D'une durée moyenne d'exécution d'une minute trente environ[3], la Fanfare pour l'Éventail de Jeanne est une œuvre de vingt-neuf mesures« fascinante par sa brièveté et sa densité[2] ».
Roland-Manuel la qualifie de « fanfare lilliputienne, qui commence comme une sonnerie de trompes d'insectes pour finir dans le style du Crépuscule des Dieux[5] ».
Marcel Marnat relève que Ravel, « partant d'une bitonalité exquise, évoquant le monde en réduction des Histoires naturelles et plus particulièrement du Grillon, [...] aboutira « Wagneramente » (!) à un plongeon abrupt dans le néant (violent coup de tam-tam[6]) ». Dans la partition, « on ne peut manquer de noter la maîtrise instrumentale, le « coffre » — d'une solennité parodique — donné à la rafale de batterie qui introduit l'aérienne pétarade de bois stridents. L'apparition des trompettes est aussitôt relayée par des cordes griffées qui accorderont une acidité inoubliable à la petite marche qui suit, marche qui mène à quelque chose d'inexorable, à la chute d'un Wallalah miniature. Voici donc la contrepartie farceuse de Ronsard à son âme, mais aussi tracé le profil du Concerto pour la main gauche[6] ».