Antoine Pinay est le fils de Claude Pinay (1852-1919), industriel, fabricant de chapeaux de paille, et de Marie Besson (1861-1936). Il a une sœur aînée, Jeanne Pinay (1886-1953) qui fut religieusedominicaine à Orléans[1],[2]. La famille paternelle d'Antoine Pinay exerçait son activité, depuis plusieurs générations, dans l'industrie de la chapellerie dont la région lyonnaise et stéphanoise est l'un des principaux centres.
Deux de ses oncles maternels sont officiers : le colonel Antoine Besson (1857-1947)[3],[4] et le généralBenoit Besson (1876-1969)[1]. Le grand-père maternel d'Antoine Pinay, Benoît Besson (1829-1905), qui était propriétaire cultivateur, fut maire de la commune de Pomeys de 1861 à 1882[5],[6].
Antoine Pinay fut scolarisé chez les maristes au collège Sainte-Marie à Saint-Chamond, comme en témoigne une carte postale qu'il adresse en [7]. Il ne se présente pas au baccalauréat et quitte l'école sans diplôme.
Le à Saint-Chamond, il épouse Marguerite Fouletier (1895-1970), fille de Louis Fouletier (1862-1922), directeur de la tannerie Fouletier, entreprise établie à Saint-Chamond, fondée en 1772 et employant une centaine d'ouvriers.
De ce mariage naquirent trois enfants :
Geneviève Pinay (1918-2017)[9],[10], éditrice, mariée en premières noces avec Edmond Epstein (1901-1963)[11],[12],[13], éditeur et directeur de revues, dont cinq enfants ; puis mariée en secondes noces avec Ernest Brémond (1899-1966), directeur honoraire de l'Électricité de France et conseiller économique et social[11] ;
Odette Pinay (1920-2015)[14], mariée avec Jean Roy (1921-2005)[15] ;
Un industriel qui entre en politique sous la IIIe République
Antoine Pinay devient le collaborateur de l'un des administrateurs puis directeur de la tannerie Fouletier à partir de 1919. Sous son impulsion, grâce à de nouveaux procédés de fabrication qu'il lance, l'établissement prend un nouvel essor. Son activité contribue à réanimer dans la région l'industrie des cuirs et peaux qui traversait alors une crise.
En 1943, il rejette la proposition qu’on lui fait de la préfecture de l’Hérault. Il contribue également à faire passer des juifs et des résistants en Suisse et à Alger. Sylvie Guillaume, auteur d'une thèse sur Antoine Pinay, estime que la volonté d'associer Pinay à Vichy, malgré la réalité, est le fruit de la volonté de ses « adversaires communistes »[18]. De même, Christiane Rimbaud estime que les communistes lui firent un « mauvais procès » en l'associant au régime de Vichy, alors qu'il a résisté[19].
Après-guerre
Après avoir été membre du Conseil national de Vichy, et avant de devenir ministre et président du Conseil sous la IVe République, il accepte d'être l'un des principaux responsables français des réseaux stay-behind, les réseaux clandestins de l'OTAN mise en place à partir de 1949, selon ce qu'affirme Éric Branca[20].
En politique internationale, il crée en 1951, avec l'agent secret Jean Violet, Le Cercle, club de réflexion spécialisé dans la sécurité, connu sous le nom de « Cercle Pinay », qu'il préside de 1953 à 1971.
Il constitue un exemple de ces « modérés », nom préféré jusqu'aux années 1960 au terme « droite » pour désigner des républicains à la fois socialement conservateurs et théoriquement favorables au libéralisme économique. Il est à nouveau élu député en 1946, et il reste à l’Assemblée nationale jusqu'en 1958.
Lancement du parti CNIP
De 1948 à 1953, il participe à l'édification progressive du Centre national des indépendants et paysans (CNIP), qui ne tient son premier congrès qu'en 1953. Ce parti réunit des lobbies agricoles, patronaux et coloniaux[21].
Il reçoit l'aide, dans cette édification, de son ami proche, la figure parlementaire Jacques Bardoux[22],[23], qui fut avant-Guerre journaliste au quotidien Le Temps, spécialiste des questions extérieures, et notamment des affaires politiques anglaises[24] puis spécialiste reconnu du CNIP sur les questions européennes et coloniales au Parlement[25]. C'est lui qui a organisé, en tant que vice-président, le premier congrès national, à Riom, en août 1947 du Parti paysan d'union sociale (PPUS), bien implanté dans sa région (Joseph Dixmier du Puy-de-Dôme, Camille Laurens du Cantal et le président du parti, Paul Antier, en Haute-Loire)[25].
Ce parti de droite qui regroupe les indépendants a « permis de recycler nombre de notables qui, souvent, avaient eu quelque complaisance à l'égard de Vichy et deviendront plus tard des défenseurs de l'Algérie française ». Parmi ses pivots, Michel Poniatowski, ancien des services spéciaux de l'armée[26], antigaulliste depuis qu'il a rejoint l’Afrique du Nord en 1943, au point de déclarer en 1945 que « pour les Français d’Afrique du Nord, de Gaulle est un chef politique qui s’est imposé par des intrigues et des artifices diplomatiques. Ils l’acceptent, ils ne l’aiment pas »[27] et très lié à Valéry Giscard d’Estaing depuis le début des années 1950 à titre privé[27] puis, lorsque ce dernier entre au cabinet d’Edgar Faure en 1954[27]. Parents par Anne-Aymone de Brantes-Giscard d’Estaing[27], les deux proches de Pinay sont devenus très vite amis[27] et entretiennent « une collaboration extrêmement étroite »[27], VGE voyant dans Michel Poniatowski « un chef d’état-major, un agent secret, un commando »[27].
L'infléchissement à droite des gouvernements de la Troisième force[30], au moment des grèves de 1947-1948, permet à Antoine Pinay d'entrer au gouvernement[31], sur les conseils de Maurice Petsche[31], comme secrétaire d'État en 1948, puis ministre en 1950, où il noue « des liens confiants avec les milieux patronaux en raison de ses convictions antidirigistes » et de la « fermeté dont il fait preuve lors de certaines grèves (SNCF, RATP) ». Dans la Loire, il fonde en 1950 un syndicat intercommunal d'énergies, le Syndicat intercommunal d'énergies de la Loire (SIEL).
La Troisième force perdant globalement beaucoup de voix aux législatives de 1951, elle implose neuf mois après, la SFIO s'en retirant pour la première fois[32].
Jacques Bardoux, qui est alors vice-président de la commission de la Justice à l'Assemblée[33], propose en janvier 1952 de former un gouvernement d'union nationale en dramatisant « la situation économique, qui prépare une crise grave »[33]. Il déclare qu'on devrait proposer la participation au RPF et à la SFIO[33], message qui s'adresse surtout aux députés RPF, car la vague gaulliste de 1951 a fait que les anciens députés de l’intergroupe RPF, formé entre deux élections, se sentent « noyés dans une masse militante peu respectueuse »[33]. L'ex-garde des sceaux Georges Pernot, président du groupe Parti républicain de la liberté (PRL) au Sénat abonde dans le même sens au même moment. Au sein du RPF, les libéraux et les socialisants s'opposent. D'opinion divergentes, ils n'ont pas réussi à s'entendre sur la motion de politique économique lors des assises nationales de leur parti[32], tenues fin novembre 1951 à Nancy[34].
En février 1952, Jacques Bardoux est élu président de la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale[25] et joue un rôle décisif dans l’investiture d'un nouveau président du Conseil des ministres[32],[35],[25] : le , Antoine Pinay est élu avec les voix de 27 députés, « souvent plus conservateurs que gaullistes »[31], qui bravent la consigne d’abstention du RPF. Parmi eux figurent 10 des 13 membres PRL de l’intergroupe RPF[36].
Les 27 forment 4 mois après le groupe de l'Action républicaine et sociale[31] lors d'un conseil national du RPF à Nancy le 25 juin, qui décide d'exclure ceux qui ne suivent pas les consignes de vote[37]. De Gaulle s'est en effet indigné de l'investiture de Pinay, votée en mars, et dénonce ceux qui « sont avec nous pour prendre des voix mais nous quittent pour prendre des places »[37]. C'est le moment où Jacques Bardoux, l'ami fidèle de Pinay, propose à De Gaulle, dans une lettre du 25 juin 1951[25], une union parlementaire et un programme commun de réformes institutionnelle et de « redressement monétaire »[25], qui ne reçoit pas de réponse. Une élection partielle à Paris révèle que le RPF est alors fortement affaibli, son score étant passé en un an de 24% à 13,8%[37] ; le parti disparaît quasiment en 1953.
Premières décisions
Il succède ainsi à Edgar Faure, dont le gouvernement a été plombé par le projet du ministre François Mitterrand d'accepter la souveraineté interne de la Tunisie[38], que Habib Bourguiba considérait comme « une base raisonnable de négociations »[38]. Dès son élection, Antoine Pinay écarte ces propositions qui « sentaient l’hérésie et laissa toute licence au nouveau résident Jean de Hauteclocque[38] » de s'opposer aux velléités d'indépendance.
Alors encore « peu connu du grand public » car atypique[39], le nouveau Président du Conseil est salué par des journaux comme Paris-Match[40] et L'Aurore, son « partisan inconditionnel »[41] ou des écrivains comme Alfred Fabre-Luce, qui publie un livre se félicitant de ce rempart face au « risque » Mendès France[42]. Son « sens prodigieux de la publicité » est remarqué[37], et son successeur Joseph Laniel, du même parti, dit dans une boutade « Ah Pinay ! Avec la presse on rendrait même le diable populaire »[37], tandis que le haut-fonctionnaire Paul Delouvrier considère que « l'expérience Pinay tient de la magie »[37].
Georges Villiers, président du Conseil national du patronat français, adjure ses adhérents de le soutenir[37] et une autre de ses premières décisions, une semaine seulement après son investiture[37] est, pour lancer une bataille contre l'inflation et pour le franc, d'appeler à la rescousse les propriétaires de grands magasins, via leur syndicat professionnel, qui répond présent à une invitation à Matignon, et répercutent à chaque échelon régional et dans chaque magasin une grande campagne pour faire baisser les prix[37], avec des banderoles et des affichettes représentant un coq gaulois, sur chaque article dont le prix est diminué[37].
Succès contre l'inflation
Il lutte ainsi efficacement contre l'inflation dans le contexte économique, il est vrai très favorable, de la fin de la guerre de Corée qui provoque une nette baisse des prix au niveau mondial[37]. Le nouveau magazine Paris-Match le montre ainsi « en guerre contre la vie chère »[39], puis comblant une épargnante modeste[39]. De nombreuses affiches officielles et des émissions quotidiennes à la radio « D. D. F. » (Défense du Franc), vantent ce combat[37],[43]. Son gouvernement introduit la notion d'Échelle mobile des salaires[44] en juillet 1952.
Entre janvier et juillet, les prix baissent nettement, de 152 à 143,5 pour l'indice de gros[37] et de 148,5 à 142,8 pour l'indice de détail[37], ce qui dope la collecte de l'emprunt. Au cours de l'année précédente, les entreprises avaient eu tendance à augmenter leurs stocks d'environ 240 milliards de francs, en anticipation de la hausse des prix[37].
En moyenne annuelle, l'indice de détail avait bondi de 35,1 en 1949 à 39 en 1950 puis 45,6 en 1951 et 51 en 1952, soit un bond de 16 en seulement trois ans[43], presque 45%. Cette hausse est combinée à un déficit budgétaire élevé[45] et un déficit commercial passé à 339 milliards pour 1951[45], ce qui fait qu'une partie des français s'attendait à une dévaluation du franc[45]. L'indice de détail baisse au contraire ensuite et revient à 50,4 en 1953 et 50,2 en 1954 puis 50,8 en 1955[43], soit une stagnation en trois ans[43]. Papier, textile, corps gras, cuirs et autres industries du même type connaissent un mouvement de coup d'arrêt sur les prix de vente dès mars et avril 1952[45]. L'indice de détail global des prix, toujours en moyenne annuelle, reprend une hausse modeste à 51,8 en 1956 et 53,2 en 1957 puis de bondir à 61,2 en 1958 et 65 en 1959, sous l'effet de l'aggravation de la Guerre d'Algérie. La hausse se poursuit à 67,4 en 1960, 69,6 en 1961 et 72,9 en 1962. En revanche, le salaire horaire brut est victime de la désinflation de 1952. Les salariés avaient pris l'habitude au cours de la période d'inflation d'obtenir régulièrement des augmentations massives de salaires dépassant l'inflation[45]. La stabilisation des prix obtenue par Pinay fit cesser cette tendance[45]. L'indice de pouvoir d’achat était passé de 100 à 120 entre 1949 et la fin de 1951[43] mais il recule ensuite et ne retrouvera le niveau de 120 qu'au deuxième semestre 1953, après les grèves[43], avant de s'envoler à nouveau pour atteindre 130 au début de 1955[43].
Succès de la rente Pinay
Sa popularité bénéficie aussi de son premier emprunt national[39], « face à une crise grave, qui met le franc en péril », voire « au bord de l'abîme » selon Paris-Match[39], car la monnaie est pénalisée par la durée de la Guerre d'Indochine. Il lance la célèbre « Rente Pinay », exonérée d'impôt et indexée sur l'or, avantageuse, car protégeant de l'inflation[39], mais coûteuse pour le contribuable[46],[47]. Resté fameux, cet emprunt se révélera terriblement onéreux pour l'Etat, car à un taux coûteux de 3,5%[48],[49]. se révélant même un véritable gouffre financier, selon Alain Duhamel[50] car associée à d'importants avantages fiscaux sur les droits de succession, et exposée à la hausse des cours de l'or. Vingt ans après, elle vaut 1 190 fois son montant initial[47]. Les placements financiers sont alors encore peu attractifs et ce sont les emprunts d’État qui plaisent[43].
Antoine Pinay fait voter une amnistie fiscale[37], qui a cependant pour effet de faire augmenter les nouveaux contrôles sur les petits commerçants, les inspecteurs du fisc se rabattant sur eux[37], et contribue aux premiers mouvements de révolte qui lancent le mouvement de Pierre Poujade[37] actif dès le 23 juillet 1953, avec une trentaine de commerçants et d'artisans de sa ville, Saint-Céré, dans le Lot[43] et relancé par la loi du 14 août 1954 qui permet d'emprisonner toute personne s'opposant à un contrôle fiscal[43] puis en novembre 1954, par la décision de Mendès France de supprimer les privilèges des bouilleurs de cru, alors près de 2 millions d'artisans, qui déclenche une mobilisation des départements viticoles et de l'Ouest[43].
Revers sur la croissance et le pouvoir d'achat
La stabilisation de la monnaie réalisée par Pinay, via une restriction du crédit, visait à mettre un frein à la « valse des étiquettes »[43] mais elle provoque aussi un ralentissement important de l'activité[45], notamment pour les investissements des petites entreprises, même si le grand public oppose une « résistance aux avertissements pourtant fondés qui lui venaient de divers côtés sur imminence une récession »[45] et que la croissance est pourtant soutenue par l'expansion structurelle du secteur tertiaire, qui est passé de 37,3 % à 39,6 % du PIB en France entre 1949 et 1955[43]. Mais le secteur de la transformation des métaux, qui pèse le tiers de l'ensemble de l'industrie française[45], ressent fin 1952 une baisse de production malgré le dynamisme structurel de l'automobile, les entreprises devenant très pessimistes[45], un mouvement subi aussi par les industries chimiques, où les prévisions de diminution des investissements deviennent « largement prépondérantes à la fin de 1952 »[45].
Politique européenne et opposition à Mendès France
Sa figure est souvent opposée à celle de Mendès France[52], avec qui il était dans une « réelle concurrence » pour la présidence du Conseil[52]. Lorsqu'il en est chassé le , son départ est suivi d'une « une passe d'armes brillante » les opposant. Antoine Pinay y fait valoir que la situation financière du pays est « aujourd'hui bien meilleure »[53]. C'est l'époque où Valéry Giscard d'Estaing, petit-fils de son ami Jacques Bardoux, se rapproche d'Edgar Faure via Mme Loste, épouse du patron de L'Argus de l'automobile[54] tandis qu'Antoine Pinay est élu président d'honneur du CNIP.
En novembre 1954[55], il contacte Philippe Boegner, directeur de Paris Match de 1949 à 1953, puis directeur de la rédaction de Science et Vie au sein du groupe Excelsior[56],[57],[58], via Alfred Fabre-Luce qui fait office d'intermédiaire[59], et lui demande de créer un concurrent au quotidien Le Monde, qui lui semble trop favorable à Pierre Mendès France. Lors de deux entretiens, Pinay lui demande de préparer la sortie d'un futur quotidien du soir, qui reprendrait le nom de l'ancien quotidien du matin Le Temps, titre de référence pour les questions diplomatiques et internationales, dont l'imprimerie, l'immeuble, la typographie et le format, avaient été attribués en 1944 au quotidien Le Monde d'Hubert Beuve-Méry[58]. Il s'agissait alors d'affaiblir ce dernier[60],[61], dont les éditoriaux sur la Guerre d'Indochine et les questions coloniales irritaient une partie du patronat[58] par la concurrence d'un « journal défenseur des valeurs chrétiennes et de la civilisation occidentale »[58], qui défendrait l'atlantisme et l'Algérie française[62],[63]. Philippe Boegner rend un premier rapport le 10 décembre 1954, une étude de marché proposant plutôt un quotidien du matin[55], alors que Pinay insistait pour un titre du soir[56].
Deux mois plus tard, en février 1955, c'est lui qui est à nouveau appelé à dénouer la crise, quand le gouvernement Pierre Mendès-France chute à son tour[31]. Il lance un « appel aux hommes de bonne volonté »[31], via « une curieuse combinaison où les leaders des principaux partis seraient placés à la tête de départements ministériels élargis »[31]. Mais il renonce finalement à se présenter au vote d'investiture de l'Assemblée nationale, SFIO et MRP risquant de s'y opposer[31], pour s'effacer devant Edgar Faure[31], qui lui réserve le poste de ministre des Affaires étrangères, au moment où l'indépendance de la Tunisie, négociée par Mendès France depuis la « Déclaration de Cathage », avance avec les accords de La Celle-Saint-Cloud. À ce poste, il ouvre la voie à l'autonomie tunisienne. Au même moment, son rival « Mendès » l'emporte lors de la tenue du Congrès extraordinaire du Parti radical de mai 1955[64] grâce aux « orthodoxes » du parti[64], qui avaient critiqué le soutien à Pinay et son successeur Pierre Laniel de certains élus radicaux[64].
Grand ami de Jacques Bardoux, personnalité importante du CNIP[43], Antoine Pinay avait prévu de confier à son petit-fils Valéry Giscard d'Estaing, qu'il a activement soutenu pour l'investiture du CNIP aux législatives de janvier 1956[54] le secrétariat d’État à l'aviation civile [65], lorsqu'il fut pressenti en 1957 pour être appelé par le président René Coty pour former le gouvernement[43].
Antoine Pinay connaissait le président de la République de longue date. Fin 1953 avait eu lieu une élection présidentielle, le mandat du président Vincent Auriol étant arrivé à échéance. ; Joseph Laniel, candidat de la droite et président du Conseil, n'arriva jamais à obtenir la majorité absolue. Le scrutin s'éternisant, c'est un autre proche d'Antoine Pinay, René Coty, ancien ministre de l'Urbanisation et de la Reconstruction, qui fut au 13e tour largement élu, le .
Sous la Ve République
Ministre des Finances du général de Gaulle
Le général de Gaulle, nouveau président de la République, le nomme au ministère des Finances en . Antoine Pinay lance un second emprunt national. Son succès démontre le bon accueil du duo Pinay-de Gaulle chez les épargnants comme dans les milieux d'affaires. Antoine Pinay est en effet l'idole des épargnants et des patrons[réf. nécessaire]. Il appelle à ses côtés Valéry Giscard d’Estaing, qui a eu l'habileté de se lier avec Michel Debré, directeur du « Courrier de la Colère » qui le recommande à Antoine Pinay[66].
Malgré cette réussite, Antoine Pinay et le général de Gaulle ne s'apprécient guère. Le président de la République confie à un groupe d'experts mené par Jacques Rueff, théoricien libéral et ancien conseiller de Raymond Poincaré, le soin de proposer un plan d'assainissement à long terme. C'est le plan Pinay-Rueff, proposé en décembre 1958 et comportant notamment le passage au nouveau franc. La mention de Pinay est purement honorifique, l'opposition de ce dernier au plan qui porte son nom étant de notoriété publique. Antoine Pinay menace d'ailleurs plusieurs fois de donner sa démission si le plan est appliqué dans sa version d'origine[67].
Il est en outre député européen, délégué par la France, de 1958 à 1979.
Échec d'une candidature fédérant la droite anti-gaulliste
En désaccord avec la politique algérienne et extérieure du gouvernement, Antoine Pinay remet sa démission en . Il abandonne alors toute activité politique nationale. À l'automne 1962, c'est la défection des députés du CNIP qui fait chuter le gouvernement et contraint De Gaulle à dissoudre l'Assemblée[29]. Jean-Marie Le Pen, ex-député poujadiste reconverti au CNIP est battu aux législatives de 1962[29] tandis que Valéry Giscard d'Estaing réunit une partie des députés CNIP qui ont survécu à la vague gaulliste dans le Comité d'études et de liaison des Républicains indépendants, qui ne se constitue en parti politique que le , après que de Gaulle a écarté Valéry Giscard d'Estaing du gouvernement.
Antoine Pinay est à l'origine d'une des tentatives de structurer l'opposition au général de Gaulle dans la perspective d'une élection présidentielle au suffrage universel, instituée à une large majorité par le référendum dédié de 1962, qui aura lieu en 1965. L'idée d'une candidature Pinay fait son chemin, sur une ligne libérale, atlantiste et pro-européenne, susceptible de rassembler les critiques de droite à la politique gaulliste.
Mais Antoine Pinay aurait été empêché de se présenter par la menace que soient exploités contre lui des dossiers de « ballets roses », qu'aurait étayée une « main courante » déposée contre lui à la suite d'un prétendu « attouchement sur mineur »[68]. Cette accusation, connue dans les milieux politiques et à Saint-Chamond, n'a été portée à la connaissance du grand public qu'en 2011 avec la publication du livre Sexus Politicus[69], pour laquelle les auteurs s'appuyèrent sur les travaux de Sylvie Guillaume[70].
Il existe une autre thèse à son renoncement : alors qu'il a quitté le gouvernement après une algarade avec de Gaulle en plein Conseil des ministres sur la dissuasion française, au cœur de la politique gaullienne d'indépendance nationale, une enquête menée par la Direction de la Surveillance du territoire aurait prouvé qu'Antoine Pinay faisait partie du réseau Gehlen, dirigé par un ancien officier de la Wehrmacht passé au service des États-Unis, dont le but était de fédérer les pro-atlantistes et d'affaiblir la politique du général de Gaulle. La renonciation d'Antoine Pinay a été annoncée à la radio alors même qu'il se trouvait toujours dans le bureau de Roger Frey, alors ministre de l'Intérieur, qui lui aurait montré les preuves collectées par la DST après son départ du gouvernement. Le fait qu'Antoine Pinay ait accrédité une rumeur de « ballets roses » semble indiquer qu'il s'agissait d'un leurre pour dissimuler la nature des véritables accusations contre lui[71].
La non-candidature d'Antoine Pinay ouvre la voie à d'autres candidats, notamment Jean Lecanuet et François Mitterrand, soutenus tous deux par les États-Unis, et discrètement financés grâce à l'entregent de Jean Monnet auprès des États-Unis[réf. nécessaire].
Délaissant désormais toute ambition politique nationale, Antoine Pinay se consacre à ses mandats de maire de Saint-Chamond jusqu'en 1977 et de président du conseil général de la Loire jusqu'en 1979.
De 1973 à 1974, il est le premier médiateur de la République, fonction créée par le gouvernement Messmer sous Georges Pompidou.
En 1976, il serait un des instigateurs de la signature du contrat d'ELF-ERAP avec un pool d'inventeurs d'une nouvelle méthode de recherche pétrolière qui deviendra au début des années 80 "l'affaire des avions renifleurs".
Il a laissé l'image d'un gestionnaire prudent et efficace. Jusqu'à la fin de sa longue vie, celui que l'on surnomma « le sage de Saint-Chamond » fut consulté par de nombreux hommes politiques qui se sont réclamés de son expérience et de son pragmatisme reconnu.
Le , il est l'invité de l'émission L'Heure de vérité à quelques jours de son centième anniversaire[72],[73].
↑Article de Jean-Dominique Merchet le 24 décembre 2002dans Libération[3]
↑ abcdef et g"Michel Poniatowski, un prince d’origine polonaise au service de la république française" par Bernard Lachaise aux Editions de la Maison des Sciences de l’Homme d’Aquitaine en 2006 [4]
↑"LE R.P.F. ADAPTERA-T-IL SON ATTITUDE à ses responsabilités parlementaires ?" par René Puissesseau dans Le Monde du 24 novembre 1951 [10].
↑Lettres du 12 mars et du 31 mars 1952, citées par Mathias Bernard, où il promet de s’employer à nouveau « à décider le RPF à voter pour votre budget et à joindre leurs voix aux nôtres ». [11].
↑"Edmond Barrachin ou la pérennité des réseaux politiques des droites" par Jean-Paul Thomas, dans la revue d'histoire politique Parlement en 2011 [12].
↑ abcde et fJean Garrigues, « D’Adolphe Thiers à Antoine Pinay : l’autre famille des hommes providentiels », dans Les Territoires du politique : Hommages à Sylvie Guillaume, Rennes, Presses universitaires de Rennes, (lire en ligne), p. 47-58.
↑ abcdefghij et k"Récessions et seuils économiques" par Pierre-Louis Reynaud, dans la Revue économique en 1957 [16].
↑"Emprunt : trois coûteux précédents" le 29 juin 2009 dans Libération[17].
↑ a et b"Des précédents qui ont coûté très cher, dans Le Parisien du 29 juin 2009 [18].
↑Article de Dominique Albertini le 13 avril 2012 dans Libération[19]
↑Article d'Eric Aeschimann le 31 décembre 2001dans Libération[20]
↑"Un emprunt très politique" par Alain Duhamel le 2 juillet 2009 dans Libération[21]
↑"1954, Pierre Mendès France et les indépendances : Indochine, Tunisie, Algérie", par Seloua Luste Boulbina, dans la revue Sens Public le 3 février 2006 [22].
↑ a et b"Pierre Mendès France: Pour une République moderne" par Alain Chatriot, aux Editions Armand Colin, 2015 [23].
↑"Une controverse Pinay-Mendès France sur les résultats de la politique du gouvernement démissionnaire" dans Le Monde du 1er janvier 1953 [24].
↑ a et b"Valéry Giscard d'Estaing: Une vie" par Georges Valance Editions Flammarion [25].
↑ a et b"Les grandes heures de la presse", Jean-Noël Jeanneney publié aux Editions Flammarion en 2019 [26].
↑ abc et d"Mort de Philippe Boegner" dans Le Monde du 17 octobre 1991 [28].
↑"Alfred Fabre-Luce: Un non-conformiste dans le tumulte du XXe siècle" par Daniel Garbe, Philippe de Saint Robert et Francois-Xavier de Guibert, en 2017.
↑"Le Monde et les Etats de 1944 à nos jours", par Loïc Laroche, Thèse de doctorat en histoire contemporaine, sous la direction de Patrick Eveno, en 2018 [29].
↑"Presse, radio et télévision en France de 1631 à nos jours" par Elisabeth Cazenave et Caroline Ulmann-Mauriat, aux éditions Hachette Éducation, en 1994 [30].
↑"1944-2004, Histoire du journal « Le Monde »" par l'historien Patrick Eveno, en 2004 aux Editions Albin Michel [31].
↑"Pinay l'indépendant" par Jean-Antoine Giansily, en 1995 aux Editions Denoël [32].
↑Note publiée sur le site « Lumières sur Rhône-Alpes » en accompagnement du portrait d'« Antoine Pinay », émission d'Antenne 2 le 13 décembre 1994, en ligne.
Prive, pembersih daerah kewanitaan Privé (baca: Pri-vei) merupakan produk pembersih daerah kewanitaan pertama yang berbahan dasar alami Green Tea (teh hijau). Privé memiliki dua varian, yaitu Privé Delicate yang mengandung Green Tea dan manjakani untuk meremajakan dan mengencangkan serta Privé Fresh yang mengandung Green Tea dan daun sirih untuk meremajakan dan menyegarkan daerah kewanitaan. Privé resmi dijual di pasar Indonesia mulai 12 November 2013.[butuh rujukan] Kandungan Pr...
Agliècomune Agliè – VedutaIl castello LocalizzazioneStato Italia Regione Piemonte Città metropolitana Torino AmministrazioneSindacoMarco Succio (lista civica Agliè prima di tutto) dal 26-5-2014 (2º mandato dal 27-5-2019) TerritorioCoordinate45°22′01.4″N 7°46′00.9″E / 45.367055°N 7.766918°E45.367055; 7.766918 (Agliè)Coordinate: 45°22′01.4″N 7°46′00.9″E / 45.367055°N 7.766918°E45.367055; 7.766918...
Otoko wa Tsurai yoPoster film nomor 18 Tora's Pure Love (1976)SutradaraYōji YamadaDitulis olehYōji Yamada Yoshitaka AsamaPemeranKiyoshi Atsumi Chieko Baishō Chishu RyuPenata musikNaozumi YamamotoSinematograferTetsuo TakabaDistributorShochiku (Jepang)Tanggal rilis1969–1995Durasi110–140 min.NegaraJepangBahasaJepang Otoko wa Tsurai yo (男はつらいよcode: ja is deprecated , Amat Sulit Menjadi Laki-Laki) adalah seri film-film Jepang dengan Kiyoshi Atsumi sebagai Tora-san (寅さ�...
Chemical compound AlitretinoinClinical dataTrade namesPanretin (gel), Toctino (oral)AHFS/Drugs.comMonographMedlinePlusa601012License data EU EMA: by INN US DailyMed: Alitretinoin Routes ofadministrationTopical, by mouthATC codeD11AH04 (WHO) L01XF02 (WHO)Legal statusLegal status UK: POM (Prescription only) US: ℞-only EU: Rx-only Pharmacokinetic dataProtein bindingHighly bound, no exact figure available[1]MetabolismLiver (CYP3A4-mediat...
Private college in Sparkill, New York, US For other schools named after St. Thomas Aquinas, see Institutions named after Thomas Aquinas. This article needs additional citations for verification. Please help improve this article by adding citations to reliable sources. Unsourced material may be challenged and removed.Find sources: St. Thomas Aquinas College – news · newspapers · books · scholar · JSTOR (February 2012) (Learn how and when to remove this ...
American insurance company Not to be confused with Aflaq or Affleck. Aflac IncorporatedAflac Building, Columbus, Georgia, U.S.Company typePublicTraded asNYSE: AFLS&P 500 componentIndustryInsuranceHuman resources servicesFoundedNovember 17, 1955; 68 years ago (1955-11-17)[1] (as American Family Life Insurance Company of Columbus)FoundersJohn AmosPaul AmosBill AmosHeadquartersAflac BuildingColumbus, Georgia, U.S.Area servedUnited StatesJapanKey peopleDan Amos...
Byzantine empress from 1042 to 1056 Theodora PorphyrogenitaEmpress and Autocratess of the RomansDepiction of Theodora Porphyrogenita on the Monomachos Crown.Byzantine empress regnant1st reign21 April 1042 – 11 June 1042[1]PredecessorMichael VSuccessorConstantine IXCo-monarchZoe[1]2nd reign11 January 1055 –31 August 1056[1]PredecessorConstantine IXSuccessorMichael VIByzantine co-empress (under Constantine IX) Reign1042–1055EmperorConstantine IX (1042–1055)Bornc....
Cycling at the 2018 Asian GamesVenueKhe Bun HillSubangPulomas International BMX CenterJakarta International VelodromeDates20–31 August 2018Competitors286 from 25 nations← 20142022 → The cycling competitions of the 2018 Asian Games were held at two venues in Subang and two venues in Jakarta from 20 August to 31 August 2018.[1] Road bicycle racing was held around the road of Subang from 22 to 24 August 2018, while track cycling was contested ...
هذه المقالة عن المجموعة العرقية الأتراك وليس عن من يحملون جنسية الجمهورية التركية أتراكTürkler (بالتركية) التعداد الكليالتعداد 70~83 مليون نسمةمناطق الوجود المميزةالبلد القائمة ... تركياألمانياسورياالعراقبلغارياالولايات المتحدةفرنساالمملكة المتحدةهولنداالنمساأسترالي�...
Youth sports organization Little League Baseball, IncorporatedMost recent season or competition:2024SportBaseball, softballFounded1939 in Williamsport, Pennsylvania, U.S.FounderCarl E. StotzFirst season1939CEOStephen D. KeenerCOOPatrick WilsonDirectorDavid Houseknecht, CFOClaim to fameLargest organized youth sports organization in the worldMottoCharacter, Courage, and LoyaltyNo. of teamsover 180,000Competitors2,600,000QualificationLittle League International TournamentTV partner(s)ESPN, ESPN2...
Former centre-right political party in Scotland This article is about the historical party. For the unrelated modern party, see Scottish Unionist Party (1986). This article needs additional citations for verification. Please help improve this article by adding citations to reliable sources. Unsourced material may be challenged and removed.Find sources: Unionist Party Scotland – news · newspapers · books · scholar · JSTOR (February 2019) (Learn how...
Movement to end slavery For other uses, see Abolitionism (disambiguation). Anti-slavery and Emancipationist redirect here. For the British NGO, see Anti-Slavery International. For pardoned convicts in colonial Australia, see Emancipist. Photograph of a slave boy in the Sultanate of Zanzibar. 'An Arab master's punishment for a slight offence.' c. 1890. From at least the 1860s onwards, photography was a powerful weapon in the abolitionist arsenal. Part of a series onForced labour and slav...
For the unrelated architecture of the country of Georgia, see Architecture of Georgia (country). Architectural styles current in the English-speaking world between c. 1714 and 1830 Middle-class house in Salisbury cathedral close, England, with minimal classical detail. Very grand terrace houses at The Circus, Bath (1754), with basement areas and a profusion of columns. Function rules at Massachusetts Hall at Harvard University, 1718-20 Classically proportioned 19th century Georgian manor hous...
مستشفى رفيديا الجراحي الحكومي إحداثيات 32°13′31″N 35°14′37″E / 32.2251613°N 35.2436555°E / 32.2251613; 35.2436555 معلومات عامة القرية أو المدينة نابلس الدولة فلسطين الاسم نسبة إلى رفيديا سنة التأسيس 1976م المالك وزارة الصحة (فلسطين) خدمات المستشفى التخصص الجراحة عدد الأسرّة 201 سر...
African-American mother and son who were lynched in the U.S. Lynching of Laura and L. D. NelsonPhotograph no. 2899, one of four extant photographs of the lynchingDateMay 25, 1911 (1911-05-25)PhotographerGeorge Henry FarnumLocationSix miles west and one mile south of Okemah, Oklahoma, on a bridge, now demolished, across the North Canadian River.[1] (The replacement bridge became part of Oklahoma State Highway 56.)Coordinates35°25′46″N 96°24′28″W / þ...
Accademia della CruscaAccademia della Crusca Villa medicea di Castello, sede dell'Accademia TipoIstituzione pubblica Fondazione1582-1583 FondatoreGiovan Battista DetiAnton Francesco GrazziniBernardo CanigianiBernardo ZanchiniBastiano de' RossiLeonardo Salviati ScopoDiffusione e studio della lingua italiana Sede centrale Firenze Indirizzovia di Castello, 46 50141 Fireze Presidente Paolo D'Achille Lingua ufficialeitaliano MottoIl più bel fior ne coglie Sito web Modifica dati su Wikidata �...
Saxon dynasty of German monarchs (919–1024) Not to be confused with Ottoman Empire. This article includes a list of general references, but it lacks sufficient corresponding inline citations. Please help to improve this article by introducing more precise citations. (February 2013) (Learn how and when to remove this message) House of OttoCountryDuchy of Saxony, Kingdom of Germany, Holy Roman EmpireFounded9th century: Liudolf, Duke of SaxonyFinal rulerHenry II, Holy Roman EmperorTitles Holy ...
You can help expand this article with text translated from the corresponding article in German. (July 2019) Click [show] for important translation instructions. View a machine-translated version of the German article. Machine translation, like DeepL or Google Translate, is a useful starting point for translations, but translators must revise errors as necessary and confirm that the translation is accurate, rather than simply copy-pasting machine-translated text into the English Wikipedia...