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Sous son règne, le Royaume est déchiré par les guerres de Religion, malgré tous les efforts déployés par sa mère Catherine pour les empêcher. Après plusieurs tentatives de réconciliation, son règne déboucha sur le massacre de la Saint-Barthélemy.
Né Charles-Maximilien de France, il est le cinquième des dix enfants et le troisième fils d'Henri II et de Catherine de Médicis. D'abord titré duc d'Angoulême, il est titré duc d'Orléans (1550 à 1560), après la mort de son frère Louis. Il est baptisé dans la religion catholique et reçoit pour parrains le roi Henri II de Navarre et Maximilien II, empereur du Saint-Empire romain germanique, et pour marraine la duchesse de Ferrare, Renée de France (fille du roi de France Louis XII et d'Anne de Bretagne), sa grand-tante.
Roi de France
Accession au trône et troubles religieux
Il accède au trône de France après la mort prématurée de son frère François II. Il est alors âgé de 10 ans. La régence est confiée à sa mère jusqu'à sa majorité. Charles est sacré roi de France dans la cathédrale de Reims le . Il préside du au , les États généraux rassemblés à Orléans. Le premier prince du sang Antoine de Bourbon est nommé lieutenant général du Royaume.
En montant sur le trône, Charles hérite d'un royaume en train de se diviser entre catholiques et protestants. Lors du colloque de Poissy, organisé le , la reine mère espère trouver un chemin d'entente entre le parti catholique représenté par le cardinal de Lorraine et le parti protestant représenté par Théodore de Bèze, mais aucun accord n'est accepté. Les incidents se multiplient en France, entre actes iconoclastes et violences physiques. Le , le massacre de Cahors, qui fait près de trente morts protestants, confirme cet échec. Le , l'édit de Saint-Germain-en-Laye permet aux protestants de pratiquer leur culte dans les campagnes et les faubourgs urbains.
Néanmoins, après le massacre de Wassy le , les protestants prennent les armes, avec, à leur tête, le prince de Condé. De nombreuses villes tombent temporairement entre leurs mains. Ils sont battus à Dreux par le duc de Guise le . Tandis que Louis de Condé est fait prisonnier, le chef de l'armée catholique, Montmorency, est capturé par les protestants. Le , François de Guise met le siège devant Orléans, et y meurt le de trois coups de pistolet dans le dos. Le , avec le traité d'Amboise, une première paix fragile est établie. Le de la même année, Charles IX est déclaré majeur, mais la reine mère continue d'exercer le pouvoir en son nom.
La paix d’Amboise
L’édit de pacification d’Amboise ne satisfait personne, et a du mal à être appliqué : il interdit le culte réformé dans les villes, alors que les protestants sont majoritaires dans de nombreuses places importantes, et sont maîtres de plusieurs provinces.
En , débute un grand tour de France organisé par la reine mère, pour montrer le roi à ses sujets et faire connaître son royaume au roi. Il permet aussi de pacifier le Royaume. L’itinéraire passe par les villes les plus agitées du Royaume : Sens, Troyes en Champagne.
Le cortège sort de France le pour se rendre à Bar-le-Duc, capitale du duché de Bar, où il séjourne du premier au . Là, Charles III, duc de Lorraine, et son épouse Claude, sœur du roi de France, y font baptiser leur fils Henri âgé de 6 mois. Charles IX et Philippe II, roi d'Espagne, tous deux oncles maternels de l'enfant, sont les parrains du jeune prince. Le roi d'Espagne, qui règne également sur les Pays-Bas espagnols, se fait représenter par le comte de Mansfeld, seigneur de Ligny et gouverneur du duché de Luxembourg voisin. Catherine de Médicis, bien que confortée d'avoir réuni son fils Charles avec sa fille préférée Claude, manque son rendez-vous avec sa fille aînée, la reine d'Espagne Élisabeth.
Après une halte de trois semaines, le «tour de France» continue vers Salon-de-Provence — où la reine mère retrouve son astrologue Nostradamus — puis Aix-en-Provence, siège du parlement de Provence. La suite royale arrive à Hyères pour la Toussaint 1564, passe ensuite par Toulon et Marseille, où le peuple l’accueille en faisant la fête, et quitte la Provence pacifiée.
Dans le Languedoc, le jeune roi passe à Montpellier, Narbonne, Toulouse. Dans les villes protestantes de Gascogne, il est accueilli respectueusement, sans plus. À Montauban, où l’entrée se fait le , il faut négocier le désarmement de la ville, qui avait résisté à trois sièges de Monluc. Toulouse et Bordeaux sont plus tranquilles, étant aux mains des catholiques.
Le grand tour fait une excursion à Bayonne () par Mont-de-Marsan ; la reine mère s'y trouve pour deux raisons : revoir la reine d'Espagne, sa fille Élisabeth, épouse du roi Philippe II, et négocier un traité avec l’Espagne, négociation qui échoue.
En , la Gascogne est à nouveau traversée, puis en août et septembre, la vallée de la Charente. Dans ces régions à forte minorité protestante, la paix est extrêmement fragile, et les protestants appliquent non sans réticences l’édit d'Amboise. Cependant, partout, le plus grand loyalisme est témoigné au roi. Les seules anicroches sont à La Rochelle (dernière entrée d'un roi de France avant 1627), où les protestants se montrent mécontents, et à Orléans, où le convoi est accueilli par une émeute[2].
En 1566, le roi s'arrête enfin à Moulins, où sont décidées plusieurs réformes. Sur la proposition du chancelier Michel de L'Hospital, l'édit de Moulins règle les successions et déclare le domaine royal inaliénable.
La reprise des hostilités, puis la paix de Saint-Germain
En à Pamiers, malgré la pacification royale, les hostilités reprennent et les protestants assaillent les églises catholiques. La répression catholique est féroce : 700 calvinistes sont massacrés à Foix.
En , les protestants mettent au point un plan pour enlever le roi et sa mère. Ces derniers se réfugient à Meaux le , ce qui vaut à la conspiration de prendre le nom de « surprise de Meaux ».
Le , à Saint-Maur, Charles IX promulgue un édit qui exclut de l’Université et des offices de judicature les membres de la religion réformée[3].
Mariage
Charles IX se rapproche diplomatiquement de l'Angleterre et du Saint-Empire germanique. Certains verraient bien le roi de France ceindre un jour la couronne impériale. Le , Charles IX épouse à MézièresÉlisabeth d'Autriche[4], fille de Maximilien II (1527-1576), empereur romain germanique, et de Marie d'Autriche (1528-1603), infante d'Espagne. En , la reine et le roi font leur entrée à Paris. Les plus grands artistes français ont contribué à l'élaboration du décor et du programme du cortège[5].
Ainsi, Charles IX est le seul parmi les cinq fils d'Henri II et Catherine de Médicis à avoir engendré une descendance.
Tandis que le roi passe son temps à chasser, la reine mère poursuit la réconciliation entre catholiques et protestants. À l'automne 1571, l'amiral Gaspard de Coligny rencontre le roi pendant quelques jours.
Affaiblissement de la France en Méditerranée
Le 7 octobre 1571 a lieu la bataille de Lépante à laquelle la France n'a pas pris part, si ce n'est par l'envoi de quelques volontaires auprès des vaisseaux de Malte ou de Nice. Les armées françaises étant occupées par leurs propres conflits internes, elles ne protégeaient que difficilement les intérêts nationaux à l'international.
Pire encore, le rivage méditerranéen français est régulièrement soumis aux razzias esclavagistes du Bey d'Alger, Uluç Ali Paça, sans que les troupes royales puissent intervenir efficacement.
La victoire des armes chrétiennes à Lépante avec cette faible participation de la France aura pour conséquence l'éviction de la flotte française de Méditerranée et une perte de confiance des Autrichiens, Florentins, Lombards, Maltais ou Espagnols envers la couronne de France.
Le massacre de la Saint-Barthélemy
Le mariage de la sœur du roi, Marguerite, avec un jeune prince protestant, le roi de Navarre, futur Henri IV, semble être le gage d'une réconciliation durable ; mais le , quelques jours après le mariage, a lieu un attentat contre le chef du parti des huguenots, Gaspard II de Coligny. Craignant un soulèvement, Charles IX décide, probablement très influencé par sa mère Catherine de Médicis et ses conseillers, l'élimination des chefs protestants, à l'exception de quelques-uns, parmi lesquels les princes du sang, Henri de Navarre et le prince de Condé.
Cette décision déclenche le massacre de la Saint-Barthélemy (le ), qui fait des milliers de morts, probablement trente mille, à Paris et dans plusieurs grandes villes de France. Déterminé à maintenir l'ordre, le roi ordonna l'arrêt des massacres dès le matin du , mais ses multiples appels au calme furent très souvent transgressés[6]. Une folie meurtrière s'empare de tout le Royaume.
Ce massacre marque un tournant dans le règne de Charles IX. L'abandon de l'édit de Saint-Germain et les exactions commises par l'entourage royal lui font définitivement perdre la confiance des protestants. Après ces événements, la monarchie entend venir à bout du protestantisme. La guerre reprend et débouche sur le siège de La Rochelle.
À cause de son caractère inattendu et déroutant, le massacre de la Saint-Barthélemy a depuis toujours fait l'objet de débats[7]. Il s'agissait pour les historiens de déterminer la responsabilité du roi. Il a longtemps été cru que le massacre avait été préparé et provoqué par lui-même, mais une responsabilité collective du roi, de ses conseillers, de sa mère et de son frère Henri, duc d'Anjou paraît plus probable.
Maladie et mort du roi
La santé physique du roi a toujours été médiocre. Il s'attache le service de médecins, dont François Pidoux. Après ces dramatiques événements, le roi décline peu à peu.
La fièvre ne le quitte plus, sa respiration se fait difficile ; il meurt le dimanche , jour de la Pentecôte, vers 3 heures de l'après midi[8], un mois avant son 24e anniversaire après 13 ans de règne. Dès le lendemain, à la suite de rumeurs d'empoisonnement, Ambroise Paré procède à une autopsie et confirme que le roi est mort d'une pleurésie faisant suite à une pneumonie tuberculeuse.
À l'annonce de son décès, son frère, le duc d'Anjou, parti pour Cracovie en automne 1573[9] à la suite de son élection comme roi de Pologne[10], délaisse la couronne polonaise[11] et rentre en France où il devient Henri III.
Charles IX est inhumé à Saint-Denis. Six ans plus tôt, Catherine de Médicis y avait lancé la construction d'un mausolée pour les Valois.
Veuve à 20 ans, la jeune reine, Élisabeth d'Autriche, refusant tout remariage, rentre en Autriche dès 1576 et se retire près d'un couvent de clarisses qu'elle avait fondé. Leur fille, Marie-Élisabeth de France, meurt en 1578, quatre ans après la mort de Charles IX.
Culture et arts
Ce prince, qui avait reçu les leçons de Jacques Amyot, était instruit et cultivait les lettres : on a de lui de jolis vers et un traité de la Chasse royale[12], publié pour la première fois en 1625, réimprimé par Henri Chevreul en 1858.
En 1561, Charles IX décide d'offrir le 1er mai un brin de muguet comme porte-bonheur aux dames de la cour, et demande que cela soit répété les années suivantes. Cette coutume, dont les origines remontent aux symboliques celte et romaine du retour du printemps, liées à cette fleur, est toutefois d'abord limitée à l'aristocratie et ne se popularise qu'à la fin du XIXe siècle[13].
Bâtiments
Dès l'accession au pouvoir de Charles, Catherine de Médicis fit refaire la plus grande partie des peintures de ses appartements à Fontainebleau, en particulier le plafond du cabinet du roi, un plafond à caisson peint par Primatice[14].
Anecdotes
En 1596, un fou ou un imposteur nommé François de La Ramée est condamné à mort pour avoir prétendu être le fils de Charles IX.
↑Voulons et ordonnons qu'en tous actes, registres, instrumens, contracts, ordonnances, édicts, tant patentes que missives, et toute escripture privée, l'année commance doresénavant et soit comptée du premier jour de ce moys de janvier. Donné à Roussillon, le neufiesme jour d'aoust, l'an de grâce mil cinq cens soixante quatre. Et de notre règne le quatrième. Ainsi signé par le Roy en son Conseil. Charles IX de France (article 39 de l'édit de Roussillon).
↑Isambert, Taillandier et Decrusy, Recueil général des anciennes lois françaises depuis l'an 420 jusqu'à la Révolution de 1789, vol. 14, Paris, Belin-Le Prieur, (présentation en ligne)
↑Valérie Coulet, Guide secret de la Champagne-Ardenne, Rennes, Éditions Ouest-France, , 143 p. (ISBN978-2-7373-5866-1), p. 32-33.
↑Pour l'occasion, Ronsard écrit :
« Heureux le siècle, heureuse la journéeOù des Germains le sang très ancienS'est remêlé avec le sang troyenPar le bienfait d'un heureux hyménée… »
Selon Pierre Gaxotte, un tableau représentant un étranger foulant une prairie de safran et de camomille était dressé à la porte Saint-Denis, accompagné d’un dicton : « À la France, plus invincible en adversité qu’en prospérité. »
↑Arlette Jouanna, La Saint-Barthélemy : les mystères d'un crime d'État, 24 août 1572, Paris, Gallimard, coll. « Les journées qui ont fait la France », , 407 p. (ISBN978-2-07-077102-8), p. 193.
↑Jean Delumeau, Thierry Wanegffelen, Naissance et affirmation de la Réforme, Paris, PUF, 1998.
↑Nicolas Le Roux, La faveur du roi : mignons et courtisans au temps des derniers Valois, Champ Vallon, , 805 p. (ISBN978-2-87673-311-4, lire en ligne), p. 148.
↑(en) Daniel Stone, The Polish-Lithuanian state, 1386–1795, vol. IV, Seattle, University of Washington Press, coll. « A History of East Central Europe », , 374 p. (ISBN0-295-98093-1, lire en ligne), p. 120-121.
La Course des chars du Soleil et de la Lune, sanguine, rehauts de blanc, musée du Louvre.
Dossier de presse de l'exposition L’Italie à la cour de France - Primatice, maître de Fontainebleau, 1504-1570, Paris, musée du Louvre, 25 septembre 2004 - 3 janvier 2005.
↑« Autres titres », sur maisondebroglie.com (consulté le )
(en) Gianmarco Braghi, « The death of Charles IX Valois : an assassin's or a martyr's blood ? The image of kingship during the French Wars of Religion », French History, Oxford University Press, vol. 28, no 3, , p. 303-321 (DOI10.1093/fh/cru049).
Pierre Champion, Charles IX, la France et le contrôle de l'Espagne, t. I : Avant la Saint-Barthélemy, Paris, Bernard Grasset, , 426 p.
Pierre Champion, Charles IX, la France et le contrôle de l'Espagne, t. II : Après la Saint-Barthélemy, Paris, Bernard Grasset, , 430 p.
Denis Crouzet, « Charles IX ou le roi sanglant malgré lui ? », Bulletin de la Société de l'histoire du protestantisme français, vol. 141, , p. 323-339 (JSTOR24298137).
Arlette Jouanna, Jacqueline Boucher, Dominique Biloghi et Guy Le Thiec, Histoire et dictionnaire des guerres de religion, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 1526 p. (ISBN2-221-07425-4, présentation en ligne).
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Michel Simonin, Charles IX, Paris, Fayard, , 510 p. (ISBN2-213-59401-5).
L'étude présente des analyses croisées sur les plans géographique, politique, rituel et sociologique.
Pierre Champion, Catherine de Médicis présente à Charles IX son royaume, 1564-1566, Paris, Bernard Grasset, , 491 p.
L'ouvrage porte essentiellement sur les aspects diplomatiques et politiques.
(en) Victor E. Graham (éd.) et W. McAllister Johnson (éd.), The royal tour of France by Charles IX and Catherine de Medici : festivals and entries, 1564-6, Toronto, University of Toronto Press, , X-472 p. (ISBN0-8020-5406-4, présentation en ligne), [présentation en ligne].