978-9966-25-357-6, présentation en ligne)
↑Eugène-Jean Duval, Aux sources officielles de la colonisation française : 2e période 1870-1940, vol. 2, Paris, Harmattan, , 386 p. (ISBN978-2-296-05430-1, présentation en ligne)
↑Noémı Lévy, Ordre et désordres dans l'Istanbul ottomane, 1879-1909 : de l'état au quartier, Paris, Karthala Éditions, , 347 p. (ISBN978-2-8111-0792-5, présentation en ligne)
↑(en) Prashant Kidambi, The making of an Indian metropolis : colonial governance and public culture in Bombay, 1890-1920, Aldershot, Ashgate Publishing, Ltd., , 268 p. (ISBN978-0-7546-5612-8, présentation en ligne)
↑Ferdinand Larnaude, Revue du droit public et de la science politique en France et à l'étranger, vol. 6, Paris, Chevalier-Marescq et Cie, (présentation en ligne)
↑Jules Basdevant, Traités et conventions en vigueur entre la France et les puissances étrangères : Espagne-Italie, vol. 2, Imprimerie Nationale, (présentation en ligne)