Le tronçon de Soissons à la frontière belge est concédé à titre éventuel par décret, à la Compagnie des chemins de fer du Nord, le . Il est déclaré d'utilité publique le [1] et concédé, avec un délai de réalisation fixé à huit ans. Il est réalisé sans subvention, mais avec les garanties d'intérêt et d'amortissement qui sont attachées au nouveau réseau. Les tronçons Laon – Vervins et Hirson – Anor ouvrent simultanément le [2], le même jour que le tronçon d'Aulnoye à Anor (33 km) ; les omnibus Vervins - Soissons effectuent le trajet en deux heures et quarante minutes en moyenne, temps variable selon la durée de l'arrêt à Laon.
Le tronçon de Vervins à Hirson ouvre le [3], mais uniquement pour le transport de troupes. Il ouvre finalement au public, le , mais d'importants travaux de reconstruction ne permettent son exploitation régulière que le [4]. Il faut alors 3 h 30 pour rejoindre Soissons par omnibus, et 6 h 30 pour relier Paris. Avec le doublement de la ligne de Paris en 1881, l’amélioration progressive des horaires et l’introduction de trains mixtes, Hirson et la bourgade voisine de Buire entre dans l’histoire ferroviaire.
À cette époque, Hirson, la citadine, compte moins de 5 000 habitants et Buire, la rurale, environ 325 habitants. Avec la création et l’ouverture de différents tronçons[5], Hirson va très rapidement devenir une étoile ferroviaire, passant du statut de gare de passage à terminus. En 1869, intervient l'ouverture des sections d'Anor à Hirson, d'Hirson à Namur et d'Hirson à Charleville (par Auvillers-les-Forges). En 1870, la section de Vervins à Hirson est ouverte et, en 1885, celle de Busigny à Hirson et d'Hirson à Amagne-Rethel est mise en service.
De 1886 à 1890, le trafic augmente de 40 000 wagons par an[6]. En 1891, dix nouvelles voies et une halle à marchandises sont créées. L’accroissement de la capacité des wagons est porté à 20 tonnes[6] en 1898 favorisant le développement de la gare. En 1908, Henri Bourrillon, plus connu sous son pseudonyme de Pierre Hamp, écrivain français, devient sous-chef de gare d'Hirson[7]. Il dira : « Nous trouvions les hommes de l'Est pusillanimes, précautionnés, beaucoup plus raides que nous dans le service »[8]. En 1910, la ligne de Guise à Hirson est ouverte.
La population est passée à 9 638 habitants pour Hirson et à 374 pour Buire. En 50 ans, la population d’Hirson a été multipliée par trois. En 1913, la gare d’Hirson emploie aux alentours de 700 personnes (206 agents d’exploitation, 204 agents de traction, 250 agents d’entretien auxquels s'ajoutent les services généraux). Face à ce développement, le site n’est plus adapté et doit être agrandi mais la Première Guerre mondiale va être un frein à cette expansion. Après quatre années d'occupation allemande, le site est énormément endommagé. Seul, le chantier dit de « Batavia », créé en 1915 par les occupants, semble en bon état. Le reste est à reconstruire. L’activité redémarre en .
L'expansion de la gare est relancée avec de nouvelles installations, prêtes à accueillir plus d’une centaine de machines à vapeur : tour d'aiguillage de la Florentine, un dépôt, un toboggan, des parcs à charbon. L'année 1929 sera l’apothéose pour le trafic du pôle ferroviaire hirsonnais ; on compte 1 335[6] cheminots sur le site : 229 pour la traction des trains, 450 à l'entretien, 162 visiteurs, 304 à l'exploitation et 190 agents de train. Côté trafic, 10 500 000 tonnes d’échanges sont enregistrées et 3 000 wagons sont manœuvrés par jour. L’activité voyageurs est également vive avec 18 rapides et 33 omnibus. Quatre trains de messageries journaliers desservent la gare. Hirson devient la « seconde gare de France »[6].
Photographies de la gare en juin 2014
Vue sur le buffet, alors fermé.
La gare, vue de face.
La gare, vue de côté.
Le déclin
En 1931, la population d’Hirson est de 11 400 habitants, celle de Buire de 1 230 (triplement en 20 ans). Les cités cheminotes Champs-Élysées et de Cité de Buire ont vu le jour. En 1932, la Compagnie des chemins de fer du Nord et la Compagnie des chemins de fer de l'Est décident de mettre en place des trains directs mettant fin au transit d’Hirson[9]. Le rôle de jonction d’Hirson entre les réseaux Nord et Est est donc remis en cause. Petit à petit, la gare cesse d'être un point de passage nécessaire pour procéder au transbordement et aux ruptures de charge. La moyenne de wagons manœuvrés quotidiennement passe de 2 900 en 1931 à 500 en 1932.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, la gare est victime des bombardements : près des trois-quarts des installations ferroviaires sont détruits. À la suite du conflit mondial, un dépôt est érigé ainsi qu'une rotonde de 34 places couvertes (voir ci-dessous). Une baisse des effectifs s'amorce ; le personnel procède à la déconstruction d'environ 250 machines à vapeur. Le dépôt de Buire ferme définitivement ses portes le 1er novembre1969.
Selon les estimations de la SNCF, la fréquentation annuelle de la gare s'élève aux nombres indiqués dans le tableau ci-dessous[10].
Année
2023
2022
2021
2020
2019
2018
2017
2016
2015
Nombre de voyageurs
157 237
148 043
104 867
70 357
103 873
102 033
114 781
114 927
130 709
Voyageurs et non voyageurs
194 120
182 770
129 465
86 861
128 238
125 967
141 705
141 885
161 369
Service des voyageurs
Accueil
Gare de la SNCF, elle dispose d'un bâtiment voyageurs, avec guichet, ouvert tous les jours. Elle est équipée d'automates pour l'achat de titres de transport[11].
L'ancienne rotonde est de type P à 34 voies. Œuvre de l'architecte Paul Peirani et de l'ingénieur Bernard Laffaille, elle est construite en 1948 par l'entreprise K. Delagneau[12] en remplacement d’anciennes remises. Désaffectée, les voies déposées, elle a été restaurée pour être utilisée par des manifestations comme le Rotonde Festival[13].
Dossier Reconstruction de la gare d’Hirson avec améliorations de la gare et du dépôt d’Hirson (Côte 505LM77/5, dates extrêmes : 1945-1946, 1952-1953) issu des dossiers documentaires des débuts de la S.N.C.F. aux années 1980 incluses constitués par le secrétariat du Conseil d’Administration.
Paul Durand, La SNCF pendant la guerre, Presses universitaires de France, 1968.
M. Maréchal, « Étude détaillée sur l'évolution de la gare d'Hirson », dans la Revue Générale des Chemins de fer, août 1955.
Marcel Bouleau, Le rail à Hirson, 2011.
Philippe Fluckiger, « Sous le béton lépreux, la grandeur oubliée du dépôt d’Hirson : Tué par l’électrification, le dépôt de chemin de fer d’Hirson fut en son temps l’un des plus grands de l’Hexagone. Il n’en reste qu’un impressionnant et sinistre squelette de béton armé ouvert à tous vents », Le Courrier picard, (lire en ligne).