Le diocèse de Limoges tient ses origines du IIIe siècle, où saint Martial a entrepris d'évangéliser les Lémovices de la région d'Augustoritum, future Limoges. Il est considéré comme le fondateur de l'Église d'Aquitaine, et saint patron du diocèse. C'est Aurélien qui lui aurait succédé. Au sud, la ville de Brive est évangélisée par saint Martin de Brive, dit l'Espagnol. Cependant, le christianisme a eu du mal à s'implanter dans la région, et elle ne fut complètement christianisée qu'à la fin du Ve siècle.
À cette époque, le Limousin dépendant de l'Aquitaine, était soumis au pouvoir des Wisigoths, barbares romanisés convertis au christianisme mais professant l'arianisme. En 507, après la victoire de Clovis sur les Wisigoths à Vouillé, la région passa sous domination des Francs.
La cité de Limoges paraît avoir joué un rôle important sous les ducs du VIIIe siècle, puis sous les rois d'Aquitaine. Sous la domination des Carolingiens, les souverains marquent un intérêt certain pour le Limousin et notamment l'abbaye Saint-Martial de Limoges.
En 994, les reliques de saint Martial sont exposées afin d’éradiquer le « mal des ardents » ; ce sont les premières ostensions limousines[1]. L'abbaye de Saint-Martial possède un imposant patrimoine. C'est aussi l'époque de prospérité de l'ordre de Grandmont, fondé par les disciples d’Étienne de Muret. Ces monastères œuvrent, en plus de leur rôle de christianisation, pour l'aménagement du territoire et l'agriculture. Vers l'an mil, l'Abbaye de Moutier-d'Ahun est fondée par le comte Boson de la Marche.
Le Limousin divisé
Au Xe siècle, le Limousin est divisé en plusieurs seigneuries dont les vicomtés de Limoges, Comborn, Ventadour et Turenne qui se partagent le Bas-Limousin et le comté de la Marche qui domine le nord de la région. L'évêque de Limoges est aussi un grand seigneur terrien dans la région de Limoges.
Avec l'essor économique de la fin du XIe siècle et le développement des flux humains et notamment des pèlerinages, les nombreuses abbayes limousines déjà existantes s'agrandissent et de nouveaux ordres religieux s'implantent dans la région. Ainsi sont construites les églises abbatiales et collégiales romanes de Beaulieu-sur-Dordogne, de Solignac, Le Dorat et de Saint-Léonard-de-Noblat ou encore Evaux-les-Bains. L'abbaye du Chalard est fondée à la fin du XIe siècle par Saint-Geoffroi et Gouffier de Lastours. L'abbaye Saint-Martial de Limoges, grâce au développement du pèlerinage vers Compostelle et à l'essor économique et agricole de ses prieurés qui le parsèment, entreprend la reconstruction de son abbatiale et d'une partie de ses bâtiments conventuels. La renommée de l'abbaye doit son origine au développement de l'émail dit champlevé qui orne les châsses et les objets liturgiques mais aussi les souvenirs que rapportaient certains pèlerins.
Le pape Urbain II vient prêcher à Limoges la première croisade en 1095. La grande préoccupation de l'Église reste le maintien de la paix avec l'instauration de la "trêve de Dieu". Les croisades permettent de canaliser la violence des nobles vers l’extérieur.
La réduction du diocèse au Haut Limousin et à la Marche
Par la bulle Salvator Noster du 13 août 1317 de Jean XXII, le diocèse est démembré avec la création de celui de Tulle, en raison principalement de son extension territoriale. En effet, l'évêque ne pouvait alors fournir tous les services spirituels nécessaires à son diocèse. L'Abbaye Notre-Dame de Tulle devient ainsi siège d'un nouvel évêché pour le Bas Limousin, et le diocèse de Limoges réduit au Haut Limousin et à la Marche. Ces créations de nouveaux diocèses ne sont pas des faits isolés : elles font partie d'un mouvement plus important de réorganisation de l'administration pontificale menée par le pape, qui aboutit à un total de seize nouveaux évêchés dans le sud de la France entre le 11 juillet 1317 et le 7 avril 1318[2].
Un territoire de conflits
Avec la guerre de Cent Ans, le Limousin connaît une crise économique profonde. Les territoires limousins constituant une marche entre le duché de Guyenne et le royaume de France, ils subissent les pillages des soldats des armées française et anglaise. Avec la défaite de Jean le Bon en 1356 et le traité de Brétigny, la France donne à l'Angleterre un grand territoire comprenant le Limousin.
En 1370, Jean de Cros, alors évêque, qui était réputé comme étant un des proches du Prince noir, fut contacté par les émissaires du roi de France, Charles V. Le , il ouvrit les portes de la cité aux troupes françaises, commandées par Jean de Berry, déclenchant la colère d’Édouard de Woodstock, qui se trouvait alors à Angoulême. Le 19 septembresuivant, la cité fut mise à sac afin de punir ce qu'Édouard de Woodstock considérait comme une trahison.
Cependant, le territoire diocésain est toujours divisé et l'évêque en subit parfois les conséquences. Ainsi, Pierre de Montbrun lors de son épiscopat d'une trentaine d'années visitait à cheval le vaste territoire de son diocèse mais il a dû subir de nombreuses agressions de la part des seigneurs locaux : en 1434 le capitaine du château de Chalucet le retient et le met à rançon ; ses équipages lui sont enlevés à Rougnat le par le chevalier Trolhard de Montvert seigneur de Magnat qu'il doit excommunier[3] ; vers 1444 c'est le vicomte de Turenne qui le fait prisonnier et ne le libère que contre rançon. Cet évêque, vieilli et fatigué s'adjoint en 1454 un évêque auxiliaire en la personne de Michel Prodolo pour l'assister dans ces visites épiscopales. En 1456 il se dote également d'un vicaire-général, frère Michel de l'ordre des frères prêcheurs qui consacre le le monastère conventuel de Notre-Dame de la Règle de Limoges.
L'évêque Jean de Barton 1er est à l'origine de la construction de la nef de la cathédrale de Limoges que son successeur Jean de Barton II fera poursuivre.
Au XVIe siècle, la réforme protestante se fait ressentir en Limousin, entraînant des conversions qui apparaissent peu nombreuses malgré la propagande de Jeanne III de Navarre dite d'Albret, vicomtesse de Limoges. Le peuple reste fidèle au catholicisme comme l’illustre le culte de saint Martial. Le Limousin est le lieu de la victoire de l’armée royale sur les troupes de Gaspard II de Coligny à la bataille de La Roche-l'Abeille. Ruinés par la guerre, les paysans s'insurgent contre les seigneurs.
La Contre-Réforme entraîne la création de nombreux couvents et ordres religieux, surtout à Limoges. Les laïcs pratiquent la bienfaisance à l'égard des religieux.
Louis de Lacaris d'Urfé est à l'origine de statuts synodaux, d'un rituel et d'un catéchisme. Il soutient ses anciens maîtres sulpiciens contre les jansénistes et écarte ces derniers de son diocèse.
Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, le diocèse est marqué par la personnalité de Louis-Charles du Plessis d'Argentré. Celui-ci avait des goûts de luxe, sa table était des plus raffinées et il se faisait servir par des laquais en grande livrée et il entretenait carrosses et chevaux ; mais surtout l'évêque, par ailleurs intelligent et cultivé, se mit en tête de reconstruire somptueusement, selon les plans de Charles-Jean Barbier et de Joseph Brousseau, le palais épiscopal de Limoges à la place du palais du XVIe siècle, construit par Jean de Langeac. Il participa donc au démantèlement en 1772 de l'abbaye de Grandmont, dont il visait les bénéfices afin de rembourser ses dettes somptuaires et la construction de son nouveau palais épiscopal ; cela s'effectua dans le contexte des travaux de la Commission des Réguliers (1772) qui avait pour fonction de supprimer les communautés religieuses considérées comme peu rentables.
L'évêque fut nommé député aux États généraux de 1789, où il joua un rôle important, et y siégea constamment avec le parti qui s'opposait à la Révolution française. Les temps de la persécution étant arrivés, il se réunit à Paris avec l'évêque de Clermont, pour ordonner les ecclésiastiques qui restaient fidèles à leur vocation.
La Révolution française : le diocèse remodelé
En 1790, le territoire des diocèses est remodelé afin de correspondre aux nouveaux territoires départementaux. Aussi, dans le cadre de la constitution civile du clergé, chaque département est constitué d'un diocèse. C'est pourquoi le diocèse est divisé entre ceux de la Creuse et de la Haute-Vienne représentés respectivement par Marc-Antoine Huguet et Léonard Honoré Gay de Vernon.
Avec le Concordat de 1801, le diocèse de Limoges est rétabli sur l'ensemble du Limousin, le siège épiscopal de Tulle ayant été supprimé. Ce dernier est rétabli, à la suite des négociations du projet de Concordat de 1817, par la bulle Paternae charitatis du 6 octobre 1822.
Parmi les évêques qui se sont succédé à Limoges au XIXe siècle, la personnalité de Pierre-Henri Lamazou. Grand bâtisseur, il mena l'achèvement de la cathédrale de Limoges (raccordement de la nef avec le clocher). Le ministre de la Justice et des Cultes, dans un courrier daté du 12 juin 1883, lui annonça qu'un "crédit de 50 000 francs venait d'être ouvert pour la continuation [...] des travaux d'achèvement de la cathédrale de Limoges, en cours d'exécution".
Dans les années 1960, à l'occasion de fouilles archéologiques sont redécouvertes les anciennes églises Saint-Pierre-du-Sépulcre et Saint-Benoît, une petite partie du cloître de l'Abbaye Saint-Martial, mais surtout le tombeau de saint Martial, avec les sarcophages de ses compagnons Austriclinien et Alpinien et le réceptacle des reliques de sainte Valérie de Limoges. Ces vestiges ont été préservés dans une crypte, la première crypte archéologique en France.
Les ostensions limousines sont une tradition remontant à la fin du Xe siècle avec l'ergotisme qui affectait la région. Elles consistent en des cérémonies et des processions vénérant les saints locaux. Elles ont lieu à Limoges et dans plus d'une quinzaine de communes environnantes dans le diocèse de Limoges, ainsi que ceux d'Angoulême et de Poitiers. Elles se déroulent tous les sept ans, la dernière édition datant de 2023. Elles ont été inscrites en 2013 sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'humanité[36].
Ostensions à Rochechouart
Ostensions de Limoges en 2016
Bannières en 2009
Les reliques de Saint Martial en 2016
Géographie
Le territoire du diocèse de Limoges correspond aux territoires du département de la Creuse et de la Haute-Vienne, soit une superficie de 11 285 km2.
↑Tardieu, Ambroise (1840-1912)., Histoire illustrée des villes d'Auzances et de Crocq, dans le pays de Combraille, département de la Creuse ; suivi d'un dictionnaire historique et archéologique des communes, paroisses, églises, chapelles, prieueés, châteaux, fiefs, etc.compris dans ces deux cantons, l'auteur, (OCLC491486636, lire en ligne)
↑« Communiqué », sur diocese-limoges.fr, (consulté le ).
↑Frédéric Potet, « « Ils ont réussi le tour de force de diviser le village » : à Solignac, les moines de la discorde », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
Hugues Du Tems, « Limoges », dans Le Clergé de France, ou Tableau historique et chronologique des archevêques, évêques, abbés, abbesses et chefs des chapitres principaux du royaume, depuis la fondation des églises jusqu'à nos jours, t. 3, Paris, Chez Brunet, (lire en ligne), p. 241-334
Michel Aubrun, L'ancien diocèse de Limoges des origines au milieu du XIe siècle, Presses Universitaires Blaise Pascal, , 468 p. (ISBN978-2-8774-1020-5, présentation en ligne)
Raymond Limouzin-Lamothe, Le diocèse de Limoges du XVIe siècle à nos jours (1510-1950), Strasbourg-Paris, F.-X. Leroux & Cie, , lire en ligne sur Gallica