Al-Ghafir

40e sourate du Coran
Le pardonneur
Le Coran, livre sacré de l'islam.
Le Coran, livre sacré de l'islam.
Informations sur cette sourate
Titre original سُورَةُ ٱلْغَافِرٍ, Al-Ghafir
Titre français Le pardonneur
Ordre traditionnel 40e sourate
Ordre chronologique 60e sourate
Période de proclamation Période mecquoise
Nombre de versets (ayat) 85
Nombre de subdivisions (rukus) 9
Ordre traditionnel
Ordre chronologique
Al-Ghafir

Al-Ghafir (arabe : سُورَةُ ٱلْغَافِرٍ, français : Le pardonneur) est le nom traditionnellement donné à la 40e sourate du Coran, le livre sacré de l'islam. Elle comporte 85 versets. Rédigée en arabe comme l'ensemble de l'œuvre religieuse, elle fut proclamée, selon la tradition musulmane, durant la période mecquoise.

Origine du nom

Bien que le titre ne fasse pas directement partie du texte coranique[1], la tradition musulmane a donné comme nom à cette sourate Le pardonneur[2], en référence au contenu du troisième verset : « 3. Le Pardonneur des péchés, l'Accueillant au repentir, le Dur en punition, le Détenteur des faveurs. Point de divinité à part Lui et vers Lui est la destination. »

Il est à noter que cette sourate est parfois nommée 'al-Mu'min (arabe : سورة المؤمن, français : Le croyant), mais non privilégié car se confondant avec le nom de la sourate 23, Al-Mu'minun (arabe : سورة المؤمنون, français : Les croyants).

Historique

Il n'existe à ce jour pas de sources ou documents historiques permettant de s'assurer de l'ordre chronologique des sourates du Coran. Néanmoins selon une chronologie musulmane attribuée à Ǧaʿfar al-Ṣādiq (VIIIe siècle) et largement diffusée en 1924 sous l’autorité d’al-Azhar[3],[4], cette sourate occupe la 60e place. Elle aurait été proclamée pendant la période mecquoise, c'est-à-dire schématiquement durant la première partie de l'histoire de Mahomet avant de quitter La Mecque[5]. Contestée dès le XIXe par des recherches universitaires[6], cette chronologie a été revue par Nöldeke[7],[8], pour qui cette sourate est la 78e.

Plusieurs plans ont été proposés pour cette sourate. Neuwirth la divise en trois et Blachère en deux parties. Cette sourate est caractérisée par l’usage, dans l’Édition du Caire, d’une graphie particulière pour le ta marbuta pouvant être soit la marque d’une structure, soit une particularité d’un scribe qui aurait été recopiée telle quelle[9].

Plusieurs propositions ont été faites quant à la composition de cette sourate. Nöldeke[Note 1] et Blachère la considère comme mecquoise. Une étude du texte permet cependant de supposer que les versets 1-55 (ou 56) formaient une sourate indépendante avant l’adjonction des versets suivants. Dans la sourate 40, les ajouts sont principalement en fin de sourate. Dans les étapes de composition, il faut probablement compter celle où les hawamim ont formé un recueil séparé, avant d’être intégrés au Coran[9].

Interprétations

Versets 23-27 : Moussa, Pharaon, Haman et Coré

Ces versets comme les autres récits coraniques liés à Moussa reprennent des éléments bibliques. Une différence apparait pourtant puisqu'il n’est pas envoyé uniquement à Pharaon mais aussi à Haman et à Coré. Ces deux personnages apparaissent comme des mauvais conseillers de Pharaon[9].

Haman s’inscrit dans une reprise du mythe de la tour de Babel. Pourtant, il est lui-même une reprise du livre d’Esther, ayant vécu supposément bien longtemps après Moïse. Ce lien entre le Haman coranique et celui du livre d’Esther provient d’une légende assyrienne, dite d’Ahiqar, dont il a été prouvé qu’elle a servi d’inspiration au Coran[9].

Coré est aussi un personnage biblique. Il est présent dans le Livre des Nombres, dans un récit postérieur à la Sortie d’Égypte. Le rôle de Coré comme conseiller de Pharaon apparaît dans la Haggada(h). L’association d’Haman et de Coré apparaît dans les légendes rabbiniques[9].


Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • A.S. Boisliveau, "Sourate 40", Le Coran des Historiens, t.2b, 2019, 1325 et suiv.
  • R. Paret, Der Koran. Kommentar und konkordanz, 1980[Note 2].

Liens externes

Notes et références

Notes

  1. Les islamologues ont utilisé plusieurs approches pour tenter de dater les différentes sourates du Coran. Paret et Neuwirth appartiennent à l’« école allemande » qui, à la suite de Nöldeke, s’appuie sur la chronologie traditionnelle et sur un récit « laïcisé » des traditions musulmanes. Autrefois dominant dans les études islamologiques, ce paradigme nöldekien n'est plus qu'« en partie présent ». Les auteurs du Coran des historiens appartiennent davantage à l’autre courant (dit « sceptique ») qui prend davantage en compte une critique des sources traditionnelles. Voir : Historiographie de l'islam et du Coran
  2. En 2019, seuls deux ouvrages peuvent être considérés comme des commentaires scientifiques et continus du texte coranique. Il s'agit du Commentary on the Qur'an de Richard Bell publié en 1991 (aujourd'hui daté) et du Coran des historiens publié en 2019. L'ouvrage de Paret s'inscrit, avec ceux de Blachère, Khoury et Reynolds, dans un ensemble de traduction avec apparat critique. Voir : Sourate

Références

  1. A. Chouraqui, Le Coran, traduction et commentaires, 1990, p. 15.
  2. A. Chouraqui, Le Coran : L'appel, France, Robert Laffont, , 625 p. (ISBN 2221069641)
  3. G.S. Reynolds, « Le problème de la chronologie du Coran », Arabica 58, 2011, p. 477-502.
  4. R. Blachère, Introduction au Coran, p. 244.
  5. R. Blachère, Le Coran, 1966, p. 103.
  6. M. Azaiez, « Chronologie de la Révélation »
  7. G. Dye « Le Coran et son contexte Remarques sur un ouvrage récent », Oriens Christianus no 95, 2011, p. 247-270.
  8. E. Stefanidis, « The Qur'an Made Linear: A Study of the Geschichte des Qorâns' Chronological Reordering », Journal of Qur'anic Studies, X, II, 2008, p. 13.
  9. a b c d et e A.S. Boisliveau, "Sourate 40", Le Coran des Historiens, t.2b, 2019, 1325 et suiv.