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L'héritière actuelle de ses traditions est la 2e brigade blindée (2e BB), qui a d'ailleurs repris le nom de 2e division blindée entre 1977 et 1999.
Création et différentes dénominations
: la colonne Leclerc remporte sa première victoire à Koufra et fait serment de ne déposer les armes que « quand les belles couleurs françaises flotteront sur la cathédrale de Strasbourg ».
L'année suivante, en 1942, la colonne Leclerc effectue une série de raids en direction du Fezzan (en Libye). En 1943, le Fezzan est conquis et la colonne Leclerc fait sa jonction avec la 8e armée britannique qu'elle accompagne dans la campagne de Tunisie où elle s'illustrera notamment à Ksar-Ghilane.
Naissance de la 2e DB
Le , cette force est transformée en 2edivision française libre à Sabratha en Libye et le , elle est renommée 2e division blindée à Témara (Protectorat français du Maroc). Le général Giraud, qui remplaçait depuis peu l'amiral Darlan (assassiné le à Alger), profite de la présence du président Roosevelt à Casablanca (lors de la conférence d'Anfa du 10 au ) pour obtenir l'aide américaine en équipement militaire moderne destiné aux troupes françaises (notoirement sous-équipées à cause des sévères clauses d'armistice de l'occupant germano-italien), ce qui permettra de transformer la 2e DB en redoutable division mécanisée et d'équiper l'Armée d'Afrique du général de Lattre de Tassigny.
Les effectifs de la 2e viennent en partie des Forces françaises libres, mais principalement de l’armée d'Afrique. Cette fusion dans une seule division d'unités provenant de ces deux armées est un cas unique.
Cette division qui doit transiter par la Grande-Bretagne, est, selon les exigences des Américains et des Britanniques, « blanchie » lors de sa formation durant l'été 1943 et ne compte plus qu'un soldat noir[1], Claude Mademba Sy. Selon plusieurs historiens, tels Christine Levisse-Touzé et Olivier Forcade, les Nord-Africains quant à eux, au nombre de 3 603, représentent environ 25 % de ses effectifs. Principalement républicains espagnols, 500 volontaires étrangers rejoignent aussi ses rangs[2],[3]. Fait peu connu, la division a aussi compté des femmes, un groupe d'ambulancières volontaires créé par l'Américaine Florence Conrad, le Groupe Rochambeau, surnommé Les Rochambelles et qui a participé aux combats de la Libération, jusqu'en Allemagne.
Chaque char M4 Sherman, armé d'un canon de 75 et de trois mitrailleuses et disposant d'un poste émetteur-récepteur, était servi par cinq hommes (un chef de char, un conducteur, un chargeur, un tireur et un mitrailleur). Ils disposaient d'armes individuelles (pistolets semi-automatiques et pistolets-mitrailleurs)), d'une centaine d'obus perforants, explosifs ou fumigènes et de milliers de cartouches de mitrailleuses (7,62 mm et 12,7 mm) et de grenades. Chaque escadron se composait de 17 chars et de 3 autochenilles M3 Half-track dont 2 servant d'ateliers mobiles de réparations. Il y avait aussi deux camions Dodge tractant des remorques et une pièce de 57 mm antichars. Un camion GMC transportait la réserve de carburant. Deux Jeeps destinées au capitaine et au lieutenant chef d'échelon.
Au total, la division comptait 4 200 véhicules[5].
La division française est associée à la 5e division blindée et à la 79e division d’infanterie américaines pour former le 15e corps d'armée commandé par le général Haislip. Après son regroupement à La Haye-du-Puits (Manche), la division reçoit l'ordre d'avancer plein sud sur les routes du Cotentin (avant un bref séjour aux environs d'Avranches afin de parer à une contre-attaque de la 3e Panzer allemande) puis vers Le Mans, dans l'opération Cobra. Un peloton du Groupement Tactique Langlade voit brièvement le feu à Mortain lors de l'offensive allemande du [6], mais l'unité est cependant relevée rapidement de cette mission. En effet, profitant de l'avantage du « goulot » d’Avranches, Leclerc lance sa division vers Vitré et Château-Gontier, puis vers Le Mans.
La 2e division blindée dans la Sarthe
Du Mans, l'attaque du XVe corps d'armée américain du général Haislip en direction d'Alençon est prévue pour le 10 août à 7 heures. Pour ce faire, la manœuvre nécessite de faire pivoter au Mans toute la 5e division blindée américaine plein nord, avec pour axe de progression Savigné-l'Évêque, Bonnétable, Marolles-les-Braults, Mamers, puis la forêt de Perseigne. La 2e division blindée du général Leclerc reçoit la mission de mener la même offensive sur la gauche de la 5e division blindée, dans l'axe Le Mans - Alençon.
La ville du Mans est libérée par les troupes américaines le 8 août. La 2e division blindée contourne la ville par l'ouest et le nord et traverse la Sarthe sur un pont du génie à La Chapelle-Saint-Aubin. Les Allemands ont mis en place une ligne de défense sur l'axe Saint-Marceau à Bonnétable, avec les troupes de la 9e Panzerdivision, arrivée de Nîmes peu de temps auparavant. Se joignent à ce dispositif les débris de la 308e division blindée et de la 130e Panzer Lehr, principalement destinés à ralentir la progression des Alliés par des embuscades antichars.
Fer de lance en Normandie
Le général Leclerc n'a alors de cesse de se porter à l'avant du dispositif du XVe corps. Après la Sarthe, la division Leclerc est à la pointe du dispositif américain, réalisant un mouvement d'encerclement. Rapidement, les troupes du XVe corps US se portent vers le nord, et c'est la 2e DB qui libère Alençon le , si rapidement que les Allemands en sont décontenancés. Le général Patton, commandant la IIIe armée, ne tarit pas d'éloges au sujet du général Leclerc qui appliquait les principes de l'attaque à outrance depuis que les Français étaient entrés en Normandie.
Aussi les Américains font-ils de la 2e DB le fer de lance de leur attaque vers Argentan pour fermer la poche de Falaise. Or, après de terribles combats dans le secteur de la forêt d'Écouves, les troupes françaises se dispersent et débordent de leur secteur au sud d'Argentan, à tel point qu'ils ralentissent la progression de la 5e division Blindée américaine à Sées. Les Américains, lancés vers Argentan, sont quelque peu retardés, et Leclerc se fait réprimander par le général américain commandant la 5e DB américaine car il n'a pas respecté les ordres, retardant peut-être la fermeture de la poche de Falaise-Argentan. Les Français de Leclerc, ayant libéré Carrouges et Écouché le 13août, lancent une unité de reconnaissance au centre d'Argentan, mais cette unité est chassée par des blindésallemands lors d'une contre-attaque.
Il est clair que les Allemands vont défendre la ville avec acharnement. Leclerc, qui occupe un temps les hauteurs sud de la cité normande, demande alors l'autorisation d'envoyer le gros de ses troupes vers Paris pour libérer la capitale. Le haut-commandement américain et notamment Eisenhower doit trancher.
Initialement, le général Eisenhower souhaite après le débarquement réussi foncer sur l'Allemagne en contournant Paris. Convaincu par de Gaulle et les services secrets alliés de l'importance stratégique de la capitale (les Allemands de Paris constituent une menace sur les flancs de l'armée alliée), il donne finalement l'ordre à Leclerc de marcher sur Paris le . Le jour même en début d'après-midi, ce dernier a pris l'initiative (ce qui confine à l'insubordination puisqu'il désobéit au général Gerow) de diriger vers Versailles un détachement de sa division, le groupement Guillebon[7].
Suivant l'ordre reçu de leur chaîne de commandement, les unités de combat américaines s'arrêtent quelque temps devant Argentan afin de pousser la 2e DB vers l'avant en prévision de la libération de Paris. Le haut commandement finit par insister : Paris doit être libéré par des Français. Les Américains permettent ainsi aux combattants de la 2e DB de se distinguer en devenant la première unité alliée à entrer dans Paris, les 24 et et de recevoir la reddition de Dietrich von Choltitz.
La 2e DB quitte Paris le au matin et marche vers l'Est. Elle affrontera les forces allemandes de Manteuffel puis de Feuchtinger. À Dompaire, le , elle écrase la 112e Panzerbrigade (59 chars détruits) qui disparait de l'ordre de bataille allemand.
La route menant à Strasbourg est jalonnée de sévères combats.
Le , Strasbourg est libérée. Lorsque le lieutenant-colonel Rouvillois entre dans Strasbourg, il lance la célèbre phrase codée « Tissu est dans iode » pour signaler sa réussite dans la prise de la capitale alsacienne.
Le , un détachement de la 2e DB arrive à Berchtesgaden. Selon certains auteurs[8], les éléments de la 2e DB sont les premiers à s'introduire dans le Kehlsteinhaus (le nid d'aigle), dès la nuit du 4 au (le Berghof et le nid d'aigle sont deux bâtiments différents, proches l'un de l'autre).
En réalité, plusieurs unités revendiquent le fait que leurs hommes aient atteint les premiers le « Nid d'aigle », notamment :
Les éléments de la 2e division blindée française, Georges Buis et Paul Repiton-Préneuf, qui auraient été présents dès la nuit du 4 au , et auraient dû partir le 10 sur demande du commandement américain, après avoir pris de nombreuses photographies[9].
La 3e division d'infanterie américaine, soutenue par les écrits de Herman Louis Finnell, du 7e régiment, 1re compagnie[10], ce que confirme le général Maxwell D. Taylor[11], affirma avoir été présente dès le .
L'unité compte 1 687 tués dont 108 officiers, 5 000 blessés[13] et 58 tanks légers et moyens perdus tandis qu’elle cause aux forces de l’Axe la perte de 12 000 soldats tués, ainsi que 11 000 prisonniers allemands capturés à Paris, 6 000 prisonniers allemands capturés à Strasbourg, enfin 118 tanks lourds et moyens détruits.
Le Monument commémoratif place du à Paris énumère les noms de 1 658 soldats de Leclerc morts pour la France entre 1940 et 1946. Près de 8 % sont des soldats maghrébins[15].
Après-guerre
La division revient en France à partir du [16]. Elle défile le à Paris, ouvrant le passage des unités motorisées, Leclerc en tête dans son char Sherman « Tailly »[17]. Le , la division défile à nouveau devant Leclerc qui part rejoindre l'Indochine française[16].
Plusieurs monuments ont été érigés en hommage à la 2e DB. C'est notamment le cas à Fyé (Sarthe) au sud d'Alençon, œuvre du sculpteur G. Humeau qui porte une liste des hommes tués à l'ennemi, ainsi que les victoires de la colonne.
Quelques chars américains ayant fait partie de la 2e division blindée et ayant été détruits au combat, notamment des M4 Sherman, ont été préservés jusqu'à nos jours[21] :
D'autres chars et véhicules représentant la 2e division blindée sont préservés comme monuments ou dans des collections en France, mais ce ne sont pas les véhicules originaux ayant participé aux combats.
En , huit tombes de soldats marocains de la 2e DB inhumés au carré militaire du cimetière de Montjoie-Saint-Martin ont été recouvertes de symboles nazis. Ces soldats avaient participé au sein de la 2e DB à la libération d'Avranches, située à une trentaine de kilomètres. Le carré militaire de ce cimetière civil comprend aussi deux tombes de soldats français qui n’ont pas été dégradées[23].
2e DB : 2 500 Français libres, 4 000 évadés de France, 1 000 Nord-Africains, 63 Rochambelles, auxquels ont suivi 5 000 engagés volontaires en France[24]
Selon la Revue historique des armées du Service historique de la Défense, la 2e DB comporte, lors du débarquement de Normandie, environ 14 000 hommes dont 3 350 « sujets de l'Empire » et est composée à égalité de « maréchalistes » et de « gaullistes » (anciens du Tchad, engagés de Tunisie, Corps franc d'Afrique, évadés de France…)[25].
Selon Jean-François Muracciole, la 2e DB comportait lors de la libération de Paris, 7 000 hommes des unités de l'Armée d'Afrique (dont environ 1 300 soldats maghrébins, soit près de 10 % des effectifs[26]), 4 000 FFL (vétérans du Tchad et de la « colonne volante ») et 2 500 évadés par l'Espagne[27]
Maja Destrem, L'Aventure de Leclerc, Paris, Fayard, 1984, (ISBN2-213-01419-1); rééd. 1997, .
Pierre Coatpehen, En mission avec la 2e DB, Locus Solus, 2014, (ISBN978-2368330579).
La 2e DB, combats et combattants en France présentés par un groupe d'officiers et d'hommes de la division, Paris, Arts et Métiers Graphiques (AMG), 1945, copyright by Général Leclerc, 322 pages.
↑"Aspect méconnu de la composition de la 2e DB : en avril 1944, sur un effectif total de 14 490, elle comporte une proportion de 25 % de soldats nord-africains : 3 600". Christine Levisse-Touzé, Du capitaine de Hautecloque au général Leclerc, Éditions Complexe, 2000, p. 243.
↑Olivier Forcade, Du capitaine de Hauteclocque au général Leclerc, Vingtième Siècle, Revue d'histoire, année 1998, volume 58, numéro 58, p. 144-146
↑Evelyn Mesquida, La Nueve, 24 août 1944 — Ces républicains espagnols qui ont libéré Paris, Paris, le Cherche-Midi, coll. « Documents », (ISBN978-2-7491-2046-1), p. 135-137.
↑Ministère des armées, France, Revue historique des armées, numéros 226-229, 2002, p. 51
↑« Observons toutefois que le « blanchiment » de la 2e DB ne sera que partiel. Si elle a perdu ses tirailleurs noirs du RTST refondu en RMT, la division a gagné environ 1300 soldats maghrébins qui la rejoignent à travers les unités de l'armée d'Afrique. Ce qui confirme à contrario qu'aux yeux des décideurs américains, se référant à leur propre histoire, le critère ultime du « blanchiment » était bien plus racial que colonial. », Jean-François Muracciole, La Libération de Paris: 19-26 août 1944, 2013, Tallandier, p. 42
↑Jean-François Muracciole, Les Français libres : L'autre Résistance, Tallandier, 2009, p. 116