Bien qu’il n'ait jamais été champion du monde, Kortchnoï possède un des plus grands palmarès de l'histoire du jeu avec plus de 220 premières places seul ou ex æquo en tournoi adulte, victoires en match, médailles d'or en compétition par équipes (sans compter ses victoires dans les compétitions junior ou senior) à son actif[3].
Quintuple champion d’Europe par équipes avec l’URSS (dont deux fois meilleure performance individuelle) et six fois membre de l’équipe d’URSS qui remporta les Olympiades d'échecs (en 1960 et de 1966 à 1974), Kortchnoï remporta la médaille d'or individuelle au premier échiquier de l'équipe de Suisse lors de l'olympiade d'échecs de 1978 et des championnats du monde par équipe de 1985 et 1989 ainsi que trois médailles d'or et trois médailles de bronze individuelles lors des olympiades disputées avec l'équipe d'URSS.
D’une longévité sans équivalent dans le circuit professionnel, Kortchnoï a affronté tous les champions du monde depuis Botvinnik (en 1952) jusqu’à Carlsen (en 2004). Il est le seul joueur à avoir battu neuf champions du monde « classiques » (tous les champions de Botvinnik jusqu'à Kasparov, plus Carlsen). Il a un score égal face à Botvinnik et Fischer et a un score positif face aux champions du monde Tal, Petrossian et Spassky qu'il a battus lors des matchs des candidats.
Kortchnoï devint champion du monde senior (plus de soixante ans) en . En , à 75 ans, il comptait encore parmi les cent meilleurs joueurs du monde[N 6]. En (au tournoi open de Grächen) et en (au tournoi open de Loèche-les-Bains), il fut consacré champion de Suisse[4],[5], devenant, à 78 et 80 ans, un des plus vieux joueurs d'échecs à remporter un titre national[6].
Biographie et carrière
Années de formation
D’origines ukrainienne du côté de sa mère et polonaise du côté de son père, Kortchnoï naquit à Léningrad le . Il connut une enfance très difficile[7]. Ses parents se séparèrent très tôt. Sa mère, Zelda Gerchevna Azbel (1910-?), pianiste, fille de l'écrivainyiddishHersh Azbel et d'une femme d'origine ukrainienne-polonaise, était une femme excentrique, dont le souci principal était de pouvoir nourrir son fils, ce qu’elle ne réussissait pas par manque d’argent. Elle laissa Viktor à son époux, Lev Merkourïevitch Kortchnoï (1910-1941), un ingénieur en réfrigération d’origine catholique polonaise, membre du parti, professeur de langue et de littérature russe et qui s’était remarié[7].
De septembre 1941 à janvier 1944, Kortchnoï survécut au terrible siège de Léningrad. En 1941, son père, qui pensait que Léningrad était près du front, décida que Viktor devrait être évacué dans l'Oural ou en Asie centrale comme les autres écoliers de Léningrad, mais sa mère, qui craignait les bombardements des trains, vint le chercher dans le camp où il se trouvait et Kortchnoï retourna à Léningrad[7]. Son père fut envoyé au front et tué en novembre 1941[8], puis, quand son oncle disparut, Viktor resta chez sa grand-mère paternelle, une aristocrate polonaise ruinée et malade. Lorsqu'elle mourut en mars 1942[9], Kortchnoï et un voisin enveloppèrent le cadavre dans un drap et allèrent l’enterrer, en secret, dans la tombe familiale au cimetière, ce qui lui permit de toucher deux rations. Sa belle-mère le prit définitivement avec elle. Au cours de l'été 1942, Viktor fut envoyé à l’hôpital : il souffrait de dystrophie. Kortchnoï hérita de cette période un tempérament de lutteur qui ne renonce jamais dans l'adversité ainsi que la persévérance face aux épreuves et après les défaites.
À l’âge de six[10] ou sept[11] ans, il avait appris à jouer aux échecs avec son père, et, en 1943, lorsque l’étau du siège de Leningrad se desserra, il participa à son premier tournoi junior. À l’automne 1944, il s’inscrivit au club d’échecs (ainsi qu’aux clubs de musique et de récitation[N 7]) des Pionniers de Leningrad[11]. Il fut entraîné par Abram Model (un ancien entraîneur de Mikhaïl Botvinnik), Andrei Batouïev(ru) et, à la fin de la guerre, Vladimir Zak[N 8]. Kortchnoï progressa rapidement. En 1945, il atteignit le niveau d'un joueur de première catégorie[11].
En 1946, il remporta le championnat de Leningrad junior (à sa deuxième tentative) et se qualifia pour le championnat d’URSS junior, remporté par Tigran Petrossian, où il termina 11e-12e[N 9].
En 1947, il remporta le championnat d’URSS junior[N 10], et il récidiva l’année suivante en terminant premier ex æquo avec Iivo Neï[11],[N 11]. En 1949, il marqua 5,5 points sur 6, au premier échiquier de la très forte équipe junior de Leningrad, au championnat national junior par équipes, ce qui lui valut le titre de candidat maître.
Parallèlement à sa passion pour les échecs, Kortchnoï étudia pendant six ans à l’université de Leningrad pour devenir historien et décrocha un diplôme en histoire en 1954.
Grand maître international (1956)
En 1950, Kortchnoï termina deuxième du championnat de Leningrad[11] (+8 −3 =2) et battit le vainqueur Mark Taïmanov. Lorsque le grand maître Aleksandr Tolouch lui proposa de l’entraîner et de faire de lui un maître en deux ans, Kortchnoï répondit : « j’y arriverai sans vous », ce qu’il fit, mais il regretta plus tard sa décision lorsqu'il vit que Boris Spassky, le jeune prodige de Leningrad, faisait des progrès plus rapides avec Tolouch[N 12]. En 1950, Kortchnoï disputa sa première demi-finale[N 13] du championnat d’URSS[N 14], à Toula. Il commença le tournoi par un point sur neuf (+0, −7, =2), mais réussit néanmoins à finir 11e-13e avec (+4 −7 =4). En 1951, il termina 5e-7e de la finale du mémorial Tchigorine[N 15] et réalisa à cette occasion une première norme de maître soviétique[11]. Peu après, en mai-juin 1951, à Leningrad, il termina 5e-8e de sa la demi-finale[N 16] du XIXe championnat d’URSS 1951 (+6 −4 =8). Grâce à ce résultat, il succéda à Petrossian comme plus jeune maître soviétique (à 20 ans)[12] mais manqua la qualification[11] pour la finale du championnat d'URSS qui était un tournoi zonal.
De 1952 à 1959, Kortchnoï participa à huit demi-finales du championnat d’URSS et réussit à chaque fois à se qualifier pour la finale[N 17] mais ses résultats en finale furent irréguliers, alternant réussites et désastres. En 1952, à Minsk, Kortchnoï disputait sa troisième demi-finale[N 18] ; il finit 2e-4e (devant Averbakh, Flohr et Kholmov). Puis, en novembre-décembre, lors de sa première finale du championnat d’URSS, à Moscou, il devança Keres, Smyslov (qu’il battit) et Bronstein au classement et termina sixième avec un score de 11 points sur 19 (+8 −5 =6). Le championnat fut remporté cette année par Botvinnik devant Taimanov et Geller[11].
Cette série de succès échiquéens attira l’attention de la direction du comité des sports de l’URSS qui enrôla Kortchnoï dans l’équipe des athlètes d’État. Il perçut à partir de 1954[13]
un salaire dépendant de ses résultats qui lui permit de se consacrer entièrement aux échecs. En février 1954, Kortchnoï finit 2e-3e, ex æquo avec Taimanov, du XXIe championnat d’URSS à Kiev[N 19]
(+10 −3 =6). Grâce à ce succès, il fut autorisé à participer à son premier tournoi international à Bucarest et le remporta devant Rachid Nejmetdinov. La FIDE lui accorda le titre de maître international à l’automne 1954, mais,
l’année suivante, en février-mars 1955, lors du XXIIe championnat d’URSS à Moscou qui était un tournoi zonal qualificatif pour le championnat du monde d'échecs[N 20], Kortchnoï termina 19e sur 20 participants (+1 −8 =10).
Après son échec lors du tournoi zonal de 1955, Kortchnoï fit une pause, partit se reposer au bord de la mer Noire, arrêta pour la première fois de fumer et se concentra sur sa préparation physique et théorique. Trois mois après, il remportait le championnat de Leningrad (+16 −1 =2) en juin 1955, avec 17 points sur 19 et trois points d’avance sur Tolouch et Fourman[14]. Puis, en décembre 1955–janvier 1956, il gagna son deuxième tournoi à l'étranger : le tournoi de Hastings[14]ex æquo avec Olafsson, devant Ivkov et Taïmanov.
Un mois après, en février 1956, Kortchnoï finit quatrième du XXIIIe championnat d’URSS à Leningrad, à un demi-point des trois vainqueurs[14], puis, à Tbilissi[14], se qualifia pour sa cinquième finale consécutive du championnat d'URSS[N 21] (janvier–février 1957) où il sortit 7e-8e à égalité avec Petrossian. À la fin de l'année 1956, la fédération internationale des échecs lui décernait le titre de grand maître international.
Champion d’URSS (1960) et candidat au championnat du monde (1962)
En 1957, Kortchnoï remporta sa demi-finale du XXVe championnat d'URSS (1957-1958), mais,
en janvier-février 1958, il ne fut que 9e-11e de la finale à Riga qui était un tournoi zonal qualificatif pour le championnat du monde. Cependant, il réussit à battre le vainqueur et futur champion du monde Mikhaïl Tal[N 22].
En 1958, Kortchnoï épousa une Arménienne native de Tbilissi (Géorgie), Isabela, qui habitait Moscou et qui lui donna un fils, Igor (en 1959). Il continua à habiter à Leningrad avec sa famille.
En 1959, Kortchnoï termina premier de sa demi-finale du championnat d'URSS à Tcheliabinsk et remporta le tournoi de Cracovie. En février 1960, il décrocha son premier titre de champion d’URSS à Léningrad devant Geller, Petrossian, Polougaïevsky, Smyslov, Taimanov, Spassky, Bronstein et douze autres joueurs soviétiques[N 23]. Deux rondes avant la fin, Geller était premier et avait marqué 9 points sur 10 lors des dix précédentes parties. Kortchnoï et Petrossian étaient deuxièmes à ½ point. Lors de la pénultième ronde, Petrossian annula sa partie tandis que Kortchnoï affrontait Geller. Il défit son adversaire avec les pièces noires, en jouant une défense Alekhine. Lors de la dernière ronde, les trois leaders remportèrent leurs parties, laissant Kortchnoï seul vainqueur sur le score de : +12 −3 =4.
En février 1961, un an après son premier titre de champion d'URSS, Kortchnoï gagna ses quatre dernières parties du XXVIIIe championnat d’URSS (remporté par Pétrossian), termina seul deuxième de la finale et se qualifia pour la première fois pour le tournoi interzonal. Au début de l'année 1962, à Stockholm, il finit quatrième du tournoi interzonal qui fut remporté par Fischer. Lors du tournoi des candidats qui eut lieu à Curaçao quelques mois plus tard, Kortchnoï ne finit que cinquième sur huit joueurs avec le score de 13,5 / 27 (et 2,5 à 1,5 contre Fischer). À propos de ce relatif échec, comme Fischer avant lui[N 24], il déclara avoir été victime d'un complot ourdi par Geller, Keres et Petrossian[15].
Rafleur de tournois (1963 à 1970)
Parallèlement à la lutte pour le titre mondial, Kortchnoï multiplia, dans les années 1960, les premiers prix dans les tournois, distançant à chaque fois largement ses adversaires. En 1961, il remporta le tournoi de Budapest avec deux points d'avance sur Bronstein ; en 1963 le tournoi mémorial Capablanca de La Havane, devant Tal, Geller et Pachman (et une deuxième fois en 1969ex æquo avec Souétine) ; en 1964, le championnat de Leningrad 1964 (14/16) avec 4 points d'avance ; en 1965, Erevan avec un point d'avance sur Petrossian, Stein et Portisch ; en 1966, Bucarest (12,5/14) et Sotchi (11,5/15, mémorial Tchigorine remporté devant Spassky et Polougaïevski) ; en 1967, Leningrad (13/16) et Budva (devant Tal, Gligoric et Geller) ; puis deux fois le tournoi de Wijk aan Zee (en 1968, avec 3 points d'avance sur Tal et Portisch, et en 1971, devant Petrossian et Gligoric) et celui de Palma de Majorque (en 1968, avec un point d'avance sur Spassky, Larsen, Petrossian, Gligoric, et en 1972ex æquo avec Panno et Smejkal) et enfin le tournoi de Hastings1971-1972, ex æquo avec Karpov. Il devança à chaque fois les meilleurs joueurs mondiaux, Fischer excepté[N 25].
Kortchnoï remporta également quatre fois le championnat d’URSS : en 1960, 1962, 1964 et 1970. En 1964-1965, il gagna sans défaite et avec deux points d'avance sur Tal, Stein et Bronstein, sur le score de 15 / 19, meilleure performance réalisée lors d'un championnat d'URSS disputé avec au moins 19 participants[N 26]. En 1970, il réalisa le meilleur score obtenu par un joueur lors d'une finale du championnat d'URSS : 16 points sur 21[N 27]. Il participa aussi, de 1960 à 1974, à six olympiades d’échecs remportées par l’équipe d’URSS, remportant à chaque fois une médaille individuelle en or ou en bronze[N 28]. Sa soif de victoires[N 29] et ses nombreux succès dans les années 1965-1969 l'ont fait qualifier de « Larsen de l'Est ».
Cependant, lors de la domination de Tigran Petrossian à la tête du titre mondial (1963-1969), la carrière internationale de Kortchnoï fut freinée à plusieurs reprises : de 1963 à 1967, il ne participa à aucun tournoi international en Europe de l’Ouest ou en Amérique (excepté le mémorial Capablanca de La Havane). En 1963, la fédération soviétique reçut une invitation accompagnée d'un billet d'avion pour la coupe Piatigorsky à Santa Monica et envoya la femme de Pétrossian à la place de Kortchnoï, pourtant champion d'URSS. En 1965, il fut invité personnellement au tournoi international de Zagreb, mais, bien qu'il eût remporté le championnat d'URSS, en janvier, la fédération soviétique voulut l'envoyer à la place à un petit tournoi en Hongrie, ce qu'il refusa. À l'issue du championnat d'Europe par équipes, en 1965, pour tenter d'améliorer sa situation, Kortchnoï adhéra au parti communiste par opportunisme, mais, en mai-juin 1967, il fut écarté du très fort tournoi du club central de Moscou où participaient Stein, Smyslov, Tal, Bronstein, Portisch, Spassky, Geller, Keres, Petrossian[N 30] et inscrit au tournoi international de Leningrad qu'il remporta sans défaite (+10, =6).
Premiers matchs des candidats (1968 et 1971)
En 1964, au tournoi zonal de sept joueurs organisé par la fédération soviétique à Moscou, Kortchnoï termina 5e-6e et manqua la qualification pour le cycle des candidats1964-1965, qui vit la victoire de Boris Spassky.
Après un match de barrage qui l’opposa à Mark Taïmanov et à Gipslis, et grâce à un meilleur départage au championnat d’URSS de février 1967, Kortchnoï se remit dans la course au championnat du monde : 2e-4e à l’interzonal de Sousse en 1967, il battit Samuel Reshevsky à Amsterdam, en 1968, lors du premier match du tournoi des candidats. Ensuite, ce fut le tour de Mikhaïl Tal battu sur un score serré (5,5 à 4,5) à Moscou ; puis, en finale du tournoi des candidats, il affronta Boris Spassky qui se révéla trop fort pour lui[N 31].
En tant que finaliste du tournoi des candidats de 1968, Kortchnoï était exempté des qualifications interzonales pour le cycle suivant (1970-1972) et il fut directement admis au tournoi des candidats de 1971 : il remporta facilement son premier match contre Efim Geller, mais perdit ensuite en demi-finale des candidats contre l’ex-champion du monde, Tigran Petrossian par 4,5 à 5,5 (neuf parties nulles suivies d'une défaite)[N 32].
Rivalité avec Karpov (1971 à 1974)
En 1969, l'entraîneur de Kortchnoï, Semion Fourman, le quitta pour s’occuper du jeune Anatoli Karpov, champion du monde junior en 1969, vingt ans plus jeune que Kortchnoï et la nouvelle étoile des échecs soviétiques. Fourman fut remplacé, en 1970, comme entraîneur de Kortchnoï, par Gennadi Sosonko, qui devint vite grand maître après son émigration aux Pays-Bas en 1972.
En 1972, Kortchnoï fumait toujours beaucoup et ses tempes commençaient à grisonner. Il gagnait des parties en zeitnot et jouait encore avec succès des coups à double tranchant dans des positions difficiles ou peu claires, refusant les propositions de nulle. Au terme de deux saisons 1971-1972 et 1972-1973 en deçà de ses résultats précédents — il perdit son match contre Petrossian en 1971, termina seulement onzième du très fort tournoi mémorial Alekhine remporté par Karpov à Moscou, en décembre 1971 ; finit deuxième du tournoi d’Amsterdam1972, seulement huitième du championnat de Léningrad 1973 et perdit son mini-match contre Semion Fourman au match-tournoi des sélections, en avril 1973 — il réalisa qu’avec l’âge[N 33] (il avait dépassé 40 ans), et sans changement, il ne pourrait plus continuer à remporter des parties en prenant les mêmes risques, à jouer sur le fil du rasoir.
Kortchnoï trouva la volonté pour effectuer des changements radicaux. Il commença à pratiquer des exercices physiques : de la marche et du yoga (il avait toujours été critiqué comme étant un joueur peu athlétique[16]), fit plus attention à sa santé et arrêta une nouvelle fois de fumer avant l’interzonal de juin 1973 à Léningrad. Il ne but plus une goutte d'alcool, se mit à porter des lunettes noires d’homme d’affaires et apparut beaucoup plus calme qu’auparavant.
Au début de l'année 1971, Kortchnoï et Karpov avaient disputé un match d’entraînement amical de 6 parties (+2 =2 −2)[N 34]. En janvier 1972, ils partagèrent la première place du tournoi de Hastings (1971-1972). En juin 1973, ils occupèrent la première place du tournoi interzonal de Leningrad (avec 11 victoires et une seule défaite sur 17 parties pour Kortchnoï), puis, en octobre 1973, la deuxième place du XLIechampionnat d’URSS.
En 1974, lors des matchs du tournoi des candidats, Kortchnoï battit d’abord assez facilement (7,5 à 5,5) la jeune star brésilienne Henrique Mecking (vainqueur de l’autre tournoi interzonal à Petrópolis), puis fut ensuite opposé à l’ancien champion de monde Tigran Petrossian. Les deux adversaires n’étaient plus alors dans les meilleurs termes. Le match disputé à Odessa fut riche en incidents divers[N 35] : bien que le match fût prévu pour durer jusqu’à ce que l’un des joueurs obtienne quatre victoires, Petrossian abandonna après seulement cinq parties, pour des raisons médicales, sur le score de 3 victoires à 1 pour Kortchnoï (et une seule nulle). Sa victoire sur Petrossian en 1974 propulsait à nouveau Kortchnoï en finale du tournoi des candidats dont le vainqueur affronterait le tenant du titre Bobby Fischer en 1975. Le dernier adversaire de Kortchnoï serait Anatoli Karpov.
La finale des candidats de 1974 était organisée à Moscou[N 36]. Serait vainqueur le premier joueur à remporter cinq parties, les nulles ne comptant pas, avec une limite de 24 parties, autant qu'un championnat du monde. Cette finale des candidats fut la plus longue de l'histoire et dura plus de deux mois, du au . Après avoir mené rapidement 2 victoires à 0, puis, après 11 parties nulles, 3 à 0[N 37], Karpov se fit remonter 3 victoires à 2 et finit par remporter la finale sur le score de 12,5 à 11,5 (+3, −2, =19). Durant ce match, Kortchnoï était aidé de ses assistants Viatcheslav Osnos et Roman Dzindzichashvili, tandis que Karpov bénéficiait de l'aide de son entraîneur Semion Fourman, et d'analyses de Efim Geller, Tigran Petrossian[17] et Mikhaïl Tal[18]. Kortchnoï ne reçut le soutien que de son ami David Bronstein, qui fut sanctionné durement dans les années suivantes par les autorités soviétiques[19], et de Paul Keres, qui proposa une aide que Kortchnoï déclina. Ce dernier déclara plus tard : « Durant ce match, on a délibérément favorisé Karpov, Russe de l’Oural, blond, fils d’ouvriers et membre du parti, à mon détriment, moi qui suis brun, juif, diplômé d’histoire et d’origine bourgeoise. On m’a donné des entraîneurs médiocres, mes plans ont été divulgués par des fuites… »[20].
En novembre 1974, lors de la cérémonie de clôture, Kortchnoï comprit que pour l'emporter il devrait quitter l’URSS[N 38]. En décembre, il donna une interview à un journaliste yougoslave[N 39], dont une partie parut dans le journal Politika. Il osait dire qu’il ne se considérait pas inférieur à Karpov, dont la supériorité sur Polougaïevski, Tigran Petrossian ou Spassky ne lui paraissait pas évidente. Il dénonçait les conditions dans lesquelles s’était déroulé le match de 1974. Il estima que Karpov, bien que très bon joueur, était encore jeune et que c’était en profitant de toutes les possibilités offertes par l’appareil qu’il était arrivé au plus haut échelon[N 40]. Kortchnoï soutenait aussi la revendication de Fischer de ne pas compter les parties nulles lors des matchs de championnat du monde[12]. Aussitôt après leur publication, Kortchnoï regretta ses paroles imprudentes : dès son retour en URSS, le 1975, des explications écrites lui furent demandées par le comité des sports de l'URSS.
En 1975, Karpov devait rencontrer Bobby Fischer et Kortchnoï refusa, en février, d’aider Karpov dans sa préparation contre Fischer. Les premières sanctions visant Kortchnoï tombèrent : il fut exclu pendant un an de la sélection nationale et son salaire diminué. Lors d’une campagne de presse dans le but de promouvoir Karpov, Tigran Petrossian attaqua dans un article l’attitude « anti-sportive » de Kortchnoï dans son interview. En avril, Karpov devint le nouveau champion du monde, par défaut, puisque Bobby Fischer renonçait à défendre son titre. Les autorités centrales (le comité des sports) empêchèrent Kortchnoï de jouer pendant un an (la durée fut réduite à dix mois par la suite) dans des tournois internationaux — et de voyager à l’étranger[N 41]. À Leningrad, il fut privé du droit de publier des articles d’échecs et de faire des commentaires sur les échecs à la télévision. Soupçonné de vouloir partir en Israël, son appartement fut mis sur table d’écoute[21]. Il ne reçut plus les magazines yougoslaves ou en anglais et il lui fut interdit de faire des simultanées ou des cours.
La défection et le boycott (1976-1977)
Au deuxième semestre de 1975, Kortchnoï participa à la spartakiade des peuples d'URSS (en juillet), puis fut autorisé[N 42] à participer à un tournoi international à Moscou (3e-5e du mémorial Alekhine, en octobre-novembre), et, en décembre 1975, à jouer lors du tournoi de Hastings (il finit quatrième). Il en profita pour emmener des livres d'échecs auxquels il tenait et des albums de photos qu'il fit parvenir à Sosonko maintenant fixé aux Pays-Bas. À l’issue du tournoi IBM d’Amsterdam, qu’il remporta en juillet 1976 à égalité avec Tony Miles, Viktor Kortchnoï demanda à Tony Miles comment prononcer l’expression « asile politique » en anglais. Le lendemain, il se rendit dans une gendarmerie et demanda l’asile politique aux Pays-Bas. Après quinze jours passés en cachette dans une chambre sous les toits, il se vit accorder un permis de séjour de six mois. Il devint, dès le 1976, membre de la fédération néerlandaise d’échecs dont il remporta le championnat en 1977. Il fut nommé capitaine de l’équipe olympique des Pays-Bas qui se rendit à l’olympiade d'échecs de 1976 à Haïfa. Depuis, il a changé deux fois de pays (des Pays-Bas à l’Allemagne et au canton d’Argovie en Suisse en 1978). Kortchnoï laissait derrière lui sa femme et son fils Igor, qui se virent refuser un visa de sortie (en novembre 1977) et devinrent des otages du régime communiste. Leurs passeports furent confisqués.
La fédération soviétique instaura un boycott contre Kortchnoï. Les organisateurs de tournois furent mis devant un choix clair : ou bien la présence des joueurs soviétiques, ou bien celle de Kortchnoï. Les pressions s’accentuèrent encore lors de ses tentatives de ravir le titre de champion du monde à Anatoli Karpov, de 1977 à 1981. Dans les années 1970, plusieurs forts joueurs d’échecs abandonnèrent l’URSS[22], et Kortchnoï fut le plus prestigieux d’entre eux, ce que ni la fédération soviétique d’échecs, ni même le Kremlin[N 43] ne lui pardonnèrent jamais. Une lettre de condamnation fut publiée, signée par presque tous les grands maîtres soviétiques : seuls Mikhaïl Botvinnik[N 44], David Bronstein (son ami fidèle), Boris Spassky (parti vivre en France) et Boris Gulko (futur champion d’URSS en décembre 1977 et dissident) refusèrent de la signer. Parallèlement Karpov écrivit sa propre lettre plus modérée. Le nom de Kortchnoï fut rayé des livres d’échecs et des revues soviétiques, les photos le représentant détruites, ses parties ne furent pas publiées en URSS. Les autorités soviétiques demandèrent à la fédération internationale de lui retirer son titre de grand maître.
En 1977, la fédération soviétique tenta de le disqualifier au prétexte que le championnat du monde se dispute entre fédérations et non entre individus, et que Kortchnoï ne pouvait plus valablement représenter la fédération soviétique. Lors du cycle des candidats, en 1977, Kortchnoï affronta successivement trois joueurs soviétiques : Polougaïevski et les deux précédents champions du monde : Petrossian et Spassky, qu’il battit d’une manière convaincante. Il termina ensuite deuxième (devant Andersson, Timman, Najdorf, Miles, Mecking, Sosonko et Kavalek) du fort tournoi de Wijk aan Zee remporté par Portisch en janvier 1978, et remporta aussi le tournoi de Beer-Sheva en Israël.
Première finale du championnat du monde à Baguio (1978)
La première finale du championnat du monde de Kortchnoï, en 1978, à Baguio (Philippines), qu’il perdit 5 à 6, est restée dans les annales de l’histoire du noble jeu. Elle dura plus de trois mois (du au 1978) et 32 parties très disputées. Le match eut lieu pendant la saison des pluies. Il fut l’occasion d’un incessant combat psychologique et d'une discussion théorique. Pour déconcentrer le challenger et tenter de le déstabiliser, les Soviétiques firent appel à un « parapsychologue »[N 45], le Dr Zoukhar, directeur du Laboratoire central de psychologie de Moscou[23]. Dans le domaine des ouvertures, l'équipe de Karpov comprenant Igor Zaïtsev et Mikhaïl Tal mit au point plusieurs nouveautés dans la variante ouverte de la partie espagnole.
Après 17 parties, Karpov avait une confortable avance de 4 à 1. Kortchnoï gagna la 21e partie, mais Karpov remporta la 27e, ce qui le plaça à une victoire du titre. Kortchnoï ne s'avoua pas vaincu et remporta trois victoires sur les quatre parties qui suivirent, pour égaliser le score à 5 victoires partout. Karpov remporta cependant la 32e partie et avec elle le match +6 −5 =21[24].
Deuxième match pour le championnat du monde à Merano (1981)
Peu après sa finale du championnat du monde, Kortchnoï participa à l’olympiade d'échecs de 1978 à Buenos Aires. Pour la première fois depuis 1952, l'URSS, qui jouait sans Karpov, ne remporta pas l'olympiade et fut devancée la Hongrie. Kortchnoï remporta la médaille d’or au premier échiquier de la Suisse et les journalistes lui décernèrent l’Oscar du meilleur joueur de l’année 1978, devant Anatoli Karpov. L'année suivante, en 1979, le dissident remporta quatre forts tournois, toujours sans la participation de joueurs soviétiques.
Pendant ce temps, en mai 1978, le fils de Kortchnoï reçut sa convocation au service militaire et décida de se dérober. Après 12 mois vécus dans la clandestinité, il finit par se rendre à la police. À la fin de l’année 1979, Igor Kortchnoï fut condamné à deux ans et demi de prison dans un camp de travail pour désertion aggravée de parasitisme.
Un temps apatride, Kortchnoï n’obtint l’asile politique en Suisse, et le statut de réfugié politique[N 46], qu’après l’olympiade de 1978. Il acquit la citoyenneté suisse en 1992[25].
En 1980, lors du tournoi des candidats, après avoir battu difficilement Tigran Petrossian (quatrième match des candidats entre les deux joueurs, après ceux de 1971, 1974 et 1977), il battit à nouveau Lev Polougaïevski (gagnant la partie décisive dans un match très disputé) et Robert Hübner (qui abandonna en cours de match). Puis, en 1981, Kortchnoï perdit nettement son deuxième championnat du monde (son troisième match après ceux de 1974 et de 1978) contre Karpov à Merano (+2, =10, −6) — après quatre parties, Karpov menait déjà 3 victoires à 0. Les Soviétiques avaient auparavant encore refusé à sa femme et son fils de venir le rejoindre.
Match contre Kasparov (1983) et fin du boycott soviétique (1984 à 1991)
Après le match perdu de 1981, les joueurs soviétiques continuèrent le boycott des tournois qui acceptaient Kortchnoï. En juillet 1982, sa belle-mère, Roza, sa femme, Bella, et son fils, Igor, purent enfin le rejoindre en Suisse. Ils obtinrent le statut de réfugié politique mais ils ne formaient plus une famille unie. Viktor et Isabela entamèrent une procédure de divorce qui dura trois ans[N 47]. Les résultats de l'année 1982 furent décevants et, en janvier 1983, Kortchnoï se retrouva 12e du classement FIDE avec seulement 2600 points Elo.
En 1983, Kortchnoï battit Lajos Portisch en quart de finale des candidats et la Fédération Internationale des Échecs (FIDE) décida que Kortchnoï devrait affronter Garry Kasparov en demi-finale des candidats à Pasadena en Californie. La fédération soviétique refusa d’envoyer Kasparov aux États-Unis et Kortchnoï gagna le match par forfait. Des négociations commencèrent entre Kortchnoï et les Soviétiques pour rejouer le match. Kortchnoï acceptait d'affronter Kasparov, à condition que les Soviétiques mettent fin au boycott, ce qu'ils concédèrent ainsi qu'une réparation financière pour le dissident. Le match de demi-finale fut organisé à Londres en novembre 1983. Les deux adversaires s'étaient déjà affrontés l'année précédente lors de l'olympiade d'échecs de 1982 à Lucerne et Kasparov avait battu Kortchnoï. Lors de la première partie du match de Londres, Kortchnoï surprit Kasparov dans l'ouverture et gagna. Suivirent 4 parties nulles, qui permirent à Kasparov de se remettre dans le match. Lors de la sixième partie, Kortchnoï commit une erreur lors d'un finale de tours et perdit la partie. Kasparov enchaîna ensuite avec trois victoires et deux nulles et élimina Kortchnoï du cycle des candidats.
En 1984, après la défaite contre Kasparov (4 à 7), Kortchnoï put à nouveau rencontrer les joueurs soviétiques en tournoi. Il multiplia les participations dans les tournois internationaux et rentra à nouveau dans la liste des dix joueurs les mieux classés par la FIDE. Il remporta deux fois le fort tournoi de Wijk aan Zee (en 1984 avec Aleksandr Beliavski et en 1987 avec Nigel Short). En décembre 1985, il remporta le fort tournoi de Bruxelles devant Spassky, puis en 1986, le tournoi open de Vienne (devant Anatoli Karpov) ; en 1988, il remporta celui d'Amsterdam (tournoi OHRA), et en 1990, Rotterdam (tournoi VSB, mémorial Max Euwe). Ses résultats lors des autres super-tournois furent irréguliers, notamment à Tilbourg (tournoi à deux tours entre huit joueurs, de 1985 à 1991) : 1er-3e en 1985, dernier (8e) en 1986, 4e en 1987, 2e derrière Kasparov en 1988, septième et avant-dernier en 1991, quart-de-finaliste en 1992 (éliminé par Guelfand), il finit douzième et dernier lors de l'ultime tournoi organisé à Tilbourg en 1998. Après 1985, il ne participa plus aux super-tournois de Linares[N 48]. Lors des tournois de la coupe du monde organisée par la GMA (Grandmaster Association) en 1988-1989, il termina 4e à Barcelone en mars 1989 et trois fois dans les dernières places[N 49].
Parallèlement à sa carrière dans les tournois, Kortchnoï ne dépassa plus le stade des quarts de finale du cycle des candidats au championnat du monde. Il termina 13e-14e sur 16 au tournoi des candidats de Montpellier, en 1985. En 1987, il remporta le tournoi interzonal de Zagreb et il se qualifia pour le tournoi des candidats où il fut éliminé dès le premier tour, en 1988, par le grand maître islandais Jóhann Hjartarson lors du départage. Lors du tournoi interzonal de Manille, disputé en 1990, il se qualifia pour les matchs des candidats où il battit d'abord Hort mais fut éliminé par Jan Timman en quart de finale, en 1991. En 1993, il échoua d’un demi-point, battu par Anand[N 50] lors de l'avant-dernière ronde du tournoi interzonal FIDE (à Bienne) et il obtint moins de la moitié des points lors du tournoi de sélection PCA de Groningue.
Champion du monde senior (2006)
Après 14 ans passés comme résident suisse, Kortchnoï obtint la nationalité suisse en 1992.
En 1990, Mikhaïl Gorbatchev lui avait rendu la nationalité soviétique, par reconnaissance pour ses contributions au développement des échecs en URSS. Il put revenir à Saint-Pétersbourg (Leningrad) après la chute de l’Union soviétique, au printemps 1992. Le 1992, il avait épousé son amie Petra Leeuwerik, une victime du régime soviétique, qui avait dirigé sa délégation à Baguio en 1978.
Depuis 1994, Kortchnoï a participé à de nombreux événements échiquéens dans l’ancienne Union soviétique. Il est revenu en 1994 à Moscou pour participer au grand-prix Intel rapide et à l’olympiade d'échecs de 1994. Il a remporté le tournoi de Saint-Pétersbourg en avril 1997, ex æquo avec Khalifman et Salov, et devant Svidler, etc. Ses autres victoires importantes en tournoi furent réalisées à Madrid (en 1995), au tournoi d'échecs de Sarajevo en 1998 et à Bad Hombourg devant Svidler, en 1998. Kortchnoï participa à trois reprises aux championnats du monde FIDE où il fut éliminé par Nigel Short (en 1997), Vladimir Kramnik (en 1999) et Lev Psakhis (en 2001).
De 1991 à 1998, Kortchnoï était classé après la vingtième place dans le classement Elo de la FIDE. En janvier 1999, après ses victoires à Sarajevo et Bad Hombourg en 1998, il fut classé dix-neuvième, puis dix-septième en juillet 1999. Ce classement lui valut d'être invité au tournoi d'échecs Corus à Wijk Aan Zee en janvier 2000, tournoi remporté par Kasparov et où participaient Anand, Lékó, Morozevitch et Kramnik ; Kortchnoï ne marqua que 5 points sur 13. En janvier 2001, il fit jeu égal dans un match contre le futur champion du monde FIDE Ruslan Ponomariov (+2 –2 =4), et, à 70 ans, en juillet 2001, il remporta le Festival d'échecs de Bienne devant Svidler, Guelfand, Grichtchouk et Lautier.
En septembre 2006, Kortchnoï remporta le 16echampionnat du monde senior, qui s’était tenu à Arvier sur un score de 9/11. Il avait marqué 7,5 dans les huit premières parties, puis annulé dans les trois dernières[26]. C’est le premier titre de champion du monde individuel remporté par Kortchnoï.
En avril 2008 (à 77 ans), Kortchnoï a joué aux côtés d’Anatoli Karpov, dans l’équipe Oural sud de Tcheliabinsk, lors du championnat de Russie par équipes à Dagomys (autour de Sotchi)[27]. En avril 2009, il a réalisé la meilleure performance individuelle au championnat d'Europe par équipes senior. En juillet 2009, il a été consacré pour la quatrième fois (après 1982, 1984 et 1985) champion de Suisse[4] au tournoi open de Grächen où il a terminé 2e-5e (7/9) avec un meilleur départage, derrière le GMI anglais Simon Williams (7,5 / 9) contre lequel il avait perdu. En juillet 2011, il a été consacré pour la cinquième fois champion de Suisse (après un mini-match de départage contre Joseph Gallagher) au tournoi open de Loèche-les-Bains où il a terminé 3e-10e (6,5 / 9), derrière Christian Bauer (7,5 / 9) contre lequel il avait perdu, et Andreï Sokolov (7 / 9).
Le style de Kortchnoï : un lutteur acharné
Dans les années 1950, Kortchnoï privilégiait la contre-attaque agressive. Il excellait dans les positions défensives difficiles, acceptant volontiers les sacrifices offerts par ses adversaires[28]. Sa technique des finales était déjà reconnue. Pendant les années 1960, son style devint plus polyvalent, apprenant à prendre l’initiative et maîtrisant tout l’éventail technique pour devenir un candidat au titre mondial.
« Parmi les grands joueurs du monde, Viktor Kortchnoï est unique. Quand il s’installe en face d’un jeu, il y apporte un mélange de concentration, de détermination et d’énergie non rivalisé par aucun grand maître. Pour Kortchnoï les échecs sont par-dessus tout une lutte. Lorsqu’il joue, tout ce qui lui importe est le résultat du jeu. Les amitiés sont oubliées et les problèmes mis au rancart ; la bataille sur l’échiquier devient priorité absolue ; cette volonté immense de gagner rend le jeu de Kortchnoï toujours intéressant. Jamais satisfait d’une simple routine de jeu, il poursuit une stratégie complexe cherchant la manœuvre suprême dès les premières étapes du jeu. Cela lui crée souvent un problème de pression de temps mais là Kortchnoï est souverain. Quand la pendule lui montre que seulement des minutes lui sont laissées, il entre dans un état de concentration totale, presque en transe, employant entièrement le temps occupé par son adversaire à penser… »
Kortchnoï était un adversaire redoutable car son jeu était basé notamment sur les exceptions aux principes classiques[30]. Il créait sur l'échiquier des situations insolites où les concepts généraux n'étaient plus valables[30]. Pour cela, dans des positions compliquées, il devait analyser un très grand nombre de variantes[30].
Ce style de jeu était souvent incompris. Voici un extrait d'une interview datant de 1972 de Bent Larsen par Conel Hugh O'Donel Alexander[31] : « Toute la pratique de Korchnoï est basée sur l'analyse (...) et c'est l'inverse dans la compréhension positionnelle. KorchnoÏ est fantastique pour calculer des variantes complexes, surtout quand il est sous pression ; mais il doit impérativement passer par l'analyse parce que son jugement quand il ne calcule pas est très mauvais - il doit passer par beaucoup de variantes avant de savoir ce qui se passe. Bien sûr, beaucoup de choses qui troublent le joueur ordinaire ne sont pas du tout des problèmes pour un grand maître ; mais dans les positions difficiles, Spassky a dit "Korchnoi a toujours tort" »[N 51]. Cependant, l'Europe Échecs cité en référence parle du « style de lutteur de "Viktor le terrible" »[30], insistant sur sa ténacité dans les positions difficiles.
Son jeu basé sur la contre-attaque décontenançait ses adversaires. Bobby Fischer a déclaré après 1974[32] : « S'il y a une personne que je craignais, c'était Kortchnoï. Je ne comprends pas du tout ses coups et je ne sais pas comment jouer contre lui. Mais je pensais que Kortchnoï n'arriverait pas à passer. » Après la victoire de Kortchnoï contre Mecking en 1974, un journaliste s’étonna que le joueur soviétique obtint rarement un avantage de l’ouverture que ce soit avec les Blancs ou avec les Noirs, et que ses victoires « étaient d’une étrange sorte qui ne découlait pas logiquement de la position... ». Mikhaïl Tal répondit dans une interview : « — Mais c’est tout Kortchnoï ! C’est un joueur avec un style inimitable, un combattant sans compromis et sans peur. Il n’est pas difficile d’avoir une ouverture favorable contre lui, il vous laisse vous y engager, mais pour ce qui est d’aller à la victoire… c’est une tout autre histoire[33]. » Kortchnoï a dit que son idole était le champion du monde Emanuel Lasker dont le jeu décontenançait autant ses adversaires[34].
Kortchnoï est connu pour sa franchise et son franc-parler : en 1968, il jugea « stéréotypé » le jeu de l'ancien champion du monde et ami Tal, qu'il venait de battre difficilement. Après sa défaite contre Boris Spassky en finale des candidats, il reconnut la supériorité de son adversaire et lui prédit la victoire sur Petrossian. En 1972, Kortchnoï fut le premier grand maître soviétique à affirmer ouvertement, sans attendre l’accord des autorités, que Fischer avait battu Spassky parce qu’il jouait le mieux et qu’aucun autre joueur (lui compris) n’aurait gagné. Au début de 1974, il affirma qu'aucun des joueurs soviétiques n'aurait une chance contre Fischer en 1975[35].
Kortchnoï est, dans ses analyses de parties, d'une sévérité extrême envers les insuffisances de son jeu, qu'il cherche à améliorer, ne pouvant se contenter d'une partie nulle.
D'après le site de Jeff Sonas[39], Kortchnoï a été classé numéro un mondial de septembre à décembre 1965, puis numéro deux mondial d'août 1967 à juillet 1970, ainsi que de septembre 1974 à décembre 1981. Il n'a quitté définitivement le top dix mondial qu'en décembre 1990.
Kortchnoï est le joueur qui a le plus de parties publiées dans les cent premiers volumes de l'informateur d'échecs (de 1966 à 2007) avec 1 709 parties publiées, suivi de près par Jan Timman (1 703 parties publiées)[43].
« Dans toute l’histoire des échecs vous ne trouverez pas un autre joueur avec une telle constance dans la discipline, la vigueur et la férocité... Kortchnoï, même dans sa septième décennie, recherche encore la vérité dans les échecs. »
Sa participation aux cycles des candidats a été très longue. Il a participé, de 1962 à 1993, à 7 tournois interzonaux (dont deux victoires en 1973 et 1987), à deux tournois des candidats (en 1962 et en 1985) et à 19 matchs dans les sélections des candidats au championnat du monde — dont 13 victoires de 1968 à 1991[N 52].
L’humeur de Kortchnoï dictait largement son plan de jeu. À l’aise avec ou sans l’initiative, il pouvait attaquer, contre-attaquer, jouer positionnel et était un expert respecté dans les finales. Il est connu comme un maître de la contre-attaque. Il fut la « bête noire » de l’ancien champion du monde Mikhaïl Tal, un pur attaquant, contre lequel il avait un score positif : +13, =29, −6, de même que contre Tigran Petrossian (+12, =47, −11) et Boris Spassky (+22, =35, −14). Il avait un score égal contre Bobby Fischer (+2, =4, −2), Mikhaïl Botvinnik (+1, =2, −1) ainsi que David Bronstein (+6, =13, −6). Il a battu les huit champions du monde de Mikhaïl Botvinnik à Garry Kasparov, ainsi que Magnus Carlsen (victoire en 2004 au tournoi de Drammen) et les champions du monde FIDE Ruslan Ponomariov et Veselin Topalov.
Un palmarès hors du commun
Kortchnoï possède un palmarès unique, à la fois par son ampleur et sa longévité.
Titres
1950 : maître ès sport de l'URSS ; 1951 : maître soviétique (des échecs)
Champion du monde senior en 2006 (seule participation).
Tournois et principaux matchs
Une carrière ininterrompue de plus de 60 ans
Les listes suivantes donnent les tournois individuels où Kortchnoï a terminé entre la première et la cinquième place et quelques tournois où il a fini sixième ou septième en marquant plus de la moitié des points. Elles citent certains matchs-tournois par équipes et quelques championnats par équipes où Kortchnoï a terminé premier au premier ou deuxième échiquier[N 53].
1946 à 1949 : compétitions junior
En 1946, Kortchnoï termina 11e-12e du championnat d'URSS junior remporté par Petrossian. En 1949, il finit troisième du championnat de Léningrad junior remporté par Spassky[45].
Championnat d'URSS par équipes juniors (Moscou, 1er échiquier de Léningrad) : 5,5 / 6
1950 à 1957 : grand maître international et champion de Léningrad
En décembre 1949, à Lvov, Kortchnoï finit 8e-10e du quart de finale du XVIIIe championnat d'URSS (1950) avec la moitié des points (7,5 / 10). Il était trop loin des places qualificatives pour la demi-finale, mais grâce à sa deuxième place au championnat de Léningrad 1950, il fut admis dans la demi-finale du championnat d'URSS qui avait lieu à Toula en septembre-octobre 1950 ; Kortchnoï termina 11e-13e avec 6 points sur 15, du tournoi remporté par Averbakh et Borissenko.
Avant 1959, Kortchnoï ne disputa que deux tournois individuels en dehors de l'URSS : Bucarest 1954 et Hastings 1955-1956. Il termina à chaque fois en tête du tournoi.
(Minsk) Demi-finale du championnat d'URSS (2e-4e) : 10,5 / 17 (+7 −3 =7) (victoire de Lipnitski devant Averbakh, Flohr, Antochine et Kholmov)Moscou : finale du championnat d'URSS (6e) : 11 / 19 (+8 −5 =6) (victoire de Botvinnik devant Taïmanov, Geller, Boleslavski et Tolouch)Championnat de Léningrad (4e) : 7,5 / 13 (+6 −4 =3) (victoire de Taïmanov devant Spassky et Levenfisch)
(janvier-) Championnat d'URSS (7e-8e) : 12 / 21 (+6 −3 =12) (Moscou, victoire de Tal devant Bronstein, Kéres, Spassky et Tolouch)
1958 à 1965 : champion d'URSS et rafleur de premiers prix
De 1957 à 1966, à l'exception de trois tournois organisés en Argentine en 1960 et des tournois qualificatifs pour le championnat du monde en 1962, Kortchnoï disputa toutes ses compétitions individuelles en URSS, dans des pays de l'Est (à Cracovie, Budapest, Gyula ou Bucarest) ou dans des pays communistes (à La Havane ou à Belgrade). En 1960 et 1966, il participa à ses deux premières olympiades à Leipzig et La Havane.
En 1958, 1959, 1963 et 1965, Kortchnoï termina 9e ou 10e du championnat d'URSS. Ce furent, avec les tournois de Moscou de 1964 (zonal) et 1966 (entraînement), ses plus mauvaises performances en tournoi durant cette période.
De 1967 à 1972, Kortchnoï put participer à de nombreux tournois en dehors des pays de l'Est. Il considère ses victoires de 1968 à Wijk aan Zee et Palma de Majorque comme les meilleurs résultats en tournoi de sa carrière[47]. Comme Larsen et Fischer, il ne fut pas invité au tournoi international de Moscou en 1967. Les seuls tournois où il ne termina pas dans les trois premières places entre 1967 et 1975 furent le mémorial Alekhine de 1971 à Moscou (il termina 11e) et le championnat de Léningrad de 1973 (il finit 8e-9e).
Match URSS - Reste du monde contre Portisch : 1,5–2,5 (+0 –1 =3)Herceg Novi (tournoi de blitz[N 91], 3e derrière Fischer et Tal) : 14 / 22Rovinj et Zagreb (2e-5e derrière Fischer) : 11 / 17 (+7 –2 =8)(Léningrad) Match contre Bronstein (entraînement) : 2–4 (+1 –3 =2)
New York (tournoi blitz) : 7/8 (devant Timman, Hort, Osnos et Soltis)
Tournoi des candidats (finaliste) : (Augusta) Quart de finale contre Mecking : 7,5–5,5 (+3 −1 =9) (Odessa) Demi-finale contre Petrossian : 3,5–1,5 (+3 −1 =1)
Olympiade de Nice (3e au 2e échiquier) : 11,5 / 15 (+8 =7)
(Moscou) Finale des candidats contre Karpov : 11,5–12,5 (+2 –3 =19)
Lors du premier semestre 1975, Kortchnoï fut interdit de tournoi.
Moscou (3e-5e) : 11,5 / 15 (+8 −4 =3) (tournoi remporté par Geller devant Spassky[N 93])
1976 à 1983 : vainqueur des candidats, vice-champion du monde
En 1976, à l'issue du tournoi IBM d'Amsterdam, Kortchnoï demanda l'asile politique des Pays-Bas. De 1977 à 1983, la fédération soviétique boycotta les tournois qui invitaient Kortchnoï. La seule exception fut le tournoi open de Lone Pine en 1981, où Kortchnoï arriva au dernier moment et où les joueurs soviétiques (Romanichine et Youssoupov) ne purent se retirer.
Bad Kissingen : 9 / 10 (+8 =2) (devant Seirawan et Hort)
Open de Lone Pine : 9 / 11 (+7 =4) (devant Seirawan, Christiansen, Sosonko, Larsen, Romanichine, Youssoupov, Alburt et Gligoric)
Las Palmas (3e-4e) : 6 / 10 (+5 –3 =2) (victoire de Timman devant Larsen et Seirawan)Baden-Baden (3e) : 8,5 / 13 (+6 –2 =5) (victoire de Ribli et Miles)Johannesbourg (2e-3e) : 6,5 / 12 (+4 –3 =5) (victoire de Andersson devant Hübner)Championnat du monde contre Karpov (+2 –6 =10)
Herceg Novi (blitz, 2e après Kasparov) : 10,5 / 16
Demi-finale des candidats contre Kasparov (Londres) : 4–7 (+1 –4 =6)
1984 à 1990 : victoires à Wijk aan Zee et à l'interzonal de Zagreb
En 1984, les Soviétiques mirent fin au boycott de Kortchnoï. Il termina 7e-8e du tournoi de Londres remporté par Karpov. En 1985, il termina avant-dernier du tournoi des candidats de Montpellier.
Wijk aan Zee : 10 / 13 (+7 =6) (ex æquo avec Beliavski) Beer-Sheva : 9 / 13 (+6 −1 =6) (ex æquo avec Kudrin)Sarajevo : 9 / 13 (+5 =8) (ex æquo avec Timman)Match Reste du monde–URSS contre Polougaïevski : 2,5–1,5 Open du Liechtenstein : 8,5 / 9 (+8 =1)Championnat de Suisse (Arosa) : 10 / 11[48] tournoi des capitales de la CEE (Paris-Meudon) : 7,5 / 9 (+6 =3)Titograd : 7,5 / 11 (+5 −1 =5) (ex æquo avec Velimerovic[N 96])
Bienne (3e) : 7 / 11 (+5 −2 =4) (tournoi remporté par Hort et Hübner)
Wijk aan Zee : 9,5 / 13 (+7 −1 =5)[N 5] (ex æquo avec Short)Beer-Sheva : 8,5 / 11[N 101] (+6 =5) (ex æquo avec Speelman)Tournoi interzonal de Zagreb : 11 / 18 (+8 −2 =6)Open de Gênes (devant Damjanovic)
Reykjavik (4e-5e) : 5,5 / 11 (victoire de Short[N 102])Bruxelles (SWIFT) (4e-5e) : 6,5 / 11 (victoire de Kasparov[N 103])Tilbourg (4e) : 7,5 / 14 (victoire de Timman devant Nikolic et Hübner)Belgrade (4e-6e) : 6 / 11 (victoire de Ljubojevic devant Timman)
1987-1988 : Reggio Emilia (4e-6e) : 5 / 9 (victoire de Toukmakov)Beer-Sheva (2e-3e) : 9,5 / 14 (+7 −2 =5) (victoire de A. Greenfeld devant Pintér) Open de Lugano (1er-7e, 3e au départage) (victoire de Psakhis et Ftáčnik au départage)Haninge (4e-5e) : 6 / 11 (victoire de Polougaïevski)
Lucerne (championnat du monde par équipes[N 106]) : 6 / 9Open de Lugano : 8 / 9 (+7 =2) (vainqueur au départage devant Pétursson)Clermont-Ferrand (1er-5e) : 6,5 / 11 (ex æquo avec Sax, Renet, Dolmatov et Ehlvest)
1988-1989 : Hastings (2e derrière Nigel Short) : 8,5 / 14Barcelone (coupe du monde GMA) (4e) : 9,5 / 16 (+6 −3 =7) (tournoi remporté par Kasparov et Ljubojevic devant Salov)Amsterdam OHRA (2e-3e derrière Beliavski) : 5,5 / 10 (+3 −2 =5)Tilbourg (2e après Kasparov[N 107]) : 8,5 / 14 (+4 −1 =9)
Tournoi interzonal de Manille (5e-11e) : 8 / 13 (+3 =10) tournoi remporté par Guelfand et IvantchoukAmsterdam (3e) : 5 / 10 (tournoi OHRA remporté par Beliavski)
1991 à 1998 : derniers matchs des candidats et victoire à Saint-Pétersbourg
En 1990-1991, Kortchnoï disparut du classement des dix meilleurs joueurs du monde et se qualifia pour la dernière fois pour les quarts de finale des candidats. En 1992, il obtint la nationalité suisse et la possibilité de retourner en Russie. La même année, il finit 8e-10e du tournoi de Barcelone, ex æquo avec Tal dont ce fut le dernier tournoi[50]. En 1992, il fut éliminé en quart de finale par Guelfand lors du départage (match nul lors des parties à cadence lente) du tournoi de Tilbourg (tournoi Interpolis k.o., victoires sur Christiansen, Piket, et Tiviakov). En 1993, il fut éliminé lors des tournois de sélection de Bienne (interzonal FIDE) et de Groningue (PCA). En décembre 1997, Kortchnoï fut éliminé au deuxième tour du tournoi des candidats FIDE de Groningue par Short. Le tournoi fut remporté par Anand.
En 2001, Kortchnoï remporta le festival de Bienne à 70 ans, devant Svidler et Guelfand. La même année, il disputa deux tournois rapides pour son anniversaire :
un tournoi à Zurich (20-) où fut éliminé lors de la phase préliminaire (4e sur 6 joueurs de sa poule, avec 2,5 points sur 5)[53].
En 2006, il remporta le championnat du monde senior. En janvier-février 2011, au festival de Gilbratar, il battit le vainqueur du festival de Bienne 2010, Fabiano Caruana, âgé de 18 ans. Il était invaincu avant la dernière ronde[54] et termina avec 6 points sur 10 en réalisant une performance[55] Elo de 2632. Après 2012, Kortchnoï a disputé trois matchs exhibition (« matchs des légendes ») rapides : deux contre Wolfgang Uhlmann en 2014 et 2015, suivis par un match contre Mark Taïmanov en novembre 2015.
De 1952 à 1973, Kortchnoï participa à 16 finales du championnat d'URSS et fut quatre fois seul vainqueur (en 1960, 1962, 1964-1965 et 1970). Il termina six fois entre la deuxième et la sixième place (en 1952, 1954, 1956, février 1961, 1966-1967 et 1973). Lors des autres éditions, après 1955 (où il finit 19e), il termina entre la septième et la dixième place : 7e-8e en 1957, 9e-11e en 1958 (zonal), 9e en 1959, 10e en 1963 et 10e-12e en décembre 1965. De 1952 à 1966, il n'a manqué qu'une édition sur quinze : en décembre 1961. À l'exception des éditions de 1955 et de décembre 1965, Kortchnoï a toujours marqué plus de la moitié des points lors des finales. Il a terminé deux fois invaincu : en 1964-1965 et en 1966-1967.
1950 : 2e : 9 / 13 (+8 −3 =2) (championnat remporté par Taïmanov)
1952 : 4e : 6,5 / 13 (+6 −4 =3) (championnat remporté par Taïmanov devant Spassky et Levenfisch)
1953 : 2e : 9,5 / 13 (+8 −2 =3) (championnat remporté par Fourman)
1955 : champion de Leningrad avec 3 points d'avance sur Tolouch et 5,5 points d'avance sur Fourman : 17 / 19 (+16 =2 −1)
1957 : champion de Leningrad : 13 / 17 (+11 =4 −2, ex æquo avec Fourman)
1964 : champion de Leningrad : 14 / 16 (+12 =4) avec 4 points d'avance sur Osnos. Le championnat de Léningrad était aussi en 1964 une demi-finale du championnat d'URSS 1964 que Kortchnoï remporta également sans défaite à la fin de l'année[N 133].
Championnats d'Ouzbékistan, de R.S.F.S.R. et d'Arménie (hors concours)
En 1957, Kortchnoï remporta le championnat d'Ouzbékistan. En 1958, il finit 2eex æquo du championnat de la R.S.F.S.R. et en 1959, il remporta le championnat d'Arménie.
Championnat des Pays-Bas
1977 : vainqueur du championnat des Pays-Bas à Leeuwarden : 12 / 13 (+11 =2), avec 3,5 points d'avance sur Donner et Jan Timman
En 1979, Kortchnoï remporta le tournoi de grands maîtres du Festival d'échecs de Bienne, qui était aussi cette année-là le championnat de Suisse, avec 4,5 points d'avance sur Heinz Werhenshohn, lequel reçut le titre de champion de Suisse.
Championnat du monde senior
2006 : 16e champion du monde senior à Arvier : 9 / 11, +7 =4 (7,5 / 8 au début)
Matchs contre Karpov (1971, 1974, 1978 et 1981)
En 1971, Kortchnoï a disputé un match d'entrainement contre Karpov (+2 −2 =2)
En 1974, Karpov a battu Kortchnoï en finale des candidats (+3 −2 =19) et est devenu champion du monde grâce au forfait de Fischer
3e-5e du championnat d'URSS (février 1967) qui était un tournoi zonal. Ce tournoi ne qualifiait que quatre joueurs. Le mini-tournoi de départage se termina par l'égalité entre Gipslis, Kortchnoï et Taimanov. Taimanov qui avait un moins bon départage fut éliminé et Kortchnoï se qualifia pour le cycle 1967-1969.
2e-4e au tournoi interzonal de Sousse (remporté par Bent Larsen) : 14 / 22 (+9 – 3 =10)
Tal, Botvinnik, Keres, Kortchnoï ; réserve : Smyslov et Petrossian
En 1962, Kortchnoï et Smyslov furent remplacés par Geller (3e du tournoi des candidats) et Spassky (champion d'URSS). En 1964, Geller et Tal furent remplacés par Smyslov (covainqueur de l'interzonal d'Amsterdam) et Stein (champion d'URSS). En 1966, Tal, Kortchnoï et Polougaïevski remplacèrent Botvinnik, Kéres et Smyslov.
En 1988[66] fut organisé un match de bienfaisance URSS - Reste du monde, à Madrid, à cadence rapide, avec Kasparov et Kortchnoï aux premiers échiquiers (Karpov était absent). Kortchnoï marqua : 5,5 / 8 (+3 =5).
En 2002, Kortchnoï participa au match Russie - Reste du monde en tant qu'entraîneur-secondant de l'équipe du Reste du monde qui remporta le match.
Championnats d'Europe par équipes
Viktor Kortchnoï a participé à treize finales du championnat d'Europe depuis la première en 1957 (il avait 26 ans) jusqu'à l'édition de 2011 (à 80 ans). Il participa également aux tournois préliminaires en 1955 (avec l'URSS) et en mars-avril 1982 (avec la Suisse)[67].
Avec l'URSS
L'URSS remporta le championnat d'Europe à chacune de ses participations.
1961 : 6e échiquier : meilleure performance individuelle absolue à Oberhausen : 8,5 / 9
1965 : 3e échiquier : meilleure performance individuelle des 3e échiquiers à Hambourg : 5,5 / 8 (+4 −1 =3)
1970 : 2e échiquier de l'URSS à Kapfenberg : 4 / 6 (+2 =4)
1973 : 3e échiquier de l'URSS à Bath : 4 / 6 (+3 −1 =2)
Avec la suisse
Kortchnoï participa au championnat d'Europe d'échecs des nations pour la Suisse à neuf reprises : en 1982 (tournoi préliminaire), puis en 1989, 1992, 1997, 1999, 2003, 2005, 2009 et 2011[68].
Lors de sa dernière participation, en 2011, il joua au deuxième échiquier et lors des autres compétitions, il était le premier échiquier de la Suisse.
Les matchs annuels traditionnels Leningrad-Moscou, initiés en 1922[78], se jouaient aux jeux d'échecs et de dames, à double tour, sur plusieurs échiquiers et damiers, en général 40 et parfois moins, dont des échiquiers masculins, féminins et juniors. Ils reprirent en 1958 après 17 ans d'interruption.
Son équipe de Rotterdam fut finaliste en 1979, demi-finaliste de la coupe d'Europe en 1984 et à la troisième place en 1988. En 1988, Kortchnoï réalisa la meilleure performance individuelle lors de la finale de la Coupe d'Europe des clubs d'échecs à Rotterdam : 4,5 / 6 (+3 =3).
Son équipe de saint-Pétersbourg termina deuxième de la finale en 2000.
Coupes inter-clubs soviétiques
Championnats d'URSS par équipes des syndicats avec le club Nauka (Odessa) :
1953 : 7e-8e au premier échiquier, à Minsk : 4,5/10
Coupe d'URSS avec le club Nauka (Odessa)
1952 : 3e-5e au quatrième échiquier, à Odessa : 4,5/8
1960 : 2e-3e au premier échiquier, à Moscou, tournoi quadrangulaire : 1,5 / 3
Coupe d'URSS (Championnats d'URSS par équipes des clubs) avec le club Troud :
(Kortchnoï ne participa pas à la coupe d'URSS en 1964, 1968, 1971, 1974.)
1961 : 1er-3e au premier échiquier, à Moscou : 3 / 5
1966 : 1er au deuxième échiquier, à Moscou : 7,5 / 10 (+5 =5), le premier échiquier était occupé par Botvinnik.
1976 : 1er au premier échiquier de la coupe d'URSS par équipes (Kubok), à Tbilissi : 5 / 7 (un point d'avance devant Karpov, Petrossian, Tal et Smyslov)
Cette partie a été élue meilleure partie du tournoi de Palma de Majorque 1968 et deuxième meilleure partie du numéro 6 de l'Informateur d'échecs (parties du deuxième semestre 1968) :
29.Td1 Dxa2
(voir diagramme de droite) 30. h3! (« Un coup très important ! Noir ne peut plus spéculer sur la faiblesse de la première rangée » (Kortchnoï[87]) .
30... Da4 31.Txd2 Txd2 32.Db7 Tdd8 33.cxd8D+ Txd8
(voir diagramme de droite) 35. Dg5 ! (menace Txh6) 35… Te8?? (la suite logique était 35.… Tg6 36. Txh6+ Txh6 37. Dxh6+ Rg8 38. Cxd4 cxd4 39. Tg1 Fxe4 40. dxe4 Dxe4 41. Dxd6 et les Blancs doivent gagner) 36. Dg7# 1-0
Publications
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
Parties commentées
(en) Korchnoi's best Games annotated by Viktor Korchnoi and others, The Philidor Press, 1977
53 parties sont commentées par Kortchnoï, une par Zak, quatre par D. Levy et deux par K. O'Connell.
(en) Korchnoi, R.G. Wade et LS Blastock, Korchnoi's 400 best Games, Batsford, 1978
390 des 400 parties ont été sélectionnées par Kortchnoï. Les annotations sont constituées uniquement de variantes et de symboles. Les commentaires de 83 des parties sont basés sur des annotations de Kortchnoï. La carrière de Kortchnoï est détaillée année par année par Wade.
(de) Meine besten Kämpfe. 1952 bis 1978. Rau-Verlag, Düsseldorf, 1979
(de) Meine besten Kämpfe, Band 1 : Partien mit Weiß, Zurich, Edition Olms, coll. « PraxisSchach », , 208 p. (ISBN978-3-283-00407-1)
(en) My best games, vol. 1 : Games with White, Hombrechtikon/Zürich, Switzerland, Edition Olms, coll. « Progress in chess » (no 4), , 2e éd., 208 p. (ISBN978-3-283-00404-0, OCLC83253916)
(de) Meine besten Kämpfe, Band 2 : Partien mit Schwarz, Zurich, Edition Olm, coll. « PraxisSchach », , 207 p. (ISBN978-3-283-00408-8)
(en) My best games, vol. 2 : Games with Black, Zurich, Edition Olms, coll. « Progress in chess » (no 5), , 204 p. (ISBN978-3-283-00405-7, OCLC660812079)
(en) Viktor Korchnoĭ et Ken Neat, My best games, Zurich, Edition Olms, coll. « Progress in chess » (no 30), , 435 p. (ISBN978-3-283-01019-5, OCLC707327812)
Ouvrages autobiographiques
(en) Chess is My Life, Batsford, 1977
(de) Ein Leben für das Schach, Rau-Verlag, Düsseldorf, 1978
(de) ANTISCHACH. Mein Wettkampf um die Weltmeisterschaft gegen KARPOW in Baguio City 1978, Eigenverlag, Wohlen, 1980
Le Jeu de la destruction, Jacques Grancher éditeur, 1981
(en) Persona Non Grata, 1981
(de) Mein Leben für das Schach, Zurich, Edition Olms, coll. « PraxisSchach », , 248 p. (ISBN978-3-283-00409-5) (+CD des 4250 parties)
C18-19. Défense française, Informateur d'échecs, Belgrade, 1993
C 80-81. Partie espagnole - Défense ouverte, Informateur d'échecs, Belgrade 1994
C 82. Partie espagnole - Défense ouverte, Informateur d'échecs, Belgrade 1994
C 83. Partie espagnole - Défense ouverte, Informateur d'échecs, Belgrade 1994
(en) Viktor Korchnoĭ et V. Zak (trad. Philip Booth), The king's gambit, Londres, B.T. Batsford, coll. « Contemporary chess openings », , 119 p. (ISBN978-0-7134-2914-5, OCLC1584315)
Sur les finales de tours
(de) Viktor Korchnoĭ, Praxis des Turmendspiels, Zurich, Edition Olms, coll. « PraxisSchach, » (no 19), , 103 p. (ISBN978-3-283-00287-9, OCLC636084849),
Paul Keres, Iivo Neï, Mes parties favorites de Fischer, Spassky, Kortchnoï et Larsen (4x25), Editorial Chessy, 2006
Magazines en français
Jean-Michel Péchiné et Sylvain Zinser, « Viktor Korchnoï 1931-2016 », Europe Échecs, Paris, Promotion Jeux de L'Esprit, no 667, , p. 32-35 (ISSN0014-2794).
Georges Bertola, « Viktor Korchnoï — Le lion de Saint-Pétersbourg », Europe Échecs, Paris, Promotion Jeux de L'Esprit, no 668, , p. 18-35 (ISSN0014-2794).
Georges Bertola, « Viktor Korchnoï — Le lion de Saint-Pétersbourg (2) », Europe Échecs, Paris, Promotion Jeux de L'Esprit, no 669, , p. 20-31 (ISSN0014-2794).
Georges Bertola, « Viktor Korchnoï — Le lion de Saint-Pétersbourg (3) », Europe Échecs, Paris, Promotion Jeux de L'Esprit, no 670, , p. 22-35 (ISSN0014-2794).
Georges Bertola, « Viktor Korchnoï — Le lion de Saint-Pétersbourg (4) », Europe Échecs, Paris, Promotion Jeux de L'Esprit, no 671, , p. 26-31 (ISSN0014-2794).
Recueil des parties de Kortchnoï jusqu'en 1977, commentées avec des symboles
(en) Mihail Marin, Learn from the legends - Chess Champions at their best, 2nd édition, Quality Chess, 2006
Notes et références
Notes
↑Edwar Winter, Chess Note 7046 : Korchnoi’s date of birth. À la suite d'une erreur dans une encyclopédie soviétique, de nombreux ouvrages des années 1970, dont l'autobiographie de 1977 Chess is my Life, donnent la date erronée du 23 juillet 1931 comme date de naissance.
↑De 1956 à 1990, à l'exception des années 1983 et 1988, Kortchnoï était classé dans les dix premiers d'après le site chessmetrics.com.
↑Kortchnoï participa également aux championnats du monde FIDE de 1997, 1999 et 2001.
↑En 1968, Kortchnoï fut battu par Boris Spassky et, en 1974, battu par Karpov — ses adversaires devinrent tous deux champions du monde l'année qui suivit.
↑ a et bIl y a une erreur dans certains sites : à Wijk aan Zee en 1987, le résultat de la partie Kortchnoï-Flear fut 1-0.
↑Kortchnoï était 85e en janvier 2007 avec 2630 points Elo.
↑Il rêvait de devenir acteur, mais n’avait pas une prononciation correcte ((en) Chess is my life, p. 17).
↑Vladimir Zak, avec lequel Kortchnoï signa une monographie sur le Gambit du roi dans les années 1970, ainsi que Kortchnoï le rapporte dans Mein Leben für das Schach, page 20. Ce fut lui qui « découvrit » Boris Spassky en 1946.
↑Après cinq rondes, il faisait partie de la tête du tournoi, mais il perdit ensuite une partie et se démobilisa.
↑D’après ce que Kortchnoï lui-même rapporte, il gagna parce qu’on aurait forcé deux de ses rivaux à perdre contre lui. MLfdS, p. 21 et 22.
↑En 1952, Tolouch avait fait ses offres à Boris Spassky qui remporta le tournoi de Bucarest en 1953 — à seize ans, devint maître international en 1954, se qualifia pour le tournoi des candidats de 1956 et termina 1er-3e du championnat d’URSS en 1956. Spassky, avec un autre entraîneur, devint champion du monde en 1969.
↑En 1949, Kortchnoï avait terminé 8e-10e du quart-de-finale à Lvov avec 7,5/15, quart de finale 1949. Il fut repêché pour la demi-finale grâce à sa deuxième place au championnat de Léningrad.
↑Demi-finale du championnat d'URSS 1950, remportée par Youri Averbakh.
↑Demi-finale remportée par Smyslov ; en novembre-décembre 1950, Kortchnoï avait fini 4e du quart-de-finale à Leningrad avec 8,5 /14.
↑En 1957 et en 1959, Kortchnoï termina seul premier de sa demi-finale avec 1,5 points d'avance sur le deuxième. Il finit 2e-4e de sa demi-finale en 1952, 3e-4e en 1953, 3e-5e en 1954, 4e-5e en 1955, 3e-4e en 1956, 2e-3e en 1958.
↑Demi-finale remportée par Isaac Lipnitski, 2e-4e du championnat d'URSS en 1950 ; en novembre 1951, Kortchnoï avait fini 4e-6e du quart de finale à Leningrad, avec 9 points sur 15.
↑Dans la dernière ronde, il affronta le leader Youri Averbakh (qui termina invaincu avec le score de 14/19) et eut une finale gagnante, qui se termina par la nulle.
↑Ce fut le dernier championnat d’URSS auquel participa Mikhaïl Botvinnik.
↑En 1955, il avait remporté son quart de finale du championnat d'URSS 1956-1957 avec 17 / 18 (+17 −1) et finit 3e-4e de la demi-finale à Tbilissi, devant Tal et Polougaïevski.
↑Devenu champion du monde en 1960, Tal aimait dire qu’il avait un score de 5-5 contre Kortchnoï : 5 nulles et 5 défaites (Kortchnoï : (en) Chess is my life).
↑Il ne manquait que Kéres, Botvinnik et Tal qui disputaient leur championnat du monde.
↑Fischer refusa de participer au championnat du monde tant que la forme du tournoi des candidats ne serait pas changée.
↑Après 1962, Kortchnoï n'affronta Fischer que deux fois lors d'un tournoi à cadence lente : en 1967 lors de l'interzonal de Sousse et en 1970, lors du tournoi de Rojini/Zagreb. Fischer ne se sortit à chaque fois que difficilement de positions perdantes ou difficiles. En 1970, lors du tournoi international de blitz de Herceg-Novi réunissant presque tous les meilleurs joueurs du monde, il fut le seul joueur à remporter une partie contre Bobby Fischer.
↑Les meilleures performances au championnat d'URSS d'échecs sont 15/17 (88 %) par Botvinnik en 1945 et Bogolioubov en 1923, et 13,5/17 (79,4 %) par Botvinnik en 1931 mais Kortchnoï a réalisé la quatrième meilleure performance, la meilleure avec au moins 19 participants.
↑Les meilleurs scores suivants étaient de 15 points sur 17 par Botvinnik et Bogolioubov, 15 points sur 19 par Kortchnoï en 1964-1965, et 15 points sur 21 par Savone et Tal.
↑Aux olympiades Kortchnoï joua au 2e échiquier en 1972 et 1974, et au 3e échiquier en 1968 et 1970.
↑En 1965, il remporta le mémorial Aztalos avec 14,5 points sur 15.
↑Participaient également : Najdorf, Gheorghiou, Gligoric, Pachman, Uhlmann et Filip. Bobby Fischer ne fut pas invité.
↑Le match eut lieu à Kiev et Kortchnoï dut s'y rendre sans son entraîneur Semion Fourman inopinément retenu par une compétition militaire. Spassky devint d’ailleurs champion du monde en 1969.
↑D’après Karpov dans Russians versus Fischer, la fédération soviétique aurait décidé quel joueur affronterait Fischer en finale des candidats, en échange de la participation de Kortchnoï à trois tournois à l’étranger en 1972, ce que dément formellement Kortchnoï dans (en) Chess is my life, p. 76.
↑ a et bEn 1970, à l’olympiade de Siegen, il perdit une partie par forfait en ne se réveillant pas après une partie ajournée lors de la ronde précédente.
↑Dans 5 des 6 parties, Karpov avait les Blancs et Kortchnoï lui avait annoncé l’ouverture qu’il avait l’intention de jouer, afin qu’il puisse se préparer ((en) Chess is my life, p. 73).
↑Kortchnoï protesta contre l'habitude que son adversaire avait d'agiter constamment ses jambes sous la table, ce qui la faisait remuer. On en arriva presque aux injures et tous les deux s'accusèrent mutuellement d'attitude anti-sportive (Kortchnoï : (en) Chess is my life). Une rumeur rapporte que les joueurs se seraient donnés des coups de pied sous la table durant le match, ce que Kortchnoï a toujours démenti. Selon lui, Petrossian, nerveux, avait seulement heurté involontairement la table. Nicolas Giffard rapporte certaines rumeurs insistantes affirmant même que les deux adversaires en vinrent aux mains.
↑Dans ses mémoires, Kortchnoï raconte que la décision de jouer le match à Moscou lui avait été extorquée par la fédération soviétique (qui soutenait Karpov) : Batourinski rajouta un paragraphe à un papier que Kortchnoï avait signé.
↑Durant le match, un incident amusant survint lors de la 21e partie. Kortchnoï joua une nouveauté théorique dans l’ouverture et, après une terrible gaffe de Karpov se retrouva dans une position gagnante. Durant la partie, Kortchnoï se leva, se dirigea vers l’arbitre, et montrant une surprenante ignorance des règles du jeu, lui demanda s’il avait le droit de roquer avec sa tour en prise. L’arbitre, Albéric O'Kelly de Galway, lui ayant répondu qu’il en avait le droit, Kortchnoï roqua, et Karpov abandonna la partie.
↑La décision définitive ne fut prise que lorsqu’il fut empêché d’apparaître en public, de faire des cours l’année suivante : « Already in November 1974, at the close of my match with Karpov, when I attended my humiliation ceremony, I realised: 'I'm leaving...' But i did not yet sever all connections with this country » (en) Chess is my life, p. 90.
↑Botvinnik émit une analyse analogue dans une interview neuf ans plus tard, cf. (en) Chess is my life, p. 89 : « Karpov, he explained, forced all the chess players in the country to work for him ».
↑Même invité par Paul Keres et Iivo Neï à participer à un tournoi à Tallinn en Estonie, en mars 1975, il ne fut pas autorisé à jouer, et Keres comme Nei furent réprimandés.
↑Dans une conférence en 2006 à Londres, Kortchnoï mentionna que l’autorisation de réapparaître à l’étranger n’arriva qu’après que Karpov eut hérité du titre mondial. Certains observateurs contestaient la manière dont Karpov était devenu champion du monde. Comme ses adversaires Kortchnoï, Spassky et Polougaievski étaient invisibles du public car tombés en disgrâce, et qu’il n’avait pas affronté Bobby Fischer, on pouvait penser que le titre de Karpov était de moindre valeur (et par conséquent que la victoire de Karpov n’était pas vraiment significative).
↑Il semble que les manœuvres de déstabilisation et le boycott dont a été victime Kortchnoï venaient des plus hautes instances du pays. (Soviet Chess p. 347).
↑D'après Kasparov ((en) My great Predecessors, tome II) les crédits pour l'école Botvinnik furent amputés les années suivantes et son école dut être fermée.
↑Le terme est utilisé, avec celui de psychologue, par Karpov pour désigner l'assistant de Kortchnoï, Zagainov, qu'il accusait de vouloir l'hypnotiser, en 1974, (en) Andrew Soltis, Soviet Chess.
↑Sa première demande d’asile politique auprès des autorités néerlandaises lui avait été refusée, Viktor Kortchnoi, (en) Chess is my life, p. 100.
↑D'après (en) Chess is my Life p. 193-194, Kortchnoï fut invité à participer avec Karpov en 1989, mais il s'opposa à la désignation de Baturinski comme arbitre en chef et quitta Linarès pour Lugano, où il remporta le tournoi open avec 8 points sur 9.
↑15e/17 à Bruxelles en avril 1988, 17e/18 à Reykjavik en octobre 1988 et 14e-15e/16 à Skelleftea en août 1989.
↑Anand obtint sa qualification pour les matchs des candidats grâce à sa victoire contre Kortchnoï.
↑Spassky a probablement révisé son jugement après sa défaite en finale du tournoi des candidats contre Kortchnoï en 1978.
la notice consacrée à Viktor Kortchnoï dans Le Guide des échecs de Nicolas Giffard, 1993, éd. Robert Laffont, pages 793-794 ;
le livre de Garry Kasparov, (en) On my Great Predecessors, tome V.
↑Quart de finale du championnat d'URSS 1951, disputé en décembre 1950 à Léningrad et remporté par Batouïev et Rechko devant Cherepkov. Kortchnoï fut qualifié pour la demi-finale de Léningrad disputée en 1951.
↑Finale du mémorial Tchigorine, disputée à Léningrad en janvier-février 1951 et remportée par Smyslov devant Aronine, Taimanov et Simaguine. Kortchnoï avait remporté sa demi-finale du mémorial Tchigorine.
↑Demi-finale du championnat d'URSS disputée à Léningrad en mai-juin 1951 et remportée par Smyslov devant Terpougov, Moisseïev et Kopylov. Kortchnoï ne fut pas qualifié pour la finale.
↑Championnat du club Nauka à Odessa qui eut lieu l'été 1951 d'après (en) Chess is my Life (p. 23).
↑Deuxième section du quart de finale disputé à Léningrad en novembre 1951.
↑Coupe d'URSS par équipes, championnat d'URSS par équipes de club.
↑1er au deuxième échiquier de l'équipe de Léningrad du championnat d'URSS par équipes, devant Lipnitski, Souétine, Tal, Polougaïevski. Kortchnoï avait remporté la demi-finale à Léningrad avec 5,5 points sur 8.
↑Quart de finale du XXIVe championnat d'URSS 1957.
↑Championnat du club des volontaires du sport (Burevestnik).
↑Championnat d'URSS 1956 remporté par Taïmanov, Averbakh et Spassky devant Kortchnoï suivi de Polougaïevski et Tal.
↑Demi-finale du championnat d'URSS 1956-1957 remportée par Petrossian, devant Fourman, Antochine, Kortchnoï, Tal, Kroguious et Polougaïevski.
↑Selon Korchnoi's 400 Best Games, Batsford, 1978, p. 58, en mars-avril 1957, Kortchnoï a remporté le championnat open d'Ouzbékistan (hors concours) sur le score : 12 / 15 (+12 −3 =0, défaites contre Moukhitdinov, Barenbaum et Karimov) devant Moukhitdinov (11 / 15). Championnat d'Ouzbékistan 1957 sur Rusbase donne Grouchevski comme troisième.
↑Demi-finale du XXVe championnat d'URSS 1957/58 remportée avec 1,5 point d'avance sur Polougaïevski et Averbakh.
↑Deuxième au premier échiquier de l'équipe de Léningrad du championnat d'URSS par équipes, derrière Kholmov et devant Nejmetdinov, Geller, Keres, Bronstein et Boleslavsky.
↑Vainqueur (hors concours) du championnat disputé en avril 1959, Championnat d'Arménie 1959 sur Rusbase, avec deux points d'avance devant Kalachian et Mnatsakanian (chacun : 10 / 14). Viktor Korchnoi's 400 best games, p. 74, Batsford, 1978.
↑Demi-finale du XXVIIe championnat d'URSS 1960, avec 1,5 point d'avance sur Goufeld et Taimanov.
↑1er-3e au premier échiquier de l'équipe de Troud du championnat d'URSS des clubs (3 points sur 5), devant Stein (2,5/5), Tal (2/5) et Petrossian (1,5/5).
↑Meilleure performance individuelle au premier échiquier de la spartakiade d'URSS, ex æquo avec Geller et devant Boleslavski, Petrossian, Polougaïevski. Kortchnoï termina 1er-2e avec Boleslavski de la finale à six joueurs, avec 3 points sur 5 (+2 −1 =2).
↑Gyula 1965 : mémorial Aztalos remporté avec 5,5 points d'avance sur Honfi et Lengyel : 9/15.
↑Tournoi international remporté avec un point d'avance sur Petrossian, Stein, Portisch et Averbakh.
↑Deuxième échiquier de l'équipe de Troud (Botvinnik était au premier échiquier) du championnat d'URSS des clubs, devant Vassioukov, Polougaïevski, Souétine, Gipslis et Aronine.
↑Match-tournoi URSS-Yougoslavie, avec 1,5 point d'avance sur Tal, Gligoric, Geller et Taimanov.
↑Meilleure performance individuelle, au premier échiquier de l'équipe de Léningrad, de la spartakiade d'URSS. Kortchnoï termina 2e, derrière Spassky, de la finale à six joueurs, avec 3,5 points sur 5 (+2 =3).
↑2e derrière Polougaïevski. Le premier échiquier de l'équipe de Léningrad était occupé par Spassky.
Références
↑(en) Chess Notes, C.N. 5591. Корчной (chesshistory.com), en mai 2008, donne 19 transcriptions différentes dans les alphabets latins du nom de Kortchnoï.
↑Garry Kasparov, (en) My great Predecessors, vol.5, Kortchnoï & Karpov, Scheveningen Experiences.
↑Garry Kasparov, (en) My great Predecessors, vol.5, Kortchnoï & Karpov, a une partie intitulée (en) « Against the King's Indian » (contre l'Est-indienne).
↑Patrick Derreumaux dans Cavalier seul, le style de Kortchnoï, éd. L'Impensé radical, parle du « tueur d'Est-indienne ».
La version du 31 octobre 2010 de cet article a été reconnue comme « bon article », c'est-à-dire qu'elle répond à des critères de qualité concernant le style, la clarté, la pertinence, la citation des sources et l'illustration.
Kalpana SarojKalpana SarojLahir1961 (1961) (usia 63)Roperkheda, Maharashtra, IndiaTempat tinggalMumbai, IndiaKebangsaanIndianPekerjaanChief Executive Officer, Kamani TubesKekayaan bersih US$ 112 millionSuami/istriSamir Saroj (m. 1980; meninggal 1989)ShubhkaranAnakSeema Saroj, Amar SarojSitus webwww.kalpanasaroj.com Kalpana Saroj adalah wirausaha perempuan India dan pembicara TEDx,[1] lahir di desa Roperkheda di Maharashtra...
Ballantine'sKarakteristikJenisalcohol brand (en) dan blended whiskey (en) AsalSkotlandia Diperkenalkan1827 ProdusenPernod Ricard Kadar alkohol40 vol% Situs webhttps://www.ballantines.com/ [sunting di Wikidata]lbs Ballantine's merupakan merek wiski yang diproduksi oleh Pernod Richard. Merek ini dibuat pada tahun 1865 ketika George Ballantine mewariskan pengoperasian toko grosir whisky yang didirikannya pada tahun 1827, kepada putra sulungnya, Archibald, sementara ia membuka u...
Dewan Perwakilan Rakyat Daerah Kabupaten Kepulauan MentawaiDewan Perwakilan Rakyat Kabupaten Kepulauan Mentawai 2019-2024JenisJenisUnikameral SejarahSesi baru dimulai2 September 2019PimpinanKetuaYosep Sarogdok, A.Md. (PDI-P) sejak 25 Oktober 2019 Wakil Ketua IIsar Taileleu, S.PAK. (NasDem) sejak 25 Oktober 2019 Wakil Ketua IIJakop Saguruk, S.E. (Golkar) sejak 25 Oktober 2019 KomposisiAnggota20Partai & kursi PDI-P (4) NasDem (3) Hanura (1) ...
Tebas KualaDesaNegara IndonesiaProvinsiKalimantan BaratKabupatenSambasKecamatanTebasKode Kemendagri61.01.04.2001 Luas3.83 km2Jumlah penduduk5.491 jiwa (2010)Kepadatan1.434 jiwa/km2 Tebas Kuala adalah desa yang terdapat di Kecamatan Tebas, Kabupaten Sambas, Kalimantan Barat. Desa ini merupakan urutan pertama di Kecamatan Tebas.[1][2] Menurut klasifikasi, desa ini sebagai perkotaan dengan status sebagai Desa.[1] Pemerintahan Saat ini, Kepala Desa (Kades) Tempatan ad...
Constituency of Bangladesh's Jatiya Sangsad Brahmanbaria-1Constituencyfor the Jatiya SangsadDistrictBrahmanbaria DistrictDivisionChittagong DivisionElectorate214,039 (2018)[1]Current constituencyCreated1984PartyindependentMember(s)Syed AK Ekramuzzaman Brahmanbaria-1 is a constituency represented in the Jatiya Sangsad (National Parliament) of Bangladesh since January 2024 by Syed A.K. Ekramuzzaman of the independent politician . Boundaries The constituency encompasses Nasirnagar Upazil...
Baseball team in Frederick, Maryland Spire City Ghost Hounds Team logo Cap insignia InformationLeagueAtlantic League of Professional Baseball (South Division)LocationFrederick, MarylandBallparkNymeo Field at Harry Grove StadiumFounded2023Former name(s)Frederick ALPB (2023)ColorsTeal, light teal, black, metallic copper[1] MascotFreddie the Ghost Hound[2]OwnershipAttain Sports and Entertainment[3]ManagementChuck Domino, Senior Vice Presiden...
1952 Italian filmA Woman Has KilledDirected byVittorio CottafaviWritten bySiro Angeli Giorgio Capitani Vittorio CottafaviStarringFrank Latimore Lianella CarellCinematographyBitto AlbertiniEdited byRenzo LucidiMusic byRenzo RosselliniProductioncompanyNuovissima FilmDistributed byCinecid (Indipendenti Regionali)Release date4 January 1952Running time93 minutesCountryItalyLanguageItalian A Woman Has Killed (Italian: Una donna ha ucciso) is a 1952 Italian melodrama crime film directed by Vittorio ...
British politician The House of Commons, 1833 by Sir George Hayter Charles Lennox Cumming-Bruce (20 February 1790 – 1 January 1875),[1] was a Scottish Conservative politician. He was the second son of Sir Alexander Cumming-Gordon, 1st Baronet, and in 1820 married Mary Elizabeth Bruce, the only daughter of James Bruce.[2] He served as the Member of Parliament for the Inverness Burghs constituency from 1831 to 1837 - being re-elected in 1834 with a majority of only four votes,...
17th President of Argentina In this Spanish name, the first or paternal surname is Uriburu and the second or maternal family name is Uriburu. This article needs additional citations for verification. Please help improve this article by adding citations to reliable sources. Unsourced material may be challenged and removed.Find sources: José Félix Uriburu – news · newspapers · books · scholar · JSTOR (September 2020) (Learn how and when to remo...
American politician (born 1958) Dan KildeeOfficial portrait, 2022Co-Chair of the House Democratic Steering CommitteeIncumbentAssumed office January 3, 2023Serving with Debbie Wasserman SchultzLeaderHakeem JeffriesPreceded byCheri BustosEric SwalwellBarbara LeeMember of the U.S. House of Representativesfrom MichiganIncumbentAssumed office January 3, 2013Preceded byDale KildeeConstituency5th district (2013–2023)8th district (2023–present) Personal detailsBornDani...
1945 suicide of the Nazi dictator For the book, see The Death of Adolf Hitler. For the television episode, see The Death of Adolf Hitler (ITV Sunday Night Theatre). Death of Adolf HitlerFront page of the US Armed Forces newspaper Stars and Stripes on 2 May 1945Date30 April 1945; 79 years ago (1945-04-30)LocationBerlin, Nazi Germany Adolf Hitler, chancellor and dictator of Nazi Germany from 1933 to 1945, committed suicide via a gunshot to the head on 30 April 1945 in the ...
يتضمن تاريخ الفن الآسيوي مجموعة واسعة من التأثيرات من مختلف الثقافات والأديان. تُعد التطورات في الفن الآسيوي بشكل عام موازية تاريخيًا لنظيرتها في الفن الغربي، قبل بضعة قرون. كان لكل من الفن الصيني، والفن الكوري، والفن الياباني، تأثير كبير على الفن الغربي والعكس صحيح. أيض�...
لمعانٍ أخرى، طالع منبه (توضيح). يتم استقبال الضوء الساقط على النبات بأنه تغيير في بيئته مما يؤدي إلى رد فعل من النبات نفسه المنبه في علم وظائف الأعضاء هو تغيير قابل للتحديد في البيئة الداخلية أو الخارجية. تسمى قدرة الكائن الحي أو العضو على الاستجابة للمؤثرات الخارجية ...
Artikel ini sebatang kara, artinya tidak ada artikel lain yang memiliki pranala balik ke halaman ini.Bantulah menambah pranala ke artikel ini dari artikel yang berhubungan atau coba peralatan pencari pranala.Tag ini diberikan pada Desember 2023. Faith GillezeauLahirMarion Faith Gillezeau14 Januari 1998 (umur 26)San Fernando, Trinidad dan TobagoPendidikanUniversitas Hindia BaratTinggi188 cm (6 ft 2 in)GelarMiss Universe Trinidad dan Tobago 2023Pemenang kontes kecantikanKomp...
Dr. Muhammad Rifqinizamy Karsayuda Anggota Dewan Perwakilan RakyatMasa jabatan1 Oktober 2019 – -Daerah pemilihanKalimantan Selatan I Informasi pribadiLahirMuhammad Rifqinizamy Karsayuda6 November 1982 (umur 41)Hulu Sungai Tengah, Kalimantan Selatan, IndonesiaKebangsaanIndonesiaPartai politikPDI-P (hingga 2023) Partai NasDem (2023-sekarang)Alma materUniversitas Islam IndonesiaUniversiti Kebangsaan MalaysiaUniversitas NasionalUniversitas BrawijayaPekerjaanPolitikusDikenal karena...
2018 Moscow Victory Day Parade The 2018 Moscow Victory Day Parade was a military parade that took place in Red Square in Moscow on 9 May 2018 to commemorate the 73rd anniversary of the capitulation of Nazi Germany in 1945. The annual parade marks the Allied victory in World War II on the Eastern Front, on the same day as the signing of the German act of capitulation to the Allies in Berlin, at midnight of 9 May 1945 (Russian time). President of the Russian Federation Vladimir Putin delivered ...
Mixed doubles at the 2018 Asian GamesVenueJakarta International ExpoDate29–30 August 2018Competitors74 from 20 nationsMedalists Wang ChuqinSun Yingsha China Lin GaoyuanWang Manyu China Ho Kwan KitLee Ho Ching Hong Kong Sharath KamalManika Batra India← 20142022 → Table tennis at the2018 Asian GamesSinglesmenwomenDoublesmixedTeammenwomenvte Main article: Table tennis at the 2018 Asi...
Likudהַלִּכּוּד Presidente Benjamín NetanyahuFundador Menájem BeguínFundación 1973(alianza electoral)1988(partido unificado)Partidos fusionados HerutPartido Liberal (Israel)Centro LibreLista NacionalMovimiento por el Gran IsraelIdeología Conservadurismo[1]Liberalismo nacionalista[2][3][4][5]Liberalismo económico[6]Populismo de derecha[7]Sionismo[8]Histórico:Conservadurismo liberal[9]Conservadurismo nacional[10]...