En 1845, Pierre-Dominique Bazaine, ingénieur en chef de la Compagnie du chemin de fer d'Amiens à Boulogne, présente un projet pour la station principale de Boulogne-sur-Mer. L'emplacement choisi, un terrain inoccupé et propriété de la ville, se trouve dans le quartier de Capécure, au lieu-dit « Champ de manœuvres ». Ce lieu est choisi car, situé en face de la ville, il dispose d'un port où les navires pourront directement débarquer leur cargaison dans les wagons, notamment la houille et le bois de construction, évitant ainsi les coûts de transbordement. C'est également un site intéressant pour les voyageurs, car un pont en pierre devrait relier la gare au quartier le plus peuplé de la ville. Ce pont, avec écluses, bief et pont-levis, qui vient d'être autorisé par une loi, doit également permettre la création d'un bassin à flot pour des navires de fort tonnage[2].
Cette première gare est construite en 1855[3], à moins d'un kilomètre de la gare maritime (mise en service en 1875), sur la rive gauche de la Liane ; son emplacement est désormais occupé par le casino et de la tour Damrémont[4],[5].
La gare est alors située sur la ligne Paris – Amiens – Boulogne, et fait partie des nombreux projets d'aménagement qui accompagnent la croissance de la ville et le développement du tourisme balnéaire à Boulogne au XIXe siècle.
En , la Compagnie des chemins de fer du Nord prévoit un prolongement de la ligne vers Calais, où le train se détacherait de la ligne entre les stations de Neufchâtel et de Pont-de-Briques[6], ce que conteste la ville de Boulogne, qui juge inacceptable que les trains en direction de Calais ne passent pas par la gare de Boulogne. Elle obtient finalement gain de cause, en 1861 ; ces trains partent ainsi de la gare de Boulogne, en direction de Paris, et sont déviés quelques centaines de mètres plus loin pour repartir vers le nord, via le pont en pierre sur la Liane.
La gare actuelle, inaugurée le [7], est construite en béton armé sur les plans de l'architecte Vivien[8], sur la rive droite de la Liane, dans le quartier de Bréquerecque, à deux kilomètres du centre-ville[3].
Elle se trouve en bordure de l'ancien cours de la Liane, tout près du tracé initial de la ligne de chemin de fer empruntée par les trains à destination de Calais, en direction du tunnel de Hauteville[7],[4]. Par ailleurs, les trains continuent de passer à l'emplacement de l'ancienne gare pour desservir la gare maritime[7], jusqu'à la fermeture de cette dernière.
La gare garde une certaine importance pendant plusieurs années, desservant de nombreuses relations nationales et internationales. L'ouverture de la LGV Nord (ligne TGV Paris – Lille – Calais) et ses trains Eurostar vont néanmoins freiner ce succès, provoquant le détour des passagers en provenance ou à destination de l'Angleterre, et la fermeture de la courte ligne ferroviaire permettant d'atteindre Boulogne-Maritime.
En 2000, la gare inaugure le premier service régional à grande vitesse de France (le TERGV) avec la ligne Boulogne-Ville – Lille-Europe via Calais-Fréthun en 55 min. Cette liaison a depuis été prolongée jusqu'à Rang-du-Fliers-Verton d'un côté (les trains continuant en tant que TGV — c'est-à-dire sans tarification régionale — jusqu'à Paris-Nord de l'autre), et rencontre un succès important[9].
Jusqu'en , des trains Corail spéciaux roulaient sur la ligne Boulogne – Amiens – Laon – Reims ; ils étaient accessibles aux écoles voulant aller à Nausicaá. Toutefois, un TER Laon – Boulogne aller-retour (train ouvert à tous les types de clientèle, avec correspondance à Laon depuis ou vers Reims) est rétabli à partir de 2018, uniquement les week-ends et jours fériés en été[10].
De 2002[11] à 2019 (année où le terminus à Calais-Ville est rétabli, partiellement dès septembre[12]), la gare est la tête de ligne des trains — ex-Intercités — à destination de Paris-Nord via Amiens[13]. D'une manière générale, la fonction de terminus de cette gare devenant beaucoup moins fréquente à la fin de la même année, la SNCF a annoncé que l'« annexe Traction » de Boulogne doit alors être fermée pour être transférée à Calais (entraînant la mutation des cheminots concernés)[14] ; ces mutations sont finalement reportées d'un an[15].
En 2023, la SNCF estime la fréquentation annuelle de Boulogne-Ville à 971 882 voyageurs[16].
La gare est également sur le trajet des TGV inOui (accessibles en tarification TERGV) qui relient Rang-du-Fliers à Paris-Nord via Étaples-Le Touquet, Boulogne-Ville, Calais-Fréthun, Lille-Europe et Arras[17].
La gare est desservie par les autobus des lignes A, C, E, F, H, I, K2 et O du réseau Marinéo, à l'arrêt Gare SNCF[19]. Elle est également desservie par la ligne 427 du réseau interurbain Oscar.
Un parking est aménagé près du bâtiment voyageurs.
Notes et références
↑Reinhard Douté, Les 400 profils de lignes voyageurs du réseau ferré français : (311) Longueau - Boulogne, vol. 1 - lignes 001 à 600, Paris, La Vie du Rail, , 238 p. (ISBN978-2-918758-34-1), p. 117.
↑« L'importante question relative à la place de la station principale à Boulogne », Le Journal des chemins de fer, vol. 4, no 175, , p. 665-666 (lire en ligne, consulté le ).