La famille Daudet était composée d'Alphonse, le père (1840–1897), Julia Allard, la mère (1847–1940), Léon, le fils aîné (1867–1942), Lucien (1878–1946), Edmée (1886-1937). Tout le monde dans la famille écrivait : père, mère, frère, sœur, belle-sœur (Marthe Allard sous le pseudonyme de « Pampille ») et oncle (Ernest Daudet).
Lucien fit publier lui-même une quinzaine d’ouvrages.
Jules Renard écrit dans son Journal, le : « Un beau garçon, frisé, lingé, pommadé, peint et poudré, qui parle avec une toute petite voix de poche de gilet[4]. » Jeune homme cultivé, « très beau, très élégant, mince et frêle, au visage tendre et un peu efféminé », selon Jean-Yves Tadié. Il mena une vie mondaine qui lui fit rencontrer Marcel Proust, d'abord aux jeudis[5] de sa mère, Mme Daudet. Ils eurent ensemble une liaison au moins sentimentale, que révéla Jean Lorrain dans sa chronique du Journal. C’est pour cette indiscrétion que Proust et Lorrain se battirent en duel en 1897. Il fut également l’ami de Jean Cocteau[6].
Lucien Daudet était aussi peintre. Après avoir pris des cours à l’Académie Julian[7], il fut l’élève de Whistler et fit une exposition chez Bernheim-Jeune en 1906. Ses tableaux ne sont plus connus que par des allusions littéraires (correspondance de Proust, catalogue d'Anna de Noailles). On peut noter sa participation au Salon d'Automne en 1907 où il expose un portrait (n°402 de la section des peintures), et à la Société nationale des beaux-arts en 1907 (n° 339 « Portrait »). Il fut également, dans les dernières années de sa vie, l'ami du peintre Léon Gard, qui exécuta son portrait en 1941.
Toute sa vie, il fut écrasé par son père en littérature (« Je suis le fils d’un homme dont la célébrité et le talent comptent pour plusieurs générations, je reste sous son ombre »), et par Whistler en peinture (« Il m’a donné un certain goût en peinture, mais m’a donné en même temps un très grand mépris pour ce qui n’est pas de premier ordre... et j’applique ce mépris à ce que je fais »).
Ce fut aussi un admirateur fidèle jusqu'à ses derniers jours de l'impératrice Eugénie, qu'il avait connue par l'intermédiaire de la nièce de celle-ci, la marquise de Casa Fuerte.
Vers la fin de sa vie, en 1943, il épousa Marie-Thérèse, sœur cadette de Pierre Benoit. Son épouse est décédée en 1974.
Il est aujourd’hui connu surtout pour ses biographies de l'impératrice Eugénie.
Œuvres
Le Chemin mort, 1908, réédition avec une préface et des annotations de Patrick Dubuis, L'Ecritoire, 2023.
↑Jean Cocteau racontera, par exemple : " Outre que j'y allais chaque jour voir Lucien, on dînait le dimanche en famille. Et Lucien me disait : " Si vous riez aux balivernes de Léon, je ne vous adresse plus la parole." Toute cette famille était brouillée à mort et faisait trêve le dimanche soir, autour de la table." ( Le passé défini, tome VII du Journal, à la date du 18 juillet 1960).
Mon cher petit. Lettres de Marcel Proust à Lucien Daudet, Paris, Gallimard, édition préparée par Michel Bonduelle, 1991
Jean-Yves Tadié, Biographie de Marcel Proust, Collection Folio, Gallimard
George Painter, Marcel Proust, Paris, Mercure de France, 1re édition, 1966, traduit de l'anglais par G. Cattaui et R. -P. Vial
Benoît Puttemans, « Quand Lucien Daudet joue au rat et à la souris : une dédicace cryptée à Marcel Proust », Bulletin d’informations Proustiennes, no 47, , p. 29-35 (lire en ligne)