Le journal musical Le Ménestrel, dans sa recension du concours, note : « la lecture est laborieuse. Aussi, quel succès pour la petite Leleu qui déchiffre si bien que la page ingrate devient, sous ses menus doigts lumineux, moins amorphe : on croit la comprendre, et l'interprète y met du sien, dirait-on !... »[5]
À l'occasion de la publication du morceau par Durand en 1913[1], Ravel devait se souvenir de cette interprétation, en inscrivant comme dédicataire la jeune pianiste Jeanne Leleu, par ailleurs créatrice trois ans auparavant de la suite pour piano à quatre mainsMa mère l'Oye[6]. Il lui écrit au mois d'août de la même année : « C'est bien peu de chose : le souvenir d'un artiste que vos qualités musicales ont sincèrement touché. »[6]
Analyse
Le morceau est en la mineur, assez lent et très expressif[1]. En deux pages et vingt-sept mesures, on y entend « du Ravel à part entière, et à chaque instant », pour reprendre les mots de Guy Sacre[1].
La perception est proche pour Sacre : « Une mélodie sereine éclot dans le silence, se laisse caresser d'arpèges, rencontre quelques accordsaigus qui la font trembler, s'épaule d'octaves, retombe avant d'avoir gaspillé ses pouvoirs ; elle n'en laisse pas moins retenir longtemps son souvenir. »[1]
Dans le catalogue des œuvres du compositeur établi par Marnat, la pièce porte le numéro O 65[7].
La durée moyenne d'exécution de l’œuvre est d'une minute trente environ[8].
Guy Sacre, La musique pour piano : dictionnaire des compositeurs et des œuvres, vol. II (J-Z), Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 2998 p. (ISBN978-2-221-08566-0), p. 2220.
Bénédicte Palaux Simonnet, Maurice Ravel, Paris, Bleu Nuit éditeur, , 176 p. (ISBN978-2-35884-085-9).
Écrits
Maurice Ravel. L’intégrale : Correspondance (1895-1937), écrits et entretiens, édition établie, présentée et annotée par Manuel Cornejo, Paris, Le Passeur Éditeur, 2018, 1776 p. (ISBN978-2368905777).