Le Tour d'Italie 2020 (en italien : Giro d'Italia 2020) est la 103e édition de cette course cycliste masculine sur route. La course a lieu du 3 au [1], après avoir été reportée en raison de la pandémie de Covid-19. La course fait partie du calendrier UCI World Tour 2020 en catégorie 2.UWT.
Vainqueur de deux étapes, Tao Geoghegan Hart (Ineos) remporte le classement général et le classement du meilleur jeune. Il s'empare de la tête du classement général le dernier jour, devant les deux précédents porteurs du maillot rose : Jai Hindley, gagnant d'une étape, et Wilco Kelderman (Sunweb). Pour les trois coureurs, il s'agit de leur premier podium sur un grand tour. En plus de la victoire finale et du maillot blanc, la formation Ineos repart avec 7 succès d'étapes et le classement par équipes. Vainqueur de quatre sprints massifs, Arnaud Démare (Groupama-FDJ) s'adjuge le classement par points. Le classement de la montagne est remporté par Ruben Guerreiro (EF Pro Cycling), lui aussi vainqueur d'étape.
Présentation
Parcours
Le parcours a été dévoilé le . Initialement, le départ devait être donné le 9 mai à Budapest, en Hongrie pour une arrivée finale le 31 mai à Milan. Cela aurait été la 14e fois que le grand départ du Giro aurait lieu hors d'Italie et pour la première fois en Hongrie. Un prologue et deux étapes étaient prévus sur le sol hongrois[2].
En raison de la pandémie du COVID-19, l'épreuve est reportée[3], tandis que Budapest a décidé d’annuler le départ afin d'éviter la propagation du virus[4]. Finalement la course commence le en Sicile avec quatre étapes au programme sur l'île. C'est la neuvième fois que le Giro s'élance de la région sicilienne, après 1930, 1949, 1954, 1976, 1986, 1989, 1999 et 2008. Le programme insulaire est varié : un contre-la-montre et trois étapes en ligne, dont une arrivée au sommet de l'Etna[5]. Le parcours final est annoncé le [6],[7].
La 5e étape est difficile, avec notamment le Valico de Montescuro, dont le sommet est placé à 10 km de l'arrivée. Après deux étapes pour sprinteurs, la première semaine se finit par deux tracés plus difficiles. La huitième étape longe la côte adriatique (la première moitié est toute plate et la seconde est vallonnée), tandis que le lendemain la montée de Roccaraso est au programme dans les Abruzzes.
Après le premier jour de repos, la 10e étape propose un parcours rappelant les classiques ardennaises, avec des ascensions assez courtes mais difficiles. Quatre d'entre elles jalonneront les 40 derniers kilomètres. Le lendemain, les sprinteurs auront une nouvelle opportunité pour lever les bras. La 12e étape, autour de Cesenatico (la ville natale de Marco Pantani)[8], est difficile, avec neuf ascensions et 30 derniers kilomètres en descente puis plats. La journée suivante est toute plate, à l'exception de deux côtes dans les 30 derniers kilomètres. Le week-end devrait permettre aux favoris de s'expliquer, avec un contre-la-montre vallonné de 33,7 km et une étape comprenant quatre cols, dont deux sous le seuil des 1 000 m d'altitude et la montée finale vers Piancavallo.
Après la seconde journée de repos, la troisième semaine est comme à l'accoutumée particulièrement difficile. Elle débute par une étape de moyenne montagne, avec un circuit final vallonné, marqué par la montée de Ragogna (2,8 km à 10,4 %). S'ensuivent deux étapes à plus de 5 000 mètres de dénivelé positif (5 100 puis 5 400) en un peu moins de 210 km. Les coureurs doivent tout d'abord enchaîner quatre cols, dont la montée finale vers Madonna di Campiglio. Quatre cols sont à nouveau sur la route le lendemain, dont le Col du Stelvio (Cima Coppi) et l’ascension finale vers les lacs de Cancano. La 19e étape (258 kilomètres) est à la fois la plus longue de l'épreuve et la dernière opportunité pour sprinteurs. Elle est finalement raccourcie à 124,5 kilomètres en raison des protestations des coureurs[9]. L'étape-reine devait ensuite être au programme, elle proposait un enchaînement du col Agnel, du col d'Izoard, de la montée vers Montgenèvre et de la montée vers Sestrières, en haut de laquelle était jugée l'arrivée. Trois jours avant l'étape, les autorités françaises interdisent le passage de l'épreuve du fait des nouvelles restrictions sanitaires contre le Covid-19. Les coureurs ne franchissent pas les trois premiers cols prévues, mais terminent l'étape par une triple ascension vers Sestrières[10]. Ce Tour d'Italie se termine par un contre-la-montre plat de 16,5 km vers Milan[11],[12],[13].
Deuxième de ce classement en 2019, Fausto Masnada (Deceuninck-Quick Step) est un des grands favoris pour l'emporter cette année, d'autant plus qu'il n'a pas à travailler pour un leader ou un sprinteur, il peut donc se glisser dans des échappées en montagne. S'ils ne sont pas trop au service de leur leader pour le classement général, Giulio Ciccone (Trek-Segafredo), meilleur grimpeur l'an passé, et Miguel Ángel López ont les qualités pour aller chercher la victoire dans le classement de la montagne. Nicolas Edet (Cofidis), Thomas De Gendt (Lotto-Soudal), Davide Villella (Movistar) et Geoffrey Bouchard (AG2R La Mondiale) se sont adjugés ce classement lors de la Vuelta respectivement en 2013, 2017, 2018 et 2019. D'autres baroudeurs, comme Peio Bilbao (Bahrain-McLaren) ou Giovanni Visconti (Vini Zabù-KTM), sont également cités. Les favoris du classement général peuvent aussi aller chercher le classement de la montagne[21].
Pour le classement des jeunes
Même s'ils doivent se mettre au service de Fuglsang et Kelderman, Aleksandr Vlasov, 5e du récent Tirreno-Adriatico, et Sam Oomen (Sunweb), 9e de l'édition 2018, sont les deux principaux favoris du classement du meilleur jeune. Tao Geoghegan Hart (Ineos), au service de Thomas, est dans une situation similaire. Cités comme potentielles surprises pour le classement général, João Almeida, Brandon McNulty et Ben O'Connor sont naturellement des candidats crédibles pour le maillot blanc. James Knox (Deceuninck-Quick Step), 11e de la dernière Vuelta, Lucas Hamilton (Mitchelton-Scott), 7e de ce classement en 2019 et vainqueur d'étape sur Tirreno-Adriatico, ou encore le gagnant du Tour de l'Avenir 2019Tobias Foss (Jumbo-Visma), sont également à suivre[22].
Déroulement de la course
3 - 5 octobre : premiers écarts et abandons de marque en Sicile
Le lendemain, Diego Ulissi (UAE Emirates) s'impose au sommet de la côte finale et prend ainsi de la tête du classement par points. Il devance Peter Sagan (Bora-Hansgrohe), qui s'empare du maillot bleu, et Mikkel Frølich Honoré (Deceuninck-Quick Step). Le groupe maillot rose, réglé par Michael Matthews (Sunweb) concède 5 secondes au trio de tête. Filippo Ganna conserve donc la tête du classement général et du classement du meilleur jeune, avec 22 secondes d'avance sur João Almeida et 23 sur Geraint Thomas. Après López la veille, Fuglsang perd son deuxième lieutenant en montagne avec l'abandon d'Aleksandr Vlasov, malade.
Le champion d'ÉquateurJonathan Caicedo (EF Pro Cycling) s'adjuge la première étape de montagne, en devançant le deuxième rescapé de l'échappée matinale, Giovanni Visconti (Vini Zabù-KTM), de 21 secondes, tandis qu'Harm Vanhoucke (Lotto-Soudal), après avoir suivi Jonathan Castroviejo (Ineos) dans le final, complète le podium à 30 secondes. Victime d'une chute dès le départ fictif, Geraint Thomas est distancé par le peloton à 30 km de l'arrivée, accompagné par le maillot rose. Simon Yates est lui lâché dans l'ascension finale, à 9 km du sommet. Les attaques de Jakob Fuglsang, Vincenzo Nibali et Wilco Kelderman font exploser le groupe des favoris dans les derniers kilomètres. Kelderman termine 4e de l'étape, à 39 secondes du vainqueur, Fuglsang, Majka, Nibali, Castroviejo et Domenico Pozzovivo (NTT) à 51 secondes, Kruijswijk à 56 secondes, Almeida et Peio Bilbao (Bahrain-McLaren) à 1 minute 03 et Zakarin à 1 minute 37. Yates concède 4 minutes 22 secondes, Thomas est à 12 minutes 19 secondes. João Almeida s'empare ainsi des maillots rose et blanc, dans le même temps que Jonathan Caicedo, le nouveau leader du classement de la montagne. Le duo devance au classement général Peio Bilbao de 37 secondes, Wilco Kelderman de 42, Harm Vanhoucke de 53, Vincenzo Nibali de 55 et Domenico Pozzovivo de 59. Brandon McNulty (UAE Emirates), Jakob Fuglsang et Steven Kruijswijk ont respectivement 1 minute 11, 1 minute 13 et 1 minute 15 de retard. Hors du Top 10, Rafał Majka, Ilnur Zakarin, Simon Yates et Geraint Thomas pointent désormais à 1 minute 26, 1 minute 38, 3 minutes 46 et 11 minutes 17 du maillot rose. Souffrant d'une fracture du bassin, Geraint Thomas ne prendra pas le départ de la course le lendemain.
6 - 9 octobre : Démare domine les sprints, Almeida en rose
Simon Pellaud (Androni Giocattoli-Sidermec), Marco Frapporti (Vini Zabù-KTM) et Kamil Gradek (CCC Team) s'échappent lors de la 4e étape. Au premier sprint intermédiaire, Fernando Gaviria (UAE Emirates) remporte le sprint pour la 4e place, devant Michael Matthews, Peter Sagan et le maillot cyclamen. Dans l'ascension du Portella Mandrazzi, l'équipe Bora-Hansgrohe durcit la course, Gaviria est distancé à 5 km du sommet. Elia Viviani (Cofidis) et Álvaro Hodeg (Deceuninck-Quick Step) sont eux lâchés un peu plus loin. Pellaud part seul dans le dernier kilomètre d'ascension. Dans la descente, le groupe Viviani parvient à recoller sur le peloton, mais pas le groupe Gaviria, tandis que Frapporti et Gradek sont repris. Au second sprint intermédiaire, le maillot rose va chercher les bonifications de la 2e place, juste devant son coéquipier Davide Ballerini. Le champion de FranceArnaud Démare (Groupama-FDJ) remporte ensuite l'étape au sprint, en devançant Sagan, qui devient ainsi le leader du classement par points, et Ballerini. João Almeida conserve la tête du classement général, avec désormais 2 secondes d'avance sur Jonathan Caicedo et 39 sur Peio Bilbao.
Membre de l'échappée matinale, Filippo Ganna s'adjuge l'étape suivante, après avoir distancé à 5 km du sommet de la dernière ascension Thomas De Gendt (Lotto-Soudal) et Einer Rubio (Movistar), sortis du peloton dès le début de la montée. Les différents poursuivants sont repris dans le col. Après avoir pris la 4e place au sommet de la première ascension du jour, Ganna profite de son passage en tête du dernier col, devant Pozzovivo et Fuglsang, pour s'emparer du maillot bleu. L'Italien devance à l'arrivée de 34 secondes le groupe maillot rose, réglé par Patrick Konrad (Bora-Hansgrohe) devant João Almeida. Brandon McNulty termine à 2 minutes 14 du vainqueur, Jonathan Caicedo à 16 minutes 34. Almeida conforte ainsi son maillot rose, avec désormais 43 secondes d'avance sur Bilbao et 48 sur Kelderman. McNulty et Caicedo sortent du Top 10, ce qui profite principalement à Konrad et Majka, désormais 9e et 10e à environ 1 minute 30 du leader.
Le lendemain, un fort de vent de face accompagne le peloton tout au long de l'étape. Ainsi, les difficultés du jour n'empêchent pas un sprint massif. Derrière les quatre échappés, Démare est le plus rapide au premier sprint intermédiaire, devançant Maciej Bodnar (Bora-Hansgrohe) et Sagan. Arnaud Démare est à nouveau le plus fort lors du sprint final, il lève les bras devant Michael Matthews et Fabio Felline (Astana). Le champion de France prend également la tête du classement par points, devant Sagan, seulement 8e de l'étape.
Les formations Deceuninck-Quick Step et Jumbo-Visma profitent du vent pour provoquer des bordures dès le début de la 7e étape. Parmi les coureurs piégés, on retrouve la moitié du Top 10 (Fuglsang, Majka, Bilbao, Vanhoucke et Pozzovivo) et Simon Yates. Après une passe d'armes de plusieurs dizaines de kilomètres, les différents groupes attardés vont petit à petit recoller sur le premier peloton, qui a repris les échappés. Déjà présents dans l'échappée matinale, Simon Pellaud et Marco Frapporti ressortent peu avant le premier sprint intermédiaire. Pellaud passe en tête, tandis que Démare prend la 3e place devant Sagan et Matthews. Le duo de tête est repris avant le second sprint intermédiaire. Une chute sous l'arche des 45 km de l'arrivée coupe le peloton en plusieurs parties. Pozzovivo est dans le 2e groupe, Zakarin dans le 3e et les porteurs des maillots bleu et blanc sont dans le 4e, mais ces différents groupes vont finir par rentrer, le peloton est de nouveau groupé à 21,5 km du but. Arnaud Démare est une nouvelle fois le plus rapide lors du sprint final, confortant ainsi son maillot cyclamen. Il devance sur la ligne Peter Sagan et Michael Matthews.
10 - 16 octobre : Covid-19 et échappées victorieuses
Simon Yates ne prend pas le départ de l'étape suivante, après avoir été testé positif au Covid-19[23]. Sur la route, l'échappée, composée de six coureurs, se dispute la victoire d'étape. Alex Dowsett (Israel Start-Up Nation) lève les bras, avec 1 minute 15 d'avance sur Salvatore Puccio (Ineos), Matthew Holmes (Lotto-Soudal) et Joseph Rosskopf (CCC Team), 2 minutes 10 sur son coéquipier Matthias Brändle et 2 minutes 13 sur Simone Ravanelli (Androni Giocattoli-Sidermec). Le peloton, dont le sprint est réglé par Matthews devant Gaviria, termine à près de 14 minutes. Aucun changement au classement général n'est à signaler.
En clôture de la première semaine, huit coureurs composent l'échappée du jour. Parmi eux, Giovanni Visconti franchit en tête les deux premiers cols de la journée, en devançant à chaque fois Ruben Guerreiro (EF Pro Cycling) et Jonathan Castroviejo. Visconti prend alors la tête du classement de la montagne. Visconti, Ben O'Connor et Eduardo Sepulveda (Movistar) sont distancés dans l'avant-dernière montée du jour. Guerreiro passe alors en tête au sommet devant Castroviejo. Dans l'ascension finale, Castroviejo attaque à 6,3 km du sommet, suivi seulement par Guerreiro. Derrière, Lucas Hamilton (Mitchelton-Scott) et Tao Geoghegan Hart (Ineos) sortent du peloton. Ruben Guerreiro lance le sprint et s'impose avec 8 secondes d'avance sur Jonathan Castroviejo, 58 sur Mikkel Bjerg et 1 minute 16 sur Kilian Frankiny (Groupama-FDJ) et Lawrence Warbasse (AG2R La Mondiale). Ce succès permet en outre au Portugais de s'emparer du maillot bleu, avec 8 pts d'avance sur Visconti et 39 sur Castroviejo. Geoghegan Hart est 6e de l'étape à 1 minute 19. Il devance Hamilton de 13 secondes, Kelderman, Fuglsang et Jai Hindley (Sunweb) de 19 secondes, Majka et Konrad de 22 secondes, Pozzovivo de 25 secondes, Nibali et Bilbao de 33 secondes, Almeida de 37 secondes, Vanhoucke et Kruijswijk de 40 secondes, Zakarin de 49 secondes. João Almeida conserve la tête du classement général, avec 30 secondes d'avance sur Wilco Kelderman et 39 sur Peio Bilbao. Domenico Pozzovivo, Vincenzo Nibali, Jakob Fuglsang et Harm Vanhoucke sont à environ 1 minute du maillot rose. Steven Kruisjwijk sort du Top 10, au bénéfice notamment de Jai Hindley, désormais 9e à 1 minute 15 du leader.
Les équipes Mitchelton-Scott (avec quatre membres du staff testés positifs au Covid) et Jumbo-Visma (avec Steven Kruijswijk lui-aussi positif au Covid) doivent quitter la course après le premier jour de repos, tout comme Michael Matthews[16]. Le début d'étape est très animé, une échappée se détâche après une cinquantaine de kilomètres. Le groupe de tête va se réduire à sept éléments, tandis que la présence à l'avant de Peter Sagan incite la Groupama-FDJ à engager une poursuite intense. L'équipe du maillot cyclamen va cependant stopper son effort à quelques kilomètres du premier sprint intermédiaire, où Sagan passe en tête. Alors que Peio Bilbao attaque à moins de 23 km de l'arrivée, les différentes côtes du final vont faire une sélection au sein du groupe de tête, Sagan n'étant plus accompagné que du champion de Grande-BretagneBen Swift (Ineos). Harm Vanhoucke est lui lâché à 19 km du but. Sagan part en solitaire dans la dernière côte du jour. Malgré des attaques d'Almeida et Pozzovivo, les favoris restent groupés. Jakob Fuglsang est distancé sur un ennui mécanique dans la descente. Bilbao est repris à moins de 5 km de l'arrivée. Peter Sagan va chercher la victoire d'étape, faisant ainsi partie des coureurs ayant levé les bras sur les trois grands tours. Il gagne avec 19 secondes d'avance sur Brandon McNulty, sorti à 4 km de la ligne, et 23 secondes sur le groupe maillot rose, réglé par Almeida. Zakarin termine à 50 secondes du vainqueur, Fuglsang à 1 minute 38, Vanhoucke à 3 minutes 59. Peter Sagan revient ainsi à 20 pts d'Arnaud Démare au maillot cyclamen. João Almeida conforte son maillot rose, avec 34 secondes d'avance sur Wilco Kelderman et 43 sur Peio Bilbao. Fuglsang et Vanhoucke sortent du Top 10, étant à présent 11e et 16e, avec 2 minutes 20 et 4 minutes 42 de retard. Cela profite à Konrad, Hindley et Majka, qui gagnent chacun deux places au classement, et surtout à Fausto Masnada (Deceuninck-Quick Step) et Hermann Pernsteiner (Bahrain-McLaren), qui complètent désormais le Top 10, à 1 minute 36 et 1 minute 52 du leader.
Arnaud Démare s'adjuge au sprint la 11e étape et conforte son maillot cyclamen, en devançant Peter Sagan et Álvaro Hodeg. Le champion de France devient le deuxième coureur français à remporter 4 étapes sur une même édition du Tour d'Italie, après Bernard Hinault en 1982. En glânant aussi le 7e succès de sa carrière en Grand Tour, il devient le coureur français en activité ayant le plus levé les bras sur les épreuves de trois semaines, devant Thibaut Pinot[24].
Le lendemain, l'échappée matinale, composée de 14 coureurs, se dispute une nouvelle fois la victoire d'étape. Jhonatan Narváez (Ineos) remporte l'étape, avec 1 minute 08 d'avance sur Mark Padun (Bahrain-McLaren), victime d'une crevaison dans le final, 6 minutes 50 sur Simon Clarke (EF Pro Cycling), 7 minutes 30 sur Joseph Rosskopf, 7 minutes 43 sur Simon Pellaud et 8 minutes 25 sur le groupe maillot rose, réglé par Brandon McNulty. Hermann Pernsteiner termine à 11 minutes 43 du vainqueur, Ilnur Zakarin à 21 minutes 06. Un seul changement a lieu au sein du Top 10 : Jakob Fuglsang remplace Pernsteiner à la 10e place du classement général.
L'équipe Bora-Hansgrohe durcit la course dans la première côte du final de la 13e étape, distançant ainsi des sprinteurs comme Arnaud Démare. Grâce à ses équipiers, le maillot cyclamen parvient à recoller au pied de la seconde côte. L'accélération de Diego Ulissi dans les premières pentes de l'ascension fait exploser le peloton. Démare est distancé rapidement, mais Peter Sagan va lui aussi lâcher prise avant le sommet. Le maillot bleu passe ensuite en tête au sommet. La formation Deceuninck-Quick Step fait un gros travail pour empêcher le retour du groupe Sagan et du groupe maillot cyclamen. Diego Ulissi remporte le sprint final, devançant João Almeida et Patrick Konrad. Almeida conforte ainsi son maillot rose, avec 40 secondes d'avance sur Kelderman et 49 sur Bilbao.
17 - 21 octobre : des étapes pour Ineos, Almeida et Kelderman se détachent, bataille pour le maillot bleu
Filippo Ganna obtient un nouveau succès à l'occasion du deuxième contre-la-montre. Le champion du monde devance de 26 secondes son coéquipier Rohan Dennis et de 1 minute 09 Brandon McNulty. João Almeida et Wilco Kelderman sont dans le Top 10 de l'étape, à 1 minute 31 et 1 minute 47 de Ganna. Rafał Majka termine à 2 minutes 37 du vainqueur. Peio Bilbao, Vincenzo Nibali, Fausto Masnada et Domenico Pozzovivo à environ 3 minutes, Jakob Fuglsang à 3 minutes 13, Patrick Konrad et Jai Hindley à plus de 3 minutes 30. Almeida assoit sa position de leader du classement général, avec désormais 56 secondes d'avance sur Kelderman. Derrière, Bilbao, McNulty, Nibali, Majka et Pozzovivo se tiennent en une vingtaine de secondes, avec 2 minutes 11, 2 minutes 23, 2 minutes 30 et 2 minutes 33 (pour les deux derniers) de retard. Masnada, Konrad et Hindley complètent le Top 10, à plus de 3 minutes du maillot rose, tandis que Geoghegan Hart et Fuglsang restent en embuscade, à moins de 30 secondes de la 10e place.
La formation Sunweb fait exploser le peloton dans la montée finale lors de l'étape suivante : à 7,3 km de l'arrivée, Jai Hindley n'est plus accompagné que de son leader Wilco Kelderman et de Tao Geoghegan Hart. Le trio se détache définitivement, les trois hommes restent ensemble jusque dans les derniers hectomètres. Geoghegan Hart lance le sprint et s'adjuge l'étape, avec 2 secondes d'avance sur Kelderman et 4 sur Hindley. Le maillot rose termine à 37 secondes, Majka à 1 minute 22, Konrad à 1 minute 29, Bilbao, Fuglsang et Nibali à 1 minute 36, Masnada à 1 minute 38, Pozzovivo à 1 minute 54 et McNulty à 2 minutes 43. Dans l'échappée, Giovanni Visconti passe en tête les deux premiers cols du jour, puis est 3e au sommet du suivant, et s'empare ainsi du maillot bleu. Almeida conserve son maillot rose, mais ne possède plus que 15 secondes d'avance sur Kelderman. À près de 3 minutes du leader, Hindley grimpe sur le podium mais n'a qu'une seconde d'avance sur le vainqueur du jour. Le reste du Top 10 (Bilbao, Majka, Nibali, Pozzovivo, Konrad et Masnada) se tient en un peu plus d'une minute.
Tandis que Fernando Gaviria ne prend pas le départ de la course, une échappée nombreuse prend le large après la seconde journée de repos. Le classement de la montagne anime dans un premier temps la marche du groupe de tête. Ruben Guerreiro passe en tête au sommet de la première ascension du jour devant Giovanni Visconti, puis Visconti franchit en premier les deux montées suivantes (alors que Guerreiro termine 2e avant de ne marquer aucun point), enfin le Portugais devance le maillot bleu au sommet de la montée de Ragogna, lors du premier des trois tours du circuit final. Manuele Boaro (Astana) et Jan Tratnik (Bahrain-McLaren) sortent du groupe de tête dans le second tour de circuit, puis Tratnik file seul dans la montée. Ben O'Connor attaque dans la dernière montée et rejoint ensuite Tratnik. O'Connor accélère à 800 m de l'arrivée, contré par Tratnik qui remporte finalement l'étape avec 7 secondes d'avance sur O'Connor et 1 minute 14 sur un trio de chasse réglé par Enrico Battaglin (Bahrain-McLaren). Derrière, les favoris abordent le dernier kilomètre ensemble. Le maillot rose accélère dans les derniers hectomètres et franchit la ligne à 12 minutes 54 du vainqueur, avec 2 secondes d'avance sur le groupe des favoris et 12 sur Masnada.
La 17e étape voit une nouvelle échappée aller au bout. Ruben Guerreiro franchit en tête les deux premiers cols de la journée et prend ainsi la tête du classement de la montagne, avec 50 pts d'avance sur Giovanni Visconti, qui est absent de l'échappée. Ben O'Connor distance ses compagnons de fugue dans la montée finale et s'impose, en devançant Hermann Persteiner de 31 secondes et Thomas De Gendt de 1 minutes 10. Le groupe maillot rose termine à 5 minutes 11, Masnada à 5 minutes 13 et McNulty à 6 minutes 50. Aux portes du Top 10 du classement général, Pernsteiner grimpe à la 11e place et McNulty chute au 13e rang.
22 - 25 octobre : les dernières étapes de montagne bouleversent le classement général, victoire finale de Geoghegan Hart
Lors de l'étape-reine, alors que Visconti est non-partant, les équipes Sunweb puis Ineos font exploser le groupe des favoris dans le col du Stelvio. Domenico Pozzovivo est le premier favori à craquer, puis le maillot rose est distancé à plus de 10 km du sommet. Un kilomètre plus loin, Rohan Dennis n'est plus suivi que par son leader Tao Geoghegan Hart et le duo formé par Kelderman et Hindley. Le Néerlandais va ensuite lui aussi être lâché. Dernier rescapé de l'échappée matinale, Ben O'Connor est déposé par les différents groupes de favoris. Geoghegan Hart remporte le second sprint intermédiaire et les bonifications qui vont avec, devant Dennis et Hindley. Dennis se relève dès le pied de l'ascension finale. Kelderman est repris dès les premières pentes de la montée par Peio Bilbao et Jakob Fuglsang. Bilbao va se lancer à moins de 7 km de l'arrivée à la poursuite du duo de tête et parvient à réduire l'écart à une cinquantaine de secondes. Hindley s'en va ensuite lever les bras, devançant au sprint Geoghegan Hart. Bilbao termine à 46 secondes, Fuglsang à 1 minute 25, Kelderman à 2 minutes 18, Patrick Konrad à 4 minutes 04, João Almeida, Vincenzo Nibali et Hermann Pernsteiner à 4 minutes 51, Fausto Masnada à 4 minutes 55, Rafał Majka à 6 minutes 43 et Domenico Pozzovivo à 8 minutes 17. Le classement général est chamboulé par cette étape. Kelderman s'empare du maillot rose, avec 12 secondes d'avance sur Hindley, qui devient le meilleur jeune de la course (alors qu'il portait déjà le maillot blanc, à la place d'Almeida), 15 sur Geoghegan Hart et 1 minute 19 sur Bilbao. Almeida chute à la 5e place du classement, à 2 minutes 16 du leader, tandis que Fuglsang remonte au 6e rang, à 3 minutes 59. Konrad, Nibali, Masnada et Majka complètent le Top 10, avec respectivement 5 minutes 40, 5 minutes 47, 6 minutes 46 et 7 minutes 28 de retard. Domenico Pozzovivo dégringole à la 12e place, à 9 minutes 34 du maillot rose.
La 19e étape, prévue sur 258 km, est raccourcie à 124,5 km, en raison de l'opposition d'une partie du peloton, après trois heures de négociation avec les organisateurs[9]. Le directeur de la course Mauro Vegni se dit déçu de cet épisode, car la tenue même de la course était menacée par la pandémie. L'épreuve devait « donner un signal au monde entier, que le sport est courageux et qu'il ne renonce face à aucun problème. Cette journée vient réduire tous ces efforts en miette ». Il ajoute que « les coupables devront payer »[25]. Un trio s'échappe dès le départ de l'étape, rejoint peu après le premier sprint intermédiaire par 11 coureurs. L'équipe Bora-Hansgrohe juge l'échappée trop nombreuse et veut reprendre rapidement les hommes de tête. Après un bras de fer intense de plusieurs dizaines de kilomètres, les équipiers de Peter Sagan stoppent leur effort et le groupe de tête peut alors prendre le large. Josef Černý (CCC Team) attaque à 22 km de l'arrivée et va chercher le premier succès de sa carrière sur un grand tour. Il devance de 18 secondes Victor Campenaerts (NTT) et de 26 secondes un quatuor réglé par Jacopo Mosca (Trek-Segafredo). Le peloton franchit la ligne 11 minutes 43 après le vainqueur.
Lors de la dernière étape de montagne, la formation Ineos fait exploser le peloton dans la deuxième montée vers Sestrières. À plus de 3 km du sommet, Rohan Dennis n'est plus suivi que par Tao Geoghegan Hart et le maillot blanc. Les différents groupes de favoris reprennent petit à petit les rescapés de l'échappée matinale. Hindley remporte ensuite le second sprint intermédiaire, devant Geoghegan Hart et Dennis. Dans le groupe maillot rose, João Almeida attaque à plus de 4 km de l'arrivée. Le maillot blanc attaque à quatre reprises, mais ne parvient pas à lâcher son rival. Geoghegan Hart devance finalement au sprint Hindley, tandis que Dennis prend la 3e place, à 25 secondes. Almeida termine à 1 minute 01, Bilbao et Kelderman à 1 minute 35, Nibali à 2 minutes 02, Pozzovivo à 2 minutes 09, Pernsteiner et Konrad à 2 minutes 28, Fuglsang à 2 minutes 36, Masnada à 2 minutes 41 et Majka à 11 minutes 52. Hindley s'empare du maillot rose, avec seulement 86 centièmes de seconde d'avance sur Tao Geoghegan Hart. Avoir les deux premiers du classement général dans la même seconde à la veille de l'arrivée, c'est inédit dans l'histoire des épreuves de trois semaines[26]. Kelderman complète le podium, avec 1 minute 32 de retard. Bilbao et Almeida conservent leurs positions au classement, désormais à environ 3 minutes du maillot rose. Fuglsang et Masnada restent 6e et 9e du classement, tandis que Nibali passe devant Konrad. Ces quatre coureurs se tiennent toujours en près de 4 minutes. Majka chute au 12e rang, ce qui profite à Pozzovivo et surtout à Pernsteiner, désormais 10e à 10 minutes 08.
Flippo Ganna s'adjuge le contre-la-montre final, avec 32 secondes d'avance sur Victor Campenaerts et Rohan Dennis. En remportant les trois épreuves chronométrées sur un même Tour d'Italie, il égale les performances de Knut Knudsen en 1981 et de Tony Rominger en 1995. Tao Geoghegan Hart concède 58 secondes, Jai Hindley 1 minute 37. Geoghegan Hart remporte ainsi le classement général et le classement du meilleur jeune, avec 39 secondes d'avance sur Hindley. Geoghegan Hart réalise le troisième doublé maillot rose-maillot blanc de l'histoire de l'épreuve, après Evgueni Berzin en 1994 et Nairo Quintana en 2014. Il s'agit de la deuxième victoire finale britannique, deux ans après celle de Christopher Froome. Hindley est le second Australien à monter sur le podium du Giro après Cadel Evans, 3e en 2013. 11e de l'étape à 55 secondes, Wilco Kelderman complète le podium, à 1 minute 29. Ces trois coureurs montent pour la première fois de leur carrière sur le podium d'un grand tour. Quatrième du chrono à 41 secondes, João Almeida passe devant Peio Bilbao, à environ 3 minutes du maillot rose. Ce contre-la-montre n'entraîne aucun changement au sein du reste du Top 10. Arnaud Démare devient le 3e Français à remporter le classement par points du Tour d'Italie, après Laurent Jalabert en 1999 et Nacer Bouhanni en 2014. Ruben Guerreiro est le meilleur grimpeur. Ineos remporte le classement par équipes.
Le classement général, dont le leader porte le maillot rose, s'établit en additionnant les temps réalisés à chaque étape, puis en ôtant d'éventuelles bonifications (10, 6 et 4 secondes à l'arrivée des étapes en ligne et 3, 2 et 1 secondes au second sprint intermédiaire de chaque étape). En cas d'égalité, les critères de départage, dans l'ordre, sont : centièmes de seconde enregistrés lors des contre-la-montre, addition des places obtenues lors de chaque étape, place obtenue lors de la dernière étape. Ce classement est le plus important de la course et le gagnant est le vainqueur du Giro.
Le classement par points, dont le leader porte le maillot cyclamen, est l'addition des points attribués à l'arrivée des étapes et au premier sprint intermédiaire de chaque étape en ligne. Comme c'est le cas depuis 2014, la répartition des points est différente selon le type d'étape. Ainsi, le classement par points est établi en fonction du barème suivant :
Pour les arrivées des étapes dites « sans difficulté » ou de « basse difficulté » : 50, 35, 25, 18, 14, 12, 10, 8, 7, 6, 5, 4, 3, 2 et 1 point(s) pour les 15 premiers coureurs classés ;
Pour les arrivées des étapes dites de « moyenne difficulté » : 25, 18, 12, 8, 6, 5, 4, 3, 2, 1 point(s) pour les 10 premiers coureurs classés ;
Pour les arrivées des étapes dites de « haute montagne » et les contre-la-montre individuels : 15, 12, 9, 7, 6, 5, 4, 3, 2 et 1 point(s) pour les 10 premiers coureurs classés ;
Pour les sprints intermédiaires : 12, 8, 6, 5, 4, 3, 2 et 1 point(s) pour les 8 premiers coureurs classés.
En cas d'égalité de points, les critères de départage, dans l'ordre, sont : nombre de victoires d'étape, nombre de sprints intermédiaires, classement général.
Le classement de la montagne, dont le leader porte le maillot bleu, change dans la répartition des points. Le nombre de catégories reste le même. Ainsi, le classement par points est établi en fonction du barème suivant :
Pour l'ascension dite Cima Coppi : 50, 30, 20, 14, 10, 6, 4, 2 et 1 point pour les 9 premiers coureurs classés ;
Pour les ascensions de 1re catégorie : 40, 18, 12, 9, 6, 4, 2 et 1 point pour les 8 premiers coureurs classés ;
Pour les ascensions de 2e catégorie : 18, 8, 6, 4, 2 et 1 point pour les 6 premiers coureurs classés ;
Pour les ascensions de 3e catégorie : 9, 4, 2 et 1 point pour les 4 premiers coureurs classés ;
Pour les ascensions de 4e catégorie : 3, 2 et 1 point pour les 3 premiers coureurs classés.
En cas d'égalité de points, les critères de départage, dans l'ordre, sont : nombre de premières places dans la Cima Coppi, les ascensions de 1re, de 2e, de 3e, puis de 4e catégorie, et le classement général.
Il existe également un classement pour les équipes. Le classement par équipes de l'étape est l'addition des trois meilleurs temps individuels de chaque équipe, sauf lors du contre-la-montre par équipes, où l'on prend le temps de l'équipe. En cas d'égalité, les critères de départage, dans l'ordre, sont : addition des places des 3 premiers coureurs des équipes concernées, place du meilleur coureur sur l'étape. Calculer le classement par équipes revient à additionner les classements par équipes de chaque étape. En cas d'égalité, les critères de départage, dans l'ordre, sont : nombre de premières places dans le classement par équipes du jour, nombre de deuxièmes places dans le classement par équipes du jour, etc., place au classement général du meilleur coureur des équipes concernées[31].
Les courses mentionnées par une étoile *, bien qu'initialement programmées au calendrier UCI, ont été annulées par la pandémie de Covid-19 et ses diverses conséquences sanitaires.