Les parents de Louisa de Mornand sont Rose Marie Joséphine Cottier (1854-1909) et Louis Édouard Montaud (1837-1883), tous deux rentiers[4]. Elle est la dernière d'une famille de cinq enfants qui sont Édouard Joseph Montaud (1877-1965), Marie Anne Léonie dite Marguerite Montaud (1878-1966), Jeanne Anne Marie Montaud (1880-1958), Léon Eloi Ernest Montaud (1883-1917), menuisier[4]. Jeanne sera également remarquée par Proust (sur la digue de Cabourg) en 1908.
Avec Proust, Antoine de La Gandara forme un groupe d'artistes et de littérateurs qui aiment à se réunir autour de leur « étoile », Louisa de Mornand.
Marcel Proust
Louisa de Mornand rencontre l’écrivain vers 1903 et continue son amitié avec celui-ci car Robert Gangnat possède une résidence d'été à Bénerville près de Cabourg[6],[9]. En 1904, Proust lui dédicace La Bible d'Amiens, de John Ruskin, dont il a assuré la traduction et la préface[Note 2],[9].
Dans l'œuvre proustienne, Rachel est une actrice de second plan, maîtresse de Robert de Saint-Loup qui l'idolise[7]. Lorsque le narrateur la rencontre pour la première fois dans une maison close, il la surnomme « Rachel quand du Seigneur », d'après les premiers mots d'un air de l'opéra de Halévy, La Juive. Pour Jean-Yves Tadié, Louisa de Mornand est le modèle du personnage de la Rachel de Proust dans À la recherche du temps perdu[10]. Ce ne serait donc pas, comme beaucoup l'ont cru, la grande comédienne Rachel Félix qui vivait elle au XIXe siècle. Proust utilise également Geneviève Lantelme comme source d'inspiration puisque celle-ci travailla dans une maison close, à la difference de Louisa de Mornand[7].
Antonio de La Gandara
La dernière page du catalogue du 17e Salon de la Société nationale des beaux-arts de 1908[11]« Portrait de Madame Louisa de Mornand par Ant. De La Gandara no 93. "RAVISSANT PORTRAIT A L'HUILE", signé en bas à droite, nous présentant Madame Louisa de Mornand assise, tenant sur ses genoux un joli petit chien frisé, dont la tache sombre fait ressortir le lumineux éclat de l'ample robe de style aux reflets changeants; les plis descendent majestueusement jusqu'à terre, accentuant par contraste la finesse des mains nues, du visage rêveur, un peu ironique, couronné d'une abondante chevelure frisée. »
Ce tableau est un de ceux qui témoignent le mieux de l'art de la couleur et de la pose, qui valurent à l'époque, à de La Gandara une si grande renommée de portraitiste. Exposé d'abord à Paris, puis en Allemagne, il fut l'occasion d'un véritable triomphe pour de La Gandara.
Dans une lettre à Louisa de Mornand de 1907, Marcel Proust, se réjouit du tableau en cours par La Gandara[12] en ces termes: « Je suis heureux de penser que vous allez avoir un admirable portrait de Gandara. Quelles heures délicieuses vous devez passer, il est si intéressant, si merveilleusement artiste. »[13].
Vers 1903, Louisa de Mornand a une liaison avec Louis Joseph Suchet, familier des théâtres parisiens et connu sous le titre de Duc d'Albuféra[15]. Ces deux-ci forment un triangle d'amitié amoureuse avec Marcel Proust[16] rencontré à Évian[6]. Lorsque cette relation se termine en 1906, Louis Suchet continue de lui verser une pension en dépit des efforts de Proust pour qu'ils se réconcilient[7].
En 1907-1908, Robert Gangnat (1867-1910), avocat et agent de la société des auteurs dramatiques devient son amant[6]. C’est chez lui et en présence de Louisa de Mornand que Gaston Gallimard rencontre Marcel Proust pour la première fois, en [9].
↑ ab et cEdouard Launet, Les aventures de Marcel et Gaston, Libération, 6 août 2011 [lire en ligne]
↑Jean-Yves Tadié, Proust et le roman, Paris, Gallimard-Collection, coll. « Tel », , 440 p., p. 52-53
↑Gabriel Badea-păun, « Antonio de La Gandara (1861-1917), un portraitiste mondain oublié, un parcours, un réseau, une mode », STUDII ŞI CERCET. IST. ART., ARTĂ PLASTICĂ, serie nouă, Bucarest, vol. 2 (46), , p. 87–119 (lire en ligne)
↑William C. Carter, Proust in love, Yale University Press, 2008, p. 104. Dans ce livre, un portrait de Louisa de Mornand se trouve dans le cahier de photos hors texte entre les pages 96 et 97 [lire en ligne]
↑Antoine Compagnon, Paul Morand et la princesse Soutzo, in Proust et ses amis, éd. Jean-Yves Tadié, Paris, Gallimard, Cahiers de la NRf, 2010.[lire en ligne]