Historique des garnisons, combats et batailles du régiment
Les origines
Bandes de Françaises-Bandes de Picardie (1479-1568)
Après la bataille de Guinegatte, livrée le 7 août 1479, Louis XI reconnut la nécessité de faire pour l'infanterie ce que son père avait fait en 1445 pour la cavalerie, c'est-à-dire de l'organiser d'une manière sérieuse des unités militaires permanentes et soldées de fantassins et remplacer la milice et les francs-archers par des soldats entretenus d'une manière permanente et de créer ainsi l'infanterie française.
Il s'agissait de constituer et d'instruire des bandes de gens de pied qui fussent capables de tenir tête et de vaincre les aventuriers allemands et les milices des puissantes cités flamandes, qui formaient la principale force des armées de Maximilien Ier.
Or, il n'y avait alors en Europe qu'une seule infanterie, dont la réputation fût établie : c'étaient les redoutables hérissons suisses,
souvenir des phalanges de l'antiquité précieusement conservé au fond des âpres montagnes de l'Helvétie. L'infanterie suisse avait fait ses preuves en chassant de chez elle les nombreux soldats de l'Autriche et en anéantissant les formidables armées de Charles le Téméraire. C'était là le modèle qu'il fallait imiter.
Louis XI rassemble donc 10 000 hommes choisis parmi les débris des francs-archers et des bandes d'aventuriers, y joint des pionniers fournis par les villes et quelques compagnies de cavalerie de ses ordonnances, et appelle à son service 6 000 vieux soldats suisses. Il réunit le tout dans un camp établi près du Pont de l'Arche, et par lettres données au Plessis-lèz-Tours, le 9 octobre 1480, il charge Philippe de Crèvecœur d'Esquerdes du soin de commander et d'exercer la nouvelle milice
de hallebardiers et de piquiers, qui fut partagée en bandes de mille hommes.
De 1494 jusqu'à 1521, on ne trouve dans l'histoire aucune mention expresse des bandes de Picardie, et rien n'indique que celles-ci
aient fourni des contingents aux hommes de pied français qui figurent dans les dénombrements des armées d'Italie. Toutefois, les historiens s'accordent pour penser que ces bandes continuèrent d'exister. En effet, on sait qu'après leur institution, des contestations graves surgirent entre les vieux régiments à propos de la préséance et que ces contestations se renouvelèrent jusqu'au temps où Louis XIV y mit ordre en établissant le semestre. Piémont et Champagne se disputèrent le pas entre eux et le disputèrent même au régiment des Gardes Françaises. Ils le cédèrent, au contraire, toujours sans difficulté à Picardie. Cette déférence constante, à l'égard de Picardie, des régiments de Piémont et de Champagne, de Piémont surtout qui était
un corps fort chatouilleux et qui n'eût point été embarrassé pour constater la continuité des brillants services des bandes dont il provenait, est, suivant nous, une preuve irrécusable de l'existence non interrompue des bandes de Picardie depuis le commencement du XVIe siècle jusqu'à l'institution des régiments.
Ceci conduit au rôle joué par les bandes de Picardie et de Piémont pendant les deux premiers tiers du XVIe siècle. À cette époque il y avait une Armée de l'intérieur du Royaume appelée « Armée d'en deçà les monts » et une Armée de l'extérieur du Royaume appelée « Armée d'audelà les monts », désignations officielles auxquelles l'usage substitua peu à peu celles de « bandes de Picardie » et de « bandes de Piémont ».
Le nom de bandes de Picardie, pris dans son acception la plus étendue, s'appliquait à tous les gens de pied réguliers qui servaient sur le territoire du royaume, et le nom de bandes de Piémont était réservé aux fantassins, soit Français, soit Italiens, qui combattaient dans la
Péninsule Italienne.
À partir de l'année 1521, la politique de la France à l'égard de l'Italie éveille la susceptibilité de ses anciens ennemis. La guerre s'étend sur toutes nos frontières et le nom des bandes de Picardie sort du long oubli où il est demeuré.
En 1522, François de Montgommery, seigneur de Lorges, a le commandement général à la place du comte de Saint-Pol. Il est envoyé au secours de Gênes, mais on le rappelle en Picardie pour la défense de Boulogne et de la terre d'Oye, attaquée par les Anglais et les Flamands. Ces bandes passent en Italie au mois d'août 1523 et y restent. Elles sont suivies en 1527 par quatre autres bandes ayant pour chef Charles de Coucy, seigneur de Burie. On se tint sur la défensive en France jusqu'à la paix de Cambrai (5 août 1529).
La guerre recommence en 1535. Les bandes de Picardie, mêlées avec les légionnaires qui venaient d'être organisés, et dirigées par le maréchalde Fleurangesdéfendent Péronne avec succès. En 1537, elles reprennent Hesdin et Saint-Pol[7]. Pendant les années suivantes leur rôle se réduit à la garde des places.
L'année suivante elles se signalent par la reprise de l'Artois et la défense de Landrecies. Les premiers mois de 1544 sont marqués par les belles résistances des garnisons de Boulogne, Montreuil et Saint-Dizier. Cependant, les affaires allaient au plus mal en France, et le roi fut encore contraint de signer le 18 septembre avec Charles-Quint, la trêve de Crépy-en-Laonnois. Les Impériaux avaient déjà leur avant-garde à Meaux. Le , que Jean de Taix, qui exerçait la charge de capitaine et colonel-général des bandes de Piémont, reçut l'ordre de rentrer en France avec une partie de ses troupes et prit le titre de « colonel-général » de toutes les bandes françaises vieilles et nouvelles.
En 1557 après le siège de Saint-Quentin, toute la garnison est faite prisonnière : l'armée française est détruite.
Mais le duc de Guise qui accourait à marches forcées avec une partie des troupes de l'armée d'Italie ralliait à Compiègne les débris échappés au désastre de Saint-Quentin, recevait du roi, le 13 novembre, pleins pouvoirs pour réorganiser l'infanterie de Picardie et de Champagne, en cassant les mortes-payes dont le nombre s'était accru hors de raison, et en augmentant l'effectif des soldats des bandes entretenues. Ainsi par l'ordonnance du 22 mars 1558 organise de nouvelles bandes et met sur pied 7 légions de 6 000 hommes chacune : Picardie et Île-de-France, Normandie, Bretagne, Champagne et Bourgogne, Dauphiné, Languedoc, Guyenne. Les officiers et soldats des légions doivent tous être originaires du pays qui fournit la légion.
La mort de Henri II, conduisirent à modifier l'état de l'infanterie, et indiqué le rôle joué par les bandes de Picardie dans les divers essais d'organisation régimentaire tentés jusqu'en 1569.
Après la conjuration d'Amboise, en mars 1560, le roi fit réunir à Paris les deux bandes écossaises et 23 vieilles bandes de Picardie.
16 vieilles bandes de Piémont furent dirigé du Dauphiné sur Gien et 10 enseignes furent retirées des places du Piémont pour occuper les places du Dauphiné. Au mois d'octobre, les bandes de Paris furent envoyées à Orléans et celles qui étaient à Gien partir pour Montargis. Il y eut ainsi 41 bandes de réunies et c'était toute l'infanterie dont le roiFrançois II pouvait disposer sans mettre les légions sur pied.
Avec les bandes réunies à Orléans, on forma trois régiments[9] :
Le régiment de Richelieu, formé avec 1 enseigne écossaise et 11 enseignes picardes ;
Le régiment de Remolle, formé avec les 16 enseignes du Piémont et qui compta quatre bandes;
La 2e enseigne écossaise resta isolée comme garde du roi.
Quand le roi Charles IX partit d'Orléans, au mois d'avril 1561, pour aller se faire sacrer à Reims, les trois régiments ne furent pas disloqués, mais envoyés dans des garnisons autour de Paris.
Condé imita, pour l'infanterie rassemblée à Orléans, l'organisation du duc de Guise; mais il groupa les régiments mestres du camp trois par trois en régiments colonels. L'armée protestante comprit 9 régiments mestres de camp formant les trois régiments colonels, régiment de Grammont (levé en Guyenne), régiment de Frontenay (levé en Dauphiné) et régiment d'Yvoi (levé en Champagne et en Bourgogne); chaque régiment mestre de camp comptait environ 2 000 hommes. Cette organisation ne fut pas appliquée dans les provinces où les chefs protestants levaient et licenciaient les troupes suivant les besoins du moment. Le baron des Adrets avait réussi à lever en Suisse, dans les cantons protestants, le régiment de Diesbach, de 8 enseignes (2 400 hommes), qui le rejoignit le 3 mai à Lyon. Sur les réclamations du roi, les cantons exigèrent le retour de ce régiment, qui rentra en Suisse au mois de septembre.
Les régiments de Timoléon de Cossé, comte de Brissac, furent donc placés sous l'autorité de Philippe Strozzi, à l'exception toutefois des dix vieilles enseignes que commandait le mestre de camp Honoux. En considération des grands services qu'avait rendus la famille de Brissac, on laissa ce régiment avec le titre honorifique de colonel au jeune Charles de Brissac, frère du comte. Ce corps, qui est celui-là même qui fut connu jusqu'à la Révolution sous le nom de régiment de Piémont, et qui resta indépendant du colonel général de l'infanterie jusqu'en 1584.
Dans cette nouvelle répartition des bandes, qui est le véritable point de départ du régiment, Roger de Sarrieu eut dans son lot seize compagnies. Les dix premières provenaient des Gardes, un corps d'élite formé en 1563 sous le nom d'« Enseignes de la garde du Roy », les autres appartenaient aux vieilles bandes de Picardie.
Dans l'ordre politique, ces 4 gouvernements se rapportaient aux 4 principales sous nationalités, franque, bourguignonne, romane et gasconne.
Avant la formation des régiments, chacun de ces 4 gouvernements avait ses bandes de gens de pied distinctes. C'étaient au nord, les bandes de Picardie et de Champagne; au midi, celles de Piémont et de Guyenne.
Ainsi de chacune de ces bandes qui correspondaient à une frontière du royaume donnèrent naissance, vers 1569, à un régiment[12] :
Les Bandes de Picardie donnèrent naissance au régiment de Picardie ;
Drapeau d’Ordonnance du régiment de Picardie de 1558 à 1780
Régiment de Sarrieu (1569-1578)
Guerres de Religion
Le régiment de Sarrieu est créé de la réorganisation de l'infanterie effectuée le 29 mai 1569 au camp de La Rochefoucaud.
Le régiment de Sarrieu, du nom de son mestre de camp Roger de Sarrieu, était composé de seize compagnies dont dix provenaient des Gardes Françaises et les autres bandes de Picardie.
En janvier 1573, durant la quatrième guerre de Religion, le régiment se réunit à l'armée du baron de la Châtre chargé de réduire Sancerre. Lors de l'assaut général qui eut lieu à la fin de juin, le régiment de Sarrieu fut chargé, avec les Gendarmes de la Châtre, pour attaquer à la brèche pratiquée près de la porte d'Oison, au lieu-dit la Grange Loudis. Son attaque fut vigoureuse, mais les assiégés se défendaient avec le courage du désespoir. La famine seule put dompter les défenseurs de Sancerre qui se rendirent le 19 août après un siège de sept mois[14],[15].
En 1574, le régiment de Sarrieu fait partie de l'armée du duc de Montpensier.
Au siège de Fontenay-le-Comte, il vit échouer tous ses efforts dans les premiers assauts, du 15 septembre, mais la garnison affaiblie battit la chamade. Après la capitulation, Fontenay fut mis à sac pendant les 16, 17 et 18 septembre. Le 27 septembre, le régiment de Sarrieu marcha tambours battants et enseignes déployées à l'attaque des faubourgs de Lusignan et après les avoir emportés assiégea le château et ville. Dans une seule sortie les assiégés lui tuèrent cinq capitaines. L'assaut du 21 décembre fut encore très-meurtrier. La garnison réduite à 500 hommes demande enfin à capituler le 5 janvier 1575[16]. Le régiment de Sarrieu prit possession de la ville et du château et y demeura quelque temps en garnison. Ce fut le régiment de Sarrieu qui démolit le château de Lusignan.
En août 1575, 300 arquebusiers du régiment de Sarrieu quittent Niort pour embarquer aux Sables d'Olonne avec Charles de Rouhaut de Landereau. Ils abordent sans résistance à l'île de Ré le 2 septembre aux Portes et à Loix, et s'emparent après un combat de Saint-Martin. Un corps de troupes Protestant commandé par Lancelot Voisin de La Popelinière, partit du port de La Rochelle les attaqua au milieu de la nuit et les força à se rembarquer.
Pendant les années suivantes, le régiment demeura dans le bas Poitou, faisant la petite guerre aux protestants de La Rochelle. En 1577, il surprit le village de La Fond près de cette ville[17].
Régiments de Saint-Luc (1578-1579) et de Sérillac (1579-1585)
Au mois de mai 1587, les protestants ayant mis le siège devant Fontenay, le duc de Joyeuse rassemble à Saumur une petite armée dont cette moitié du régiment de Picardie et marche sur Saint-Maixent, joint les deux régiments calvinistes de Gabriel Prévôt de Charbonnières et de Bories à La Mothe-Saint-Héray, et en fait un horrible massacre[20]. Joyeuse venant d'apprendre que
Henriroi de Navarre se met alors en marche pour aller au-devant des secours que l'Allemagne envoyait aux protestants de France. Il part pour lui barrer le passage et le rencontre en Périgord auprès de Coutras. La bataille eut lieu le . Picardie qui était à la gauche de l'armée catholique fut écrasé par l'artillerie du roi de Navarre. Suivant d'Aubigné, « La bataille, commença à neuf heures par l'artillerie. Le premier boulet protestant donna dans le drapeau blanc du duc de Joyeuse. Le deuxième coupa un arbre et tua derrière un capitaine de Picardie ». Suivant Jean-Baptiste Legrain, auteur de la Décade de Henri-le-Grand, « le premier coup d'artillerie emporta sept capitaines du régiment de Picardie, le meilleur et le plus aguerri de l'armée du duc ». Le régiment ébranlé par ces pertes, allait être chargé par la cavalerie calviniste, quand Jean de Beaumanoir, marquis de Lavardin s'élance à la tête des Albanais sur ces escadrons et leur passe sur le ventre. L'infanterie de la protestante, furieuse de cet échec, s'ébranle l'épée à la main, et fonce tête baissée sur les régiments de Picardie et de Tiercelin, qui seuls résistaient encore, et engage avec eux un combat terrible aux cris de « La Mothe et Croix-Chapeau ! » s'excitant ainsi par le souvenir de deux rencontres récentes où tout quartier leur avait été refusé[21],[22]. Picardie et Tiercelin étaient trop faibles pour soutenir le choc d'une armée victorieuse et altérée de vengeance, ils furent entièrement défaits et massacrés. Agrippa d'Aubigné indique : « Le mestre de camp Tiercelin, voyant son régiment dissipé, se couche sur l'arbre sur l'arbre que le canon avoit abattu, et est tué assis se bouchant les yeux, ce qui n'eust pas esté, si l'on l'eust connu, mais tout passoit pour Picardie ». Ces paroles de d'Aubigné expriment la haine des huguenots pour le régiment de Picardie qui avait chez eux la réputation d'être très-dévoué aux Guise.
En le régiment de Romefort est incorporé dans le régiment de Picardie et Jean Messeau, baron de Romefort devient son nouveau mestre de camp. Dans la nouvelle campagne qui s'ouvrit en 1590, Picardie suivit le roi et prit une grande part aux opérations du siège de Dreux qu'il attaquait du côté de l'église Saint-Denis. Après la bataille d'Ivry, qui fut surtout une affaire de cavalerie, il se trouva au blocus de Paris.
En 1591 il se trouve au siège de Chartres. Ce fut là qu'il faillit en venir aux mains avec le régiment de Navarre au sujet de la préséance. Ces deux régiments avaient été commandés ensemble pour l'attaque d'un bastion. Chacun d'eux prétendait tenir la tête de l'assaut. Henri IV fut obligé d'intervenir et les fit tirer au sort au pied de la brèche. Les dés furent favorables au régiment de Picardie, qui depuis ce jour n'eut plus rien à démêler avec le régiment de Navarre.
En 1595, il part pour la Bourgogne et sert aux sièges de Beaune, d'Autun et de Dijon. Il passe ensuite à l'armée de Picardie, commandée par Henri de La Tour d'Auvergneduc de Bouillon, François d'Orléans-Longuevillecomte de Saint-Pol et le Charlescomte d'Humières. Le 20 juin, 200 hommes du régiment et 200 de celui d'Egmont s'emparent du château de Ham. Cette prise amena la capitulation de la garnison espagnole qui tenait la ville. Picardie est ensuite au blocus de La Fère qui se rend le 22 mars 1596.
Les Espagnols, n'ayant pu secourir La Fère, tournent leurs armes contre Calais. Le roi se rend alors à Boulogne pour être à portée de jeter du secours dans la place défendue par François de Saint-Paul de sieur de Bidossan gouverneur de la ville. Le 22 avril, Henri IV envoi 250 soldats et 200 gendarmes, commandés par le gouverneur de Boulogne Bertrand de Patras sieur de Campagnol et d'Henri de la Tour, duc de Bouillon, qui passent hardiment, à la faveur de la nuit, à travers le camp ennemi et pénètre dans la place. Par la mort de François de Saint-Paul de sieur de Bidossan gouverneur de Calais, tué d'un coup de canon, Bertrand de Patras sieur de Campagnol se trouva commandant. Sommé de se rendre il indiqua à l'ennemi : « J'ai couru trop de risques en entrant dans Calais pour l'abandonner ». Après quatre assauts Bertrand de Patras sieur de Campagnol, abandonné par la garnison, resta seul sur la brèche et le firent prisonnier[25]. Le roi de France le récompensa son héroïsme en lui donnant une compagnie du régiment des Gardes Françaises.
En 1597, lorsque les Espagnols surprirent Amiens, Picardie était à Corbie en quartiers d'hiver. Le maréchalde Biron le prit en passant, et, arrivé devant Amiens, lui ordonna de s'y fortifier pour donner le temps à l'armée de s'assembler. Quand le siège commença, le régiment prit poste à l'abbaye de La Madeleine. Le gouverneur Hernandes Teillo Portocarrero, que ce voisinage incommodait, le fit battre par des coulevrines et le contraignit à se retirer. Après l'arrivée du roi, les opérations reçurent une impulsion plus vive, mais Picardie ne fut pas heureux. Dans la sortie du 17 juin, les assiégés tombèrent sur lui d'une manière si imprévue qu'il n'eut pas le temps de se mettre en bataille et eut de nombreuses pertes. Cependant le maréchal de Biron et puis le roi étant survenus, le régiment reprit courage et força les Espagnols à rentrer dans la place. Le rancuneux d'Aubigné, en faisant l'éloge du régiment calviniste de Navarre dont il était l'un des capitaine, qui se rendit redoutable aux assiégés, ajoute que « les Espagnols déployoient leurs insolences sur le régiment de Picardie, qu'ils appeloient les maheuris ». » Enrico Caterino Davila signale, au contraire, Picardie comme un des corps les mieux disciplinés et les plus braves de l'armée française.
Période de paix
Après la paix de Vervins, en 1598, le régiment reprit ses anciens quartiers dans les villes de la Picardie, et n'en bougea point jusqu'à l'année 1615.
Au début des rébellions huguenotes, en 1615, Picardie se rend au « Bec-Choisy », où s'assemblait l'armée du maréchalde Bois-Dauphin, destinée à agir contre les princes mécontents. Quatre compagnies, rencontrées en route par la cavalerie des princes, furent entièrement détruites. Le 8 octobre, l'armée marcha sur Sézanne. Dans cette expédition, le régiment était chargé de la garde de l'artillerie.
En 1620, Picardie était en garnison à Verdun, quand il reçut l'ordre de se rendre à l'armée de Normandie. Le roi le vit le 6 juillet, et le trouva très faible. Une partie des soldats s'était jetée dans Metz, et le régiment de Marcoussay, qui partait pour l'Allemagne, en avait débauché un grand nombre. Les compagnies étaient réduites à une trentaine d'hommes. Le marquis de Bassompierre, qui commandait l'armée et qui tenait à Picardie, engagea Jean V de Nettancourt, comte de Vaubecourt à céder à ce corps 400 hommes de son régiment à raison d'un écu par homme. Le comté de Clermont-en-Argonne et la ville de Verdun lui en fournirent 600 au même prix. Remis sur pied, Picardie, fut dirigé sur Montereau, et marcha sur Dreux, dont il prit possession et rejoignit ensuite le roi à La Flèche ou Louis XIII le passa de nouveau en revue, et le trouva beau et complet. Après avoir servi au siège de Caen, Picardie prend une grande part le 7 août au succès de la bataille des Ponts-de-Cé. Après ce combat, il suivit la cour en Béarn, et est mis en garnison à Orthez et Navarrenx. Au mois de décembre, les compagnies de Navarrenx, firent échouer une conspiration des mécontents de la province qui voulaient s'emparer de la ville.
En 1621, Picardie fait partie du corps qui, sous les ordres d'Étienne de Bonne comte d'Auriac, investit Saint-Jean d'Angély. Il était campé à Saint-Julien-de-l'Escap, à un quart de lieue de la ville, et contribua à la prise des ponts de la Boutonne. Le roi Louis XIII arriva le 29 mai, et distribua les attaques. Picardie eut la deuxième sous le maréchal de Chaulnes. Après la prise de Saint-Jean d'Angély, le régiment est envoyé au siège de Nérac, sous le marquis de Vignolles qui n'avait pas assez de troupes pour investir complètement la ville. En juillet le régiment laisse 4 compagnies à Nérac tandis que les autres rejoignent Louis XIII au siège de Clairac avant de participer au siège de Montauban ou il avait la garde du pont du Tarn. Quoique affaibli par tant d'expéditions, le régiment attaque avec vigueur une demi-lune et parvient à s'y établir solidement, après un combat de six heures. Dans une sortie qu'il eut à soutenir quelque temps après, le mestre de camp Jean Zamet fut mis hors de combat et fait prisonnier avec plusieurs autres officiers. Ils furent presque aussitôt délivrés par l'audace de Louis de Pontis[28], lieutenant au régiment de Champagne, auquel Zamet donna la lieutenance de sa mestre de camp en reconnaissance du service qu'il lui avait rendu[29]. Cependant, le maréchalde Schomberg avait fait établir une nouvelle batterie dont il se promettait beaucoup de succès : mais elle se trouvait sur un sol miné. Le 24 octobre, alors que Picardie y était de garde, une épouvantable explosion se fait entendre à deux heures du matin. Tout ce qui se trouvait dans le rayon de la mine avait sauté. Quatre officiers avec un grand nombre de soldats étaient ensevelis sous les terres bouleversées. Les assiégés profitent de ce moment de trouble et de désordre, se précipitent dans la batterie et remportent une victoire facile. Ce désastre, détermina la levée du siège. Les troupes furent distribuées dans les environs de Montauban : Picardie fut envoyé à Montech.
En mars 1622, Picardie qui s'était rétabli pendant l'hiver, fit des prodiges de valeur au siège de Tonneins et emporta la ville d'assaut, mais la prise du château offrait de grandes difficultés. Le 20 mars, Louis de Pontis[28] à la tête de 50 hallebardiers réussit à déranger ces barriques et à s'emparer du retranchement, mais il ne put s'y maintenir. Cependant le roi se plaignant que le siège traînait en longueur les généraux résolurent de faire un nouvel effort. Ils envoyèrent deux soldats de Picardie reconnaître un bastion qui y arrivèrent sans rencontrer d'obstacles et font alors signe à leurs camarades de les suivre. Trente ou quarante soldats s'élancent aussitôt et réussissent à s'y faire un logement pendant que le reste du régiment maintenait les assiégés. La place allait être gagnée, quand on apprit que le duc de La Force arrivait avec 4 000 hommes au secours de son fils qui y commandait. Le duc d'Elbeuf, forcé de marcher à sa rencontre, laisse Picardie dans les tranchées. À peine l'armée fut-elle éloignée, que la garnison, rassemblant toutes ses forces, exécute une sortie furieuse. Le régiment débordé de toutes parts recule en combattant jusqu'au camp. Dans cette retraite, l'aventureux Louis de Pontis[28] fut percé de part en part d'un coup d'épée et n'évita d'être enlevé que par le dévouement d'un soldat. À l'instant où Picardie repoussé rentrait dans les lignes, le duc d'Elbeuf revenait vainqueur. Profitant de l'animation de ses troupes et du découragement des assiégés, il ordonne un assaut général. Picardie, malgré ses pertes, s'élance avec résolution, brûlant de venger son échec, et après cinq heures d'un combat terrible, le château capitule. C'était le . Le régiment alla se refaire à Rabastens et ce fut là que Roger du Plessis-Liancourt, duc de La Rocheguyon, se fit reconnaître par le corps en qualité de mestre de camp. Au siège de Sainte-Foy, Picardie eut l'attaque du faubourg. Il fit encore cette année les sièges de Moissac, de Négrepelisse, de Saint-Antonin, de Bédarieux, de Lunel et de Sommières. À Sommières, le marquis de Liancourt, à la tête des Enfants perdus, attaque les retranchements dressés en avant de la ville, en chasse les ennemis et s'établit au bord de la contrescarpe, ce qui amène quelques jours après la capitulation de la place.
Le 30 août, au siège de Montpellier, Picardie reçut une sortie de l'ennemi avec tant de bravoure, qu'avant que les réserves fussent arrivées à son secours, il avait tué la moitié des assaillants et rejeté l'autre en désordre dans la ville. À l'attaque du bastion vert, la garnison fait une sortie vigoureuse sur le flanc de l'attaque conduite par Picardie. Une fraction du corps est rompue, mais le reste charge à son tour l'ennemi, le coupe en deux, en refoule une partie dans Montpellier, tandis que l'autre portion acculée dans un coin du fossé est massacrée. Montpellier se rendit le 19 octobre.
En 1630, le régiment de Picardie quitte le Languedoc et passe en Savoie pour participer à la guerre de Succession de Mantoue.
I1 prend une part glorieuse au combat de Veillane, où il taille en pièces 600 cavaliers commandés par Ambrogio Spínola Doria, fait 600 prisonniers, et s'empare de 17 drapeaux ou étendards. 40 soldats, laissés après ce combat dans le château de Veillane, s'y défendent contre 1 200 Espagnols et 500 Trentins, et résistent jusqu'à l'arrivée d'un secours qui force l'ennemi à décamper.
Il est ensuite à l'attaque du pont de Carignan avant de rentrer en France, en octobre.
Les douze compagnies restantes font partie de l'armée du maréchalJacques Nompar de Caumontduc de La Force. Elles contribuent à la prise de Bitche le , et vont ensuite ouvrir la tranchée au siège de La Mothe. Après le siége de La Mothe, le régiment, renforcé des compagnies qui étaient à Metz, marcha sur Phalsbourg, Philipsbourg et Landau, qui furent occupées, et où il resta en quartiers jusqu'au mois de décembre.
Il fait alors partie du secours envoyé à Heidelberg, et passe le Rhin sur la glace, vis-à-vis de Manheim. Chargé avec d'autres troupes d'attaquer les Impériaux logés dans le faubourg d'Heidelberg, et les en chasse le 23 décembre, et rentre en France.
En 1635, Spire ayant ouvert ses portes aux troupes de l'Empire, les maréchauxJacques Nompar de Caumontduc de La Force et Urbain de Maillé duc de Brézé partent le de Landau et se rendent devant cette ville. Picardie y ouvre la tranchée. À l'assaut général, 300 hommes, malgré un feu terrible, descendent dans le fossé, montent aux retranchements, chassent 600 hommes qui les défendent et les poursuivent jusqu'au pont-levis de la ville qui capitule le 21 mars. Au mois d'octobre, le régiment rejoint l'armée d'Allemagne, commandée par le cardinal de La Valette.
Picardie y ouvre la tranchée le 1er juin. Le 13 juin, il emporte la contrescarpe après un rude combat mais les assiégés, au moment où Picardie était relevé de tranchée par le régiment d'Enghien, attaquent celui-ci avec furie. Picardie qui n'avait plus de poudre, vole cependant à son secours à l'arme blanche, et reprend tous les postes. Le régiment d'Enghien avait tellement souffert que Picardie dut rester dans les tranchées. Le lendemain, cinq cents hommes, appuyés par Enghien attaquent la demi-lune de la porte d'Aran. Après une lutte acharnée qui dure quatre heures ils parviennent à s'en emparer, mais abandonnés à eux-mêmes, ils ne peuvent s'y maintenir.
En 1640, Picardie servait sous le maréchalCharles de La Porte marquis de Meilleraye qui, après le siège de Charlemont[35], vint faire le siège d'Arras. Le régiment était posté au-dessus de la Scarpe, près des villages de Sailly-en-Ostrevent et de Vitry-en-Artois où les ennemis se retranchaient. Leur général, Guillaume de Lamboy, espérant faire entrer du secours dans la ville, attaque le 24 juin les lignes de l'armée française, avec 2 000 hommes d'infanterie et quelque cavalerie. À la première alerte, Picardie prend les armes, culbute l'infanterie espagnole, arrête la cavalerie qui cherchait à rétablir le combat et poursuit l'ennemi jusque dans son camp. Cette action décida de la chute d'Arras, en démontrant aux Espagnols l'impossibilité d'y faire entrer du secours, mais qui coûta la vie au mestre de camp de Picardie Pierre, marquis de Bréauté, qui fut tué en combattant vaillamment à la tête de ses soldats[36]. Le 1er août, Picardie ouvre la tranchée et fait des pertes énormes le lendemain à la reprise du fort tenu par le colonel Rantzau, dont les Espagnols étaient parvenus à s'emparer. Arras capitula au bout de 9 jours de tranchée ouverte. Les Espagnols, qui étaient devenus maîtres de la ville à la faveur des troubles en France et qui croyaient, ainsi que les habitants, cette place imprenable, avaient écrit sur une de ses portes[37],[38] :
« Quand les Français prendront Arras, les souris mangeront les chats ».
Les Français conservèrent l'inscription après avoir effacé le p du mot prendront devenant :
« Quand les Français rendront Arras, les souris mangeront les chats »
En 1641 le régiment est employé au siège d'Aire ou il est chargé de s'emparer du fort de Flandre, situé a 500 pas de la place qu'il l'occupa d'emblée par une attaque. Dans la nuit du 14 au 15 juin une sortie vient l'assaillir dans ses retranchements. Il la repousse après une lutte de quatre heures. La ville capitula le 26 juillet, après quarante neuf jours de tranchée
ouverte.
1643 débute par la célèbre bataille de Rocroi qui eut lieu le 19 mai.
Picardie occupait la droite de la première ligne de l'infanterie, ayant à sa gauche le régiment de La Marine. Le jeune duc d'Enghien, Louis II de Bourbon-Condé, passa la nuit qui précéda l'action aux feux de Picardie. Au point du jour il harangue les soldats qui l'entourent : ses paroles sont portées de rang on rang, et l'armée enthousiasmée de voir tant de résolution avec tant de jeunesse, s'ébranle pleine de foi dans son chef. Dans sa marche en avant, Picardie rencontre un corps de 1 000 mousquetaires dont la vue lui avait été dérobée par un pli de terrain. Le capitaine de Pédamour, à la tête des volontaires, et suivi par le reste du corps, charge ces mousquetaires avec une telle furie qu'il n'en échappe pas un seul. Attaqué à son tour par la cavalerie espagnole, Picardie reforme rapide ment ses rangs, lui présente une haie de piques et l'oblige à tourner bride en désordre. Cette fermeté du régiment assura le succès de la journée à l'aile droite. Il fut plus chèrement disputé au centre et à la gauche. Cette victoire fut suivie des prises de Landrecies, des châteaux de Barlemont et d'Émery, de Maubeuge et de Binche[40],[41]. La Gazette de Théophraste Renaudot relate amplement le siège et la prise de Binche les 30 mai et 31 mai 1643: Picardie, sous les ordres du Claude de Brichanteaumarquis de Nangis, occupait le côté droit devant le fossé des fortifications, le Régiment de Piémont occupant le côté gauche. Après une intense canonnade depuis le 31 mai au matin la ville se rendit aux mains du duc d'Enghien. "On accorda la vie et les biens de tous ceux qui estaient dedans, à la réserve des vivres …. Pas une maison n'a esté pillée ni mal traitée, et quelques soldats ayans voulu entreprendre d'en voler une, furent aussi tost pendus"[42].
L'armée Française investit ensuite Thionville. Le régiment fut établi au quartier du Roi et la tranchée fut ouverte le 25 juin. Le 13 juillet, Picardie et La Marine emportèrent de vive force un moulin retranché et palissadé et s'y maintinrent malgré tous les efforts des assiégés pour le reprendre. Le 18, Picardie, La Marine et Gramont-liégeois attaquent la contrescarpe. En moins d'une heure, les ennemis sont chassés du chemin couvert et un logement capable de contenir 300 hommes y est établi. L'attaque de la demi-lune du front qui regarde Metz eut lieu dans la nuit du 28 au 29. Picardie, toujours en compagnie de La Marine, y soutint un combat des plus opiniâtres et finit par s'y établir. Le régiment se distingua encore aux assauts du 29 juillet et du 4 août. La place se rendit le 10 août. À la fin de cette campagne, Picardie se rendit en Alsace pour se rapprocher de l'armée du maréchalde Guébriand et passa l'hiver le long du Rhin.
En 1645, Picardie ouvrit le 4 juillet la tranchée devant Mardyck au quartier de Rantzau. La place fit peu de résistance et se rendit le 11 juillet. Le régiment se trouve la même année à la prise de Bourbourg et de Lillers. À l'attaque de Béthune, Picardie, sans attendre l'ouverture de la tranchée, s'empare d'emblée d'un retranchement qui couvrait le faubourg et le régiment se trouve maître de la contrescarpe. Les assiégés intimidés par des revers si rapides, se retiraient dans l'ouvrage à cornes, mais les soldats étaient lancés : quatre d'entre eux abattent à coups de haches les palissades du fossé et l'ouvrage est emporté en moins d'une heure. La place capitula le même jour.
Au siège de Courtrai, en 1646, Picardie eut la deuxième attaque[43]. Il ouvrit la tranchée dans la nuit du 14 au 15 juin, repoussa une sortie le lendemain et emporta avec Navarre une demi-lune, dont la prise amena la reddition de la ville. Après avoir contribué à la prise de Berghes et de Furnes, Picardie arrive devant Dunkerque. Dans la nuit du 3 au 4 octobre, aidé par 300 Anglais et 100 Polonais, Picardie emporte les traverses du chemin couvert. Dunkerque se rend le 7 novembre.
En 1647, il est au siège de La Bassée. Pendant l'investissement de Lens, 300 Anglais auxiliaires se laissent surprendre à Pont-à-Vendin; 300 hommes de Picardie y courent suivi d'un bataillon des Gardes et d'un détachement du régiment de Lorraine. Non-seulement ils chassent l'ennemi de Pont-à-Vendin, mais aussi de leurs propres retranchements. La garde de ce poste important fut confiée aux 300 hommes de Picardie.
En 1650 il se rend à Saumur et y entre sans résistance le 1er avril et rejoint ensuite l'armée du maréchal du Plessis-Praslin, qui avait Turenne pour adversaire. Picardie fut d'abord chargé de garder Arras, et à la fin de l'année il fut appelé au siège de Rethel dont les Espagnols venaient de s'emparer. La place ne tint que quatre jours, mais Turenne arrivait. Plessis-Praslin n'hésite pas à l'attaquer et remporte une victoire complète grâce, en particulier, aux régiments des Gardes françaises et de Picardie.
L'année suivante, Picardie, après avoir commencé la campagne en Flandre sous le maréchal d'Aumont, est envoyé à l'armée de Guyenne.
En 1652, alors qu'il est à Poitiers il reçoit l'ordre d'aller reprendre Les Ponts-de-Cé où était le duc de Rohan. Après la soumission du château, il rejoint l'armée au siège de Saintes où il se distingue, surtout à la prise du faubourg Saint-Vivien. La cour s'étant retirée à Gien, l'armée la suivit et fut mise sous les ordres de Turenne qui avait fait sa paix avec le roi. Picardie fit des merveilles aux combats de Bléneau et d'Étampes, où Turenne avec hommes tint tête aux 15 000 hommes de Condé et leur fit éprouver de grandes pertes. Après quelques chicanes aux environs de Paris, les deux armées se retrouvèrent bientôt en présence, dans les faubourgs de la capitale, et, le 2 juillet, eut lieu le célèbre combat du faubourg Saint-Antoine. Picardie fut chargé d'attaquer les barricades que Condé avait fait élever vers la Râpée et s'en empara. Il fit ensuite échouer tous les efforts tentés par le duc de Nemours pour les reprendre. Après la victoire, Turenne, averti de l'arrivée du duc de Lorraine avec 16 000 hommes, se porte à Villeneuve-Saint-Georges où il lui barre le passage. Il le suivit ensuite en Lorraine. Le régiment donna l'assaut à Bar-le-Duc, qui se rendit le 15 décembre après une résistance énergique de la haute ville. La campagne se termina par la prise de Ligny, Château-Porcien et Vervins.
Picardie débuta, en 1654, par la prise de Saint-Pol et du Mont-Saint-Éloi. Quelques compagnies se jetèrent en juillet dans Arras menacée. En effet, les Espagnols vinrent bientôt l'investir avec une armée
de 32 000 hommes qui s'enferma dans des lignes formidables. Le 25 août, sans se laisser intimider par le nombre, Turenne ordonne l'attaque de ces lignes. Picardie y entre le premier, avec les Gardes Suisses et contribue beaucoup au succès de cette attaque audacieuse, qui amène la levée du siège d'Arras.
L'année suivante, le régiment fait le siège de Landrecies. Vingt compagnies sont jetées dans Ham, les vingt autres sont détachées de l'armée, le 19 septembre, avec le régiment de Turenne et douze escadrons, pour s'emparer du château de Briseuil qui ne fit point de résistance.
En juin 1656, Picardie se trouve à l'investissement de Valenciennes et en 1657, il arrive devant Mardyck, dont le siège devait être fait par les armées combinées de Turenne et du marquis d'Huxelles. Il en résulta une querelle avec Piémont, qui était le premier régiment du marquis d'Huxelles, tandis que Picardie n'était que le second régiment du corps de Turenne, où se trouvaient les Gardes françaises. Or, chaque armée ayant son attaque particulière, Piémont ne voulut point céder son droit et l'on fut obligé, pour arranger les choses et consoler Picardie, de détacher celui-ci en l'en voyant prendre La Motte-aux-Bois.
En 1658, il est au siège de Dunkerque. Dans la garde qu'il monta du 7 au 8 juin, il parvint à établir un logement à vingt pas de la place, malgré un vent furieux. À huit heures du matin, il allait être relevé par le régiment de Plessis-Praslin, lorsque le gouverneur marquis de Leyde exécuta une sortie que ces deux régiments repoussèrent. Cependant l'armée espagnole, commandée par don Juan d'Autriche et le prince de Condé, s'avançait par le chemin de Furnes pour secourir Dunkerque. Le 14 juin, eut lieu la bataille des Dunes. Picardie avait, par courtoisie, cédé sa place à l'extrême gauche aux quatre bataillons anglais de William Lockhart de Lee et s'était placé à leur droite. Ce fut là qu'eut lieu le principal effort. Pendant que les Anglais gravissaient, sous le feu de l'artillerie, la dune élevée où s'appuyait la droite des Espagnols, Picardie prit l'ennemi en flanc et contribua beaucoup à sa déroute. Après la victoire, il retourna aux tranchées et fut chargé de l'attaque de la fausse-braye.
Après la paix des Pyrénées, le 5 mars 1660, Picardie prit possession d'Hesdin évacué par les Espagnols. Il en reçut les clefs et entra par une porte, tandis que les troupes d'Espagne sortaient par une autre.
En 1663, le régiment, qui avait subi des réformes à la paix, fut reporté à 40 compagnies.
Expédition d'Afrique
Les 20 plus anciennes se rendirent en 1664 à Toulon et s'y embarquèrent pour l'expédition d'Afrique sur la flotte de César de Vendômeduc de Beaufort. L'armée française débarqua sans opposition le 22 juillet, près de Djigelli. Quelques détachements furent envoyés à la découverte qui furent aussitôt enveloppés par les Kabyles cachés dans les broussailles, ils furent égorgés. Venu au secours, Picardie fut fusillé par un adversaire insaisissable. Le colonel du régiment, Henri Robert Eschallard de La Boulaye, comte de La Mark, reçut trois coups de feu dans sa cuirasse et un autre à la cuisse. Après la disparition de l'ennemi, Picardie s'avança dans la plaine et trouva Djigelli abandonnée et l'armée se mit sans délai à fortifier cette ville pour y être à l'abri des surprises. Après quelques engagements insignifiants et deux mois de séjour sur cette côte, l'armée décimée par les maladies se rembarqua en octobre. Les dix premières compagnies de Picardie étaient avec le lieutenant-colonel sur le vaisseau « La Lune », qui s'ouvrit en deux en vue de la France sur un banc de sable situé entre les îles d'Hyères et Toulon. Il n'échappa pas un seul homme à ce naufrage. C'est ainsi que se termina, d'une manière bien fatale pour le corps, cette première expédition d'Afrique.
Gravure d'époque représentant le débarquement français à Djidjelli
En 1672, Louis XIV déclare la guerre aux Provinces-Unies : c'est la guerre de Hollande. Picardie se rend à Charleroi, lieu d'assemblée de l'armée. Après un court séjour dans le pays de Liège, il marche sur le Rhin, emporte le chemin couvertd'Orsoy et assiste au siège de Doesburg. À la fin de la campagne les deux premiers bataillons sont placés en quartiers d'hiver à Woerden et le 3e à Bombelles[Où ?]. En octobre le prince d'Orange, Guillaume, assiége Woerden avec 12 000 hommes. L'ennemi s'était logé dans le faubourg, 400 hommes de Picardie s'y élancent, en chassent les Hollandais et y mettent le feu ainsi qu'aux retranchements du prince d'Orange. François-Henri de Montmorencyduc de Luxembourg arriva bientôt avec 4 000 hommes au secours de la garnison de Woerden, et secondé par elle, fit lever le siège. En novembre, Luxembourg forme le projet de pénétrer jusqu'à La Haye à la faveur des glaces. Il sort d'Utrecht avec 8 000 fantassins et 3 000 chevaux, prend en passant à Woerden les deux bataillons de Picardie et divise ses troupes en deux brigades. Le 3e bataillon du régiment arrive bientôt de Bombelles et reste sous les ordres de M. de Gassion, avec la cavalerie. La fonte des glaces réduisit le résultat de cette entreprise audacieuse à la prise de Zwammerdam[46], de Bodegraven et de Nieuwerbrug[47].
En février 1673, Picardie était sous les ordres de Turenne dans le comté de La Marck. Assailli dans un mauvais poste par 5 000 hommes, il y fit pendant dix-huit heures une magnifique défense, qui lui valut, ainsi qu'au colonel de Bourlemont, les plus grands éloges. Au siège de Maastricht, pendant que les deux premiers bataillons étaient, sous les ordres de Condé, chargés de couvrir les travaux, le 3e placé au château de Lichtemberg, ouvrait la tranchée le 17 juin. I1 eut la gloire, pendant une de ses gardes, de s'établir au pied de la palissade de la demi-lune verte, ce qui amena la capitulation le 29. Le 3e bataillon y resta en garnison. À la fin de la campagne, Picardie fit, comme l'année précédente, partie du camp volant commandé par le duc de Luxembourg, et emporta Tongres. Après cette expédition, Picardie alla prendre ses quartiers d'hiver en Bourgogne.
Au printemps de 1674, il entre des premiers dans la Franche-Comté, couvre les opérations du siège de Besançon et est employé à réduire Pontarlier, Ornans et autres petites places. Après la soumission de la province, il passe en Flandre à l'armée du prince de Condé. Mis à Lille, deux de ses bataillons se trouvent le 11 août à la bataille de Seneffe. Dans cette journée meurtrière, ils étaient placés seuls à l'extrême droite, vis-à-vis d'un bois où le prince d'Orange, Guillaume avait plusieurs bataillons et toute la cavalerie allemande. Ces troupes étaient encore appuyées par une batterie, dont le régiment supporta longtemps le feu. François-Henri de Montmorencyduc de Luxembourg ordonne l'attaque du bois, et s'élançant lui-même à la tête du 1er bataillon de Picardie, il aborde l'ennemi avec tant de vigueur qu'il le rejette dans la plaine au-delà du village de Fay. Renforcé dans cet instant par une partie des Gardes du corps et le régiment des Cuirassiers du Roi, il se met en bataille, la gauche appuyée à ce village et la droite au bois dans lequel il jette le bataillon de Picardie. Celui-ci, foudroyé encore dans cette position par l'artillerie hollandaise, exécute une nouvelle charge et parvient à repousser au-delà de la portée du canon les troupes qui lui étaient opposées. Après ces combats, il est envoyé pour se refaire à Saint-Mihiel.
Au printemps de 1676, les deux premiers bataillons quittent Liège après avoir rasé la citadelle et joignent le 15 avril à Rocroi l'armée du maréchal de Luxembourg qui passait en Allemagne avec lequel ils se trouvèrent à la bataille de Kokersberg et furent ensuite cantonnés dans les places du Rhin. Deux compagnies, qui étaient à Philippsburg, prirent part à la défense de cette place et l'évacuèrent le 17 septembre. Le 3e bataillon, qui y était en garnison à Maastricht, fut assiégé par le prince d'Orange durant lequel il se signala dans une sortie exécutée le 6 août ou les Français entrèrent l'épée à la main, dans la redoute Dauphine occupée par les assiégeants. Tout ce qui s'y trouvait fut tué ou fait prisonnier. De nouvelles sorties, furent conduite les 8 et 10 ou ayant creuser la terre depuis la porte de Tongres jusqu'au fossé de Bois-le-Duc il inonda avec les eaux du Geer tous les fossés et une grande partie des tranchées du prince d'Orange, qui, après deux assauts livrés infructueusement à la demi-lune et à l'ouvrage à cornes, se décida à lever le siège. Le 3e bataillon de Picardie resta dans Maastricht jusqu'à la fin de la guerre en 1678.
En février 1677, les deux premiers bataillons joignent l'armée du roi qui investissait Valenciennes et y ouvrent la tranchée à l'attaque de gauche dans la nuit du 9 au 10 mars. Ils étaient de garde le 17, quand, au signal d'un coup de canon, les Mousquetaires volent à l'attaque de la contrescarpe, gagnent l'ouvrage à couronne, entrent dans la demi-lune, suivent les assiégés dans le pâté et pénètrent avec les fuyards dans la ville qui capitule immédiatement. Les volontaires de Picardie partagèrent la gloire des Mousquetaires.
Picardie se rend de là devant Cambrai, où il emporte la demi-lune de la citadelle et perd 200 hommes; le colonel duc d'Harcourt y est blessé. Le 15 mai, il rejoint sur la Meuse l'armée du maréchal de Créqui, avec laquelle il passe le Rhin le 9 octobre au-dessous de Brisach et investit Fribourg. Il est placé au faubourg de Wière et ouvre la tranchée le 10 novembre à portée de pistolet des palissades.
Le , le régiment quitte Charleville, où il avait pris ses quartiers d'hiver, et se trouve le 10 juillet devant Kehl et prend part à toutes les opérations du siège de ce fort. Après sa prise il repasse le Rhin et tente le 11 septembre une attaque sur Strasbourg, mais sans résultat. Ce fut le dernier acte de cette guerre qui se termine par le traité de Nimègue.
Période de paix
Le 3e bataillon resté à Maastricht, et le 4e qui était passé en Sicile rejoignent, à la fin de cette année et en 1679, le régiment réduit à deux bataillons qui était en garnison à Fribourg.
Le 27 septembre 1681, Picardie reçut l'ordre de partir pour le Dauphiné, mais lorsqu'il arriva à Brisach les portes de cette ville furent fermées et un détachement de 300 hommes d'élite fut immédiatement embarqué sur le Rhin, avec d'autres troupes, et alla joindre Alexis Bidal baron d'Asfeld près de Strasbourg. Après s'être emparé du fort qui défendait le pont du petit Rhin, le baron d'Asfeld somma la ville de se rendre et elle lui fut remise le 3 octobre. Picardie est le premier régiment français qui ait tenu garnison dans cette place.
La formation de la ligue d'Augsbourgramène la guerre.
En 1688 les deux bataillons de Picardie quittent la pioche et se rendent à l'armée du Dauphin qui fait le Siège de Philippsburg. Placés à Oberhausen, ils ouvrent la tranchée dans la nuit du 3 au 4 octobre devant le fort du Rhin qu'ils emportent d'assaut le 6. Le 10, ils ouvrent encore la tranchée devant la ville. Le 21, quatre compagnies de grenadiers, tirées des régiments de Picardie, de Champagne, du Roi et du Dauphin, se glissent jusqu'à l'ouvrage à cornes. Au signal donné par six bombes, elles s'élancent à l'envi, escaladent l'ouvrage, y surprennent les Impériaux qui s'étaient couchés ventre à terre pour éviter les éclats des bombes et engagent avec eux une lutte acharnée. La brigade de Picardie survient et l'ouvrage est emporté. Picardie y plante ses drapeaux[48]. Philisbourg capitule le 29 octobre. Le 30 octobre, le régiment prend possession de l'une des portes. Il va ensuite ouvrir la tranchée devant Manheim. Il y entre le 11 novembre et y est laissé en garnison.
En 1692, le 3e bataillon fut rétabli. On le composa de huit compagnies tirées des deux premiers, et de quatre compagnies du régiment de Saintonge. Le seul fait d'armes un peu important, auquel le corps ait pris part cette année, fut la prise de Pforzheim, le 27 septembre.
Le 21 mai 1693, il ouvre la tranchée devant Heidelberg sur le front des ouvrages en terre qui couvraient le faubourg. Les assiégés furent poussés si vivement qu'ils abandonnèrent en plein midi la tête du faubourg. Le 1er bataillon pénètre par le rempart dans le faubourg et chasse les fuyards jusqu'à la porte de la ville. Les assiégés, craignant que les Français n'entrassent pèle mêle avec les vaincus avaient fermé cette porte, et ce qui restait des défenseurs du faubourg, au nombre de 500 hommes, fut forcé de mettre bas les armes. Mais dans leur précipitation les assiégés avaient oublié de lever le pont. Les grenadiers s'en aperçoivent, brisent la porte à coups de hache et emportent d'emblée la ville qui fut livrée au pillage. Le colonel Louis de Melun, prince d'Épinoy se distingua particulièrement dans cette affaire, en franchissant le premier les palissades du faubourg. Le château capitula le lendemain. Le 19 juillet, le régiment attaque le poste de Zwingenberg près d'Oppenheim. Les grenadiers de Picardie et de Normandie, commandés par Louis de Melun, prince d'Épinoy l'emportent au second assaut. Au troisième assaut livré à minuit, Oppenheim est pris, pillé et brûlé. Le colonel de Picardie[49] y est blessé.
Le reste de la campagne, ainsi que celles de 1694 et 1695 que le régiment fit à la même armée, n'offrent plus rien de remarquable. Picardie demeura presque toujours au camp d'observation de Lambsheim.
La paix amena la réforme d'un grand nombre de régiments de nouvelle création. Le régiment d'Enonville fut incorporé dans Picardie en 1698. Cette même année, le corps fit partie du camp de Compiègne. Après les manœuvres, il alla tenir garnison à Aire-sur-la-Lys.
Au printemps de 1702, il se rend dans le pays de Clèves à l'armée de Louisduc de Bourgogne. Après l'expédition de Nimègue, l'armée repasse la Meuse et le 3e bataillon de Picardie entre dans la citadelle de Liège qui est bientôt assiégée. Les Français qui n'y étaient qu'en qualité d'alliés et n'eurent par conséquent à jouer qu'un rôle secondaire. Pendant l'assaut où la citadelle fut emportée, le bataillon de Picardie était dans une demi-lune.
En 1705, affecté dans l'armée du maréchal de Villars, Picardie se rend à Thionville. À la fin de l'année, il retourne dans les Pays-Bas pour renforcer l'armée de Villeroy et entre dans Bruxelles menacée par Marlborough. Cette campagne n'offre aucun événement mémorable.
Au mois de mai 1706, Picardie sort de Louvain où il avait passé l'hiver et se trouve à la bataille de Ramillies. Il y occupe l'extrême droite de la première ligne d'infanterie. Le régiment irlandais de Gare, qui était de sa brigade, exposé au feu des batteries ennemies, avait déjà beaucoup souffert lorsqu'il fut assailli de toutes ports. Il allait être écrasé et entraîner Picardie dans sa défaite, lorsqu'il fut dégagé par Royal-Italien. L'armée était déjà dans une déroute complète. La brigade de Picardie se forma en bataillon carré, opéra sa retraite en bon ordre et fit l'arrière-garde de l'armée jusqu'à Menin.
Le régiment fut envoyé à Tournai pour se refaire, et au mois d'août il se rendit à l'armée que l'électeur de Bavière, Maximilien-Emmanuel, et Louis-Josephduc de Vendôme assemblaient à Frelinghien pour couvrir les places qui nous restaient. Il occupait la gauche de l'infanterie et avait son quartier à Valenciennes.
Dans la campagne suivante, il sert sous le duc de Bourgogne à la prise de Gand et de Bruges. Le 11 juillet il est à la bataille d'Audenarde. La brigade de Picardie y eut affaire à un corps suisse qui ne put soutenir son premier choc et abandonna sa position. Elle le poursuivit de haie en haie jusqu'à l'entrée de la plaine qui borde les glacis d’Audenarde. L'ennemi fit alors marcher des troupes par la gauche pour prendre en flanc la brigade, mais le colonel, François Armand de Rohanprince de Montbazon, s'en aperçut, et se mit en bataille dans un terrain coupé où il était soutenu par la Maison du Roi. Dans cette position, Picardie attaque un gros de troupes hessoises et hambourgeoises qui s'avançait sur la gauche. Le feu fut très-vif des deux côtés. Le régiment retourne jusqu'à cinq fois à la charge sans résultat décisif. Cette action particulière ne finit qu'avec le jour après quatre heures d'une lutte opiniâtre, où Picardie ne perd pas un pouce de terrain, quoiqu'il eût eu en tête des troupes sans cesse renouvelées. La nuit venue, il parvint à assurer la retraite de la Maison du Roi, en soutenant encore, malgré ses fatigues et ses pertes, un combat d'une heure, et il quitte le dernier le champ de bataille. Dans ce nouveau désastre de l'armée française, Picardie n'abandonna pas un seul de ses drapeaux et en prit un à l'ennemi. L'armée s'étant retirée derrière l'Escaut, la brigade campa au Saulsoy, quartier du duc de Bourgogne et tint la campagne jusqu'en décembre. Picardie alla passer le reste de l'hiver à Arras.
Au mois de mai 1709, l'armée s'assemble La Bassée sous les ordres de Villars. La brigade de Picardie, avec sept autres brigades, campa près de Denain. Après la chute de la citadelle de Tournai, elle se rapprocha de Mons que les ennemis menaçaient, mais débordée par les alliés, l'armée française fut bientôt obligée de se retirer. Le 10 septembre, elle marche sur quatre colonnes dans une petite plaine resserrée par la rivière d'Hogneau et arrivait à dix heures du matin au défilé de Malplaquet, où elle se heurta contre l'armée ennemie. La brigade de Picardie eut d'abord quelques avantages, mais les Gardes françaises ayant été culbutés, on ne songea plus qu'à la retraite. Elle se fit en bon ordre.
Le régiment fut envoyé à Amiens où il eut ses quartiers jusqu'à la campagne de 1711 qui n'offrit aucun fait saillant. Un détachement du corps prit part, le 31 août, à l'attaque du poste d'Hordain, près Bouchain, où quatre bataillons
ennemis furent passés au fil de l'épée. Après la campagne le régiment se retira à Abbeville.
L'année 1712 voit revenir la fortune sous les drapeaux de la France. La bataille de Denain eut lieu le 24 juillet, mais Picardie n'y était pas. Villars, qui avait voulu masquer ses desseins, l'avait envoyé avec d'autres corps faire une fausse marche sur Landrecies. Le 1er bataillon ouvrit, le 15 août, la tranchée, au fort de Scarpe de Douai, et fut relevé par les autres. Le régiment fit encore les sièges du Quesnoy et de Bouchain et prit ses quartiers d'hiver à Saint-Omer.
En 1719, durant la guerre de la Quadruple-Alliance, le corps contribua à la prise de Castelléon et du fort de Béhobie, et fit le siège de Saint-Sébastien. Il y ouvrit la tranchée, le 19 juin, au pied même des glacis. Au point du jour, les assiégés firent un feu terrible de toute leur artillerie. Après la capitulation de la place, qui eut lieu le 1er août, Picardie participa encore à la prise du château d'Urgell
Le 18 octobre 1733 le régiment se met en marche par Briançon et la vallée de Barcelonnette, franchit les montagnes et arrive le 25 à Vigevano où il rallie l'armée franco-sarde[50].
Quelques jours après il est devant Pizzighetone ou il relève à la tranchée les Gardes Piémontaises et se rend ensuite au siège du château de Milan. Le maréchal Visconti(it), qui y commandait, fit battre la chamade sous les drapeaux de Picardie, qui prit possession de la forteresse le 30 décembre[51].
Par l'ordonnance du revue par l'ordonnance du 10 février 1734, la composition du régiment est la suivante[52] :
un colonel, un lieutenant colonel, un major, quatre aides-major, 66 capitaines, 68 lieutenants, 66 lieutenants en second ;
quatre bataillons à 17 compagnies et à 685 soldats, soit 2 740 hommes dans le régiment, compris 126 sergents et 68 tambours, avec 12 drapeaux à 3 par bataillon et une prévôté.
En 1734, après avoir passé la mauvaise saison à Crémone, Picardie arrive sur l'Oglio. Les Impériaux ayant réussi à franchir le Pô, s'étaient emparés de Guastalla et de La Mirandole et faisaient mine de vouloir assiéger Parme. Pendant ce temps la brigade de Picardie et celle de Dauphin sous le commandement du marquis de Maillebois, gardaient les ponts établis au village de Sacca(it). Le 25 mai, les Autrichiens détachent 200 dragons pour s'emparer du château de Colorno. Maillebois y court avec les grenadiers de ses brigades et les met en déroute. Le 31 mai, le château est attaqué par 36 compagnies de grenadiers impériaux. Deux compagnies de grenadiers de Picardie, présentant un effectif de 100 hommes, chargées de la défense du côté des jardins, y firent une résistance admirable. Picardie capitula et les 80 hommes, la plupart blessés, défilèrent devant 1 800 grenadiers qu'il avait arrêtés pendant tout un jour.
Le 29 juin à la bataille de Parme, Picardie avait son poste de combat à La Croisette (Crocetta). Attaqué trois fois par l'armée impériale, il résiste à tous ses efforts et lui tue beaucoup de monde, entre autres le général Mercy. L'ennemi reparaît avec une colonne de troupes fraîches et tente un nouvel effort sur le régiment. Les 2e et 3e bataillons vivement pressés s'ouvrent à droite et à gauche pour prendre cette colonne en flanc au moment où elle passera la chaussée sur laquelle elle est engagée. Mais les Impériaux se précipitent avec tant d'impétuosité que la brigade est rompue, à l'exception du 1er bataillon qui fit une résistance opiniâtre et fut presque entièrement détruit. Il restait à peine 100 hommes autour des drapeaux, le canon avait emporté le reste. Mais cette fermeté et l'arrivée successive de quelques autres brigades avaient mis de l'hésitation dans les mouvements de l'ennemi. Le feu recommence de part et d'autre avec une nouvelle vivacité et à la nuit les Autrichiens se retirent en désordre.
Le 17 septembre, le régiment de Picardie se trouve à la bataille de Guastalla où il occupe la droite. Tous les efforts de l'ennemi furent dirigés sur l'aile gauche où étaient les troupes du roi de SardaigneCharles-Emmanuel III. La brigade de Picardie[53] fut envoyée à leur secours et arriva fort à propos avec le régiment du Roi pour soutenir les escadrons sardes qui allaient être écrasés. Elle fut placée dans des broussailles à droite de l'infanterie piémontaise et y fit des merveilles, en essuyant avec fermeté tout le feu des Allemands qu'elle prit en flanc, pendant que les dragons combattant à pied les attaquaient avec le même succès à la gauche. L'infanterie de l'empereur fut entièrement défaite et laissa sur le champ de bataille 2 000 morts et 7 000 blessés. Le 3e bataillon de Picardie fut très maltraité à cette affaire. Sa compagnie de grenadiers fut anéantie plus de 500 sous-officiers et soldats couvraient de leurs cadavres le champ de bataille. À la fin de la campagne, Picardie pris ses quartiers à Modène, d'où il fit quelques expéditions contre un corps autrichien qui avait repassé le Pô.
Au mois de mai 1736, Picardie arrive à Milan qu'il quitte en septembre pour se rendre à Nîmes et Montpellier.
D'après l'Ordonnance du Roi du 8 janvier 1737, la composition du régiment était la suivante[54] :
un colonel, un major, trois aides-major, 49 capitaines (dont 2 commandants de bataillon et 3 capitaines de grenadiers), 51 lieutenants (dont 3 lieutenants de grenadiers, 3 sous-lieutenants de grenadiers), 9 lieutenants en second et de 2 Enseignes.
trois bataillons de 510 soldats, soit 1 530 soldats.
Au printemps 1742 il passe le Rhin au Fort-Louis en formant la tête de colonne des troupes françaises qui entrèrent en Bavière sous les ordres du duc d'Harcourt[55]. Le 26 mars il disperse 700 pandours et hussardshongrois et leur tue une soixantaine d'hommes. En arrivant à Donauworth, le 1er avril, les trois compagnies de grenadiers sont envoyées en reconnaissance vers le château d'Ebelsberg. À leur approche tous les postes ennemis sont repliés et rentrent dans le château. Le 2e bataillon, est détaché au château d'Aw pour protéger l'arrivée des fourrages qu'on tirait des montagnes voisines. Il est bientôt bloqué et sommé de se rendre par des forces supérieures aux siennes, mais il tient ferme jusqu'à l'arrivée d'une compagnie de grenadiers qui profitant habilement des accidents du terrain, réussit à maintenir en respect les pandours et dégage le 2e bataillon. Bientôt le comte de Saxe vient prendre le commandement de l'armée au camp de Denkendorf et met le régiment en quartiers à Frontenhausen.
Pendant cet hiver, le capitaine de grenadiersde Grassin commence à fonder sa réputation comme chef de partisans, en faisant la petite guerre avec beaucoup de succès pour faciliter l'arrivée des vivres.
Au mois de mai 1743, un corps de 9 000 Autrichiens, commandé par Leopold Joseph von Daun, investit Dunkelfingen que Louis-François de Bourbonprince de Conti venait de mettre en état de défense. Picardie faisait partie d'une petite division aux ordres du lieutenant-général Nicolas Léon Phelippes de La Houssaye qui occupait les montagnes dont la place est entourée. À l'approche de l'ennemi, Phelippes, laissant dans Dunkelfingen deux piquets de chaque bataillon de son corps et sept compagnies de grenadiers, repasse l'Isar le 16 au soir et prend poste au-delà avec le reste de ses troupes, pour protéger la retraite de la garnison, dans le cas où elle serait forcée. Dès le lendemain, à huit heures du matin, Daun ouvre le feu de ses batteries et somme le commandant de se rendre. Sur son refus, il fait tirer à boulets rouges et bientôt l'hôpital et les retranchements sont la proie des flammes. La garnison doit songer à la retraite.
Les compagnies de grenadiers de Picardie forment l'arrière-garde et sont souvent aux prises avec l'ennemi, qui pénètre au même moment dans la ville. Dans le dessein d'arrêter sa poursuite, on brûle le pont de bois sur l'Isar, mais on ne peut réussir à détruire par le même moyen le pont de radeaux. Les grenadiers de Picardie mettent alors leurs fusils en bandoulière et de rompent le pont à coups de haches et de sabres, malgré le feu de l'ennemi en bataille sur la rive et sauvant ainsi la garnison. Peu de temps après, l'armée rentra en France et Picardie fut établi à Strasbourg, mais le prince Charles faisant mine de vouloir passer le Rhin, il fut envoyé au camp de Brisach, et de là à Colmar où il leva un 4e bataillon[56].
En 1744, le régiment fait partie de l'armée du Rhin, commandée par le maréchal de Coigny. Le 23 août, les Impériaux sont attaqués à Augenheim. Les grenadiers de Picardie sautent l'épée à la main dans les retranchements de Suffelsheim et d'Hangermheim, franchissent les redoutes et culbutent tout ce qui s'oppose à eux. Le régiment est ensuite au siège de Fribourg[57].
En 1745, Picardie joint le maréchal de Maillebois sur le Mein. Le 14 mars, un bataillon est détaché avec le régiment de Cambrésis pour s'emparer du poste de Kronembourg. Après une canonnade de trois quarts d'heure, la garnison se rend prisonnière. Au mois de juin, Picardie passe à l'armée de Flandre, et le 30, il ouvre la tranchée devant Audenarde. Le roi y fait son entrée le 25 juillet : Picardie bordait la haie. Il ouvre ensuite la tranchée, le 11 août, devant Termonde qui se rend le soir même par un singulier incident. L'officier qui commandait dans la redoute du côté de la chaussée de Malines, se voyant serré de très-près et craignant d'être emporté de vive force, engage quelques-uns de ses soldats à parler à ceux de Picardie et leur fait proposer de venir boire de l'eau-de-vie. Quelques grenadiers, autorisés par leurs officiers, sont introduits dans la redoute et bien reçus, d'autres les suivent. Le gouverneur de Termonde, apprenant que les Français sont dans la redoute, la croit prise, perd la tête et se rend immédiatement. Après la prise d'Ath, où il ouvrit encore la tranchée le 3 octobre, le régiment est envoyé à Verdun où il passa l'hiver[58].
D'après une ordonnance de 1746, le régiment de Picardie est porté à 5 bataillons.
Au printemps de 1746 il se rend à Valenciennes. Le 3 mai il est au camp devant Bruxelles, d'où il est envoyé à Lierre que les ennemis venaient d'évacuer. Il prend part à quelques petits combats qui occupèrent les armées pendant l'été, entre autres, à celui du 26 juillet, où deux compagnies de grenadiers, faisant partie de l'escorte d'un convoi confié à Pierre Gaspard de Clermont-Gallerande, soutinrent l'attaque des régiments de dragons de Ligne et de Styrum, deux bataillons de Croates et 2 000 hussards. Ces troupes furent repoussées grâce à la valeur des grenadiers de Picardie. Le 7 septembre, le régiment est au siège de Namur, et le 10 octobre il combat à Rocoux, près de Liège. Placé à la droite, il chasse les pandours des haies du faubourg Sainte-Walburge, où ils étaient embusqués, et, soutenu par une autre brigade, il ouvre un feu terrible qui oblige à la retraite l'infanterie ennemie à laquelle il prend six canons. La cavalerie hollandaise veut rétablir le combat, mais elle n'est pas plus heureuse que l'infanterie. Picardie perdit cent hommes à Rocoux et eut ses quartiers à Namur où il leve un 5e bataillon[59].
En 1747, le régiment assista à la bataille de Lawfeld, sans y prendre beaucoup de part. Picardie pris cette année ses quartiers à Louvain[60].
D'après l'ordonnance du , le régiment de Picardie est réduit à 4 bataillons : « les sergents et fusiliers des 16 compagnies à réformer seront distribués et incorporés dans les 64 compagnies de fusiliers qui seront conservées par l'ancienneté des capitaines qui les commandent, après avoir complété la compagnie de grenadiers du cinquième bataillon ».
Quatre bataillons de fusiliers à 16 compagnies de 40 hommes par compagnie
En 1755, tout le régiment est réuni à Metz. Il quitte cette ville pour se rendre à Valenciennes, où il célèbre, avec
une galanterie raffinée, le mariage de son colonel, le marquis de Bréhant, par un bal et un souper auxquels toute la ville est invitée.
En 1756, il fait partie du camp de Dunkerque, d'où il se rend à Saint-Omer. C'est dans cette ville qu'il reçut l'ordre de faire ses équipages. La guerre de Sept Ans était commencée.
Guerre de Sept Ans
Picardie part de Saint-Omer au mois de mars 1757, il traverse la Flandre et le Brabant et joint à Genappe l'armée du maréchal d'Estrées.
Le 26 juillet c'est la bataille de Hastenbeck est livrée et l'ennemi ne pouvait être attaqué que par son flanc gauche sur un front de 400 mètres et après avoir tourné les sommités des montagnes qu'il occupait. Le maréchal charge le général Chevert de cette attaque. Parti, le 24 à minuit, avec les brigades de Picardie, de Navarre et de La Marine, et suivi à quelque distance par la brigade d'Eu, Chevert tourne la montagne de Nimerim et passe la nuit en bataille au bord d'un bois qui le séparait de l'ennemi. Au point du jour, après une vive canonnade où l'artillerie française a une supériorité marquée, le général donne l'ordre de pénétrer dans ce bois et saisissant la main du marquis de Bréhant, il lui dit : « Jurez-moi, foi de chevalier, que vous et votre régiment vous vous ferez tuer tous jusqu'au dernier plutôt que de reculer. » Après cette allocution les soldats du régiment disparaissent dans le fourré, les grenadiers et les volontaires sur les flancs, le reste de la brigade en colonne par bataillons. Les autres brigades suivent. Une compagnie s'égare et se trouve tout à coup, seule, face à face avec l'ennemi. Elle est écrasé, mais elle couvre le flanc droit du régiment qui peut continuer sa marche sans obstacle, et arrive aux formidables retranchements de l'ennemi. Picardie s'élance sur les barricades avec résolution, et après un combat acharné met ses adversaires en fuite. Ce succès de Picardie décide du gain de la bataille qui laisse trois cents hommes sur le champ de bataille.
La victoire d'Hastenbeck ouvrait à l'armée le chemin du Hanovre. Picardie pris ses quartiers d'hiver à Brunswick. Après la défaite de l'armée de SoubiseRossbach, le régiment fut envoyé avec une partie de l'armée de Hanovre pour protéger la retraite des troupes battues puis rentra ensuite à Brunswick[62].
En 1759, il passe dans la Hesse et assiste le 1er août à la bataille de Minden. Il était à la droite et ne donna pas, mais il n'en souffrit pas moins du feu de l'ennemi. Le 7 du même mois, au combat d'Einbeck, un bataillon était dans la ville et les autres en bataille à une certaine distance. Celui qui gardait Einbeck, attaqué par le Prince héréditaire, fit un feu terrible et voyant toute l'armée en retraite, sortit en bon ordre d'Einbeck, incendia les portes pour retarder l'ennemi et rejoignit le régiment qui l'attendait. Picardie se retira alors sur une hauteur voisine, d'où, avec ses pièces de bataillon, il ouvrit une canonnade bien dirigée qui força le Prince héréditaire à lui laisser effectuer sa retraite sans l'inquiéter davantage. Il eut cependant encore un choc à soutenir au passage des gorges de Minden ; mais sa bonne contenance en imposa encore à l'ennemi. Il acheva la campagne dans le Westerwald aux ordres du marquis de Voyer qui devait secourir Dillenbourg et Herborn menacés par les Allemands. Mais ce général arriva trop tard : les places s'étaient déjà rendues. Il fit attaquer la dernière par un piquet de Picardie qui y fut écrasé[64].
Cependant le régiment parvint à reprendre Herborn le 4 janvier 1760. Après cette affaire il établit ses quartiers d'hiver à Cologne puis se trouva durant cette année, à la bataille de Corbach et à la défense de Gottingen[65].
Le 10 février 1761, Picardie sortit d'Eschwege sur la Werra, où il avait hiverné avec les Grenadiers de France, et fut attaqué le 12, près du village d'Eyreden, par le général von Spörcken(de) qui commandait des forces de beaucoup supérieures. Nos deux braves régiments soutinrent sans s'ébranler une canonnade fort vive depuis dix heures du matin jusqu'à trois heures de l'après-midi. Enfin, les ennemis ayant beaucoup souffert du feu de l'artillerie française, prirent le parti de la retraite.Après diverses expéditions peu importantes, Picardie retourna à Eschwege[66].
La campagne de 1762 fut un peu plus fertile en événements. Le 24 juin, le camp français fut attaqué parle Prince héréditaire. Le capitaine Barquier du régiment de Picardie, de garde au trésor de l'armée à Grebenstein, ordonne de charger les caisses à la première alerte : les hussards prussiens arrivent et se précipitent sur le trésor. Barquier et ses hommes font feu sur eux et leur tue plusieurs hommes : la cupidité, cependant, l'emporte chez ces pillards sur le sentiment du danger; au lieu de se défendre, ils s'acharnent à coups de sabre sur les caisses pour les briser. Barquier les fait alors charger à la baïonnette et les extermine. Le trésor arriva intact à Cassel.
Attaqué par 5 000 hommes aux ordres de Nicolas Luckner, il se retire dans le cimetière et y tient ferme pendant cinq heures, malgré le feu de cinq pièces de canon et tous les efforts de cette petite armée. Il ne se rendit que lorsqu'il eut épuisé toutes ses munitions.
À la fin de septembre Picardie est à l'attaque du château d'Amenebourg. Posté dans un moulin près du pont de la Lohn[67], il se laissa écraser par le feu des batteries ennemies plutôt que de rendre son poste, et tint ferme jusqu'à la nuit sans vouloir être relevé. Dès qu'il fit sombre, cinquante volontaires, montent à la brèche et pénètre jusque dans la première cour du château : mais il ne trouve point d'issue et se voit obligé de battre en retraite après avoir perdu la moitié de son monde. On allait recommencer une nouvelle tentative avec des forces plus considérables, quand la garnison, au nombre de 553 hommes et 11 officiers, met bas les armes[68].
Période de paix
Lors de la réorganisation des corps d'infanterie français de 1762, le régiment conserve ses quatre bataillons. L'ordonnance arrête également l'habillement et l'équipement du régiment comme suit[69] : Habit, veste, parements, revers et collet de drap blanc piqué de bleu, culotte de tricot de même couleur; doubles poches en long garnies de neuf boutons chacune, en patte d'oie, quatre sur la manche, cinq à chaque revers et quatre en dessous : les boutons jaunes, collés et mastiqués sur buis, forme plate, avec le no 1. Chapeau bordé d'or.
En mars 1763, il arrive à Strasbourg où il reste en garnison jusqu'en octobre 1765 ou il prend ses quartiers à Douai qu'il quitte au mois d'août 1767 pour Valenciennes. Après avoir pris part aux manœuvres du camp de Verberie en juillet 1769, il se rend à Besançon. Il passe ensuite à Landau en novembre 1770, revient à Besançon en septembre 1772, et part pour Toulon en octobre 1773.
Corse
Les derniers mouvements de la Corse avaient engagé le gouvernement à envoyer dans cette île quelques-uns des vieux régiments pour en imposer davantage aux partisans de Paoli. Picardie s'embarque donc pour la Corse à la fin de décembre 1774.
le deuxième régiment est composé des 1er et 3e bataillons, qui prend le titre de régiment de Provence jusqu'en 1780, où il reprend le nom de régiment de Picardie.
Régiment de Provence (1776-1780)
Ce régiment est donc formé par ordre du avec les 1er et 3e bataillons de l'ancien régiment de Picardie, sous le titre de régiment de Provence.
Ses drapeaux ne différèrent de ceux du régiment dont il était le dédoublement, que par une barre blanche traversant diagonalement chaque carré rouge cramoisi, de manière à former une croix de Bourgogne dont la largeur n'était que la moitié de celle de la croix principale.
Provence prit le collet rouge et les boutons blancs pour se distinguer du précédent, dont le costume était alors entièrement blanc avec les boutons jaunes, conformément au règlement de 1779.
Régiment de Provence de 1776 à 1779
Régiment de Provence de 1779 à 1780
Période de paix
Le nouveau régiment quitta la Corse, où il avait été formé, en août 1777 pour venir tenir garnison à Nîmes.
En décembre 1778 il est envoyé à Saint-Omer, et en juillet 1779 à Arras et Béthune.
C'est à Béthune qu'il reprend, par ordre du , le titre de régiment de Picardie, lorsque le corps qui portait ce nom reçut le titre de régiment Colonel-Général.
L'année suivante il quitte cette ville pour aller à Belfort où il arrive fin de mai, pour y tenir garnison. C'est dans cette ville qu le le colonel Bernard de Faudoas cède le régiment à Charles Léon de Chavigny marquis de Bouthillier[70].
Le il arrive au Havre. Dans le terrible incendie des 4 et 5 janvier 1786 qui menaça d'une ruine complète la ville et le port du Havre, Picardie fut admirable de dévouement et de générosité. Il accepta une gratification que la ville lui offrit, mais il en disposa immédiatement en faveur des victimes de l'incendie. Son séjour au Havre se prolongea jusqu'en mars 1788 ou il est envoyé à Metz où il était encore en 1789.
2e régiment d'infanterie de ligne ci-devant Picardie (1791-1794)
L'ordonnance du 1er janvier 1791 fait disparaître les diverses dénominations, et les corps d'infanterie ne sont désormais plus désignés que par le numéro du rang qu'ils occupaient entre eux. Ainsi, 101 régiments sont renommés et le régiment de Picardie devient le 2e régiment d'infanterie de ligne. Les régiments sont toutefois largement désignés avec le terme ci-devant, comme 2e régiment d'infanterie ci-devant Picardie.
Après un court séjour dans cette place il rejoint l'armée et se trouve le 18 mars 1793 à la bataille de Neerwinden. Revenu sur la frontière, il se couvre de gloire le 23 mai à la bataille de Tourcoing. Dans le mois de juin, il est aux affaires de Mouscron, de Linselles et de Lannoy et à la reprise de Tourcoing[71]. Au combat de Linselles, le 18 juin, ce fut le bataillon qui, conduit par Macdonald, emporta à la baïonnette le village de Le Blaton, où il tua aux Anglais un général et deux colonels.
Pendant le reste de cette campagne, le 1er bataillon de Picardie, toujours au feu, prend part le 13 septembre au combat d'Hallwyn, le 21 octobre à celui de Pont-à-Tressin, et du 21 au 25 octobre à divers engagements autour de Maubeuge.
Le 2e bataillon, qui avait été laissé en 1792 à Thionville, prend part cette année à la défense de cette ville contre les Prussiens. Commandé par le Charles Oudinot, le bataillon sert à l'armée du Rhin sous le général Custine, et se couvre de gloire au combat de Morlautern, durant la bataille de Kaiserslautern où, entouré par 10 000 hommes, il soutient seul leurs attaques depuis quatre heures du matin jusqu'au soir. En vain les Prussiens le font-ils charger par toute leur cavalerie, Oudinot le forme en carré, oppose au choc des chevaux une muraille inébranlable de baïonnettes et parvient à rejoindre le gros de l'armée. Le lendemain de cette affaire, le glorieux nom d'Oudinot fut donné pour mot de ralliement à l'armée.
Au commencement de 1793, le bataillon passe dans la Vendée. Le 9 juin, lorsque les royalistes, s'emparèrent de Saumur, un détachement du corps s'y défendit seul avec un rare courage. Pressés par les Vendéens qui les sommaient de mettre bas les armes, les soldats de Picardie préférèrent se jeter dans la Loire, où presque tous se noyèrent. Après l'arrivée des troupes mayençaises, le bataillon retourna à l'armée du Rhin et prend une part glorieuse à toutes les affaires qui eurent lieu sur cette frontière.
Le , le bataillon qui faisait partie de la division du général Ambert, cantonnée à Hochspeyer et Fischbach, lorsqu'il se fit attaquée par des forces supérieures et soutint leur choc pendant quatre heures.
Mais il fallut qu'il se replie sur Trippstadt et Pirmasens en faisant l'arrière-garde, et, chargeant plusieurs fois la cavalerie ennemie, qu'il parvint à contenir.
Ainsi disparaît pour toujours le 2e régiment d'infanterie ci-devant Picardie, partageant le sort de tous ces vieux régiments qui depuis deux siècles avaient défendu si intrépidement la patrie contre toutes les coalitions.
Jean-François de Faudoas de Sérillac, comte de Belin était le fils d'Olivier de Faudoas et de Marguerite de Sérillac. Né dans les années 1550 à Sérillac, un village de Doucelles, il épouse en premières noces Françoise de Warty en 1578, puis Renée d'Averton, en 1582, dont il prend le nom et les armes.
Ainsi on le trouve sous les noms de Jean-François d'Averton Belin, François d'Averton Belin et François de Faudoas Belin.
Jean Louppiat de Montcassin de Tajan de Grenet également écrit Jean de Lupiac de Moncassin de Montlezun, sieur de Tajan[1], voir plus simplement Lupiac-Moncassin, né en 1546 est le fils de Bernard de Montlezun, seigneur de Moncassin et seigneur de Lupiac et de Hélène de Nogaret dame de La Valette.
Jean de Montcassin était un cousin de Jean-Louis de Nogaret de La Valetteduc d'Épernon, par sa mère qui en était sa tante[73].
Marié le 12 juin 1576 à Jeanne de Lary, il a 5 enfants et décède en 1617.
Antoine de Montcassin
Antoine Louppiat de Montcassin de Tajan des Houlières également appelé Philippe Antoine Le Houlier est le frère de Jean de Montcassin[74].
Selon Jacques Auguste de ThouLe Houlier, frère de Montcassin, se nomme Philippe Antoine. Toutefois la généalogie des familles Caumont-Lupiac-Montlezun-Montcassin, dressée sur des titres originaux, n'est pas assez détaillée pour faire connaitre de colonel, mestre de camp du régiment de Picardie. Ces pièces permettent seulement de trouver que Jean de Lupiac, mineur de vingt ans, se qualifiant seigneur de Montcassin ayant été blessé au siège de Clairac, fit un testament le 17 mars 1574 à Aiguillon par lequel il nomme pour héritier Jean de Lupiac son frère ainé en faisant un legs à Antoine, son autre frère. Cet Antoine doit être celui que Jacques Auguste de Thou nomme Philippe Antoine et le Montcassin du duc d'Angoulêmedoit être l'héritier qu'Henri III nomma le 23 novembre 1585 lieutenant général de Metz et du pays Messin et qu'il fait chevalier de l'ordre et conseiller d'état le 16 mars 1586[74].
Venant de Tours, alors qu'il commandait le régiment de Picardie, Antoine Le Houlier est tué le 20 où le qu'un coup d'arquebuse à la tête, quand Henri III et Henri de Navarre forcent le passage à Jargeau afin d'emprunter le pont sur la Loire vers Paris[75],[23].
Gilles de Faverolles
Gilles de Faverolles est né en 1565, de Gilles seigneur de Faverolles, écuyer, lieutenant de la vénerie du Roi, gouverneur d'Amboise et de Louyse Berard, dame de Bléré. Il meurt, à 24 ans, au siège de Pontoise en 1590.
Marié à Péronne de Kairvel, fille de Charles de Kairvel, seigneur de Méré, et de Guyonne de Crèvecoeur, avec laquelle il a, au moins, trois enfants[24] :
Joseph de Faverolles, seigneur de Bléré, marié à Claude de Rigné fille de Jacques de Rigné, écuyer, seigneur de la Guérinière et de Esther Forget
Jean II de Gontaut-Biron est le fils du maréchal de FranceArmand de Gontaut-Biron et de Jeanne, dame d'Ornezan et de Saint-Blancard, fille et héritière de Bernard, seigneur d'Ornezan, lieutenant-général des galères du roi, et de Jeanne de Comminges qui avait été une des dames qui avaient accompagné Élisabeth d'Autriche, femme de Charles IX, à son entrée dans Paris[77].
Il se marie à Belvès le 15 juillet 1594, en premières noces, avec Jacqueline de Gontaut-de-Saint-Geniès dame de Badefols, fille de Hélie de Gontaut-de-Saint-Geniès (vers 1564- vers 1598) seigneur, baron de Saint-Geniès et de Badefols, sénéchal du Béarn et vice-Roi et de Jacqueline de Béthune fille de François de Béthune. Elle décède en 1616-1617.
Le 3 septembre 1617, il épouse en secondes noces Marthe Françoise de Noailles, née en 1593, fille de Henri de Noailles, comte d'Ayen (1554-1623), conseiller d'État, lieutenant général du Haut pays d'Auvergne, gouverneur d'Auvergne et de Jeanne Germaine d'Espagne-Montespan[78].
Pierre, marquis de Bréauté, seigneur de Néville, avait épousé Marie de Fiesque, la sœur de Charles de Fiesque, et étaient les enfants de François de Fiesque, comte de Lavagne et de Bressuire tué au siège de Montauban à la tête de son régiment en 1621, et d'Anne le Veneur, dame d'atours de Madame, duchesse d'Orléans, et gouvernante de Mademoiselle; elle était la fille de Jacques le Veneur, comte de Tillières, chevalier des Ordres du Roi. Pierre, marquis de Bréauté a été tué au siège d'Arras le [36].
François de Brichanteau
François de Brichanteau, marquis de Nangis, né le 4 octobre 1618, est le 4e enfant de Nicolas de Brichanteau et Françoise Aimée de Rochefort dame de La Croisette.
Mestre de camp du régiment de Picardie en 1640, il est maréchal des camps et Armées du Roi en 1643, devient conseiller ordinaire du Roi en Ses Conseils d’État et Privé et des Finances en 1644.
Le il épouse Marie de Bailleul, née en 1626, fille de Nicolas III, seigneur de Vattelot et d'Elisabeth-Marie Mallier. Elle décède le 29 avril 1712.
Il meurt, sans postérité, le d'un coup de mousquet au siège de Gravelines.
Son père lui donna en 1652. les terres de Nangis, Fontains, Bailly, La Chapelle-Rablais, Clos-Fontaine, Vienne, Montramble, Corroy, Marchais, Malnouë, les Clos au bailliage de Melun, Brichanteau situé en la coutume de Chartres, Lizines et Sognolles au bailliage de Provins, Mareuil en Berry, Meillant, Charenton, le Pondix et Mareuil en Bourbonnois, avec des droits sur la baronnie de Linières[85]. Il était qualifié marquis de Nangis à l'âge de vingt ans, lorsqu'il accepta cette donation le 19 septembre 1652.
II est fait mestre de camp du régiment de Picardie après Charles de la Vieuville, par commission du 2 octobre 1673 et gouverneur des ville & château de Ham, par provisions du 22 janvier 1656. Il commanda le régiment de Picardie pendant six ans et était lieutenant général des armées du roi, lorsqu'il fut blessé d'un coup de mousquet à la tête au siège de Bergues-Saint-Vinox le et mourut de cette blessure à Calais le 15 juillet suivant. Son corps tut apporté à Nangis, et enterré le 1er août de la même année dans la chapelle des seigneurs de ce lieu[86].
Henri Robert Eschallard
Henri Robert Eschallard, marquis de La Boulaye, comte de Braine, dit le comte de la Marck est le fils de Maximilien Eschallard, marquis de la Boulaye, et Louise de la Marck, fille et héritière de Henri Robert de la Marck, duc de Bouillon, colonel des Cent-Suisses de la Garde du Roi, et de Marguerite d'Autun[87], Colonel du régiment de Picardie, maréchal-des-Camps et Armées du Roi, il substitue ses nom et armes par celui de la Marck, par le Duc de Bouillon, son aïeul maternel.
Il épousa, le 24 juin 1657, Jeanne de Saveuse, fille et héritière de Henri de Saveuse, Seigneur de Boucquinville, et de Madeleine Viole, dont il eut deux filles,
Louise Madeleine Eschallard, duchesse de Duras, mère de Jeanne Henriette Durfort-Duras, princesse de Lambesc de Lorraine-Brionne
Il avait épousé à Paris le , avec dispense du Saint-Siège, sa cousine germaine Isabelle Alexandrine Eugénie de Nédonchel, qui décèdera le avec laquelle il eut 2 enfants :
Henri Bernard de Faudoas né le à Nogaro[98], marié le à l'église Saint-Seurin de Bordeaux à Françoise Godet, fille de Hubert Godet du Brois et dame Charlotte Françoise Chevalier[94].
↑Belhomme : Histoire de l'infanterie en France Tome 1 page 241
↑Une « bande » est formée de 500 hommes vers 1400, 300 à 400 hommes vers 1470, 500 à 600 hommes vers 1510.... Une « enseigne », qui correspondait à nos bataillons ou compagnies actuels était composée, à cette époque, de 200 hommes et formait une des subdivision de la « bande »
↑Le corselet était une arme défensive qui quelque temps a fait partie de l'armement d'uniforme, et qui était à l'épreuve des balles.
↑Picardie avait à cette époque 13 drapeaux comme tous les Vieux Corps. Le drapeau colonel était entièrement blanc. Les drapeaux d'ordonnance étaient rouges avec la croix blanche. C'était la vieille enseigne des bandes d'en deçà les monts.
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Kansas Speedway. Kansas Speedway merupakan sebuah sirkuit yang terletak di Kota Kansas, Kansas. Sirkuit ini memiliki panjang 2,4 km. Balapan yang digelar di sirkuit ini antara lain NASCAR dan Indy Racing League. Sirkuit ini pertama kali di buka di 2 Juni 2001. Balapan yang digelar di Kansas Speedway NASCAR Sprint Cup Series - Price Chopper 400 NASCAR Nationwide Series - Kansas Lottery 300 NASCAR Camping World Truck Series - O'Reilly Auto Parts 250 Indy Racing League- IZOD IndyCar Series ...
BaiturrahmanKecamatanNegara IndonesiaProvinsiAcehKotaBanda AcehPemerintahan • CamatRia Jelmanita SSosPopulasi • Total- jiwaKode Kemendagri11.71.01 Kode BPS1171020 Desa/kelurahan10 gampong Perumahan perwira KNIL di Neusu (foto diambil antara tahun 1880 dan 1920) Baiturrahman adalah sebuah kecamatan di Kota Banda Aceh, Provinsi Aceh, Indonesia. Pembagian administratif Gampong di Kecamatan Baiturrahman adalah: Ateuk Dayah Tanoh Ateuk Jawo Ateuk Munjeng Ateuk Pahlawan...
Place in Gauteng, South Africa Place in Gauteng, South AfricaSpringsDowntown Springs SkylineSpringsShow map of GautengSpringsShow map of South AfricaCoordinates: 26°15′17″S 28°26′34″E / 26.25472°S 28.44278°E / -26.25472; 28.44278CountrySouth AfricaProvinceGautengMunicipalityEkurhuleniEstablished1904Area[1] • Total183.50 km2 (70.85 sq mi)Elevation1,627 m (5,338 ft)Population (2011)[1] • To...
Bay of the Mediterranean Sea in southern Turkey This article is about a beach in Mersin Province. For the village in Amasya Province, see Eğribük, Suluova. Seen from the northwest The beach Eğribük (also known as Barbaros bay or Tahta Liman) is a small Mediterranean bay with ruins in the beach, in south Turkey. Eğribük is in the Silifke ilçe (district) of Mersin Province at 36°16′10″N 33°48′29″E / 36.26944°N 33.80806°E / 36.26944; 33.80806 It is at t...
Disambiguazione – Se stai cercando l'omonimo vino, vedi Bagnoli di Sopra (vino). Disambiguazione – Se stai cercando la frazione di Montemurlo in provincia di Prato, vedi Bagnolo di Sopra. Bagnoli di Sopracomune Bagnoli di Sopra – VedutaMunicipio LocalizzazioneStato Italia Regione Veneto Provincia Padova AmministrazioneSindacoRoberto Milan (lista civica) dal 26-5-2014 (2º mandato dal 27-5-2019) TerritorioCoordinate45°11′N 11°53′E / ...
1937 police shooting in Chicago, Illinois, US This article is about the Memorial Day Massacre. For the basketball game, see 1985 NBA Finals. This article includes a list of general references, but it lacks sufficient corresponding inline citations. Please help to improve this article by introducing more precise citations. (May 2019) (Learn how and when to remove this message) Memorial Day massacre of 1937Part of Little Steel strikeThe Chicago Memorial Day Incident, photograph from the papers ...
Sophia Charlotte von Kielmansegg Sophia Charlotte von Kielmansegg, contessa di Darlington e contessa di Leinster (Osnabrück, 10 aprile 1675 – Londra, 20 aprile 1725), è stata una nobildonna tedesca. Indice 1 Biografia 2 Matrimonio 2.1 Alla corte britannica 3 Morte 4 Ascendenza 5 Bibliografia 6 Altri progetti Biografia Nata baronessa von Platen und Hallermund, era la figlia di Clara Elisabeth von Meysenburg, baronessa von Platen und Hallermund, e di Ernesto Augusto, elettore di Hannover. I...
Generale di brigata aerea Insegna di grado Aeronautica Militare Istituzione 1923 Esercito Italiano Generale di brigata Marina Militare Contrammiraglio Carabinieri Generale di brigata Grado inferiore:Grado superiore: colonnello Generale di divisione aerea Codice NATO OF-6 Il generale di brigata aerea è il primo, in ordine gerarchico crescente, tra i gradi degli ufficiali generali dell'Aeronautica Militare Italiana. Gerarchicamente, il grado è superiore a quello di colonnello e subalterno a ...
فونتين إن ليكس الإحداثيات 38°58′03″N 90°50′59″W / 38.9675°N 90.8497°W / 38.9675; -90.8497 [1] تقسيم إداري البلد الولايات المتحدة[2] التقسيم الأعلى مقاطعة لينكولن خصائص جغرافية المساحة 0.369185 كيلومتر مربع (1 أبريل 2010) ارتفاع 185 متر عدد السكان عدد ا�...
British biologist (born 1965) Edward C. HolmesFRS FAAHolmes in 2017Born (1965-02-26) 26 February 1965 (age 59)[2]Alma materUniversity of London (BSc)University of Cambridge (PhD)Known forMolecular Evolution: A Phylogenetic Approach[5]Awards Royal Society University Research Fellowship (1994–1999)[1] Scientific Medal, Zoological Society of London (2003)[1][2] Australian Laureate Fellowship (2017)[3] Scientific careerFieldsVir...
五月二日起义半岛战争的一部分《1808年5月2日的起义》(西班牙语:El dos de mayo de 1808 en Madrid)1814年弗朗西斯科·戈雅作品日期1808年5月2日地点西班牙马德里40°25′N 3°42′W / 40.417°N 3.700°W / 40.417; -3.700结果 起义失败半岛战争爆发参战方 法兰西第一帝国 西班牙王国指挥官与领导者 若阿尚·缪拉 佩德罗·韦拉德(英语:Pedro Velarde y Santillán) † 路易·�...
Hospital in Pennsylvania, United StatesDanville State HospitalPennsylvania Department of Human ServicesState hospital, Danville, Pennsylvania, between 1930 and 1945GeographyLocationDanville, Pennsylvania, United StatesCoordinates40°56′56″N 76°35′46″W / 40.949°N 76.596°W / 40.949; -76.596OrganizationFundingStateTypePsychiatricLinksWebsiteDanville State HospitalListsHospitals in PennsylvaniaDanville State HospitalGeneral informationConstruction startedApril 1...
German poet, playwright, and theatre director (1898–1956) Brecht redirects here. For other uses, see Brecht (disambiguation). Bertolt BrechtBrecht in 1954BornEugen Berthold Friedrich Brecht(1898-02-10)10 February 1898Augsburg, Bavaria, German EmpireDied14 August 1956(1956-08-14) (aged 58)East Berlin, East GermanyOccupationPlaywrighttheatre directorpoetGenreEpic theatrenon-Aristotelian dramaLiterary movementNon-Aristotelian dramaNotable works The Threepenny Opera Life of Galileo Mother ...
Rhodesian assassination plan against Robert Mugabe Operation HecticPart of the Rhodesian Bush WarTypeCoup d'état/Decapitation strikeCommanded by Rhodesian SASTarget Robert MugabeDate14 February 1980 (1980-02-14)OutcomeCancelled Operation Hectic was a planned operation to be conducted by the Rhodesian Security Forces. The plan was designed as an underpinning operation to Operation Quartz. The plan was intended to be used to assassinate Robert Mugabe and other high ranking ...
German self-propelled howitzer Wespe Wespe at the Deutsches Panzermuseum in Munster, GermanyTypeSelf-propelled artilleryPlace of originNazi GermanyService historyIn service1943–1945Used byNazi GermanyWarsWorld War IIProduction historyDesignerAlkettDesigned1942ManufacturerFamo-UrsusProduced1943 - 1944No. built676Variantsammunition carrierSpecificationsMass11 tonnes (24,250 lb)Length4.81 m (15 ft 9 in)Width2.28 m (7 ft 6 in)Height2.3 ...