L'entourage de Marcel Proust permet de mieux comprendre la genèse de ses œuvres, bien que son roman le plus important, À la recherche du temps perdu ne soit pas à proprement parler un roman à clef. Ainsi à la fin de sa vie, lorsqu'on interrogeait Marcel Proust sur ses personnages et ceux qui auraient pu l'inspirer, il écrivit, non sans ambiguïté, à son ami le duc de Gramont[1] : « Je ne sais plus qui prétendait que Mme de Guermantes dans mon livre était Mme Greffulhe. Je protestai avec la dernière vivacité. Je finis cependant par accorder que pendant deux minutes dans Guermantes, il y avait un éclat de toilette et de beauté qui était bien de Mme Greffulhe un peu. »
Paul Baignères, cousin de Jacques Baignères, fils de Charlotte et Arthur Baignères, peintre et camarade du lycée Condorcet qui peindra son portrait et hôte des vacances au manoir des Frémonts à Trouville.
Marie de Benardaky (1874-1949), premier amour d'enfance de Proust. Elle était la fille du diplomate Nicolas de Benardaky et de son épouse, née de Leibrock. Elle épousa le prince Michel Radziwill (1870-1955), mariage annulé en 1915. Sa sœur Nelly devint vicomtesse Antoine de Contades. Sa tante était la baronne Charles de Talleyrand-Périgord et son autre tante Mme Armand Nisard (ambassadeur).
Illan de Casa-Fuerte, Marcel Proust a connu ce jeune homme aux goûts littéraires et musicaux qui avait 18 ans, dans le salon que tenait sa mère, la marquise de Casa-Fuerte.
Comtesse Jean de Castellane, née Dorothée de Talleyrand-Périgord, fille du prince de Sagan et belle-sœur du précédent, de son éducation prussienne, elle avait un léger accent dont se souvient Proust pour décrire la princesse de Guermantes, qu'il fait naître "duchesse en Bavière".
Comtesse de Chevigné, Proust l'admire sans retour. L'un des principaux modèles de la duchesse de Guermantes.
Jeanne Pouquet, épouse en premières noces Gaston Arman de Caillavet. Proust est amoureux d'elle sans espoir.
Léon Radziwill, fait partie des amis proches de Proust, pendant sa période mondaine.
Raymond Roussel, écrivain et relation mondaine de Proust, que ce dernier célébrera en vantant (peut-être avec une certaine forme d’ironie) le « prodigieux outillage poétique » du roman en vers La Doublure, écrit à dix-neuf ans par Roussel[6].
Prince de Sagan, cercleux âgé que Proust a croisé dans les salons.
Bertrand de Salignac-Fénelon, accompagne Proust dans divers voyages. Sa mort en 1914 affecte profondément l'écrivain.
Hélène Standish, née Hélène de Pérusse des Cars, épouse d'Henry Noailles Widdrington Standish. Amie de la comtesse de Greffulhe. Elle est l'une des figures de la vie mondaine et aristocratique parisienne et sert de modèle également à Marcel Proust pour son personnage de la duchesse de Guermantes.
Mme Straus, mère de Jacques Bizet, qui tient un des premiers salons (qui deviendra dreyfusard), où Proust fut introduit. L'un des principaux modèles de la duchesse de Guermantes.
Marie Van Zandt, cantatrice, créatrice de Lakmé de Léo Delibes. Intime de son père et de son grand-oncle Louis Weil ; l'écrivain s'en inspirera pour le personnage d'Odette en « Miss Sacripant ».
Maîtres et influences littéraires, amis de la maturité
Georges Colomb, le futur Christophe, professeur de sciences naturelles de Proust en 1882 à Condorcet, d'un naturel enjoué, le futur dessinateur du Sapeur Camembert s'entend très bien avec son élève.
Maxime Gaucher, professeur de lettres à Condorcet, Proust l'aurait dépeint dans le personnage de Rustinlor dans Jean Santeuil et de Brichot de La Recherche[7].
Alphonse Darlu, professeur à Condorcet, très estimé par Proust, modèle de monsieur Beulier dans Jean Santeuil.
Régis Jalliffier, professeur d'histoire à Condorcet, apprécié de Proust, lui donne des cours particuliers.
Henri Bergson (1859-1941), le philosophe devient un parent de Proust en épousant une cousine.
Antoine Bibesco (1878-1951), ami de Proust, surtout dans sa période de rédaction de Jean Santeuil et des débuts de La Recherche.
Emmanuel Bibesco (1877-1917), frère du précédent, avec qui Proust voyage pour visiter les cathédrales gothiques.
Robert de Billy (1869-1953), diplomate ami de Proust avec qui il fait plusieurs voyages et qui lui fait découvrir John Ruskin.
Paul Bourget, auteur célébré de la bourgeoisie de l'époque que Proust a croisé.
René Boylesve (1867-1926), écrivain, nouvelliste et critique aux intuitions préproustiennes[8], d'abord rétif à l'art de Proust, est devenu rapidement l'un de ses plus vifs et fidèles admirateurs[9].
Achille Tenaille de Vaulabelle, « Qui sait, ce sera peut-être un petit Victor Hugo, une espèce de Vaulabelle, vous savez. » Du côté de chez Swann. Proust cite le nom de Vaulabelle de manière ironique, pour parler d'un écrivain notable, sous le Second Empire, mais sans guère d'intérêt littéraire. Proust n'a jamais connu Vaulabelle, mort en 1879, quand il avait sept ans… à moins que Proust ne cite Éléonore Tenaille de Vaulabelle, frangine d'Achille ?
Notes et références
↑Citée dans Anne de Cossé-Brissac, op. cité, p. 261
↑Cité par Robert Dreyfus, mais, Tinan, né en 1874, ne serait arrivé à Paris qu'en 1895, à une époque où Proust ne fréquentait plus le groupe de Condorcet dans les jardins des Champs-Élysées.
↑Cf. François Caradec, Vie de Raymond Roussel, Paris, Pauvert, 1972, p. 401.
↑ Opinion citée, dans Album Proust, Gallimard, 1965, page 68.
↑Voir Philippe Van Tieghem, Dictionnaire des littératures, Paris, PUF, coll. Quadrige, 1990, volume 1.
↑Cf. René Boylesve, « Premières réflexions sur l'œuvre de Marcel Proust », in Varia, Paris, Le Divan, 1931, ainsi que : Marcel Proust et René Boylesve, Quelques échanges et témoignages, Paris, Le Divan, 1932.
Bibliographie
Anne de Cossé-Brissac, La comtesse Greffulhe, Librairie académique Perrin, Paris, 1991
George Painter, Marcel Proust, Mercure de France, Paris, 1966, 2de édition 1992
Robert Dreyfus, Souvenirs sur Marcel Proust, accompagné de lettres inédites, éditions Grasset, 1926. Réédité en 2013, Grasset Les cahiers rouges, (ISBN9782246810346).
André Ferré, Les années de collège de Marcel Proust, Gallimard, 1955.