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Edmond Rostand, né le 1er avril 1868 à Marseille et mort le 2 décembre 1918 à Paris, est un écrivain, dramaturge, poète et essayiste français.
Il est l'auteur d’une des pièces les plus connues du théâtre français, Cyrano de Bergerac. Son œuvre est marquée par l’influence de Victor Hugo et de Théodore de Banville, « dont il est l’héritier le plus populaire mais aussi le plus controversé »[1].
Son épouse est la poétesse Rosemonde Gérard et il est le père du biologiste et académicien français Jean Rostand.
Edmond Eugène Joseph Alexis Rostand naît le 1er avril 1868 à Marseille au no 14 de la rue Monteaux (devenue rue Edmond-Rostand)[2]. Issu d'une famille bourgeoise commerçante et banquière, il est le fils de l'économiste Eugène Rostand et d'Angèle Gayet (fille d'un riche fabricant de produits chimiques)[3], et l'arrière-petit-fils d'Alexis-Joseph Rostand, un maire de Marseille[4].
En 1880, son père emmène toute sa famille, Edmond, sa mère et ses deux cousines, dans la station thermale en vogue de Bagnères-de-Luchon. Logés d'abord au « chalet Spont », puis à la « villa Devalz », ils font ensuite édifier la « villa Julia », à proximité du casino[5]. Edmond Rostand passe plus de vingt-deux étés à Bagnères-de-Luchon, qui lui inspire ses premières œuvres. Il y écrit notamment une pièce de théâtre en 1888, Le Gant rouge, et surtout un volume de poésie en 1890, Les Musardises. C'est dans cette station touristique qu'Edmond Rostand se lie d'amitié avec un homme de lettres luchonnais, Henry de Gorsse, dont il partage le goût pour la littérature.
De 10 à 17 ans, il étudie au lycée Thiers de Marseille. Il y accumule les prix et accessits, particulièrement en composition française, en histoire et en latin[6]. Il se rend à Paris en 1884 pour compléter son cursus scolaire au collège Stanislas pendant deux ans. Il écrit une pièce restée inédite, Les Petites manies, et une nouvelle en prose, Mon La Bruyère. Muni de son baccalauréat, il est dirigé vers l'école de droit par son père, qui souhaite en faire un diplomate. Il passe sa licence, puis s'inscrit au barreau sans y exercer, avant de se décider à se consacrer à la poésie[7].
En 1887, il présente à l'Académie de Marseille un essai sur « deux romanciers de Provence », Honoré d'Urfé et Émile Zola, qui obtient le prix du Maréchal de Villars[8].
Le 1er avril 1888, il fonde en compagnie de son ami Maurice Froyez, journaliste parisien, le « Club des natifs du premier avril », dont les statuts stipulent que ses membres jouiront à vie du privilège d'entrer gratuitement dans tous les établissements publics, opéras, théâtres, champs de course et maisons closes, de pouvoir rire aux enterrements afin de les rendre moins sinistres, de bénéficier à leur naissance du parrainage du chef de l'État et, en outre, de se voir attribuer un appartement de fonction dans un des Palais nationaux, résidence pourvue de tout le confort souhaitable et d'une domesticité jeune, accorte et complaisante[9].
En août 1888, cette fois-ci avec son ami Froyez, il se rend au champ de courses de Moustajon et ils y décorent tous deux leur équipage d'une abondance de fleurs des champs. Ils font sensation devant un établissement à la mode, le café Arnative, et improvisent en terrasse une joyeuse bataille de fleurs avec leurs amis. C'est ainsi que naît le premier « Corso fleuri », ou Bataille des fleurs, à Bagnères-de-Luchon, devenue Fête des fleurs, le dernier dimanche d'août. On remettait une bannière au gagnant.
Dans le train pour Montréjeau, son père fait la rencontre de Madame Lee et de sa fille Rosemonde Gérard (poétesse elle aussi, dont Leconte de Lisle était le parrain, et Alexandre Dumas, le tuteur) et les invite à prendre le thé à la villa Julia. Le 8 avril 1890, Edmond épouse Rosemonde en l'église Saint-Augustin de Paris[4].
Rosemonde et Edmond Rostand auront deux fils : Maurice, né en 1891, et Jean, né en 1894. Edmond quittera Rosemonde en 1915 pour son dernier amour, l'actrice Mary Marquet[10].
Edmond obtient ses premiers succès en 1894 avec Les Romanesques, pièce en vers présentée à la Comédie-Française, et en 1897 avec La Samaritaine, mais la postérité retiendra surtout Cyrano de Bergerac, qui triomphe dès la première en 1897, alors qu'il n'a que 29 ans[11],[12]. En 1900, il connaît un nouveau succès avec L'Aiglon. Mal remis d'une pleurésie après la première représentation de cette pièce, il part, quelques mois après, en convalescence à Cambo-les-Bains. Séduit par le lieu, il y acquiert des terrains sur lesquels il fait édifier sa résidence, la villa Arnaga. Dans les années 1910, il collabore à La Bonne chanson, Revue du foyer, littéraire et musicale, dirigée par Théodore Botrel.
Pendant plusieurs années, il travaille irrégulièrement sur Chantecler, dont la première représentation a lieu le 7 février 1910. Après son relatif insuccès critique, Rostand ne fera plus jouer de nouvelles pièces. À partir de 1914, il s'implique fortement dans le soutien aux soldats français.
Il meurt le 2 décembre 1918 à Paris, au 4, avenue de La Bourdonnais, de la grippe espagnole, peut-être contractée pendant les répétitions d'une reprise de L'Aiglon.
Il repose au cimetière Saint-Pierre de Marseille, sa ville natale. Son tombeau, laissé à l'abandon depuis les années 1920 a été entièrement réhabilité par Thomas Sertillanges, président du Festival Edmond Rostand en 2017.
Paris, Éditions Théâtrales, 2007
Voir aussi :
La première représentation de Cyrano de Bergerac, le 28 décembre 1897 à Paris, au Théâtre de la Porte-Saint-Martin, lui apporte la gloire. Pourtant, quelques minutes avant la pièce, Rostand pressent un fiasco et dit à Coquelin « Ah ! pardonnez-moi, mon ami, de vous avoir entraîné dans cette désastreuse aventure »[15].
La pièce venait à point pour rendre le moral à une France traumatisée par la perte de l'Alsace-Lorraine, à la suite de la guerre franco-prussienne de 1870, et hantée depuis par l'humiliation et l'esprit de revanche.
Son héros démontre avec panache que l'on peut, dans l'adversité, garder la tête haute et faire preuve d'un très grand sens de l'honneur, avec la plus haute élévation d'âme. Aussi, dès l'entracte, la salle applaudit debout, et même le ministre des Finances Georges Cochery vient le trouver dans les coulisses, décroche sa Légion d'honneur pour la lui agrafer, et lui dit : « Permettez-moi de prendre un peu d'avance[16] ». Et, au baisser de rideau, le public d'applaudir à tout rompre, une vingtaine de minutes[17].
À l'acte IV, scène VI, un cadet de Gascogne se présente avec des titres de fantaisie, qui font référence à différents endroits situés autour de Luchon :
La scène du balcon serait inspirée d'un fait de jeunesse, le poète ayant effectivement aidé Jérôme Faduilhe dans sa cour, jusque-là infructueuse, à une certaine Marie Castain : il lui avait écrit ses lettres d'amour.
La pièce fut traduite en plusieurs langues et eut un succès universel. Le personnage de Cyrano, brillant représentant de l'« esprit français », est devenu un véritable archétype, au même titre que Hamlet ou que Don Quichotte, qu'il mentionne d'ailleurs dans la pièce.
L'auteur dédie d'ailleurs son œuvre au premier acteur ayant interprété le personnage de Cyrano : « C'est à l'âme de Cyrano que je voulais dédier ce poème. Mais puisqu'elle a passé en vous, Coquelin, c'est à vous que je le dédie ».
Un opéra, Cyrano de Bergerac, fut composé par l'italien Franco Alfano (1876-1954) sur une adaptation du librettiste Henri Cain (1859-1937), représenté en 2005 au Metropolitan Opera de New York, avec Plácido Domingo dans le rôle-titre, puis en 2006 à l'Opéra de Montpellier, avec Roberto Alagna, repris au théâtre du Châtelet, à Paris, en mai 2009, avec Plácido Domingo.
En 1900, il crée son nouveau drame, L'Aiglon, pour Sarah Bernhardt. Par la suite le rôle-titre sera repris par Simone Le Bargy[18]. La pièce a un tel succès qu'elle lui ouvre les portes de l'Académie française où il est élu en 1901 au fauteuil 31. Souffrant, il n'y est reçu qu'en 1903.
En 1910, sa pièce Chantecler est créée au théâtre de la Porte-Saint-Martin. Simone Le Bargy participe à la création de la pièce pour le grand rôle féminin de « la Faisane »[18], avec Lucien Guitry dans le rôle-titre, Constant Coquelin, pour qui le texte avait été écrit, étant décédé peu de temps auparavant. La particularité de cette pièce est que tous les personnages sont des animaux.
La pièce ne fut ni un succès, ni un échec, la critique fut partagée et une partie du public, dérouté. La pièce est en vers, comme tout le théâtre de Rostand, mais l'alexandrin est manié par l'auteur avec une telle virtuosité qu'il est déconcertant d'entendre des animaux s'exprimer dans une langue aussi sophistiquée. La lourdeur des décors et des costumes joue aussi un rôle : dans les années 1950, Roland Barthes écrit un article célèbre sur « les maladies du costume de théâtre »[réf. nécessaire] et prend ce spectacle précisément comme exemple de ce qu'il ne faut pas faire au théâtre.
Plus d'un siècle après la première, il est intéressant de reconsidérer la question de Chantecler, qui est une réalisation plus audacieuse que celle de Cyrano ou de L'Aiglon. D'un point de vue scénique, la mise en scène est riche. Elle offre sur la scène parisienne une tentative de renouvellement et de modernisation qui, si elle n'a rien à voir avec les entreprises du théâtre naturaliste (André Antoine) ou symbolistes (Lugné-Poe), prend en compte ces avancées qu'elle digère à sa manière. Les animaux qui parlent au théâtre sont relativement rares. Il y avait bien eu Les Oiseaux d'Aristophane. Mais leur retour sur la scène de la Belle Époque a quelque chose de surréaliste et préfigure, d'une certaine façon, les collages de Max Ernst.
Pour l'histoire des spectacles, l'entreprise a aussi quelque chose de remarquable. C'est la manière dont l'événement est géré par la presse. En effet, en 1910, Rostand passe, pour beaucoup, pour le plus grand dramaturge français, et il est considéré comme une sorte de poète officiel de la IIIe République. Or il n'est pas très productif. Sa dernière création, L'Aiglon, remonte à 1900. Il existe une attente énorme, et la rumeur journalistique ne cesse d'enfler à propos d'une pièce mystérieuse. Rostand entretient volontairement le mystère. On assiste à une véritable campagne de presse à l'américaine. À la sortie, en 1910, les journaux sont pleins d'articles, de reportages, de photographies, d'anecdotes et de caricatures. Commercialement, la pièce est loin d'avoir été un échec : il y eut un grand nombre de représentations à Paris, et des tournées internationales furent lancées, avec plusieurs distributions parallèles.
À la suite du succès rencontré par la pièce, Frère Wilfrid, un moine cistercien québécois, décida de nommer Chantecler la race de poule qu'il avait créée[19].
Un sujet en bronze à patine brune, statue équestre de Louis XIV attribuée à Martin Desjardins (1637-1694) et ayant appartenu à Rostand, a figuré à une vente aux enchères publiques à Paris le 11 décembre 2017.
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