Al-Hajj

22e sourate du Coran
Le Pèlerinage
Le Coran, livre sacré de l'islam.
Le Coran, livre sacré de l'islam.
Informations sur cette sourate
Titre original سُورَةُ ٱلْحَجِّ, Al-Hajj
Titre français Le Pèlerinage
Ordre traditionnel 22e sourate
Ordre chronologique 103e sourate
Période de proclamation Période médinoise
Nombre de versets (ayat) 78
Nombre de prosternations 2 (versets 18 & 77) ou 2 Ruku (Raka'atayn) (si les versets sont récités lors d'une prière)
Ordre traditionnel
Ordre chronologique

Al-Hajj (arabe : سُورَةُ ٱلْحَجِّ, français : Le Pèlerinage) est le nom traditionnellement donné à la 22e sourate du Coran, le livre sacré de l'islam. Elle comporte 78 versets. Rédigée en arabe comme l'ensemble de l'œuvre religieuse, elle fut proclamée, selon la tradition musulmane, durant la période médinoise.

Origine du nom

Bien que le titre ne fasse pas directement partie du texte coranique[1], la tradition musulmane a donné comme nom à cette sourate Le Pèlerinage[2]. Ce terme apparaît au verset 27 : « Et fais aux gens une annonce pour le Hajj. Ils viendront vers toi, à pied, et aussi sur toute monture, venant de tout chemin éloigné »[3].

Historique

Il n'existe à ce jour pas de sources ou documents historiques permettant de s'assurer de l'ordre chronologique des sourates du Coran. Néanmoins selon une chronologie musulmane attribuée à Ǧaʿfar al-Ṣādiq (VIIIe siècle) et largement diffusée en 1924 sous l’autorité d’al-Azhar[4],[5], cette sourate occupe la 103e place . Elle aurait été proclamée pendant la période médinoise, c'est-à-dire schématiquement durant la seconde partie de la vie de Mahomet, après qu'il a quitté La Mecque[6]. Contestée dès le XIXe par des recherches universitaires[7], cette chronologie a été revue par Nöldeke[8],[9], pour qui cette sourate est la 107e.

Pour les spécialistes, cette sourate est composite, ce qui rend difficile la recherche des différentes strates de son élaboration. Pour Nöldeke[Note 1], certains passages (v.1-24 ; 43-56...) appartiennent à la prédication de Mahomet tandis que d'autres lui seraient éventuellement postérieurs. Pour Bell, elle s'est construite par ajout successifs[3].

D'un point de vue formel, cette sourate possède une structure tripartite, autour de l'élément central consacré au pèlerinage. Pour Neuwirth, elle appartient au type de la « sourate rhétorique » ou du sermon[3].

Interprétations

Le Al-Hajj sur un rouleau chinois. Ce rouleau de 5m de long est illustré d'une carte intitulée "Routes du Hajj", comportant la grande muraille de chine, La Mecque, Médine, Jérusalem, différents pèlerinages. La légende des illustrations est en chinois, et un sceau portant le nom du calligraphe : Abdallah. Ce rouleau a été fait entre 1850 et 1900. Il est conservé au Khalili Collections (en).

Verset 25-37 : le Pèlerinage et ses rites

Cette section a pour sujet le pèlerinage (Hajj) autour d'un sanctuaire. Elle évoque ses accès, son rattachement à la figure d'Abraham (dénommé sous le nom d'Ibrahîm dans le Coran), ses rites... Ceux-ci ressemblent aux descriptions du rite hébraïque du Hag, signifiant « faire le tour, tourner en rond puis danser, et ensuite célébrer une fête », évoqué dans le Livre de l'Exode[3].

L'expression « sanctuaire consacré » est traditionnellement associé à la Ka'aba, qui faisait « sans doute » l'objet d'un culte préislamique. Le terme hanifisme attribué à Abraham fait débat. Il a le sens coranique de « monothéiste » et proviendrait, pour Reynolds, du syriaque hanpa, terme désignant soit un païen soit un « Gentil », dans le sens biblique de « non-juif ». Abraham serait donc, d'après le texte coranique, un monothéiste non-juif[3] (cf. sourate 3, verset 67[Note 2]).


Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • M. Azaiez, "Sourate 22", Le Coran des Historiens, t.2a, 2019, p. 821 et suiv.
  • R. Paret, Der Koran. Kommentar und konkordanz, 1980[Note 3].

Liens externes

Notes et références

Notes

  1. Les islamologues ont utilisé plusieurs approches pour tenter de dater les différentes sourates du Coran. Paret et Neuwirth appartiennent à l’« école allemande » qui, à la suite de Nöldeke, s’appuie sur la chronologie traditionnelle et sur un récit « laïcisé » des traditions musulmanes. Autrefois dominant dans les études islamologiques, ce paradigme nöldekien n'est plus qu'« en partie présent ». Les auteurs du Coran des historiens appartiennent davantage à l’autre courant (dit « sceptique ») qui prend davantage en compte une critique des sources traditionnelles. Voir : Historiographie de l'islam et du Coran.
  2. « Abraham n'était ni Juif ni Chrétien. Il était entièrement soumis à Allah (Musulman). Et il n'était point du nombre des Associateurs. »
  3. En 2019, seuls deux ouvrages peuvent être considérés comme des commentaires scientifiques et continus du texte coranique. Il s'agit du Commentary on the Qur'an de Richard Bell publié en 1991 (aujourd'hui daté) et du Coran des historiens publié en 2019. L'ouvrage de Paret s'inscrit, avec ceux de Blachère, Khoury et Reynolds, dans un ensemble de traduction avec apparat critique. Voir : Sourate

Références

  1. A. Chouraqui, Le Coran, traduction et commentaires, 1990, p. 15.
  2. A. Chouraqui, Le Coran : L'appel, France, Robert Laffont, , 625 p. (ISBN 2221069641)
  3. a b c d et e M. Azaiez, "Sourate 22", Le Coran des Historiens, t.2a, 2019, p. 821 et suiv.
  4. G.S. Reynolds, « Le problème de la chronologie du Coran », Arabica 58, 2011, p.477-502.
  5. R. Blachère, Introduction au Coran, p.244.
  6. R. Blachère, Le Coran, 1966, p. 103.
  7. M. Azaiez, « Chronologie de la Révélation ».
  8. G. Dye « Le Coran et son contexte Remarques sur un ouvrage récent », Oriens Christianus n°95, 2011, p. 247-270.
  9. E. Stefanidis, « The Qur'an Made Linear: A Study of the Geschichte des Qorâns' Chronological Reordering », Journal of Qur'anic Studies, X, II, 2008, p.13.