Le gambit letton est une ouverture du jeu d'échecs. Il est constitué par les coups : 1.e4 e5 2.Cf3 f5. Son code ECO est C40.
Considéré comme jouable mais très risqué pour les Noirs, le gambit letton (anciennement connu sous le nom de « contre-gambit Greco[1],[2] ») est en fait un « gambit en second », un gambit du roi aux couleurs inversées.
Contrairement à la défense Damiano (2...f6), aucune réfutation n'a été à ce jour trouvée pour le gambit letton, même si plusieurs variantes semblent mener à un jeu noir difficile, d'après les désormais très forts modules d'analyse informatiques. Cette ouverture n'apparaît pratiquement jamais à haut niveau. En revanche, elle est plus fréquente dans le jeu par correspondance.
Histoire
La première référence à cette ouverture remonte à Pedro Damiano en 1512. L'ouverture a ensuite été associée à Gioachino Greco (1600-1634) et a longtemps été appelée contre-gambit Greco[3] ou « gambit en second Greco »[4] » (à ne pas confondre avec le « gambit Greco » : 1. e4 e5 2. Fc4 Cf6 3. f4 ou avec le « gambit Greco-Lolli » : 1. e4 e5 2. f4 exf4 3. Cf3 g5 4. Fc4 g4 5. Fxf7).
Au début du XXe siècle, elle fut couramment employée par le joueur lettonKārlis Bētiņš(en), qui en fit la promotion auprès du club de vétérans de Riga qui l'adoptèrent pour battre la Suède dans un match par correspondance (1934-1936). À la suite de cette victoire, la Fédération internationale des échecs (FIDE) rebaptisa l'ouverture « Gambit letton » lors de son congrès en 1937.
En 1955, lors du championnat junior des États-Unis, le maître américain d'origine lettone Viktors Pupols battit le jeune Bobby Fischer (futur champion du monde en 1972) à l'aide d'un gambit letton.
Analyse
a
b
c
d
e
f
g
h
8
8
7
7
6
6
5
5
4
4
3
3
2
2
1
1
a
b
c
d
e
f
g
h
Gambit letton. Position après 3.d4 fxe4 4.Cxe5 Cf6 5.Fg5 d6 6.Cc3.
Après 1.e4 e5 2.Cf3 f5, les blancs peuvent continuer par :
3.Cxe5
3... Df6
4.d4 d6 5.Cc4 fxe4 6.Cc3 Dg6 7.f3 constitue la grande ligne et la position est peut-être jouable pour les noirs, bien que difficile.
4.Cc4 (variante Leohnardt) aujourd'hui préférée par certains.
3... Cc6?! (la variante Moller, aujourd'hui considérée comme insuffisante, mais qui reste piégeuse, notamment en partie rapide) 4.Dh5+ g6 5.Cxg6 Cf6 et les analyses qui réfutent probablement le concept noir remplissent plusieurs paragraphes du livre de Kosten (voir références en bas de l'article).
3...Cf6!?
4.exf5 De7 5.De2 d6 (la variante Lowenthal) qui semble abandonner un pion pour très peu de compensation pour certains, pour suffisamment de compensations pour d'autres ...
4.Fc4!? De7 5.d4 qui semble mener à un meilleur jeu blanc dans tous les cas.
3...De7?! (la variante Prins) 4.Dh5+ g6 5.Cxg6 Dxe4+ qui, elle aussi, comme la variante Moller, est aujourd'hui considérée réfutée, mais qui reste compliquée (voir références bibliographiques en bas de l'article).
3.Fc4 fxe4 4.Cxe5
4... Dg5 ?!! (la variante du pion empoisonné g2) qui a produit un très grand nombre d'articles d'analyses d'une grande complexité.
4... d5!? 5.Dh5+ g6 6.Cxg6 hxg6 7.Dxh8 Rf7 (la variante Svendenborg) toujours très obscure. La dame blanche va être harcelée et va devoir perdre du temps.
3.Cc3 (la variante Mlotkowski, qui ne cherche pas à réfuter l'ouverture, juste à obtenir une meilleure position)
3.d4 fxe4 4.Cxe5 Cf6 5.Fg5 d6 (5. ... Fe7!? est une proposition pour accélérer le petit roque noir et éviter la variante de sacrifice du cavalier blanc) 6.Cc3!?
Dans cette position, les blancs ont une initiative intéressante car en sacrifiant leur cavalier en e5, ils vont obtenir une avance de développement de leurs pièces, tandis que les pièces noires vont être gênées dans leur déploiement.