La mélodie a été publiée en 1905 aux éditions musicales de Julien Hamelle comme dix-neuvième d’un recueil de vingt-deux mélodies pour voix et piano de divers compositeurs intitulé Les Frissons, toutes sur des poèmes de Paul Gravollet.
« [...] une pièce de vers de M. Gravollet, de la Comédie-Française, auteur d’un recueil poétique intitulé Les Frissons qu’il s’employa à faire mettre en musique par vingt-deux musiciens entre lesquels la besogne fut partagée. Parmi des noms de moins bon aloi, on a l’agréable aubaine de relever ceux d’André Caplet, de Vincent d’Indy, de Claude Debussy qui servit en l’occurrence d’obligeant intermédiaire et commit Le Manteau de fleurs à M. Ravel. « Les lis ont le droit d’être blancs » affirme un vers péremptoire de ce poème. « Le droit ! Le droit ! », marmonnait le malicieux musicien alors qu’il brodait ce manteau. « C’est plus qu’un droit pour les lis que d’être blancs : c’est un devoir ! »[1]. »
Il n’existe aucune information sur la création de cette mélodie que Maurice Ravel ne mentionne dans aucun de ses écrits. L’unique audition publique connue de la mélodie du vivant du compositeur est due à Pierre Bernac (chant) et Francis Poulenc (piano), le à la salle de l’École normale de musique à Paris.
Aucune des chanteuses qui ont été les principales interprètes des mélodies pour voix et piano de Maurice Ravel de son vivant, dont Jane Bathori et Madeleine Grey, ne semble avoir interprété Manteau de fleurs avant la mort du musicien le 28 décembre 1937. La première occasion pour Madeleine Grey de chanter Manteau de fleurs date du , lors d’un concert radiophonique en hommage à Maurice Ravel sur radio Tour Eiffel, avec également le concours du pianiste Jean Doyen.
Le manuscrit autographe de cette mélodie pour voix et piano de Maurice Ravel n’est pas localisé.
« Manteau de fleurs (P. Gravollet) présente l’insistance de la pédale mélodique et le hochement de secondes qu’on retrouve plus tard, mais est surtout louable pour son habile prosodie qui élude avec tact la débauche de « roses » et rimes en « oses » du poème[4]. »
Pour Bénédicte Palaux-Simonnet :
« En dépit de ses affinités botaniques Ravel ne cache pas une certaine ironie à l’égard d’un texte désuet tissant une partition incroyablement “sérieuse”, avec des neuvièmes ingénieusement distribuées, des accents “nobles“ par exemple sous le vers « Toute grâce, amour, pureté » de la troisième strophe et qui, par sa subite gravité, souligne l’ineptie du texte. On le sait : Ravel ne manque point d’humour…[5]. »
Discographie
Ravel : Complete Songs for Voice and Piano, CD 1, par Valérie Millot, soprano, et David Abramovitz, piano, Naxos (8.554176-77), 2003.
Bénédicte Palaux Simonnet, Maurice Ravel, Paris, Bleu Nuit éditeur, , 176 p. (ISBN978-2-35884-085-9).
Articles et chapitres de livres
Arthur Hoérée, « Les mélodies et l’œuvre lyrique », La Revue musicale, no 6, , p. 47-64
Article paru dans un numéro spécial Maurice Ravel à l'occasion du cinquantième anniversaire du compositeur le 7 mars 1925, passage sur Manteau de fleurs, p. 49
René Chalupt, « Maurice Ravel et les prétextes littéraires de sa musique », La Revue musicale, no 6, , p. 65-74 (lire en ligne, consulté le )