Évadé de l'Oflag II-D en Poméranie, le [5], il gagne l’URSS où il est interné jusqu’au moment de l’attaque allemande à l'été 1941. Il devient alors représentant de la France libre à Moscou. Avec d’autres Français, il est échangé contre des réfugiés russes de Londres et s’embarque à Arkhangelsk sur un bateau qui lui permet de gagner le Royaume-Uni.
Il est alors fait chef d’état-major du général de Gaulle et secrétaire du Comité de défense nationale à Londres. De Gaulle impose à Leclerc son affectation dans sa division[6] et, alors colonel, il débarque en Normandie à la tête d'un des trois groupements tactiques de la division Leclerc. Le , à 10 h 30, il envoie un ultimatum dactylographié à Dietrich von Choltitz demandant sa reddition, et précisant : « Au cas où vous jugeriez bon de poursuivre une lutte qu’aucune considération d’ordre militaire ne saurait justifier, je suis décidé à la poursuivre jusqu’à l’extermination totale. Dans le cas contraire, vous serez traité conformément aux lois de la guerre »[7]. Cette lettre eut une influence décisive sur sa décision de ne pas détruire Paris. Puis il fait la jonction, à la préfecture de police, avec la Résistance intérieure parisienne lors de la libération de Paris. En septembre 1944, il est promu au grade de général de brigade et, en désaccord avec Leclerc, il quitte la 2e DB. Il forme avec les FFI parisiens la 10e division d'infanterie qu'il commande désormais en tant que général.
Pierre Billotte est promu général de division en [8]. Il est nommé représentant de la France au comité d’état-major de l’ONU en 1946 mais il démissionne de cette fonction et de l’armée quatre ans plus tard pour protester contre la politique trop atlantiste du gouvernement.
À l’Assemblée nationale, spécialisé dans les questions militaires, il est rapporteur de la commission de la Défense sur les accords de Londres et de Paris qui remplacent la CED qu’il avait combattue.
Président de l'association France-Occident, il réfléchit à la question de l'Algérie française, estime que « le statu quo comme l'abandon sont impensables » et propose un projet de réforme de l'Algérie en 1957[9]. La même année, il écrit un article paru dans Le Monde contre la torture en Algérie. « On n'obéit pas à des ordres contraires aux lois de la guerre... La torture, sous quelque forme que ce soit, est condamnable ».
Il prend en 1955 la succession de Firmin Roz à la tête du comité français du Mouvement pour l'union atlantique, une association transnationale atlantiste qui préconise un renforcement de l'OTAN et une union avec les États-Unis[10].
Il devient l'un des deux présidents avec l'Américain Clarence Streit du bureau du Mouvement international pour l'union atlantique, lancé en 1957[11] et constitué officiellement en , jusqu'à sa nomination comme ministre en 1966[12]. Ce mouvement fédère les comités nationaux du mouvement pour l'union atlantique, désireux de rapprocher les Etats-Unis de l'Europe occidentale. Il cosigne en 1962 un appel international à l'union atlantique[13], et préconise encore en 1965 un appel à une « union fédérale atlantique »[14].
Il laisse le souvenir d’un homme courageux et audacieux, au tempérament impétueux et faisant preuve d’un gaullisme ombrageux. Il est inhumé au cimetière de Créteil. Son épouse est morte en 1984.
↑Il est possible que ce total soit surestimé à cause d'épaves déjà présentes sur le champ de bataille, que Billotte aurait pu « détruire une deuxième fois ».
↑Stéphane Bonnaud, « Le 41e BCC : V - Billotte piégé à Mourmelon, 12 juin 1940 », Histoire de guerre, blindés et matériel, no 136, , p. 41-58
↑Pierre Flament La vie à l'Oflag IID-IIB 1940-1945, Amicale IID-IIB et CNRS.
↑Leclerc Maréchal de France - Jean Compagnon, biographie sortie en 1994.
↑Le Monde, 19/11/1956, 14/10/1957, 14/12/1957, Maurice Allais, Combats pour l'Europe, Clément Juglar, 1994, p. 114, Hearings, Congress, Senate, US government printing office, 1955, p. 206, Archives de l'OTAN, 1956.
Pierre-Viansson-Ponté, Les Gaullistes, Paris, Le Seuil, , p. 66-69.
André Passeron, « La mort de Pierre Billotte: Au Service du gaullisme », Le Monde, .
Jean Bécarud et Jean Simon (dir.), Dictionnaire des parlementaires français : notices biographiques sur les parlementaires français de 1940 à 1958, t. 2 : « B », Paris, La Documentation française, , p. 386-388.
Daniel Hochedez et Catherine Hochedez-Schuster, « Une journée à Stonne, en Argonne ardennaise, sur les traces des « lions » de mai-juin 1940 », Horizons d’Argonne, Centre d’études argonnais, no 94, , p. 69-82 (lire en ligne), sur la participation de Pierre Billotte aux combats de .