Depuis 1993, l'année où Garry Kasparov, tenant du titre depuis 1985, et l'anglais Nigel Short créent un schisme et organisent un championnat du monde parallèle et non reconnu par la Fédération internationale des échecs, il y a deux championnats distincts : l'un organisé par la FIDE, l'autre par la Professional Chess Association, une organisation fondée par Kasparov dans ce but.
Depuis lors, diverses tentatives de réunification du titre ont été tentées, la plus sérieuse étant l'accord de Prague de 2002. Après que ce dernier eut capoté en 2003 à la suite du refus du tenant du titre FIDE 2002, Ruslan Ponomariov, le plan révisé de réunification voulait que le vainqueur du tournoi de Tripoli rencontre le numéro 1 mondial, Kasparov et que le vainqueur rencontre à son tour le gagnant du match entre Vladimir Kramnik, tenant du titre de la branche dissidente (dite classique) et le vainqueur du Tournoi d'échecs de Dortmund, Péter Lékó pour le titre de Champion du monde réunifié.
Peu après le championnat de Tripoli, la FIDE lance un appel d'offres pour l'organisation du match entre Kasparov et Qosimjonov, mais aucun sponsor n'y répond. En , Kasparov annonce qu'il abandonne la compétition de haut niveau, rendant ce match obsolète.
Le titre ne fut finalement réunifié qu'en 2006, après la rencontre entre le champion du monde FIDE 2005, Veselin Topalov et Vladimir Kramnik.
Controverses
Ce championnat du monde a essuyé de nombreuses critiques dans divers domaines.
Le format
Une critique qu'il a partagée avec des rencontres précédentes concerne la cadence du tournoi. La cadence relativement rapide de 90 minutes pour les 40 premiers coups suivies de 15 minutes plus 30 secondes par coup n'a pas été du goût de tous les joueurs. Zhan Zong, par exemple, a déclaré que la cadence était trop rapide pour un championnat du monde, et que des contrôles de temps plus classiques auraient été de mise. Nigel Short écrivit que si on interrogeait les 100 meilleurs joueurs mondiaux, on aurait probablement comme résultat que 75 % d'entre eux seraient opposés à cette cadence.
Un autre sujet de critique fut le format à élimination directe. Bien que ce dernier fût aussi employé lors de championnats précédents, la rapidité des matchs (2 parties jusqu'aux quarts de finale (5 premiers tours), 4 parties en demi-finale et 6 parties en finale) a contribué à amoindrir la capacité de ce championnat à déterminer le meilleur joueur du monde aux yeux de certains commentateurs.
L’endroit
Le choix de la Libye comme hôte du championnat a probablement été le principal sujet de critique. Outre les accusations de violations des droits de l'homme et de terrorisme étatique qui n'ont pas enchanté les participants, la politique consistant à refuser l'entrée des citoyens israéliens a causé de réels problèmes pratiques, puisque trois d'entre eux, Boris Gelfand, Emil Sutovsky et Ilya Smirin s'étaient qualifiés ou faisaient partie des joueurs de réserve au cas où l'un des qualifiés ferait défaut. D'autre part, certains joueurs disposaient de la double nationalité américaine et israélienne et craignaient d'être refoulés pour cette raison.
Se rendant compte du problème avec un peu de retard, la FIDE annonça que certains matchs impliquant des joueurs israéliens se dérouleraient à Malte et certains participants, comme Emil Sutovsky n'acceptèrent l'invitation au tournoi qu'à cette condition expresse[1]. Ce dispositif fut cependant annulé quand la Libye annonça officiellement que tous les joueurs qualifiés seraient les bienvenus, ce qui a été interprété par la FIDE comme par la plupart des joueurs comme étant un gage d'ouverture pour les joueurs israéliens, malheureusement rapidement démenti par les déclarations publiques de Mohamed Kadhafi, président du comité olympique de la Jamahiriya arabe libyenne et fils du leader Mouammar Kadhafi, indiquant que « nous (les Libyens) n'avons pas invité et n'inviterons pas les ennemis sionistes à ce championnat »[2].
La Fédération internationale des échecs a été l'objet de vives critiques au sujet de ses déclarations ambiguës, contradictoires ou tardives, notamment de la part le l'Association of Chess Professionals par la voix de son président, Joël Lautier[3] qui note qu'il subsiste des incertitudes quant à l'obtention d'un visa sur le sol libyen et que le sort de la délégation israélienne n'est pas clair, mais aussi de la part de Beatriz Marinello, la présidente de la fédération américaine et de Boris Gulko qui disposait de la double nationalité[1].
Devant les incertitudes quant à leur accueil sur le sol libyen, les joueurs concernés ont fini par renoncer à participer au tournoi. Seul restait le Suisse Vadim Milov, qui dispose aussi d'un passeport israélien, mais ce dernier s'est plaint de ne pas avoir reçu l'invitation à temps pour pouvoir se rendre à Tripoli. Invité à se prononcer sur ce cas, le tribunal arbitral du sport l'a finalement débouté.
Une liste ultérieure, également « finale », inclut les joueurs d'une force allant de Veselin Topalov (2737 Elo et numéro 5 mondial au classement Elo) jusqu'au joueur local Tarik Abulhul (classé 2076). Il n'incluait que trois des dix premiers joueurs du monde : manquaient Garry Kasparov parce qu'il devait jouer contre le gagnant, Péter Lékó et Vladimir Kramnik parce qu'ils étaient impliqués dans le championnat du monde dit classique, Viswanathan Anand[4] et Ruslan Ponomariov[5] pour protester contre ce qu'ils estimaient être un traitement de faveur pour Kasparov, et d'autres joueurs qui ont décliné, soit pour des raisons personnelles, soit pour protester contre la discrimination envers les joueurs israéliens.
Lors de ce tournoi est présent le très précoce Magnus Carlsen, alors agé de 14 ans, faisant de lui le plus jeune participant à un tournoi de ce type[6]. Il est défait au premier tour en quatre parties par Levon Aronian, étoile montante.
↑(en) Interview avec Anand 8 juillet 2004: Frederic: Why aren’t you there, playing in this championship? Vishy: Well, basically I disagreed with the idea that Kasparov was seeded to the final and just decided it wasn’t worth playing, that it was no longer a real world championship and there was no reason to play
↑(en)World Chess Politics – a review 16 mai 2005: The Russian magazine Sport-Express interviewed FIDE world champion Ruslan Ponomariov, who explained why he was not defending his title in Libya, mainly because the winner would have to take on "a challenger who calls himself the strongest chess-player in the world, something he has not proved with his results!"