Composé en 1905 sur un texte de Ravel lui-même, le Noël des jouets est une mélodie « dont l'ambition polyvalente rappelle le geste de Debussy avec les Proses lyriques »[1].
L’œuvre, dédiée à Louise Cruppi, est publiée d'abord aux éditions Bellon-Ponscarme en 1906, puis après sa cession en 1910[4], aux éditions A.Z. Mathot en 1914[5].
La durée moyenne d'exécution de la pièce est de trois minutes environ[6].
Maurice Ravel réalise une première orchestration de la mélodie, qui est créée le au 339e concert de la Société nationale de musique, salle Érard, avec Désiré-Émile Inghelbrecht à la baguette et Jane Bathori au chant[8],[9]. Après une seconde audition de l'orchestration par Louise Durand-Texte et un orchestre sous la direction de Pierre Monteux le au Théâtre Femina à un concert d'avant-garde de Musica[10], et en pleine procédure de divorce de ce musicien, le manuscrit et matériel d'orchestre de cette première orchestration sont égarés.
C'est pourquoi Maurice Ravel, pressé par A.Z. Mathot, Jane Bathori et Georges Martin Witkowski, accepte de réaliser une seconde orchestration de la mélodie en décembre 1913. Cette seconde orchestration, qui comporte la mention énigmatique pour les non initiés « réorchestré –pour cause de divorce - en décembre 1913 »[11], est créée par Jane Bathori et sous la baguette de Georges Martin Witkowski le à la Salle Rameau à Lyon[12]. La première audition parisienne de cette seconde orchestration date du à la Salle Gaveau, par Hilda Roosevelt et l'Orchestre Hasselmans sous la direction de Lucien Wurmser[13],[14].
Analyse
Pour Léon Vallas, rendant compte de la création à Lyon de la deuxième orchestration de la mélodie :
« Le Noël des Jouets de M. Ravel [...] est un petit chef-d’œuvre de description spirituelle et menue : en écoutant cette dernière œuvrette, on assiste vraiment au déballage clinquant d’une boîte à joujoux, et l’on comprend que M. Debussy, toujours attentif aux essais de son jeune confrère en qui il s’obstine à voir un rival dangereux, n’ait pas tardé à écrire à son tour une musique d’étrennes enfantines[15]. »
Vladimir Jankélévitch trouve le morceau « un peu compassé », mais souligne néanmoins ses « finesses d'écriture, [...] ses grêles sonorités, ses notes répétées, son pianisme déjà ingénieux et l'ardeur lyrique que les mots « Du haut de l'arbuste hiémal... » réveillent soudain »[16].
La mélodie est constituée de cinq strophes, chacune évoquant un sujet particulier : en premier, les moutons dans la crèche miniature, puis la Vierge Marie dans sa crinoline, puis le sombre chien Belzébuth tapi pour dévorer l’enfant Jésus fait de sucre peint, puis les anges suspendus, enfin, l’adoration[17].
Discographie
Maurice Ravel : The Complete Works, CD 13, par Elly Ameling (soprano) et Rudolf Jansen (piano), Warner Classics 0190295283261, 2020.
Ravel : Complete Mélodies, CD 1, par Monica Piccinini (soprano) et Filippo Farinelli (piano), Brilliant Classics 94743, 2015.
Ravel : Complete Songs for Voice and Piano, CD 1, par Claire Brua (mezzo-soprano) et David Abramovitz (piano), Naxos 8.554176-77, 2003.
↑Par erreur, Marcel Marnat, interprète l'indication « sibylline » comme une rupture de contrat avec le premier éditeur Bellon-Ponscarme (Marnat 1986, p. 215-216).