La défense française est une ouverture du jeu d'échecs, débutant par les coups 1. e4 e6.
Très populaire à tous les niveaux de la compétition[1], elle doit sa popularité, selon le maître Boris Zlotnik[2], au fait qu'à la différence de la défense sicilienne elle ne demande pas de connaître les variantes d'une manière trop concrète (ces dernières étant rarement des coups forcés) mais que les idées stratégiques (l'appréciation positionnelle) y prennent le pas sur la tactique. Selon Fred Reinfeld[3], elle est aussi plus portée sur la contre-attaque que la défense Caro-Kann, tout en étant moins risquée que la défense sicilienne.
La défense française se poursuit la plupart du temps (tout du moins à haut niveau) par 2. d4 d5. L'idée principale des noirs dans la défense française est de contester la domination du centre par les blancs en installant un pion en d5, soutenu par le pion e6, et en attaquant le pion d4 par la poussée c7-c5. Les noirs souffrent cependant du désavantage stratégique d'avoir enfermé leur fou de cases blanches en c8 derrière les pions e6 et d5. Face à cette pression, les blancs ont plusieurs options : soit maintenir la tension (par 3.Cc3 ou 3. Cd2), soit pousser le pion e4 en e5 (variante d'avance), soit encore échanger en d5 (variante d'échange). Les Blancs jouissent généralement d'une plus grande liberté d'action que les Noirs dans la défense française[4].
Cette défense était connue depuis la Renaissance (traité de Damiano) mais elle est dénommée ainsi en souvenir du match par correspondance de 1834 entre le Westminster Club de Londres et le Cercle parisien de La Régence. À la première partie, les Anglais ouvrirent par e4, les Français répondirent par le coup inhabituel (à l'époque) e6. La partie se poursuivit par une variante d'échange que les noirs remportèrent en 30 coups.
Variantes autres que 2.d4 d5
Les blancs ne jouent pas 2.d4
D'autres coups que 2.d4 sont possibles, bien que rares :
2.De2, la variante Tchigorine[6], les blancs veulent rendre 2...d5 moins efficace, car après 3.exd5 le pion e6 est cloué. Toutefois 2...d5 reste une bonne option, les noirs peuvent également jouer 2…c5 et obtenir une sicilienne dans laquelle la dame blanche n'est pas très utile en e2. Un coup peu joué mais pas mauvais est le coup 2...e5.
2.Cf3 d5 3.Cc3 est la variante des deux cavaliers[7] (3. e5 c5 est aussi joué, notamment suivi de 4.b4, sacrifiant un pion pour gagner un meilleur contrôle du centre).
2.b3, la variante Réti[8], peut mener à un gambit après 2…d5 3.Fb2 dxe4, mais les noirs peuvent aussi le refuser en jouant 3…Cf6, qui peut être suivi de 4.e5 avec l'idée de jouer f4 et Dg4 avant de développer le cavalier roi.
2.c4, la variante Steiner[9], peut transposer dans la défense sicilienne après 2…c5 ou dans l'ouverture anglaise après 2…b6 ; 2…d5 est aussi jouable (et peut être suivi de 3. exd5 exd5 4. cxd5 Cf6 5. Fb5+[10]).
2.e5 est la variante Steinitz[8]. Il peut suivre 2...d5 ou 2...c5.
2.Fb5, la variante Bird, qui empêche le coup 2.d5 à cause du clouage du pion d.
Après 2.d4, les noirs ne jouent pas 2… d5
La principale alternative à 2…d5 est 2…c5, la défense franco-Benoni, une sorte d'hybride entre la française et la Benoni. Le jeu peut transposer
dans la vieille Benoni après 3.d5 (1.d4-c5 2.d5-e6 3.e4)
dans la partie française proprement dite, si les noirs jouent rapidement …d5.
Les autres coups sont marginaux.
2…f5?! est la défense Kingston, dont la variante d'échange mène à une partie très tactique après 3.exf5 exf5 4.Fd3. La variante 3.e5 pose, en revanche, peu de problèmes aux noirs.
2…Cf6?! est la très rare défense méditerranéenne.
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Position de base de la partie française.
Principales variantes de la partie française après 2. d4 d5
La partie française est subdivisée en de nombreuses variantes parmi lesquelles :
La défense française, variante Tarrasch, après 1.e4 e6 2.d4 d5 3.Cd2
1.e4 e6 2.d4 d5 3.Cd2
Cette variante porte le nom de Siegbert Tarrasch. Elle évite les complications de la variante Winawer et fut une des armes préférées du 12e champion du monde Anatoli Karpov (voir partie ci-dessous). Sur cette variante, les Noirs ont de nombreuses possibilités :
3...c5 (Tarrasch ouverte)
4. c3 ligne Suechting
4. Cgf3 ligne Euwe-Keres
4. exd5 ligne principale de la Tarrasch ouverte
3...Cf6 (Tarrasch fermée)
3...dxe4 (variante Rubinstein)
3...Fe7 (variante Morozevitch)
3...Cc6 (Tarrasch moderne ou variante Guimard)
3...a6
3...h6
Le coup 3...dxe4 introduit la variante Rubinstein (elle intervient aussi après 1.e4 e6 2.d4 d5 3.Cc3 dxe4) qui a la réputation d'être solide mais passive, et qui est parfois utilisée en vue d'obtenir la partie nulle.
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Après 9...Fd6
Sur 3...c5, le coup naturel 4.c3, qui défend le centre, est fautif : il pourrait suivre 4...cxd4 5.cxd4 Cc6 et les Noirs ont de la pression sur le pion d4 et la possibilité d'isoler à un moment opportun le pion d par un échange en e4. En revanche, les Blancs peuvent soit défendre leur centre par Cgf3, soit chercher à isoler potentiellement le pion d des Noirs par exd5. Une variante typique est 1.e4 e6 2.d4 d5 3.Cd2 c5 4.exd5 exd5 5.Cgf3 Cc6 6.Fb5 Fd6 7.dxc5 Fxc5 8.o-o Cge7 9.Cb3 Fd6
Les Noirs ont un pion dame isolé qui peut être source de problème en finale. Comme souvent dans ce genre de situation, ils ont en contrepartie un jeu de pièces plus libre. Cette position fut ardemment disputée lors du match de finale des candidats Karpov-Kortchnoï de 1974, mais Karpov ne parvint pas à briser la résistance noire. Néanmoins, il n'est pas du goût de tous les joueurs d'assumer une faiblesse structurelle aussi importante qu'un pion dame isolé dès le septième coup. C'est pourquoi les Noirs choisissent souvent, soit d'éviter 3...c5, soit de reprendre en d5 avec la dame, il s'agit de la défense ou variante Chistyakov. Après 1.e4 e6 2.d4 d5 3.Cd2 c5 4.exd5 Dxd5 5.Cgf3 cxd4 6.Fc4 Dd6 les Noirs ont évité toute faiblesse, mais l'exposition prématurée de la dame noire permet aux Blancs de développer plus vite leur jeu. Les Noirs vont entreprendre d'achever leur développement tandis que les Blancs vont tenter de profiter de leur avantage dynamique pour générer des menaces.
Sur 3...Cf6, les Blancs doivent chasser le cavalier noir pour prendre de l'espace ; ils jouent donc e5. Les Noirs rentrent donc leur cavalier en d7. Et les Blancs poursuivent par Fd3 qui permet de placer le fou sur une bonne diagonale (orienté dans le même sens que la chaîne de pions). Les Noirs vont faire monter la pression sur le pion d4 en jouant c5, Cc6 et Db6 ; les Blancs vont contrer ce plan par c3, Ce2 et Cf3.
Une quatrième réponse à la variante Tarrasch, 3...Fe7, connaît, depuis la fin des années 1990, une grande popularité. Ce coup paradoxal ne contribue pas immédiatement à l'attaque du centre blanc ; il permet aux Noirs de choisir leur plan de développement après seulement que les Blancs ont un peu plus révélé leurs intentions. Par exemple, dans la variante commençant par 3...Cf6, les Blancs aiment souvent pousser tôt ou tard le pion en f4. Mais après 1.e4 e6 2.d4 d5 3.Cd2 Fe7 4.Cf3 Cf6 ce n'est plus possible.
Les coups 3...a6 et 3...h6 sont joués dans le même esprit d'attente que la variante Morozevich.
La variante Winawer
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La variante Winawer après 3...Fb4
1.e4 e6 2.d4 d5 3.Cc3 Fb4
Voici la position de base de la variante Winawer aussi appelée défense Nimzowitsch. Les Blancs possèdent un cavalier en c3 cloué et n'ont plus la possibilité de pousser leur pion en c3 afin de stabiliser celui en d4. Néanmoins, cette variante est très intéressante puisque les variantes sont nombreuses et souvent tranchantes.
4.e5 c5 5.a3 Grande ligne de la Winawer. 4.e5 crée une formation de pions qui avec ses homologues noirs ferment le jeu. Néanmoins, dans cette variante l'impossibilité de la poussée du pion c est criante et il doit y être remédié grâce à d'autres points. En effet, le départ du fou f8 cause l'affaiblissement de la case g7, cela permet dans la plupart des variantes à la dame blanche de se placer en g4 afin de contrecarrer les menaces noires à l'aile dame. Les Noirs profitent logiquement de l'affaiblissement du pion d4 en l'attaquant de manière directe. La pression est très forte et des mesures radicales doivent être prises. Les Blancs doivent alors chasser le fou noir qui devient très gênant.
5...Fxc3 6. bxc3, les Noirs échangent leur fou en c3 pour créer des pions doublés.
6...Dc7 7.Dg4 pour profiter de la structure blanche à l'aile dame très faible.
6...Ce7 7.Dg4 pour développer tout d'abord leur aile roi puis profiter plus tard de l'affaiblissement de l'aile dame blanche. Dans les deux derniers cas, les Blancs répondent par 7.Dg4 afin d'attaquer la faiblesse en g7. Cette bataille aile-dame et aile-roi est très tranchante et les deux camps doivent se préparer à un duel intense.
5...Fa5 6.b4, variante Arménienne, peut être aussi joué. Les blancs sacrifient leur pion en jouant b4 pour se débarrasser du clouage et pour ouvrir la colonne b
4.e5 c5 5.Fd2 la variante Bogoliubov
4. Cge2, Gambit Alekhine-Maroczy, sacrifie le pion e4
4. exd5 résout le problème du pion e4, mais libère le fou c8 et trois coups à l'idée similaire :
4. Fd2, variante Fingerslip
4. a3, gambit Winckelmann-Riemer
4. Dg4 tente de profiter de la sortie du fou f8 pour attaquer l'aile roi des noirs par une sortie précoce de la dame.
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La variante d'avance après 3.e5
La variante d'avance
Elle s'obtient après les coups 1.e4 e6 2.d4 d5 3.e5
Une chaîne de pions a été formée, cette dernière ferme le jeu. Les Noirs, après avoir fait pression sur le pion e4, vont désormais contester la possession du centre en attaquant la base de la chaîne de pions blancs, soit le pion d4, par des coups tels que c7-c5, Cb8-c6, Dd8-b6, Cg8-h6 suivi de Ch6-f5, tandis que les Blancs vont chercher dans la plupart des cas à maintenir d4. Les Noirs essaient aussi de satisfaire d'autres facteurs stratégiques comme l'échange du mauvais fou de cases blanches avec son homologue. De manière générale, les Noirs tentent de se créer du contre-jeu à l'aile dame afin de compenser la domination blanche à l'aile roi.
En effet, les Blancs profitent de leur avantage d'espace à l'aile-roi et de l'impossibilité des Noirs d'installer un cavalier sur la case f6 puisque cette dernière est contrôlée par le pion blanc en e5 afin de mettre en place une dangereuse attaque sur le roque noir. Aussi, les Blancs ont la possibilité tout aussi intéressante d'entamer la poussée de leur pion en f5 afin soit d'engendrer d'autres affaiblissements dans la structure noire grâce à la poussée f6, soit échanger en e6 afin de créer une faiblesse durable sur cette case.
suite B : 3...c5 4 c3 - Db6 5 Cf3 - Fd7 est la variante Wade 6 Fe2 - Fb5 7 00 - Fxe2
suite C : 3....c5 4 c3 - Cc6 5 Cf3 - Db6 6 Fd3 est le gambit Milner-Barry 6...cxd4 7cxd4 - Fd7 8 00 - Cxd4 9 Cxd4 - Dxd4 10 Cc3 - Dxe5
suite D : 3...c5 4 c3 - Cc6 5 Cf3 - Fd7 est la variante Euwe
suite E : 3...c5 4 Cf3 - cxd4 5 Fd3 est le gambit Ruisdonk
La variante classique
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La variante classique après 3. Cc3, Cf6
La variante classique s'obtient après les coups 1.e4 e6 2.d4 d5 3.Cc3 Cf6
Les blancs poursuivent alors par Fg5 ou par e5.
Après 4.Fg5, si les Noirs jouent 4...Fb4, on a la variante MacCutcheon. Après 4....Fe7 5.e5 Cfd7 les blancs peuvent jouer l'attaque Alekhine-Chatard par 6.h4. La suite la plus jouée étant 6... Fxg5 7.hxg5 Dxg5. Puis peut suivre 8.Ch3 De7. Sur 8...Dg6? 9.Cf4 donne un léger avantage aux blancs. au lieu de 5...Cfd7 5...Cg8 6 Fe3 - b6 est la variante de Francfort préparant l'échange des fous de cases blanches. 5...Ce4 est la variante Tartacover [16]
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La variante d'échange après 3. exd5, exd5
La variante d'échange
Elle s'obtient après les coups 1.e4 e6 2.d4 d5 3.exd5 exd5
Cette variante est peu jouée car elle est réputée peu avantageuse pour les blancs, car elle donne des positions plus ou moins égales.
4 suites blanches possibles
1) 4 c4 variante de Monte Carlo
2) 4 Cf3
3) 4 Ff4
4) 4 Fd3
La variante de Rubinstein
Elle s'obtient après les coups 1.e4 e6 2.d4 d5 3 Cd2 ou 3 Cc3 dxe4 4 Cxe4
↑Steffen Pedersen a écrit: "The French defense is one of the most popular chess openings amongst players of all levels" dans son livre The main line French: 3. Cc3 publié par Gambit en 2001
↑B. A. Zlotnik, La défense française, Librairie St Germain, ed. Garnier, 1986, (ISBN2-7370-0226-5), p. 8
↑Chess : how to play the black pieces, W. Foulsham & Co. Ltd, 1973, p. 92.
↑Fred Reinfeld, Chess : how to play the black pieces, W. Foulsham & Co. Ltd, 1973, p. 92.