Au cours du tournoi de Saint-Pétersbourg de 1914, Emanuel Lasker trouva une suite menant à l’échange des Dames et qui se conclut souvent par la nulle (voir ligne Lasker ci-dessous).
Après ce tournoi, Siegbert Tarrasch écrivit que le gouvernement russe devrait décorer Marshall pour sa constance à jouer un début inférieur[1].
Depuis, la défense russe tomba dans un relatif oubli, avant que l'ancien champion du monde Vladimir Kramnik et l'Israélien Boris Guelfand ne la réhabilitent.
Lors de son championnat du monde contre le champion en titre Magnus Carlsen, Ian Nepomniachtchi l'a jouée systématiquement. Il l'a jouée à nouveau systématiquement lors du tournoi des candidats qui a suivi et qu'il a remporté, mettant ainsi à nouveau la défense Petrov sur le devant de l'actualité.
Analyse
Au premier abord, la défense russe semble être une contre-attaque virulente, mais en fait, elle est réputée pour aboutir, à haut niveau, à des nulles rapides. Elle peut cependant se révéler piégeuse. Elle est souvent utilisée par des joueurs recherchant, avec les noirs, des positions solides, avec généralement la nulle pour objectif.
3…Cxe4? est une erreur, car les Blancs peuvent jouer 4.De2, créant un face-à-face entre la Dame blanche et le Roi noir favorable aux Blancs. Le Cavalier ne peut quitter e4 à cause de 5.Cc6+, et la Dame noire est perdue. D'autre part, les Noirs ne peuvent pas le protéger par 4…d5, sous peine de perdre un pion : 5. d3 De7 6.dxe4 Dxe5 7.exd5, et la Dame, clouée, ne peut reprendre en d5[2]. 4...De7 5 Dxe4 - d6 6 d4 - dxe5 7 dxe5 - Cc6 8 Fb5 - Fd7 9 Cc3 - 0-0-0 10 Fe3 - a6 11 Fa4 - Db4 12 0-0-0 - Dxe4 13 Cxe4 - Cxe5 14 Fxd7+ - Txd7 15 Txd7 - Cxd7 16 Te1 ou 16 Fd4 (les noirs ont récupéré leur pion, léger avantage blanc)
5.De2 (ligne Lasker), simplifie la position, peu entreprenant et conduit le plus souvent à la nulle. 5..De7 6.d3 Cf6 7.Fg5. Les Blancs y conservent l’avantage du trait et cette ligne ne laisse aux Noirs que peu d’espoir de gain.
4.Cc4 est la variante ou attaque Paulsen, rarement employée dans la pratique moderne.
4.Cd3 est l'attaque Karklins ou variante Martinovsky , rare également. Carlsen l'a utilisée 2 fois en championnat du monde contre Caruana en 2018 lors de la 6e partie (nulle 80 coups) et contre Nepomniachtchi en 2021 lors de la 10e partie (nulle 41 coups)
4.Cxf7 est le gambit Cochrane. Il n'a pas la faveur des théoriciens, mais il a cependant été employé à haut niveau par des joueurs comme Veselin Topalov et Nigel Short pour surprendre leur adversaire.
3...Cc6 est le gambit Stafford, réputé mauvais pour les Noirs, mais comporte des pièges pour les Blancs. Par exemple, après 4.Cxc6 dxc6 5.d3 Fc5, le pourtant logique Fg5 est perdant sur 6...Cxe4! Si les Blancs capturent la Dame par Fxd8, Fxf2 puis Fg4 font mat.
Ce coup mène à une 3 cavaliers mettant encore plus de pression avec 3...Fb4 menaçant des pions doublés, les pions e échangés et déséquilibre paire de fous, cavaliers.