Champion du monde des échecs de 1927 à 1935 et de 1937 à sa mort, il est le premier champion du monde à reconquérir son titre et le seul jusqu'à présent à mourir en en étant le détenteur. Il domine le monde des échecs au début des années 1930, remportant toutes les compétitions (championnats du monde, olympiades et tournois) auxquelles il prend part de 1929 à 1934 (à l'exception du tournoi de Hastings 1933-1934 où il finit deuxième).
Alekhine est réputé pour son style d'attaque féroce et imaginatif, alliant à une grande habileté positionnelle une virtuosité combinatoire ainsi qu'un talent en fin de partie. Il est également renommé comme un auteur de livres sur les échecs et théoricien d'échecs, ayant produit des innovations dans un large éventail d'ouvertures d'échecs. Son nom a été donné à une ouverture du jeu d'échecs, la défense Alekhine, qu'il employa pour la première fois en 1921 à Budapest et plusieurs autres variantes d'ouverture. Il a également composé quelques études de fin de partie.
Biographie
Jeunesse
Alexandre Alekhine naît le 19 octobre 1892 ( dans le calendrier grégorien) à Moscou dans une famille aisée de l'Empire russe : son père est propriétaire terrien et sera député à la Douma d'État de l'Empire russe[1]. Il a un frère aîné, Alexeï, contre lequel il jouera des parties, et une sœur, Varvara. Il apprend à jouer aux échecs à sept ans. Il fait ensuite de brillantes études et apprend le français et l'allemand au lycée.
Après quelques tournois par correspondance, il dispute son premier tournoi important à Düsseldorf en 1908 et termine quatrième. En 1909, il entre dans l'école de Droit pour la noblesse de Saint-Pétersbourg, où les élèves internes portent l'uniforme militaire.
Alors qu'il participe au tournoi de Mannheim, la Première Guerre mondiale éclate et interrompt le tournoi. Alekhine est arrêté par les autorités allemandes. Il parvient cependant à rentrer en Russie, est blessé deux fois à la guerre et est ensuite plusieurs fois médaillé en tant que collaborateur de la Croix-Rouge[1].
Ascension vers les sommets
Après la guerre et la Révolution russe, Alexandre Alekhine remporte le championnat de Moscou et le premier championnat de la RSFSR en 1919-1920. Arrêté une première fois par la Tchéka, il échappe par chance au peloton d'exécution. Selon la légende, en prison, il aurait joué une partie contre Léon Trotski lui-même[2], qui était un très bon joueur d'échecs. Il quitte la Russie soviétique pour l'Ukraine mais revient à Moscou, où il obtient un poste de traducteur.
Le , il est arrêté une seconde fois par la Tcheka, mais réussit à persuader la police qu'il est innocent des charges qu'on lui reproche[3].
En , à l'occasion de son mariage il obtient l'autorisation d'un voyage en Lettonie ; il quitte définitivement la Russie, d'abord pour Berlin[N 2]. En 1921, il remporte les trois tournois auxquels il participe en Europe (Triberg, Budapest et La Haye) sans perdre une partie. Il arrive en France en . Par la suite, il refusera toujours de revenir en Union soviétique (nom adopté par la Russie soviétique en 1922). En 1922, il remporte le tournoi de septembre de Hastings puis, l'année suivante, le tournoi de Carlsbad 1923.
Le premier à Paris, où il habite désormais[4], il dispute une partie simultanée et à l'aveugle sur 28 échiquiers, avec un score de 22 victoires, 3 défaites et 3 nulles. Le lendemain, il reconstitue précisément, de mémoire, les vingt-huit parties disputées[5]. L'année précédente, il avait déjà disputé une autre séance record à l'aveugle sur 26 échiquiers, à l'issue du tournoi de New York 1924. Son record dans ce domaine sera porté à 32 parties lors d'une simultanée à l'aveugle disputée lors de l'Exposition universelle de 1933.
En 1927, il termine deuxième du tournoi de New York derrière le nouveau champion du monde Capablanca — Lasker ayant refusé de participer au tournoi. Avec ce résultat, Alekhine devient le challenger naturel du champion du monde, qu'il rencontre à Buenos Aires en 1927.
Naturalisation
Alexandre Alekhine demande pour la première fois son admission à résidence en France et sa naturalisation le , mais le dossier est classé sans suite, en raison de ses multiples voyages à l'étranger pour participer à des compétitions internationales d'échecs, et parce qu'il avait été signalé en comme un « bolcheviste chargé, par les Soviets, d'une mission spéciale en France ».
En , la Fédération française des échecs intervient auprès du ministère de la Justice pour qu'Alekhine puisse participer, à la tête de l'équipe française, au premier « Tournoi des Nations »[N 3] qui doit avoir lieu en à Londres. Mais, la nouvelle loi sur la naturalisation, facilitant l'acquisition de la nationalité française en raison de la baisse de population consécutive à la Première Guerre mondiale, n'est publiée que le . Le décret de naturalisation d'Alekhine (et de plusieurs centaines d'autres postulants) est signé le et publié au Journal officiel du 14-[6].
Alexandre Alekhine devient champion du monde en 1927 en battant à Buenos Aires le tenant du titre, le CubainJosé Raúl Capablanca sur le score de 18,5 à 15,5 (+6, -3, =25), au terme d'un match marathon de plus de 2 mois et 34 parties. En dépit de multiples négociations, le match revanche, promis au Cubain par Alekhine, ne fut jamais organisé. À l'époque, c'était encore les champions qui choisissaient leurs challengers.
Alexandre Alekhine domina le monde des échecs pendant toute la période entre 1929 et 1933 : il réalisa l'exploit de se classer premier sans interruption dans les 15 tournois auxquels il participa, cette série étant arrêtée par une deuxième place au tournoi de Hastings, derrière Salo Flohr. Au lieu de défier Capablanca comme il l'avait pourtant promis, il choisit comme challenger son ancien compatriote Efim Bogoljubov, moins redoutable.
Il conserva facilement son titre face à Bogoljubov en 1929 sur le score de 15,5 à 9,5 (+11, -5, =9), puis en 1934 sur le score de 15,5 à 10,5 (+8, -3, =15).
À la surprise générale, Alexandre Alekhine perd son titre en 1935 face au « modeste » champion néerlandaisMax Euwe sur le score de 14,5 à 15,5 (+8, -9, =13). Alekhine, qui souffrait d'alcoolisme et était un grand fumeur, ne parvenait pas à contrôler sa dépendance.
À la suite de cette défaite, il arrêta de boire et de fumer et reprit son titre de champion du monde deux ans plus tard en 1937, lors du match revanche, sur le score de 15,5 à 9,5 (+10, -4, =11).
En 1938, le tournoi AVRO est organisé pour départager les éventuels candidats à un match de championnat du monde contre Alekhine, ce dernier conservant néanmoins la possibilité de désigner son challenger. Le tournoi est remporté par l'Estonien Paul Keres et l'Américain Reuben Fine, mais Alekhine entreprend des négociations avec le troisième du tournoi, Mikhaïl Botvinnik. Les pourparlers sont interrompus par la Seconde Guerre mondiale.
Activités pendant la Seconde Guerre mondiale (1939 à 1943)
Pendant la Seconde Guerre mondiale, le titre de champion du monde d'Alekhine ne fut pas remis en jeu.
En , lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, Alekhine participe à l'Olympiade de Buenos Aires. En , il arrive à Lisbonne et demande à être mobilisé comme interprète dans l'Armée française. Il rentre en France en février. Après l'Armistice, démobilisé, il transmet à Capablanca en sa proposition de disputer un match. La communication se fait par l'intermédiaire du consulat de Cuba à Marseille ; les négociations se poursuivent jusqu'en 1941 et l'entrée en guerre des États-Unis.
À la fin de , Alekhine est autorisé à se rendre en Espagne. Il a l'espoir de partir au Brésil ou à New York. Sa quatrième épouse, Grace Alekhine(en), reste dans leur château près de Dieppe pour sauver les biens du champion. Pour délivrer un visa à Alekhine et protéger sa femme, née américaine et naturalisée britannique, les autorités allemandes d'occupation auraient alors demandé à Alekhine de rédiger plusieurs articles sur les échecs pour le quotidien allemand d'occupation en France Pariser Zeitung, parus sous son nom en .
Quand Alekhine arrive à Lisbonne en , il apprend que son projet de match avec Capablanca a échoué ; il devient malade et se remet à boire[7]. À ce moment, les articles d'Alekhine sont repris avec d'importantes variantes[8] dans la Deutsche Schachzeitung et dans d'autres journaux nazis comme Deutsche Zeitung in der Niederlanden, d'avril à , sous le titre « Échecs juifs et aryens », sous-titré « Une étude psychologique, fondée sur l'expérience échiquéenne, montrant le manque de force de conception et de courage des juifs, par le champion du monde des échecs, le Dr Alekhine ». Ces articles provoquent l'indignation dans le monde. Max Euwe refuse ensuite de participer aux tournois dans lesquels apparaît aussi Alekhine[9].
À la fin de la guerre, Alekhine est accusé d'avoir collaboré avec les Nazis[10] pour protéger sa femme et sauver ses biens en France, notamment son château à Saint-Aubin-le-Cauf. Après la libération de la France en 1944, Alekhine affirma à plusieurs reprises que « pas une ligne » de ces articles n'était de sa main et qu'ils avaient été manipulés. Cependant, lors d'entretiens accordés pendant son séjour en Espagne en 1941[8], il aurait ajouté qu'il avait été « le premier à traiter des échecs d'un point de vue racial ». Dans ces articles, il écrivait que les « échecs aryens » étaient « des échecs agressifs » et considérait la défense comme la conséquence d'une erreur antérieure, et le fait que l'on pouvait gagner avec la « défense pure », un « concept sémitique[8] ».
En , il quitte le Portugal pour disputer le deuxième tournoi Europa à Munich. De 1941 à 1943, il multiplie les tournois en Europe occupée : à Cracovie, Lublin et Varsovie (en 1941 et 1942), à Munich (1941 et 1942), à Salzbourg (en 1942 et 1943), à Prague (en 1942 et 1943) ainsi que des conférences et des exhibitions en Allemagne, Autriche, Pologne, Espagne et au Portugal.
De 1941 à 1944, il dispute dix tournois à cadence lente et termine six fois seul premier, trois fois premier ex æquo et ne concède qu'une deuxième place ex æquo lors du tournoi de Munich de , remporté par Gösta Stoltz. En 1942, il remporte le championnat européen organisé par les Allemands à Munich. Quelques jours après la fin du tournoi de Prague en , il donne quelques parties simultanées puis tombe malade et doit être hospitalisé pendant un mois ; les médecins diagnostiquent la scarlatine. En , il remporte le tournoi de Prague avec le score de 17 / 19 (+15 =4) et 2,5 points d'avance sur Paul Keres. Il propose alors de disputer un match contre Keres, qui décline l'offre. En , il gagne le tournoi de Salzbourg, ex æquo avec Keres et devant Bogolioubov.
Dernières années (1944 à 1946)
À la fin de 1943, les bombardements alliés ne permettent plus d'organiser des tournois dans l'Europe occupée par les Allemands ; Paul Keres décline une proposition de match contre Alekhine.
Invité par la fédération espagnole, Alekhine quitte l'Europe occupée en et arrive à Madrid le . Par la suite, il ne quitte plus l'Espagne et le Portugal, alors que sa femme reste en France. Arrivé trop tard pour disputer le tournoi de Madrid, auquel il avait été invité, il dispute néanmoins un tournoi éclair (5 minutes pour toute la partie) et finit à la cinquième place des quatorze participants. Affaibli, il est interné dans un sanatorium pour résoudre ses problèmes d'alcool.
En 1944 et 1945, toujours sans sa femme, il poursuivit son activité en Espagne et au Portugal. Un médecin diagnostique une dépression nerveuse. En 1945, il reçoit une invitation pour disputer le tournoi de Hastings dans le sud de l'Angleterre, de à . Cette invitation est ensuite retirée à la suite de l'opposition des fédérations néerlandaise et américaine.
Le , il apprend que son invitation au tournoi de Londres 1946 a été résiliée. Reuben Fine et Max Euwe auraient protesté contre son admission, reprochant à Alekhine ses articles parus dans le Pariser Zeitung et son silence. Alekhine répond contre ces accusations par une lettre : il nie avoir écrit les articles et regrette de ne pouvoir se défendre à Londres. Fin décembre, choqué par ces nouvelles, il dispute son dernier tournoi à Cáceres et finit deuxième. Accompagné du vainqueur, Francisco Lupi, il part à Estoril au Portugal où les deux étaient invités par le casino de la ville pour disputer un match. Celui-ci eut lieu du 6 au , remporté par Alekhine deux victoires à une plus une partie nulle. Il s'installe dans une pension à Estoril et, le , fait sa dernière apparition en public lors d'une partie simultanée à Lisbonne.
Alexandre Alekhine meurt le dans sa pension d'Estoril, dans des circonstances assez troubles[N 4], au moment même où un match de championnat du monde contre Mikhaïl Botvinnik allait être organisé. Début mars, Alekhine avait reçu la proposition de Botvinnik, écrite en et, la veille de sa mort, le , la fédération anglaise avait donné son accord pour patronner le match.
Il est enterré au cimetière de Lisbonne le . En 1956, ses cendres sont transférées au cimetière du Montparnasse à Paris, dans la 8e division. Sur sa tombe où son nom est gravé en caractères cyrilliques et romains, est représenté un échiquier. Un bas-relief représente également Alekhine devant un jeu d'échecs. Il est inscrit : « Génie des échecs de Russie et de France, 1892-1946. Champion du monde des échecs de 1927 à 1935, et de 1937 à sa mort ».
Palmarès
Les tables suivantes donnent les résultats et les scores de Alexandre Alekhine dans les tournois et les matchs[N 5]. La notation (+6 –4 =13) signifie : six victoires, quatre défaites et treize parties nulles.
Tournois par correspondance (1902-1910)
De 1902 à 1910, Alekhine disputa plusieurs tournois par correspondance. Ses principaux résultats furent les suivants :
1905-1906 : vainqueur du 16e tournoi par correspondance du magazine Chakhmatnoïé Obozrenié (Шахматное обозрение) (+10 –1 =3).
1906-1907 : 4e-5e du premier tournoi par correspondance du Prince F. M. Chakhovskoï (+6 –1 =1).
1909-1910 : premier du 17e tournoi inachevé du magazine Chakhmatnoïé Obozrenié qui cessa sa parution en 1910 alors qu'Alekhine menait (+8 =2).
1907 – 1915
Alekhine disputa son premier tournoi sur l'échiquier à quatorze ans à Moscou (tournoi de printemps du club de Moscou) en ; le résultat ne nous est pas parvenu. Lors de son deuxième tournoi, le tournoi d'automne 1907-1908, remporté par Benjamin Blumenfeld, il termina 11e-13e (+4 –9 =1) tandis que son frère Alekseï finissait 4e-6e.
(Moscou) Partie exhibition contre Rubinstein : 0-1Hambourg (7e-8e) : 9 / 13 (+8 –3 =2) (17e congrès allemand, tournoi des maitres) (victoire de Schlechter devant Duras et Nimzowitsch)
1911
Moscou (tournoi avec handicap) : 9,5 / 11
1910-1911 : Moscou (2e-4e) : 10,5 / 14 (tournoi avec handicap remporté par Pavlov)Karlsbad (8e-11e) : 13,5 / 25 (+11 –9 =5) (victoire de Teichmann devant Rubinstein et Schlechter)
1912
Saint-Pétersbourg (tournoi d'hiver) (1er-2e) : 8 / 9 (+8 –1) (ex æquo avec E. Baashch)Saint-Pétersbourg[N 11] (tournoi de printemps) : 7 / 9 (+6 –1 =2)Stockholm[N 12] : 8,5 / 10 (+8 –1 =1)
(Saint-Pétersbourg) Match contre Levitski : 7-3 (+7 –3 =0)Saint-Pétersbourg[12] : 2 / 3 (2-1) (ex æquo avec Levenfisch)Scheveningue[N 13] : 11,5 / 13 (+11 –1 =1)(Paris et Londres) Match contre Edward Lasker[N 14] : 3-0
(Saint-Pétersbourg) Match exhibition contre Capablanca : 0–2
1914
Championnat de Russie[11] (ex æquo avec Nimzowitch[N 15]) (Saint-Pétersbourg) : 13,5 / 17 (+13 –3 =1)Paris[12] : 2 / 3 (+2 –1) (ex æquo avec Marshall)Tournoi de maîtres de Mannheim : 9,5 / 11 (+9 –1 =1) (19e congrès allemand interrompu par la guerre[N 16])
Tournoi de Saint-Pétersbourg (3e) : 10 / 18 (+6 –4 =8) (victoire de Lasker devant Capablanca) Préliminaire (4e-5e) : 6 / 10 (+3 –1 =6) Finale (3e) : 4 / 8 (+3 –3 =2)
1915
Tournoi du club de Moscou[N 17] : 10,5 / 11 (+10 =1)
En , Alexandre Alekhine était de retour en Europe. L'année 1928 fut consacrée à un tour d'Europe où le champion du monde disputa de nombreuses parties simultanées.
Après sa défaite contre Nimzowitch lors du tournoi de New York 1927, Alekhine fut invaincu en tournoi (en excluant le match contre Bogoljubov) jusqu'à l'olympiade de Prague en 1931 où il concéda une défaite, réalisant une série de 80 parties sans défaite (cinquante victoires et trente parties nulles : +50 =30, 81,25 %). Après sa partie perdue contre Hermann Mattison à l'olympiade, il porta son score en tournoi au total de (+74 –1 =38, soit 82,3 %)[13] jusqu'au tournoi de Londres 1932.
De 1929 à 1933 (avant le tournoi de Hastings 1933-1934), Alekhine termina premier (seul ou ex æquo) de tous les tournois ou matchs auxquels il participa.
En 1925, 1935 et 1936, Alekhine refusa de participer aux tournois internationaux disputés à Moscou.
Année
Vainqueur
Deuxième
1929
Bradley Beach (New Jersey) : 8,5 / 9 (+8 =1)Championnat du monde contre Bogolioubov (Allemagne[N 25] et Pays-Bas[N 26]) : 15,5–9,5 (+11 −5 =9)
Olympiade de Varsovie (2e) : 12 / 17 (+7 =10) (médaille d'or remportée par Flohr)Championnat du monde contre Euwe (Pays-Bas) : 14,5-15,5 (+8 –9 =13)
1936 – 1946 : la reconquête du titre de champion du monde
Le tournoi de Nottingham 1936 fut le seul tournoi disputé après 1912 où Alekhine ne termina pas parmi les quatre premiers.
Après avoir regagné le titre de champion du monde lors du long match contre Euwe (octobre – ), Alekhine remporta tous les tournois importants auxquels il participa à l'exception du tournoi AVRO 1938, du tournoi de Munich 1941 et du tournoi de Gijón 1945 (Alekhine était déjà malade). De 1935 à 1943, le score de Alekhine contre Paul Keres, le vainqueur du tournoi AVRO, fut de 5 victoires, sept nulles et une seule défaite (à Margate en 1938) ; pendant la guerre (1940-1943), il marqua trois victoires et trois nulles[15] contre Keres.
Année
Seul vainqueur ou covainqueur
Deuxième à sixième
1936
Bad Nauheim : 7,5 / 9 (+4 =5) (ex æquo avec Keres)Dresde : 6,5 / 9 (+5 –1 =3) (devant Engels, Maroczy, Stahlberg, Bogoljubov et Sämisch)Amsterdam (tournoi ASB[N 29]) : 2 / 3 (+2 –1 =0) (ex æquo avec Landau)
Poděbrady (2e après Flohr) : 12,5 / 17 (+8 =9)Nottingham (6e) : 9 / 14 (+6 –2 =6) (victoire de Botvinnik et Capablanca)Amsterdam (3e) : 4,5 / 7 (+3 –1 =3) (tournoi Arbeiderspers, victoire de Euwe et Fine)
Alekhine joua à cinq reprises pour l'équipe de France lors des olympiades : en 1930, 1931, 1933, 1935 et 1939. Il marqua 78,5 % des points possibles (56,5 points sur 72), un des meilleurs pourcentages des joueurs français lors des olympiades (seuls deux joueurs ont un meilleur pourcentage avec 2 victoires sur deux parties disputées[16]).
En 1930, il remporta toutes ses parties lors de l'Olympiade de Hambourg (9 points sur 9) mais la médaille d'or revint à Rubinstein sur la base du nombre de points marqués : 15 points sur 17 (+13 =4) ; Alekhine remporta le premier prix de beauté en 1930 pour sa victoire sur Gideon Ståhlberg.
Lors des deux olympiades suivantes, en 1931 et en 1933, Alekhine remporta la médaille d'or individuelle et ne concéda qu'une défaite à chaque fois : contre Hermann Mattison, à Prague en 1931 (sur dix-huit parties) et contre Tartakover à Folkestone en 1933 (sur douze parties).
En 1935 (à Varsovie) et 1939 (à Buenos Aires), il obtint la médaille d'argent sans perdre une partie.
La France ne participait pas à l'olympiade d'échecs de 1937 disputée en Suède. À Buenos-Aires, en 1939, Alekhine marqua 12,5 points sur 16 (sans perdre une partie) et Capablanca 11,5. Cependant, seul le résultat en finale comptait pour le classement individuel et là, le champion cubain marqua 8,5 sur 11 (soit 77,27 %) et Alekhine seulement 7,5 points sur 10 parties (75 %). Le Français finit seulement deuxième. Lors de la rencontre France - Cuba, Alekhine se présenta une demi-heure en avance mais Capablanca se fit remplacer et Alekhine gagna sa partie. Finalement la France termina dixième de l'olympiade et Cuba onzième[17].
(septembre) Paris (deux parties) et Londres (une partie), match contre Edward Lasker (3-0)
(décembre) Saint-Pétersbourg, match exhibition contre Capablanca (0-2)
1914 : Moscou, partie exhibition contre Emanuel Lasker (½ - ½)
1916 : Kiev, match contre A. Evanson (+2 –1 =0)
1920 : Moscou, match d'entraînement contre Nikolaï Pavlov-Pianov (+1 –1 =0)
1921
Moscou (mars), match d'entraînement contre Nikolaï Grigoriev (+2 -0 =5)
Berlin (juin), match thématique contre Richard Teichmann (1,5 - 0,5, +1 -0 =1)
Berlin (juin), match contre Sämisch (2-0)
Triberg (juin-juillet), match d'entraînement contre Bogolioubov (+1 –1 =2) ; ce match, disputé avant le tournoi de Triberg, fut tenu secret par les deux joueurs.
1943 : Varsovie, match contre Bogolioubov (+1 –1 =0)
1944 : Saragosse, match contre Rey Ardid (+1 –0 =3)
Exemples de parties
Alekhine – Feldt, Tarnopol, 1916 (partie à l'aveugle)
Pendant la Première Guerre mondiale, Alexandre Alekhine, alors brancardier à la Croix-Rouge, reste en convalescence à l'hôpital de Tarnopol (Pologne) à la suite d'une blessure reçue. Pour passer le temps, il joue aux échecs avec les autres patients. Il y pratique l'une de ses spécialités : les parties à l'aveugle ; alors que tous ses adversaires voient l'échiquier, lui ne le voit que dans sa tête. Il doit donc non seulement calculer les coups possibles mais aussi maintenir en mémoire la position actuelle des pièces.
Dans la partie à l'aveugle qui suit, il effectue un ballet au centre de l'échiquier qui matera le roi adverse. Jouant contre cinq adversaires à la fois (en consultation), la combinaison qu'il joue est devenue mondialement célèbre.
Les Blancs contrôlent le centre et leurs pièces sont pointées vers le roque adverse. Les Noirs ont ouvert leur roque et le pion en e6 est sans protection. Alekhine profite de ces deux facteurs pour mater son adversaire.
15. Cf7!!
Un coup magnifique ! Les Noirs doivent prendre le cavalier car s'ils déplacent la dame, un mat à l'étouffé suivra en commençant par 16. Dxe6.
15. ...Rxf7 16. Dxe6+!!
La pointe ! Si les Noirs prennent la dame, alors suit 17. Cg5 mat. s'ils jouent 16. ... Rf8, alors 17. Cg5 décide de l'issue de la partie.
Alekhine remporta le tournoi de Baden-Baden 1925 sans perdre la moindre partie (+12, =8).
Citation
« La finalité de la vie humaine et le sens du bonheur consistent à donner le maximum de ce qu'on peut donner. Et comme j'ai senti, pour ainsi dire inconsciemment, que c'était aux échecs que je pouvais obtenir les plus grandes réussites, je suis devenu maître d'échecs[N 33]. »
La nouvelle Plus immoral que Richard Wagner et Jack l'éventreur d'Arthur Larrue met en scène Alexandre Alekhine et quelques-uns de ses contemporains (Najdorf, Tartakover, Capablanca)[21],[22].
Le roman La diagonale Alekhine (2021) d'Arthur Larrue s'inspire des sept dernières années de sa vie[23].
Ce livre correspond au premier tome de Deux cents parties d'échecs.
(en) My best Games of Chess, 1908 – 1923, Londres, Bell, 1927
(de) Auf dem Wege zur Weltmeisterschaft, Berlin, De Gruyter, 1932
(en) On the Road to the World Championship, trad. Feather et Ken Neat, Oxford, Pergamon, 1984
Deux cents parties d'échecs, 1908 – 1927, 2 tomes (1908–1923 et 1923–1927)
Première édition, Rouen, 1936
Le premier tome reprend le livre paru en 1926 sous le titre Mes meilleures parties (1908–1923). Le deuxième tome contient toutes les parties du championnat du monde de 1927, mais aucune des parties jouées par Alekhine lors des tournois de New York 1924 et New York 1927.
Réédition, British Chess Magazine, 1973 et 1979
Nouvelle édition, 200 parties d'échecs, Payot, 1998
(en) My best Games of Chess, 1924 – 1937, Londres, Bell, 1939.
Livres de tournois et de matchs écrits par Alekhine
Hastings 1922 : (en) The Book of the Hastings International Masters' Chess Tournament 1922, Londres, 1923
New York 1924 : (en) The Book of the New York International Chess Tournament 1924, New York, 1925
Ce livre a été traduit en français en 2021 sous le titre : New York 1924 : combat entre trois géants des échecs, éditeur : Books on Demand, Paris.
La Valeur théorique du tournoi de Baden Baden, 1925
(avec Max Euwe) Match Alekhine–Euwe 1926–1927 (nl) De schaakwedstrijd Aljechin-Euwe, 1927
Kecskemét 1927 : (de) Das erste internationale Schachmeisterturnier in Keckskemét, 1928
New York 1927 : (de) Das New Yorker Schach-Turnier, 1927, Berlin et Leipzig, 1928.
Ce livre a été traduit en français en 2018 sous le titre : New York 1927 : le chant du cygne de Capablanca., éd. BoD.
Londres 1932 : (en) Sixty Master Games Played in the London International Chess Tournament, 1932, Londres, Hollings, 1932
Zurich 1934 : (de) Internationales und 37 Schweizerisches Schachturnier in Zürich 1934, 1935
(avec Max Euwe) Match Alekhine–Euwe 1935 : (nl) Alekhine–Euwe 1935, 1936
Nottingham 1936 : (en) The Book of the Nottingham International Chess Tournament, 1936, Londres, 1937
(avec des annotations de Max Euwe) Euwe–Alekhine 1937 : (en) The World's Chess Championship, 1937: Official Account of the Games, (édition de H. Golombek), Londres, Pitman, 1938 ;
↑Tournoi anniversaire de la fédération néerlandaise (NSB)
↑Match disputé à Paris et Londres, peu après le tournoi de Scheveningue
↑Les deux joueurs purent disputer le tournoi des champions où participaient Lasker, Capablanca et Tarrasch.
↑19e congrès allemand, tournoi des maitres interrompu par la guerre alors qu'Alekhine menait avec un point d'avance sur Vidmar, et six rondes à disputer.
↑Alekhine avait disputé auparavant un tournoi triangulaire d'entraînement à Berne ; les quatre joueurs marquèrent tous deux victoires et une défaite (+2 –1 =0).
↑Championnat du monde disputé dans douze villes d'Allemagne.
↑Tournoi quadrangulaire remporté par Euwe, disputé en juillet 1937, avant le championnat du monde, devant Bogolioubov et Sämisch, à Bad Nauheim, Stuttgart et Garmisch-Partenkirchen.
↑Rey Rachid avait remporté quatre fois le championnat d'Espagne de 1929 à 1942.
↑Lupi battit Alekhine. Les quatre autres places du tournoi étaient occupées par huit joueurs locaux qui formaient quatre groupes de deux joueurs qui se consultaient.
↑« Цель человеческой жизни и смысл счастья заключается в том, чтобы дать максимум того, что человек может дать. И так как я, так сказать, бессознательно почувствовал, что наибольших достижений я могу добиться в шахматах, - я стал шахматным маэстро. »
Gedeon Barcza, László Alföldy et Jenö Kapu (trad. Alphonse Grunenwald), Les champions du monde du jeu d'échecs, t. 1 : de Morphy à Alekhine, Paris, Bernard Grasset, coll. « Grasset Europe échecs » (no 8), (ISBN978-2-246-33411-8, OCLC461780889)
(en) Leonard M. Skinner et Robert G. P. Verhoeven, Alexander Alekhine's Chess Games, 1902–1946, McFarland & Company, 1998
(en) Andrew Soltis, Soviet Chess : 1917-1991, Jefferson, McFarland & Company, (1re éd. 2000), 450 p. (ISBN978-0786406760)
(en) Fred Reinfeld, 100 instructive Games of Alekhine (1905-1914), Dover, 1958
(en) C. H. O'D. Alexander, Alekhine's Best Games, 1938–1945, G. Bells and Sons, 1949 ; Batsford, 1989