Le gambit dame (ou gambit de la dame) est une ouverture très populaire au jeu d'échecs. Accepté ou refusé, le gambit dame fait partie des débuts fermés et occupe à lui seul pratiquement la totalité du volume D de l'Encyclopédie des ouvertures d'échecs. Il apparaît après la suite de coups suivants :
1. d4 d5 2. c4
Histoire
Le gambit dame était déjà connu des maîtres italiens du XVe siècle ; sous sa forme acceptée il figurait déjà dans le manuscrit de Göttingen, et le célèbre joueur espagnol du XVIe siècle Ruy Lopez le mentionne dans le traité qu'il écrivit à son retour de Rome.
Philidor le nomme le gambit d'Alep, en référence à son plus fort adversaire, Philippe Stamma, originaire de cette ville[1]. Il a été une arme maîtresse entre les mains des joueurs français des années 1830 (par exemple La Bourdonnais, considéré comme l'un des meilleurs joueurs de son époque), mais ne devient vraiment populaire qu'à la fin du XIXe siècle.
L'irruption des théories hypermodernes dans les années 1920, qui remettent en question la primauté du centre et la réponse automatique 1...d5, brise son hégémonie (dans les débuts du pion-dame) au profit des défenses indiennes commençant par 1...Cf6. Le gambit dame continue cependant à se développer et reste un classique indémodable amenant des variantes complexes analysées en profondeur. Elle a été l'une des ouvertures favorites de l'ancien champion du mondeAnatoli Karpov.
Voici comment le poète Joseph Méry, cofondateur de la revue Le Palamède décrit les premiers coups d'un gambit dame (extrait[7]) :
Le roi blanc a donné le signal des combats
Le pion de sa dame avance et fait deux pas (d4)
Le voisin aussitôt parcourt le même espace (d5)
Le pion du fou blanc de la dame se place
Audacieux gambit, près de son frère blanc (c4)
Et percé par le noir, il tombe sur le flanc (dxc4)
Le pion du roi blanc, qu'un noble zèle embrase
Se sépare de lui, ne franchit qu'une case (e3)
Le pion du roi noir, beaucoup plus hasardeux
Affrontant son voisin, soudain en franchit deux (e5)
Le fou du roi d'ivoire alors brisant sa chaîne,
Et faisant quatre sauts, prend le pion d'ébène (Fxc4)
Le soldat du roi noir enlève le pion (exd4)
Que la dame d'ivoire avait pour champion
.../...
— Joseph Méry, Une revanche de Waterloo, ou Une partie d'échecs : poème héroï-comique[8], 1836
Dans la fiction
Dans Ne vous fâchez pas, Imogène !, le premier roman de la série des Imogène écrite par l'auteur de comédies policières Charles Exbrayat, le chief-constable (chef de la police locale) Archibald McClostaugh, féru d'échecs (à défaut d'y exceller), est en particulier amateur de « gambit à la reine », dans lequel il est régulièrement plongé lorsque Imogène vient le perturber au bureau de police.
Dans Et Nietzsche a pleuré, roman d'Irvin Yalom, Josef Breuer se demande comment il supportera avec le temps l'infernal « gambit de la dame » de son frère.
The Queen's Gambit (en français : Le Jeu de la dame) est une mini-série Netflix apparue le , basée sur le roman éponyme de Walter Tevis. Elle met en scène le parcours d'une jeune prodige du jeu d'échecs, dans les années 1950-1960 aux États-Unis[9].
↑La défense semi-slave a connu une explosion de popularité au début des années 1990. Peter Wells rapporte ainsi qu'à une édition du tournoi de Bienne, pratiquement la moitié des parties furent des semi-slaves. Cf. (en) Peter Wells, The Complete Semi-Slav, Henry Holt & Co et Batsford, (ISBN978-0805032888), p. 5.