Le , il devient champion du monde en cadence classique en battant le Russe Ian Nepomniachtchi lors de la finale du championnat du monde 2023, à l'issue des parties de départage, succédant au Norvégien Magnus Carlsen. Il devient à cette occasion le premier joueur chinois à remporter le titre de champion du monde.
Au , il est le troisième joueur mondial et le numéro un chinois avec un classement Elo de 2 789 points[1]. Il est le joueur d'échecs chinois le mieux classé de l'histoire, ayant atteint un classement Elo maximum de 2 816 points en novembre 2018. Il est également trois fois champion de Chine d'échecs.
En 1995, un grand match est organisé à Wenzhou entre Xie Jun, première femme chinoise à remporter le titre de championne du monde d'échecs, et Viktor Kortchnoï. Cette rencontre vaut à Wenzhou le titre de « ville des échecs », contribuant ainsi à l'élévation de cette discipline en tant qu'activité noble dans la société chinoise.
C'est dans ce contexte que Ding Liren découvre sa passion pour ce jeu dès l'âge de quatre ans, grâce à l'inscription de ses parents dans un club dédié. Sous la direction de l'entraîneur réputé Chen Lixing, qui avait auparavant contribué à la formation de Zhu Chen, championne du monde d'échecs.
À l'âge de cinq ans, il rejoint le centre d'entraînement de la réserve nationale d'échecs de Wenzhou, où il est entraîné par Huang Xiwen et Wang Zhan.
Compétitions de jeunes
En novembre 2002, Ding est premier ex æquo du Championnat du monde des moins de 10 ans avec l'AzerbaïdjanaisEltaj Safarli mais au départage c'est Safarli qui est couronné champion du monde. En novembre 2004, il est encore premier ex æquo du champion du monde des moins de 12 ans mais, au départage, c'est son compatriote Zhao Nan qui l'emporte.
Champion de Chine (2009)
Ding Liren est encore classé en dessous de 2300 à la veille de son 15e anniversaire, à un âge où la plupart des joueurs ayant son potentiel sont déjà grands maîtres[3].
En avril 2009, à seize ans, il remporte le championnat de Chine avec 8,5 points sur 11. Il y réalise aussi sa deuxième norme de grand-maître et devient le plus jeune champion de Chine à l'âge de 16 ans. En avril 2011, il remporte à nouveau le titre de champion national avec 9 points sur 11 et conserve le titre en avril 2012 (8 points sur 11).
Le , il bat le numéro deux mondial Levon Aronian en ouverture du Memorial Alekhine à Paris[4]. Il s'agit néanmoins de sa seule partie gagnée durant ce tournoi dont le vainqueur est justement Aronian, et où Ding Liren finit avant-dernier des dix participants (devant Peter Svidler) avec la marque de 3,5/9 (+1, =5, -3) et une performance à 2 669[5].
Victoires avec l'équipe de Chine (2014, 2015 et 2018)
En 2014 il participe à l'Olympiade d'échecs de 2014 à Tromsø dans l'équipe représentant la Chine qui remporte la médaille d'or. Il y gagne la médaille de bronze du deuxième échiquier[6]. La Chine remporte le championnat du monde d'échecs par équipes en 2015 avec Ding Liren au premier échiquier. Ding Liren avait déjà remporté la médaille d'argent par équipe avec la Chine en 2011 (il était remplaçant) et en 2013 (il jouait au deuxième échiquier).
En 2018, la Chine remporte l'Olympiade à Batoumi grâce à un meilleur départage que les États-Unis et la Russie. Ding Liren remporte la médaille d'or au premier échiquier et réalise la deuxième meilleure performance de la compétition.
En mars 2016, Ding Liren remporte l'open Aeroflot en blitz (open Aeroflot du groupe de compagnies « Region ») avec 15 points sur 18[7]. En mai 2016, il bat l'Américain Wesley So à Shanghaï (2,5 à 1,5)[8].
En , Ding Liren parvient en finale de la Coupe du monde à Tbilissi où il est battu par Levon Aronian 4 à 2 après départages (2-2 en parties classiques).
La performance de Ding Liren à la Coupe du monde 2017 le qualifie pour le Tournoi des candidats qui se déroule en . Il est le premier joueur chinois à atteindre ce niveau de compétition. Lors de ce tournoi, il ne subit aucune défaite (1 victoire, 13 matchs nuls) et termine quatrième sur huit joueurs[9].
En 2018, lors du tournoi Norway Chess, Ding Liren a un accident et doit abandonner le tournoi.
Série d'invincibilité (2017-2018)
D' à (tournoi d'échecs de Shenzhen), Ding Liren est invaincu pendant une série de cent parties classiques (29 victoires et 71 nulles), réalisant une des plus longues séries de parties sans défaite de l'histoire du jeu d'échecs[note 1]. Maxime Vachier-Lagrave met fin à cette série sans défaite en le battant lors de la septième ronde du tournoi d'échecs de Shenzhen, en novembre 2018[12]. Depuis 2020, le record est de 125 parties lentes disputées sans défaite par Magnus Carlsen (entre 2018 et 2020).
La série de cent parties (à cadence lente) est composée de[13] :
2 parties (troisième et quatrième parties) du match contre Anish Giri à Wenzhou en août 2017 (match perdu) ;
La deuxième place à la Coupe du monde d'échecs 2019 qualifie Ding Liren pour le tournoi des candidats de 2020. Après un tournoi interrompu par la pandémie de Covid-19, il finit à la 5e-6e place avec la moitié des points (7 / 14).
En 2022, il se qualifie pour le tournoi des candidats en remplacement de Sergueï Kariakine grâce à son classement Elo. Il finit deuxième du tournoi des candidats avec 8 points sur 14. Puisque le champion du monde Magnus Carlsen a renoncé à défendre son titre contre Ian Nepomniachtchi, le vainqueur du tournoi des candidats, la deuxième place de Ding le qualifie pour disputer le Championnat du monde d'échecs 2023.
Championnat du monde d'échecs 2023
Lors de ce championnat disputé à Astana, après 3 victoires de chaque côté et 8 nulles, il s'impose dans la quatrième et dernière partie de départage en rapides, décrochant ainsi le titre mondial. Il devient le premier Chinois à remporter le titre suprême, succédant au Norvégien Magnus Carlsen[14],[15].
Après sa victoire, Ding Liren a très peu joué, avec une pause de plusieurs mois, évoquant « fatigue mentale » et « dépression ». Ayant repris, il a des difficultés à retrouver son niveau de jeu, et n’a depuis plus gagné une partie en format long depuis janvier, soit 28 parties[16].
Ce coup des noirs est inattendu : il permet aux blancs, en échangeant le fou sur c4, de gagner un avantage d'espace au centre grâce à leurs pions centraux[17].
a
b
c
d
e
f
g
h
8
8
7
7
6
6
5
5
4
4
3
3
2
2
1
1
a
b
c
d
e
f
g
h
Position après 13…dxc4. Les blancs ont un avantage d'espace au centre.
Par les coups 18.Taa1, 19.Td1, 20.Fc1, 21.Ff4, Ding active ses pièces sur l'aile dame tandis qu'Aronian voit ses pièces entravées par les chaînes de pions[17].
Le cavalier blanc se place « au cœur de la position noire[17]. »
26... Da8 27.Dg3 Cd5 28.Ce3 Cc3
Ce cavalier dans le camp blanc permet aux noirs de trouver du contre-jeu[17].
29.Tde1 (diagramme) 29. ..Fxd6
a
b
c
d
e
f
g
h
8
8
7
7
6
6
5
5
4
4
3
3
2
2
1
1
a
b
c
d
e
f
g
h
Position avant 29…Fxd6.
Il semble qu'Anatoli Karpov et Vladimir Toukmakov, présents en salle de presse lors de cette ronde aient sursauté en voyant ce coup des noirs. Karpov aurait murmuré « Stra’né », ce qu'on peut traduire par « Je n'aurais jamais fait ça[18]. » En effet, en échangeant le fou de cases noires, Aronian permet à son adversaire de contrôler à jamais ces cases[18].
30.exd6 Ce4 31.Dh4 Cd2 32.Cd5
Ding Liren sacrifie la qualité afin de pouvoir placer son cavalier en b6[17].
Lorsqu'il joue ce coup, Ding Liren, en zeitnot, pense simplement qu'il lui assure la nulle par répétition de coups, comme il le dira en conférence de presse[17]. Il dispose en fait d'une attaque de mat[18] et ce n'est qu'après le contrôle de temps qu'il voit qu'il peut créer un réseau de mat en ramenant sa tour[17]. Aronian sera contraint d'abandonner.
↑En 2018, le record était revendiqué par Sergei Tiviakov et Bogdan Lalić qui avaient réalisé des séries de 110 parties sans défaite dans les années 2000[10],[11]