Ce Tour de France est remporté par le coureur gallois Geraint Thomas, de l'équipe Sky. Vainqueur de deux étapes dans les Alpes, il devance au classement général le Néerlandais Tom Dumoulin (Sunweb) et le Britannique Christopher Froome, quadruple vainqueur de l'épreuve et lui aussi membre de l'équipe Sky. Geraint Thomas est le troisième cycliste britannique et membre de cette équipe à remporter le Tour de France depuis 2012. Le Slovaque Peter Sagan (Bora-Hansgrohe), vainqueur de trois étapes, s'impose au classement par points pour la sixième fois. Le Français Julian Alaphilippe (Quick-Step Floors), lauréat de deux étapes, s'impose au Grand Prix de la montagne après être notamment passé en tête de quatre difficultés hors catégories. Pierre Latour (AG2R La Mondiale), treizième du classement général, est meilleur jeune, le coureur irlandais Dan Martin (UAE Emirates) est désigné super-combatif et l'équipe espagnole Movistar s'impose au classement par équipe.
Parcours
Généralités
Cette édition comprend 21 étapes[1], 3 329 kilomètres de course et 25 cols, côtes et arrivées en altitude classés en deuxième, première ou hors catégorie[2].
Le , Christian Prudhomme, directeur du Tour, annonce que la 105e édition du Tour de France partira de Vendée[3]. Les trois premières étapes et le départ de la quatrième sont révélés par le directeur du Tour le . Le parcours complet est quant à lui présenté lors d'une conférence de presse au palais des congrès de Paris le [4]. Lors de cette présentation, le directeur du Tour Christian Prudhomme rappelle que Noirmoutier est la quatrième île à accueillir le Grand départ, après l'Irlande en 1998, le Royaume-Uni en 2007 et 2014, la Corse en 2013.
Le , l'Union cycliste internationale annonce que le départ du Tour 2018, prévu le , est repoussé d'une semaine, au samedi . Selon l'organisation, cette décision a été prise « pour réduire au maximum les perturbations induites par la Coupe du monde de football » surtout en fonction des horaires de retransmission des matches.
Après une journée de repos à Carcassonne, les coureurs doivent faire face à deux étapes pyrénéennes de haute montagne successives, la première reliant Carcassonne à Bagnères-de-Luchon, départ de la seconde qui se termine à Saint-Lary-Soulan[5]. Cette très courte étape, longue de 65 km (il n'y avait pas eu d'étape en ligne aussi courte depuis 30 ans[10] si l'on excepte l'étape écourtée vers Sestrières en 1996) verra les coureurs gravir successivement le col de Peyresourde, le col de Val Louron-Azet et enfin la montée finale du col de Portet (une montée de 16 kilomètres à 8,7 % inédite sur le Tour que Christian Prudhomme a qualifiée de « nouveau Tourmalet »)[2],[11].
Effondrement de la route menant au col d'Aubisque (19e étape)
Le , une portion de la route départementale 918 entre Laruns et le col d'Aubisque, normalement prévue sur le parcours de la 19e étape entre Lourdes et Laruns , s'effondre à la suite d'un glissement de terrain causé par un violent orage[13]. Même si le département est mobilisé pour réaliser les travaux au plus vite, une possible modification du parcours est envisagée si les réparations ne peuvent pas être terminées avant le passage du Tour le [14]. Finalement, après expertise, le département conclut à la possibilité de refaire la route dans les temps. Après un mois de travaux, la voie est rouverte le , quatre jours avant le passage de l'épreuve[15]. Le parcours de l'étape concernée reste donc inchangé.
Modifications du règlement
Contrairement aux éditions précédentes, les équipes sont composées au départ de huit coureurs, au lieu des neuf habituels. Il y a donc au départ un peloton de 176 coureurs, contre 198 traditionnellement. La réduction du nombre de coureurs par équipe n'a pas donné lieu à l'invitation de plus d'équipes.
Lors des dix premières étapes est instauré un second sprint intermédiaire, situé entre trente et huit kilomètres de l'arrivée. Une bonification en temps (trois, deux et une secondes) est accordée aux trois premiers coureurs lors de ces sprints dit « bonus ». Le but est de dynamiser les premiers jours de plaine et de ne pas avoir le même leader pendant dix jours. Ces bonifications comptent pour le classement général mais pas pour le classement par points. Les bonifications à l'arrivée (dix, six et quatre secondes) sont maintenues.
Alors qu'une côte de 2e, de 1re ou hors-catégorie coïncidant avec une arrivée d'étape avait un barème doublé pour le classement de la montagne jusqu'en 2016, le règlement a réduit ce doublement en 2017 à la seule côte hors-catégorie (Izoard) coïncidant avec une arrivée. En 2018, les points sont doublés uniquement pour la dernière ascension de chaque étape du second grand massif traversé (soit les Pyrénées cette année), par contre le sommet de cette dernière ascension n'a plus besoin de coïncider avec l'arrivée d’étape. Les points sont donc doublés sur les 16e, 17e et 19e étapes, respectivement pour les côtes de 1re catégorie, hors-catégorie et hors-catégorie à 10 km de l'arrivée, coïncidant avec l'arrivée et à 20 km de l'arrivée.
Un coureur arrivé hors délais d'une étape et éventuellement repêché par les commissaires voit automatiquement tous ses points acquis au titre des classements de la montagne et par point remis à néant (il recevait une pénalité du nombre de point alloué au vainqueur d'étape jusqu'en 2017)[réf. nécessaire].
Participants
Équipes
Les équipes sélectionnées pour le Tour de France sont celles de l'UCI World Tour ainsi que des équipes invitées.
Chaque équipe est composée de huit coureurs, ce qui donne un total de 176 cyclistes sur la liste de départ. Les coureurs viennent de 30 pays différents. 7 pays comptent plus de 10 coureurs dans la course : la France (35), la Belgique (19), les Pays-Bas (14), l'Italie (13), l'Espagne (13), l'Allemagne (11) et l'Australie (11). L'âge des coureurs va de 21 ans pour Egan Bernal à 40 ans pour Mathew Hayman.
Vainqueur de quatre tours de France ainsi que des trois derniers grands tours (Tour et Vuelta 2017 et Giro 2018), Christopher Froome, leader de l'équipe Sky est le principal favori de la course. Déclaré indésirable par les organisateurs une semaine avant le départ car il fait alors l'objet d'une procédure disciplinaire pour un contrôle antidopage anormal[16], il est finalement blanchi par l'Union cycliste internationale et peut participer. Il est entouré de l'équipe la plus solide, comptant notamment Geraint Thomas, récent vainqueur du Critérium du Dauphiné et qui aurait pu être un « plan B » pour Sky en cas d'absence de Froome[17].
Seul autre ancien vainqueur présent, l'Italien Vincenzo Nibali est également l'un des favoris, de même que le Français Romain Bardet, monté sur le podium des deux dernières éditions, les trois leaders potentiels de l'équipe Movistar que sont Nairo Quintana, deux fois deuxième du Tour, Mikel Landa et Alejandro Valverde, le Britannique Adam Yates (Mitchelton-Scott), l'Irlandais Dan Martin (UAE Emirates), l'Australien Richie Porte (BMC), le Néerlandais Tom Dumoulin (Sunweb), le Danois Jakob Fuglsang (Astana) et le Colombien Rigoberto Urán (Education First)[18].
7 - 11 juillet : 2 victoires pour Gaviria et Sagan
Les deux premières étapes sont remportées par les sprinteurs Fernando Gaviria (Quick-Step Floors) et Peter Sagan (Bora-Hansgrohe), qui se succèdent en tête du classement général. Des chutes dans le final de la dernière étape retardent Christopher Froome, Richie Porte, Adam Yates (50 secondes) et Nairo Quintana (1 min 15 s). Disputée sous forme de contre-la-montre par équipe, la troisième étape est gagnée par la BMC. L'un des siens, le Belge Greg Van Avermaet, revêt le maillot jaune. Fernando Gaviria s'impose à nouveau au sprint le lendemain, puis Peter Sagan à son tour lors de la cinquième étape, dans un final en côte pour puncheurs.
12 - 17 juillet : Doublé de Groenewegen, Van Avermaet reste en jaune
À Mûr-de-Bretagne, l'Irlandais Dan Martin (UAE-Emirates) attaque dans le final et gagne l'étape devant Pierre Latour et Alejandro Valverde. Retardés par des problèmes mécaniques peu avant la côte finale, Romain Bardet et Tom Dumoulin perdent respectivement 31 et 53 secondes. Les deux étapes suivantes voient le sprinteur néerlandais Dylan Groenewegen s'imposer, à Chartres et Amiens. La première semaine de course se termine par une étape entre Arras et Roubaix comptant 21,7 kilomètres de routes pavées. Ancien vainqueur de Paris-Roubaix, l'Allemand John Degenkolb (Trek-Segafredo) s'y impose devant Greg Van Avermaet et Yves Lampaert. Blessé par une chute, Richie Porte est le premier favori du Tour à abandonner, tandis que Rigoberto Uran perd une minute et demie[21]. Après neuf étapes, Van Avermaet occupe la tête du classement général avec 43 secondes d'avance sur Geraint Thomas, le mieux placé des concurrents pour la victoire finale.
La première étape alpestre voit une échappée d'une vingtaine de coureurs prendre sept minutes d'avance sur le peloton, contrôlé par l'équipe Sky et dans lequel les favoris du Tour ne s'attaquent pas. La victoire revient à Julian Alaphilippe, qui revêt le maillot de meilleur grimpeur. Greg Van Avermaet, présent dans l'échappée, conserve le maillot jaune une journée de plus.
18 - 19 juillet : Prise de pouvoir pour Geraint Thomas
Geraint Thomas, s'impose lors des deux étapes suivantes, et prend le maillot jaune. Lors de la onzième étape, il sort seul du groupe des favoris dans la montée finale vers La Rosière, reprend les échappés et s'impose avec 20 s d'avance sur Tom Dumoulin et Christopher Froome et près d'une minute sur Romain Bardet, Vincenzo Nibali, Nairo Quintana. À l'Alpe d'Huez, c'est en sprintant dans les derniers hectomètres qu'il devance Dumoulin, Bardet et Froome. Dans la montée de l'Alpe d'Huez, une chute provoque l'abandon de Vincenzo Nibali. Rigoberto Uran quitte également la course. Les autres favoris et outsiders pour le classement général perdent du temps lors de ces deux étapes[22], de sorte que le Tour de France peut déjà sembler joué à ce moment de la course[23].
20 - 22 juillet : Transition avant les Pyrénées
La treizième étape entre Le Bourg-d'Oisans et Valence se conclut par un sprint remporté par Peter Sagan. Celui-ci renforce son avance pour le maillot vert, qui lui semble promis après les abandons de Fernando Gaviria, Dylan Groenewegen, Mark Cavendish, Marcel Kittel et André Greipel dans les Alpes. Les deux étapes suivantes à travers le Massif central permettent à des coureurs échappés de s'illustrer. Deux coureurs de l'équipe Astana, l'Espagnol Omar Fraile et le Danois Magnus Cort Nielsen, s'imposent respectivement à Mende et Carcassonne. La tête du classement général ne subit pas de changement majeur à l'issue de ces trois étapes de transition. Avant d'aborder les Pyrénées et la dernière semaine de course, Geraint Thomas compte 1 min 39 s d'avance sur Christopher Froome et 1 min 50 s sur Tom Dumoulin[22].
24 - 26 juillet : Thomas conserve son avance, seconde victoire d'Alaphilippe
Julian Alaphilippe obtient une seconde victoire à l'occasion de la première étape pyrénéenne, à Bagnères-de-Luchon. Il s'impose en solitaire, après avoir dépassé Adam Yates, tombé dans la descente du col du Portillon alors qu'il était seul en tête. Les favoris arrivent neuf minutes plus tard, sans s'être affrontés. Le lendemain, la courte étape arrivant au col de Portet est plus animée. Elle est remportée par Nairo Quintana (Movistar), qui s'est échappé avec Dan Martin au bas de la dernière ascension et rattrapé les coureurs partis plus tôt. Tom Dumoulin et Primož Roglič attaquent le maillot jaune Geraint Thomas, qui leur résiste et leur reprend même quelques secondes, tandis que Christopher Froome, incapable de suivre en fin d'étape, perd une minute. Une étape de plaine permet à Arnaud Démare (Groupama-FDJ) de s'imposer au sprint à Pau.
27 - 29 juillet : Course au podium, sacre de Thomas
Dans la dernière étape de montagne de ce Tour, longue de 200 km, Mikel Landa, Ilnur Zakarin, Romain Bardet et Rafal Majka s'échappent dans l'ascension du col du Tourmalet. Ils sont repris au col d'Aubisque. Dans la descente menant à Laruns, Roglič distance ses adversaires et s'impose seul avec 19 secondes d'avance. Il passe alors devant Froome au classement général. Le contre-la-montre entre Saint-Pée-sur-Nivelle et Espelette est remporté par Tom Dumoulin, champion du monde de la spécialité. Geraint Thomas ne lui concède que quatorze secondes et s'assure la victoire au classement général. Christopher Froome, deuxième de l'étape à une seconde, reprend place sur le podium du Tour aux dépens de Roglič[24],[25]. La dernière étape se termine par un sprint sur l'avenue des Champs-Élysées, remporté par Alexander Kristoff (UAE Emirates).
Ce tour de France attribue des points pour l'UCI World Tour 2018, par équipes uniquement aux équipes ayant un label WorldTeam, individuellement uniquement aux coureurs des équipes ayant un label WorldTeam.
Le barème des points du classement World Tour sur ce Tour de France est le suivant :
Parallèlement à l'événement sportif, l'organisateur ASO gérant le Tour de France, organise le concours « Les agriculteurs aiment le tour »[31]. Sur 15 étapes, les agriculteurs des régions sont appelés à faire de leurs champs vus du ciel des œuvres d'art, le thème 2018 étant « Les mains ». Ces visuels doivent être originaux et mettre en valeur le produit régional de l'étape. Un jury composé entre autres de Christian Prudhomme, Christiane Lambert et Bernard Hinault attribuera les prix en fin du tour[32].
Notes et références
↑8 étapes de plaine, 5 étapes accidentées, 6 étapes de montagne et 3 arrivées en altitude (La Rosière, Alpe d’Huez, Saint-Lary-Soulan col de Portet), 1 étape contre la montre en individuel, 1 étape contre la montre par équipe, 2 journées de repos.