Robert Proust naît le dans le 16e arrondissement de Paris[1]. Il est le fils de Jeanne Clémence Weil (Paris, 1849–Paris, 1905), elle-même fille de Nathé Weil (Paris, 1814–Paris, 1896), un agent de change d'origine juivealsacienne et lorraine de Metz[2] et d'Adèle Berncastel (Paris, 1824–Paris, 1890). Son père, le DrAdrien Proust (Illiers, 1834–Paris, 1903), fils de François Proust (1800/1801–Illiers, 1855) un commerçant prospère d'Illiers (en Eure-et-Loir) et de Virginie née Catherine Virginie Torcheux (Cernay, 1809–Illiers, 1889), est professeur à la Faculté de médecine de Paris après avoir commencé ses études au séminaire et un grand hygiéniste, conseiller du gouvernement pour la lutte contre les épidémies. Son frère aîné est Marcel Proust (Paris, 1871–Paris, 1922) qui connaîtra une renommée littéraire internationale.
Élève au lycée Condorcet, comme son frère aîné, Robert Proust obtient son baccalauréat grâce aux leçons de Léon Brunschvicg. Il s'inscrit ensuite à la faculté de médecine de Paris. Obtenant sa licence en 1893, il devient interne des hôpitaux à l'âge de vingt ans.
Il s'initie à la chirurgie sous la direction du professeur Félix Guyon. En 1901, il procède avec Joaquín Albarrán à la première ablation de la prostate par voie périnéale en France. Trois ans plus tard, il réussit son agrégation, puis, pendant les dix années suivantes, il est l'assistant du professeur Samuel Pozzi[3] à l'hôpital Broca.
Durant la Première guerre mondiale, Robert Proust se trouve mêlé à l'Affaire du 15e Corps : alors qu'Auguste Odde et Josephe Tomasini, deux hommes du 15e corps d'armée ont déjà été fusillés sur la base, entre autres, d'accusation d'automutilation, il soigne d'autres condamnés et découvre des traces d'armement allemand dans leurs blessures, contribuant ainsi à mettre en cause la probité du tribunal militaire et à réhabiliter l'ensemble des condamnés[4].
En 1919, il dirige un service de chirurgie à l'Hôpital Tenon et utilise l'association radiochirurgicale avec Lucien Mallet pour le traitement de certaines tumeurs cancéreuses.
À la mort de Marcel Proust, en 1922, Robert Proust prend en charge la publication des volumes de La Recherche qui n'étaient pas encore parus et dont il établira le texte à partir des dactylographies et des cahiers laissés par son frère (avec l'aide de Jacques Rivière et de Jean Paulhan). En 1923, il publie La Prisonnière, en 1925, Albertine disparue et en 1927, Le Temps retrouvé. Entre 1930 et 1935, il publie les cinq premiers volumes de la Correspondance générale de Marcel Proust[5].
Robert Proust a épousé Marthe Dubois-Amiot (1878–1953). Ils n'ont eu qu'un enfant : Adrienne, dite « Suzy » (1903–1986), qui a épousé Gérard Mante (1891–1947), fils de Louis Mante et de Juliette Rostand (sœur d'Edmond Rostand). Le couple a trois enfants : Patrice (père de Patricia Mante-Proust, née en 1975, coauteur avec Mireille Naturel de Marcel Proust, L'Arche et la Colombe, Michel Lafon, 2012), Dominique, mariée à François de Puységur, et Marie-Claude, qui a épousé Claude Mauriac.
Il est le fondateur du Journal de chirurgie avec Cunéot, Antonin Gosset, Paul Lecène et Charles Lenormant.
De la prostatectomie périnéale totale, [Thèse de Médecine, tome 41, n ° 213, Paris, 1899-1900], Paris, 1900.
Technique de la prostatectomie périnéale, [Communication faite à la cinquième session de l'Association française d'urologie, 1901], impr. de Daix frères (Clermont (Oise)), 1902, in-8° , 24 p., fig., lire en ligne sur Gallica.
Manuel de la prostatectomie périnéale pour hypertrophie, C. Naud (Paris), 1903, 1 vol. (190 p.) : ill. ; in-8.
Chirurgie de l'appareil génital de la femme, Masson (Paris), 1904, in-8° , XIX-244 p., fig. [plusieurs éditions entre 1913 et 1936].
« Le signe du Douglas dans les ruptures de grossesse tubaire », in Paris médical : la semaine du clinicien, 1920, n° 37, p. 113-115, Texte intégral.
Curiethérapie et radiothérapie chirurgicales, [conférences de 1924].
En collaboration
avec Claude Béclère, (1897-1971), De l'intérêt de l'examen radiologique après injection de lipiodol dans le diagnostic des métrorragies, Masson (Paris), 1927, in-8° , 6 p., fig. [extrait de Gynécologie et obstétrique, T. 16, n° 5, ].
avec Lucien Mallet, Conditions rationnelles d'irradiations curiethérapiques de l'utérus et des ligaments larges.
Éponymie
Signe de Proust[10] : « dépressibilité du cul-de-sac de Douglas, douloureux et tendu, en cas de rupture de grossesse extra-utérine. »
Bibliographie
Évelyne Bloch-Dano, Madame Proust, [biographie de la mère de Marcel Proust], Grasset, 2004.
Roger Duchêne, L'Impossible Marcel Proust, Robert Laffont, 1994.
Raymond Grégoire, « Nécrologie. Le professeur Robert Proust (1873-1935) », Paris médical : la semaine du clinicien, 1935, n° 98, p. 14, Texte intégral.
Charles Lenormant, « Nécrologie. Robert Proust (1873-1935) », La Presse médicale,, N°50, p. 1011-1012, Texte intégral.
André Maurois, À la recherche de Marcel Proust, Hachette, 1949.
Albert Mouchet, « Les nouveaux professeurs. Robert Proust, professeur d'anatomie médico-chirurgicale », Paris médical : la semaine du clinicien, 1933, n° 90, p. 569-570, Texte intégral.
George Painter, Marcel Proust, 2 vol., Mercure de France, 1966-1968, traduit de l'anglais et préfacé par Georges Cattaui ; édition revue, en un volume, corrigée et augmentée d'une nouvelle préface de l'auteur, Mercure de France, 1992.
Maria Watroba, « Figures d'épreuves, Proust et la chirurgie », Littérature, N°126, 2002. L'épreuve, la posture. pp. 40–60. doi : 10.3406/litt.2002.1755 Texte intégral.