Le système du hérisson[1] ou début du hérisson ou la structure de hérisson ou simplement le hérisson est un schéma d’ouverture aux échecs développé dans les années 1970 dans lequel les noirs concèdent aux blancs un net avantage d’espace en échange d’une structure souple, sans faiblesse, et propice à la contre-attaque.
Les théoriciens de l’école classique, Steinitz (1836-1900) et son continuateur Tarrasch (1862-1934), considéraient le fait de contrôler plus d’espace comme un avantage substantiel. En effet, avec plus de place pour manœuvrer, les pièces peuvent alterner les menaces d’une aile à l’autre avec facilité tandis que l’adversaire dans une position resserrée voit la mobilité de ses pièces diminuée.
Dans les années 1920, l’école hypermoderne a modulé ce jugement en montrant qu’une trop grande expansion pouvait générer des faiblesses, les pions ne pouvant pas reculer.
La structure hérisson était toutefois considérée comme inférieure car trop passive jusque dans les années 1960.
Les pionniers de l'utilisation de cette structure sont considérés comme étant le Suédois Ulf Andersson et le Yougoslave Ljubomir Ljubojević dans les années 1970, bientôt suivis par la plupart des meilleurs joueurs de leur époque[2].
L’un des premiers exemples du dynamisme de ce type de position fut révélé par l'Américain Bobby Fischer dans sa partie contre Andersson en 1970[3] lors d'une partie exhibition à Siegen[4].
Puis les succès de Ljubojevic en 1973 (victoire face à Hort à Wijk aan Zee, Pomar à Madrid, et les parties nulles face à Portisch à Madrid et Polougaevski à Hilversum) montrèrent la validité du concept. Après la victoire d’Andersson contre Karpov à Milan en 1975 (le champion du monde subissant sa première défaite depuis son accession au titre mondial), le hérisson fut adopté par de nombreux grands maîtres de premier plan (Adorjan, Ribli, Portisch, Polougaevski, etc.)
Principe
Hormis le cavalier roi qui se développe en f6, toutes les pièces noires restent derrière le « hérisson[5] » dont les « piquants » sont les pions a6, b6, d6 et e6[6] qui contrôlent la cinquième rangée. Le fou dame est développé en fianchetto afin d’exercer une pression sur le pion blanc en e4, pression qui gêne la mobilité des pièces blanches. Le pion c5 est échangé contre le pion d4 blanc.
Les hérissons peuvent différer d'une partie à l'autre selon le jeu des blancs[2]. Le placement du fou roi des blancs peut en effet varier, se trouvant souvent en d3 dans la défense sicilienne où il contrôle plutôt l'aile roi, dans l'ouverture anglaise on le retrouve régulièrement en g2 d'où il vise le centre (ce qui n'interdit pas une attaque à l'aile roi)[2]. La case où se trouve ce fou aura des conséquences importantes sur les plans des deux camps[2].
Si les blancs développent leur fou roi en fianchetto, la Dame noire en c7 et la tour en c8 forcent les blancs à défendre le pion c4. Si le fou reste sur la diagonale f1-a6 son activité est limitée par ses propres pions[réf. nécessaire].
Les seules faiblesses des noirs sont les pions d6 et b6. Le pion d6 est défendu par le fou e7 (et éventuellement par une tour noire en d8), tandis que le pion b6 est défendu par le cavalier d7 (voire la Dame en c7).
La variété des ouvertures pouvant mener au hérisson fait qu'il est extrêmement important au joueur actuel de connaître cette structure[2].
Exemple de lignes pouvant mener à une structure en hérisson
Le hérisson peut découler de plusieurs types d'ouvertures dont voici des exemples :
↑En fait, Fischer a joué cette structure avec les blancs.
↑Xavier Tartacover fut le premier à utiliser cette image pour cette formation — quoique dans une position différente : cf. le site de l'historien des échecs Edward Winter : (en) Chess Notes n°7574
↑ a et bGábor Kállai, Traité moderne des ouvertures, vol. 2, Caissa Chess Books, , 180 p., p. 140-142