Premier roi capétien à ne pas avoir été sacré roi du vivant de son père, il avait cependant été désigné par Philippe II dans son testament rédigé en 1190 comme devant lui succéder. Le testament n'ayant pas été contesté après cette date, la cérémonie de l'adoubement des barons — héritage rituel des Capétiens — devenait inutile[3]. L'archevêque de Reims, Guillaume de Joinville, le sacre à Reims le [4].
Jeunesse
Né le [5], Louis est le premier fils de Philippe II. Sa naissance constitua un grand soulagement pour la dynastie capétienne d'autant que le mariage de Philippe II et son épouse Isabelle de Hainaut était en crise. Lorsque sa mère décède et que son père part à la croisade en 1190, Louis est recueilli et élevé par sa grand-mère Adèle de Champagne jusqu'au retour de Philippe en .
Le roi Philippe II estimant que le principe héréditaire est définitivement établi, il refuse d'associer au trône son héritier[6] et repousse son adoubement[7]. Le prince Louis est fait chevalier dans le castrum de Compiègne le mais son père lui a dicté de sévères conditions, notamment de ne plus jouter en tournoi[8].
Surnommé « le Lion », c'est pendant le règne de son père que le futur Louis VIII obtient sa renommée en remportant sur Jean sans Terre, roi d'Angleterre, la victoire de La Roche-aux-Moines en 1214. Les barons anglais, révoltés contre Jean sans Terre, promettent alors au prince Louis de lui donner la couronne d'Angleterre, étant d'ailleurs l'époux de Blanche de Castille, petite-fille du roi Henri II d'Angleterre. Acceptant cette demande, Louis débarque sur les côtes anglaises avec 1 500 soldats français auxquels s'ajoutent des mercenaires anglais. Il arrive à Londres le [9],[10], s'y fait proclamer roi d'Angleterre[11],[12] — mais pas couronner car il n'y avait pas d'archevêque disponible pour effectuer l'onction[13] — et prend rapidement le contrôle du Sud du pays[14].
Plus tard, après avoir été sacré roi de France en 1223, sous prétexte que la cour d'Angleterre n'avait toujours pas exécuté toutes les conditions du traité de 1217, Louis VIII, profitant de la minorité d'Henri III, décide de s'emparer des dernières possessions anglaises en France. Au cours d'une campagne rapide, Louis VIII s'empare de la majorité des terres de l'Aquitaine : les villes du Poitou, de la Saintonge, du Périgord, de l'Angoumois et d'une partie du Bordelais tombent les unes après les autres. Henri III ne possède plus en France que Bordeaux et la Gascogne qui ne furent pas attaquées. Les îles Anglo-Normandes restent également sous sa souveraineté.
Règne et croisade contre les albigeois
À cette époque, le Sud de la France était le théâtre des combats de la croisade des albigeois.
En 1218, Amaury VI de Montfort, fils de Simon IV de Montfort, hérite du Languedoc en pleine révolte. Incapable de conserver son fief, il préfère quitter le Midi, acceptant de céder ses droits sur le Languedoc au roi de France (en échange de la dignité de connétable, première de la couronne).
Raymond VII, comte de Toulouse, était toujours soupçonné par l'Église d'abriter des cathares sur ses terres. Un concile fut donc tenu à Bourges, en 1225, où il fut déclaré que détruire l'hérésie était une nécessité et qu'une nouvelle croisade contre les cathares était indispensable. Louis VIII fut donc choisi pour diriger l'expédition.
Aux fêtes de Pâques de l'an 1226, des milliers de chevaliers se trouvèrent à Bourges aux côtés du roi. Cette armée se dirigea vers la vallée du Rhône, et à son approche, les seigneurs et les villes se hâtèrent de faire leur soumission au roi de France. La ville d'Avignon, qui appartenait à Raymond VII, refusa cependant d'ouvrir ses portes. L'on mit alors le siège devant la place forte qui était considérée à l'époque comme la clef du Languedoc. Au bout de trois mois, la ville fut prise, et aussitôt Nîmes, Castres, Carcassonne, Albi se rendirent à Louis VIII.
Raymond VII, quant à lui, s'était enfermé dans Toulouse. Les croisés, frappés par les maladies hivernales et la défection de certains d'entre eux, décidèrent d'ajourner le siège de la ville. En 1226, Thibaud IV de Champagne se brouilla avec le roi de France Louis VIII dont l'objectif était d'annexer le Languedoc de son cousin Raymond VII à la Couronne de France. Le , l'armée champenoise abandonna l'ost royal devant Avignon, Thibaud IV arguant que son service de quarante jours était achevé. Quand Louis VIII, atteint par la dysenterie, mourut au château de Montpensier en , certaines rumeurs allèrent jusqu'à accuser Thibaud IV d'avoir empoisonné le roi. Toulouse ne tomba qu'en 1228.
Louis VIII n'a régné que trois années sur le royaume de France alors que son père Philippe Auguste et son grand-père Louis VII régnèrent chacun 43 années, soit 86 années cumulées de 1137 à 1223. Son fils, Louis IX, règne, lui aussi, 43 ans et 9 mois (1226-1270).
Tombeau
Le cœur et les entrailles de Louis VIII furent déposés en l'abbaye Saint-André-les-Clermont de l'ordre des Prémontrés, entre Chamalières et Clermont-Ferrand[16]. Le , lors de funérailles célébrées avec magnificence, Louis VIII fut inhumé en la basilique Saint-Denis. Jusqu'à la guerre de Cent Ans, on pouvait voir son magnifique tombeau ciselé d'or et d'argent. Après sa disparition, il fut remplacé par une simple dalle marquant le lieu de la sépulture. Les profanateurs de 1793 détruisirent celle-ci et découvrirent une pierre couvrant le cercueil, avec une croix sculptée en demi-relief. Le couvercle renversé, on trouva le corps du roi enveloppé dans un suaire tissé d'or. C'est le seul souverain que l'on a retrouvé inhumé de cette façon.
Le royaume de France ayant été mis en interdit par le concile de Dijon le à effet des 40 jours suivant Noël, aucun mariage ni enterrement religieux ne pouvait être célébré par un prêtre dans tout le royaume dès le mois de janvier 1200[3], ce qui conduisit Philippe II à faire célébrer le mariage de son fils Louis dans les terres du roi Jean Ier d'Angleterre dont Blanche de Castille était la nièce.
Selon Jacques Le Goff, Blanche de Castille aurait accouché « de deux ou trois premiers enfants morts en bas âge dont nous ne connaissons ni le nombre exact, ni le sexe, ni les dates de naissance et de mort[18]. »
↑Dès qu'un roi était couronné (rex coronatus, il faisait associer son fils à la fonction royale par une élection qui faisait de lui le futur roi, successeur de son père (rex designatus.
↑Éric Gasparini, Éric Gojosso, Introduction historique au droit et histoire des institutions, Gualino éditeur, , p. 109.
↑Histoire pittoresque d'Angleterre, : depuis les temps les plus reculés jusqu’à la réforme parlementaire de 1832, vol. 2, Aux bureaux de l'histoire d'Angleterre, , 1223 p. (lire en ligne), p. 43.
↑Léonard Gallois, Histoire de France d'Anquetil, vol. 1, Bureau central de l'histoire de France, , 700 p., p. 196.
(en) Sean McGlynn, Blood Cries Afar : The Forgotten Invasion of England 1216', Stroud, The History Press, 2012.
François Menant, Hervé Martin, Bernard Merdrignac et Monique Chauvin, Les Capétiens : histoire et dictionnaire, 987-1328, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », , LXXIX-1220 p. (ISBN2-221-05687-6, présentation en ligne).
Charles Petit-Dutaillis, Étude sur la vie et le règne de Louis VIII (1187-1226) : suivie du catalogue des actes de Louis VIII. Thèse présentée à la Faculté des lettres de Paris, Paris, Librairie Émile Bouillon, , XLIV-568 p. (présentation en ligne, lire en ligne).