En 1981, François Mitterrand est élu président de la République, battant le chef de l'État sortant Valéry Giscard d'Estaing et ramenant la gauche au pouvoir pour la première fois depuis la Quatrième République. En 1981, François Mitterrand est élu avec un programme de réformes de grande envergure, le Programme commun. Après s'être assuré une majorité au parlement à l'issue des élections législatives de la même année, son gouvernement mena un programme de réformes économiques et sociales. En 1983, la forte inflation et la crise économique menent à un revirement de la politique économique, connue sous le terme de « tournant de la rigueur » – le gouvernement de gauche s'est alors engagé dans des réformes de politique fiscale et de contrôle des dépenses, et de privatisation des principales banques françaises. Bien que la majorité des nationalisations aient été annulées dès 1984, ou par les gouvernements suivants (de gauche comme de droite), les réformes sociales entreprises ont été maintenues. En politique, le Parti communiste français entame un long déclin, tandis que le Front national constitue, à l'extrême droite, une nouvelle force[3]. Après deux années de cohabitation durant lesquelles il doit travailler avec Jacques Chirac comme premier ministre, François Mitterrand est réélu en 1988 face à ce dernier. La persistance de problèmes sociaux, et notamment du chômage, entraînent en 1993 une nouvelle cohabitation, avec Édouard Balladur comme premier ministre.
La fin de la guerre d’Algérie et les débuts de la Cinquième République
À la suite de la crise de mai 1958 et du putsch du 13 mai à Alger, le gouvernement de la Quatrième République se résout à faire appel au général de Gaulle. Le , Pierre Pflimlin démissionne et le président René Coty demande au Parlement d'investir de Gaulle, alors que se déroule à Paris une manifestation des partis de gauche, dénonçant un risque de dérive vers un pouvoir personnel. De Gaulle reçoit les pleins pouvoirs et obtient de l'assemblée le droit de préparer une réforme des institutions. Le premier souci du général est de constituer un gouvernement d'union allant des socialistes (Guy Mollet, Jules Moch, Max Lejeune) à la droite (Michel Debré, Jacques Soustelle) en passant par les radicaux et le MRP.
Le 4 juin, de Gaulle se rend à Alger et au balcon du gouvernement général prononce le célèbre « je vous ai compris » que les Français d'Algérie et les partisans de l'Algérie française interpréteront comme une adhésion du général à leur thèse. La politique algérienne de De Gaulle s'inscrira toutefois dans le contexte plus global d'indépendance concrétisé par le discours de Brazzaville ([4]) où il affirmera l'engagement de la France à organiser des référendums dans les anciennes colonies afin de choisir soit l'indépendance, soit le maintien dans la communauté. L'opinion française comprend mal la politique algérienne du Général. La mise en place du plan de Constantine () visant à une modernisation de l'Algérie financée par la métropole et l'intensification des opérations militaires redonnent confiance aux partisans de l'Algérie française.
Après l'élection de Charles de Gaulle à la présidence de la République (), ce dernier reste peu explicite sur ses intentions, oscillant entre positions pro-Algérie française et favorables à l'autodétermination. Le , Charles de Gaulle annonce à la télévision qu'il est favorable à l'autodétermination afin de permettre aux Algériens de décider de leur sort. Les Français d'Algérie, indignés, comprennent qu'ils ont été trompés. L'activisme plus ou moins en sommeil se réveille (Pierre Lagaillarde, Guy Forzy et Joseph Ortiz) et la semaine des barricades (24 janvier - ) marque le début d'une opposition forte à la politique du Général.
Si les positions militaires sont nettement à l'avantage des Français ainsi que le contrôle du terrain (démantèlement du réseau Jeanson d'aide au FLN), la gauche (syndicats, UNEF, intellectuels) demande une négociation et proclame le droit à l'insoumission.
À la fin 1960, les événements s'accélèrent : le GPRA demande un référendum sous contrôle de l'ONU, le général de Gaulle évoque de plus en plus l'Algérie algérienne et organise le un référendum qui donne au oui une forte avance. Le , un putsch se produit à Alger. Les généraux Raoul Salan, Edmond Jouhaud, André Zeller et Maurice Challe s'emparent du pouvoir et neutralisent les pouvoirs civils. L'opération montée avec certains régiments de la légion (1er REP notamment) ne recueille pas les ralliements souhaités et de Gaulle prend les mesures d'urgence pour barrer la route à « ce quarteron de généraux en retraite ». Le 17 octobre 1961, une manifestation d'Algériens organisée à Paris par la Fédération de France du FLN, visant à boycotter le couvre-feu appliqué seulement aux Nord-Africains, est réprimée dans le sang. Ce massacre est largement orchestré par le préfet de police de Paris, Maurice Papon.
La présidence du général de Gaulle : la République gaullienne
Finalement, le , à la suite des manifestations nationalistes du 13 mai en Algérie, le gouvernement Pflimlin favorable à une négociation fut renversé. Le Parlement légitima le coup d'État et le président René Coty demanda fin mai au général de Gaulle de prendre la direction du pays, afin d'éviter une éventuelle guerre civile. De Gaulle devint président du Conseil en , obtint les pleins pouvoirs et fut chargé de rédiger une Constitution qui fut celle de la Cinquième République. Il fut élu président de la République en décembre de la même année. Michel Debré, principal rédacteur de la constitution, devint le premier Premier ministre de la Cinquième République.
Si les régimes de la Troisième et de la Quatrième République ont été qualifiés de régime des partis, c'est que l'élection à la Chambre des députés relevait de la proportionnelle. D'où l'impossibilité d'avoir une majorité stable et durable. Pour former une majorité ou une coalition il fallait des alliances entre partis, de tailles variables ; la durée des coalitions était fonction des intérêts de chaque parti la composant. Aux élections législatives de 1951 on inventa même le système des « apparentements », qui permettait aux partis qui s'étaient « apparentés » (i.e. alliés) de remporter l'ensemble des sièges à pourvoir dans le département dès lors que leur liste avait au moins 50 % des voix. Le scrutin majoritaire à deux tours mis en place dans la constitution de la cinquième République, met fin à cette pratique. Il est assez proche des régimes des grandes démocraties anglo-saxonnes où s'opposent travaillistes/conservateurs et républicain/démocrates. En revanche, ce système n'assure pas la représentation des petits partis. En 1962, un référendum décide de l'élection du président de la République au suffrage universel.
La formation du premier gouvernement Pompidou (avril 1962)
À la suite de la conférence de De Gaulle rejetant l'« Europe intégrée », les cinq ministres du MRP (dont Pflimlin et Maurice Schumann) démissionnent le , conduisant à un remaniement ministériel. Deux légers remaniements ont lieu en septembre, alors que la droite obtient la majorité lors des sénatoriales, et en .
Le président du SénatGaston Monnerville (GD) parle quant à lui de « forfaiture » et saisit le Conseil constitutionnel, qui se déclare, le , incompétent pour juger inconstitutionnelle une réforme approuvée par référendum, quand bien même elle n'aurait pas respecté l'art. 89.
Les législatives de fin novembre 1962 sont remportées par les gaullistes (51,34 %), mais les accords de désistement entre le PCF et la SFIO au second tour leur permet une progression importante de leurs sièges. Pompidou forme alors son deuxième gouvernement, fin novembre, qui dura jusqu'à 1966. Celui-ci a une composition semblable au premier, formé majoritairement de membres de l'UNR gaulliste et de quelques Républicains indépendants, représentant la tendance libérale (au sens économique), regroupés autour de Giscard.
Au niveau de l'aménagement du territoire, la promulgation en 1964 de la loi Debré sur la résorption des bidonvilles accorde un rôle important à la SONACOTRA, créée en 1956 sous le nom de « Société nationale de construction de logements pour les travailleurs algériens et leurs familles ». Les années 1960 sont en effet aussi celles où l'État et les patrons français font appel à la main d'œuvre d'origine étrangère. L'État initie alors une politique de construction intensive des foyers de travailleurs migrants, entre 1966 et 1972[6]. C'est aussi en 1963 que Michel Debré met en place le BUMIDOM (Bureau pour le développement des migrations dans les départements d'outre-mer) qui a « pour objet de contribuer à la solution des problèmes démographiques intéressant les départements d'outre-mer. » Celui-ci a été impliqué dans le scandale dit des « Enfants de la Creuse »[7].
Alors que la campagne pour la première élection présidentielle au suffrage universel direct depuis le 10 décembre 1848 a déjà commencé, une affaire mystérieuse jette un froid sur le pouvoir. En effet, le , l'opposant socialiste marocainMehdi Ben Barka est enlevé devant la brasserie Lipp, à Paris, avec la complicité du Service de documentation extérieure et de contre-espionnage (SDECE). Ben Barka était en train d'organiser la Conférence tricontinentale de La Havane, prévue pour 1966, qui devait réunir les « mouvements révolutionnaires du tiers monde », sorte de pendant des partis anticolonialistes au Mouvement des non-alignés. Le , les responsabilités de l'État français n'étant pas encore connues, de Gaulle déclare : « Du côté français que s'est-il passé ? Rien que de vulgaire et de subalterne. Rien, absolument rien, n'indique que le contre-espionnage et la police, en tant que tels et dans leur ensemble, aient connu l'opération, a fortiori qu'ils l'aient couverte ». Une enquête judiciaire est néanmoins ouverte; quarante ans après, elle se poursuit, l'affaire d'État, qui implique à la fois la France et le Maroc de Hassan II, n'ayant pas été éclaircie.
En décembre 1965, l'élection présidentielle a lieu. De Gaulle ne s'était officiellement présenté que le 4 novembre (une semaine après l'enlèvement de Ben Barka), déclarant au JT de 20 heures: « Que l'adhésion franche et massive des citoyens m'engage à rester en fonctions, l'avenir de la République nouvelle sera décidément assuré. Sinon, personne ne peut douter qu'elle s'écroulera aussitôt »[8]. À gauche, François Mitterrand (Convention des institutions républicaines) a réussi à obtenir le soutien de tous les partis, de la SFIO au PCF. Ce dernier réussit à mettre De Gaulle en ballotage : Mitterrand obtient près de 32 % des voix, tandis que de Gaulle obtient 44,65 % des voix. Jean Lecanuet, candidat du MRP, obtient plus de 15 %, et le candidat de l'extrême-droite, Jean-Louis Tixier-Vignancour (qui a Jean-Marie Le Pen comme directeur de campagne) obtient un peu plus de 5 %. De Gaulle est élu au second tour avec 55 % des voix (le taux d'abstention, lors du 1er et 2e tour, avoisine les 15 %, tandis que la campagne marque l'importance nouvelle de la télévision, la France comptant alors plus de 6 millions de récepteurs[réf. nécessaire]).
Troisième et quatrième gouvernement Pompidou (janvier 1966-31 mai 1968)
La Fédération de la gauche démocrate et socialiste (FGDS), qui rassemble à l'initiative de François Mitterrand les courants non-communistes depuis décembre 1965, s'organise en mars 1966 en contre-gouvernement, à l'image du shadow cabinet britannique. Alors qu'une grève générale est organisée à l'appel de tous les syndicats, l'opposition socialiste dépose au printemps 1966 une motion de censure, défendue par Guy Mollet, contre le gouvernement[9] : elle proteste en effet contre le retrait du commandement intégré de l'OTAN, décidé par De Gaulle en mars, Maurice Faure (du Rassemblement démocratique) déclarant alors « si chacun de nos alliés se comportait comme vous le faites et prenait les décisions que vous venez de décréter, cela ne signifierait rien d'autre que le retrait de toutes les forces américaines du continent européen »[9].
Lors des législatives de mars 1967, la majorité recule au profit de la gauche, qui confirme son avantage lors des cantonales de septembre 1967. À la demande de De Gaulle, Pompidou, réélu dans le Cantal, forme alors son quatrième gouvernement, qui dure jusqu'au . Critiqué par le PCF, le contre-gouvernement de la FGDS ne se rassemble plus que sporadiquement, avant de se dissoudre après mai 68. Marie-France Garaud, qui deviendra avec Pierre Juillet l'éminence grise de Pompidou, est nommée chargée de mission auprès du Premier ministre.
Soutenue par de Gaulle, qui déclare à son conseiller aux affaires africaines Jacques Foccart souhaiter le « morcellement » du Nigeria[13], Paris alimente en armes, sous couvert d'aide alimentaire, la sécession menée par le colonel Ojukwu. Ce dernier a installé à Paris le Biafra Historical Research Center, où travaillent le mercenaire Bob Denard et Roger Faulques, ex-colonel pendant la guerre d'Algérie et ancien du 1er régiment étranger de parachutistes[11]. Au milieu de l'année 1968, les premières photos de Biafrais victimes de la famine sont médiatisées, alarmant l'opinion publique internationale. Le Nigeria est alors soupçonné de génocide envers les Igbos. Les French doctors (Bernard Kouchner, etc.) lancent alors l'ONG Médecins sans frontières pour venir en aide aux réfugiés. De l'autre côté, Londres et Moscou soutiennent le Nigeria du général chrétien Yakubu Gowon, ainsi que Washington (qui s'abstient cependant de l'alimenter en armes).
Le Nigeria avait déjà agacé Paris en étant l'un des seuls pays, avec le Maroc, à protester vivement contre le troisième essai nucléaire français, Gerboise rouge, effectué le à Reggane, au Sahara algérien. Lagos avait alors expulsé l'ambassadeur de France Raymond Offroy et interdit aux avions et aux navires français de toucher son sol, provoquant la colère de de Gaulle et de Pierre Messmer, alors ministre des Armées. Quarante ans plus tard, ce dernier déclara :
« Je ne pardonnai pas [au Nigéria] son attitude après nos tirs nucléaires à Reggane. Ça permettait [le soutien au Biafra] de lui faire payer ! Il avait été à la fois provoquant et ridicule. Provoquant, en essayant de soulever les gouvernements africains contre les tirs nucléaires français. Et ridicule en disant : "Nous Nigéria, nous aurons la bombe atomique." Ce sont des grotesques. Je ne leur ai pas pardonné[11]. »
Pendant les événements de mai 68, tout en négociant avec les représentants syndicaux les accords de Grenelle — avec l'aide précieuse de son Secrétaire d'État à l'Emploi Jacques Chirac —, il préconise auprès du général de Gaulle la dissolution de l’Assemblée. Beaucoup[Qui ?] dans l’entourage du général jugent cette proposition « suicidaire » et penchent pour un référendum, pensant que c'est l'alliance de Gaulle-Pompidou (fermeté du général-négociations du Dauphin, comme pour les négociations de Grenelle) qui va faire sortir le pays de ce séisme. De Gaulle dissout onze organisations révolutionnaires par le décret présidentiel du 12 juin 1968. À la suite de celui-ci, la Gauche prolétarienne, à laquelle appartient Jean-Paul Sartre, est créée. L'Organisation communiste internationaliste (OCI) de Pierre Lambert obtiendra en 1970 l'annulation par le Conseil d'État de sa dissolution en contestant l'application du décret à elle-même. À droite, le Service d'action civique (SAC), une officine du pouvoir gaulliste, crée l'Union nationale inter-universitaire (UNI), un syndicat étudiant de droite, afin de contrer la gauche. L'extrême-droite nationaliste n'est pas en reste, le groupe Occident n'ayant pas été dissous par le décret du .
De mauvaise grâce, le président finit par se rallier aux conseils de son Premier ministre et les élections qui s’ensuivent (23 et ) sont un triomphe pour l’UDR (Union pour la défense de la République) qui rassemble l’ancienne UNR (devenue entre-temps UD-Ve) et quelques ralliés (Républicains indépendants et quelques centristes).
Georges Pompidou est réélu dans le Cantal, la gauche est battue, nombre de ses leaders ne sont pas réélus, en particulier Pierre Mendès France. Mais de Gaulle, irrité d’avoir eu tort contre Pompidou, contraint celui-ci à démissionner le 10 juillet, le plaçant « en réserve de la République ». Il est remplacé par Maurice Couve de Murville.
Ce dernier dirige un gouvernement éphémère (1968-1969), qui répond toutefois à la crise universitaire en promulguant la loi Faure (), qui modifie profondément l'organisation de l'université, dans le sens d'une plus grande démocratisation de celle-ci.
De la rupture entre Pompidou et de Gaulle à l'élection à la présidence de Pompidou
À l'automne 1968, l'affaire Marković éclate : le garde du corps d'Alain Delon a été assassiné. On tente alors de compromettre Pompidou en faisant circuler des rumeurs à son sujet (on parle de photos d'orgies où Claude Pompidou, sa femme, figurerait). Blessé à l'extrême, il reprochera à l’Élysée de ne pas l'avoir averti, d'avoir laissé cette rumeur déshonorante, basée sur les paroles d'un voyou, se propager. C'est le point de rupture définitif entre le général et Pompidou. Pompidou se consacre alors à ses mandats locaux.
Interrogé le par la Télévision suisse romande sur le fait de savoir s'il pensait avoir un avenir politique, Pompidou répondit alors : « Je ne pense pas avoir d'avenir politique ; j'ai un passé politique; j'aurai peut-être un jour, si Dieu le veut, un destin national »[réf. nécessaire]. Cette déclaration lui valut toutefois une remontrance officielle de l'Élysée, qui la déclare prématurée.
L'élection présidentielle de 1969 est anticipée du fait de la démission de Charles de Gaulle. Dans sa campagne électorale Georges Pompidou veut se démarquer de l'héritage gaulliste, prônant « le changement dans la continuité ». Le second tour de scrutin voit la nette victoire, malgré un important taux d'abstentions, de Georges Pompidou sur le président par intérim Alain Poher, avec 58,21 % des suffrages exprimés. Si le candidat communiste, Jacques Duclos, remporte un score inattendu, le second tour n'en voit pas moins l'élimination de la gauche et voit l'affrontement d'un candidat de droite et d'un candidat de centre-droit[14]. Gaston Defferre, candidat de la SFIO soutenu par Pierre Mendès France, connait un lourd échec.
Mais Jacques Chaban-Delmas exprime alors son désaccord, et démissionne; il est remplacé par Pierre Messmer au poste de Premier ministre. Le choc pétrolier de 1973 assombrit la fin du mandat présidentiel de Georges Pompidou, qui est interrompu par son décès brutal le , à cause de la maladie de Waldenström.
Au niveau national, Georges Pompidou entend moderniser la France : il continue la modernisation économique et l'industrialisation, tout en devant faire face à des conflits sociaux et aux premiers contrecoups du choc pétrolier de 1973.
La première initiative de Pompidou en politique extérieure est de convoquer un sommet des chefs d'État des six membres de la Communauté économique européenne pour rompre l'isolement diplomatique de la France et donner une nouvelle dynamique à la construction européenne : c'est la relance de La Haye. Si la défense des intérêts nationaux de la France sont prioritaires, il se montre sincèrement européiste[16].
Sur la scène internationale, Georges Pompidou continue la politique gaullienne d'indépendance tout en l'assouplissant, notamment à l'égard des États-Unis et du Royaume-Uni. Alors que Nixon est au pouvoir aux États-Unis, la firme Westinghouse cède en 1974 sa licence concernant les réacteurs nucléaires à eau pressurisée à FRAMATOME, permettant à celle-ci de construire le parc nucléaire français actuel.
La présidence de Valéry Giscard d’Estaing (1974-1981)
Entre les deux tours, le débat[17] qui l'oppose à François Mitterrand lui donne un avantage décisif, la phrase « Vous n'avez pas le monopole du cœur » ayant marqué tous les esprits. Il est élu d'extrême justesse, avec 50,81 % des suffrages, le et devient le troisième président de la Cinquième République, le plus jeune, à l'âge de 48 ans[18].
Le septennat de Valéry Giscard d'Estaing est marqué par les conséquences des deux chocs pétroliers qui brisent la dynamique des Trente Glorieuses. Devant la nécessité d'économiser l'énergie, le gouvernement restaure en 1975 l'ancien changement d'heure pendant les mois d'été, mesure permettant une économie d'électricité pour l'éclairage du soir. Il décide aussi de poursuivre et d'intensifier le programme de développement de l'énergie nucléaire civile engagé par son prédécesseur. Cette période est aussi marquée par l'apparition du chômage de masse.
Quelques lois importantes réformant les droits civiques sont également votées : loi fixant la majorité civile à 18 ans (1974), loi Veil autorisant l'avortement sous certaines conditions (1975), loi instaurant le divorce par consentement mutuel (1975), décret donnant droit au regroupement familial des immigrés (1976), loi informatique et libertés (1978).
En 1976, Jacques Chirac, déclarant ne pas disposer des moyens d'accomplir sa mission, démissionne de son poste de Premier ministre. Il est remplacé par l'économiste Raymond Barre, chargé de lutter contre la crise. Jacques Chirac se positionne dès lors en rival de Valéry Giscard d'Estaing : en , il transforme l'UDR en RPR et, en 1977, conquiert la mairie de Paris. Durant la même période, l'Union de la gauche ne résiste pas aux déconvenues électorales et le Parti communiste français de Georges Marchais rompt avec les socialistes.
En 1981, l'élection de François Mitterrand à la Présidence de la République bouleverse à nouveau les rapports de forces au sein du système partisan français. Au cours de cette élection et des législatives qui suivront, le Parti communiste perd une grande partie de son audience à gauche au bénéfice du Parti socialiste, qui devient très largement majoritaire de seul à l'Assemblée nationale. Le , Valéry Giscard d'Estaing arrive en tête du premier tour de l'élection présidentielle. Face à François Mitterrand, et n'ayant pas reçu le soutien de Jacques Chirac, il perd le second tour de l'élection, n'obtenant que 48,24 % des suffrages exprimés. François Mitterrand est élu président de la République, le , avec 51,76 % des suffrages exprimés contre le président sortant, Valéry Giscard d'Estaing, qui l'avait battu 7 ans auparavant. Les années 1980 marqueront l'avènement d'une nouvelle ère dans la vie politique française. Si à droite les rapports de forces restent inchangés, le PCF amorce de manière brutale un inexorable déclin, le PS devenant progressivement hégémonique dans le camp de la gauche de gouvernement. L
Son élection vient apporter à la Ve République, pour la première fois, une alternance politique. Refusant de toucher aux institutions, François Mitterrand choisit de gouverner avec les mêmes moyens que ses prédécesseurs et nomme le socialiste Pierre Mauroy Premier ministre, sur la base d'une union avec les communistes et les radicaux de gauche. Plusieurs mesures sont lancées rapidement, à savoir l'abolition de la peine de mort, la décentralisation, et la relance de l'économie (augmentation du SMIC et des minima sociaux, nationalisations). Mais cette relance ne porte pas ses fruits et le gouvernement se retrouve cerné par les contraintes financières. Il doit amorcer un changement de politique en 1982-1983 : le tournant de la rigueur. L'échec du projet de loi Savary sur l'éducation en entraine la démission de Pierre Mauroy. C'est le jeune Laurent Fabius qui est nommé premier ministre, les communistes en désaccord avec les mesures de rigueur quittent le gouvernement.
Le gouvernement entreprend alors une politique de privatisations, et profite de l'arrestation en 1987 des membres du groupe Action directe ou la libération des otages français au Liban en 1988. Toutefois, sa popularité chute et celle de François Mitterrand remonte. Ce dernier se présente à sa propre succession, et affronte le Premier Ministre, Jacques Chirac. Plus populaire, vainqueur du débat de l'entre-deux tours, François Mitterrand est confortablement réélu avec 54 % des voix.
Rejeté par la droite traditionnelle, le FN est exclu du jeu des alliances et ne sera jamais en mesure d'obtenir plus d'un siège à l'Assemblée après le rétablissement du scrutin majoritaire dès les législatives de 1988. Cela n'empêchera pas son audience électorale et médiatique de croitre, Jean-Marie Le Pen obtenant plus de 14 % des suffrages exprimés au premier tour de l'élection présidentielle de 1988. Le FN s'impose peu à peu comme une troisième force politique alternative, en dehors de la bipolarisation traditionnelle entre droite et gauche.
Sa première mesure est de dissoudre l'Assemblée nationale. Les socialistes l'emportent de justesse (48 % des sièges), et s'ouvrent vers le centre. Michel Rocard est nommé premier ministre. Le nouveau locataire de Matignon acquiert un grand succès avec les accords de Matignon, qui règlent la crise politique en Nouvelle-Calédonie. Le RMI et la CSG sont créés. En 1991, la France s'engage dans la Guerre du Golfe. Alors que sa popularité est au sommet, Mitterrand en profite pour remplacer Michel Rocard qu'il n'apprécie guère, par Édith Cresson. C'est la première femme à être nommée Premier Ministre. Mais la greffe ne prend pas, et après plusieurs déclarations malheureuses, elle est remplacée au bout de 10 mois par Pierre Bérégovoy. C'est à ce moment qu'est ratifié par référendum le Traité de Maastricht, et que François Mitterrand subit sa première intervention chirurgicale pour un cancer de la prostate.
Pour les élections législatives de 1993, la gauche, au sommet de l'impopularité à la suite de plusieurs affaires, est lourdement battue par la droite. Édouard Balladur devient Premier Ministre, c'est la deuxième cohabitation.Cette période est marquée par une consolidation du FN et par la percée significative des mouvements écologistes, en particulier Les Verts et Génération écologie, qui font leur entrée dans plusieurs conseils régionaux à l'issue des élections régionales de 1992 et obtiennent d'excellents scores aux législatives de 1993. Ce succès sera de courte durée, et seuls Les verts parviendront à s'imposer durablement dans le paysage politique avec des scores tournant autour des 4 %. La fin du mandat de François Mitterrand est marqué par plusieurs évènements (suicides de Pierre Bérégovoy et de François de Grossouvre, révélation de l'existence de Mazarine Pingeot et de la jeunesse de Mitterrand à Vichy). De plus, le président est visiblement atteint par les suites d'une seconde intervention chirurgicale pour son cancer. Il ne se représente pas lors de l'élection de 1995 qui voit l'élection de Jacques Chirac.
La classe politique traditionnelle perd encore du terrain lors de l'élection présidentielle de 1995, au cours de laquelle Jean-Marie Le Pen atteint les 15 %, tandis que l'extrême gauche, représentée par la candidate de Lutte ouvrièreArlette Laguiller, effectue une percée avec plus de 5 % des voix. Cette nouvelle recomposition des forces politiques oblige le Parti socialiste à composer avec des formations concurrentes à gauche, notamment sa petite scission du Mouvement des citoyens (MDC) mené par Jean-Pierre Chevènement.
Lors des élections législatives de 1997, la Gauche plurielle menée par le socialiste Lionel Jospin, rassemblant PS, PCF, verts, MDC et radicaux-socialistes, investit une étroite majorité de 55 % des sièges. Le PS, doté d'une majorité relative, doit composer avec les autres forces de la majorité plurielle et Jospin forme dans cet esprit un gouvernement de coalition intégrant toutes ses composantes. Malgré des résultats plutôt satisfaisants, l'alliance volera en éclats, en 2002, à la fin de la législature.
À droite, l'UDF doit faire face dès 1998 à une scission orchestrée par une quarantaine de députés de sa tendance libérale, qui partent fonder Démocratie libérale (DL). Malgré son groupe parlementaire conséquent, ce parti restera marginal, dépendant de ses alliances avec le RPR et une UDF recentrée. Le Mouvement pour la France (MPF), autre scission de l'UDF intervenue en 1994 à l'initiative du député Philippe de Villiers, restera dans l'ombre jusqu'à sa fusion, en 1999, avec le Rassemblement pour la France (RPF) de l'ex RPR Charles Pasqua, à l'occasion des élections européennes, au cours desquelles leur liste obtient 13 % des voix, devant la liste RPR-DL de Nicolas Sarkozy. Ce sera un succès sans lendemain, le mouvement éclatant dès 2000 lorsque M. de Villiers décide de faire scission pour refonder le MPF, qui retrouve son audience antérieure, tandis que ce qui reste du RPF sombre dans la marginalisation. Un autre petit parti fondé par d'anciens membres des partis de droite traditionnels, Chasse, pêche, nature et traditions (CPNT), connaîtra à la fin des années 1990 un succès éphémère, en obtenant 6 élus lors des européennes de 1999 avec près de 7 % des voix et faisant son entrée dans plusieurs conseils régionaux lors des régionales de 1992 et de 1998. Malgré le score honorable de son chef Jean Saint-Josse à l'élection présidentielle de 2002 (4,2 %), CPNT connaîtra un brutal reflux lors des scrutins qui suivront, au cours desquels le parti perdra tous ses élus régionaux et européens.
La priorité du nouveau gouvernement est de réduire le chômage, ainsi que la préparation de l'entrée de la France dans la Zone euro. Martine Aubry lance les 35 heures, et Dominique Strauss-Kahn mène une politique de réduction des déficits. En , la France organise la Coupe du monde de football, et la remporte. Le pays est pris d'euphorie, d'autant que les résultats économiques sont bons, le chômage baisse fortement. En 1999, le préfet de Corse Bernard Bonnet est impliqué dans l'affaire des paillotes, le pétrolier l'Erika pollue les plages bretonnes, et deux tempêtes historiques frappent la France. Le gouvernement est remanié début 2000 à la suite de la démission de Dominique Strauss-Kahn, plusieurs figures historiques de la gauche intègrent le gouvernement, comme Laurent Fabius ou Jack Lang. En , le mandat présidentiel est réduit à cinq ans par un référendum marqué par une forte abstention (69,81 %).
Les derniers mois du mandat de Jacques Chirac sont marqués par l'émotion internationale suscitée par les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis, par le soutien militaire français lors de la guerre d'Afghanistan, et par une forte hausse du sentiment d'insécurité.
L'élection présidentielle de 2002 sera marquée par une fragmentation du paysage politique tenant du jamais vu. Au premier tour, Jean-Marie Le Pen, bénéficiant d'un nouvel apport de voix (il obtint 4 804 713 voix[19], alors qu'il avait obtenu 4 570 838 voix en 1995[20] ; son score de 2002 représentait près de 17 % des voix) devance ainsi Lionel Jospin, victime de l'éparpillement des voix de gauche.
Tous les sondages créditaient le président du Front national de « troisième homme », avec entre 9,5 et 14 % d'intentions de vote. Il arrive finalement en 2e position avec 16,86 % des suffrages, devançant de justesse Lionel Jospin (16,18 %). L'extrême-gauche, dont les candidats Arlette Laguiller et Olivier Besancenot capitalisent 10 % des voix, monte en puissance. Le PCF, qui s'était jusqu'ici maintenu aux alentours de 9 %, s'effondre à 3,3 % avec la candidature de Robert Hue. Avec les candidatures de Jean-Pierre Chevènement pour le MDC et de Christiane Taubira pour le Parti radical de gauche, l'électorat socialiste s'éparpille aux dépens du candidat Jospin. Au second tour, Jacques Chirac, bénéficiant du rejet de l'extrême-droite, écrase Jean-Marie Le Pen avec 82 % des voix. Forte de ce nouveau souffle inattendu, la droite se réorganise, avec le lancement entre les deux tours de l'Union pour la majorité présidentielle (UMP) à l'initiative de Jacques Chirac. L'UMP, fusion du RPR et de Démocratie libérale (scission de l'UDF intervenue en 1998 à l'initiative d'une quarantaine de députés) et ayant reçu le renfort d'une majorité de cadres et d'élus de l'UDF devient le premier grand parti de la droite gouvernementale française. Lors des élections législatives de 2002, l'UMP, largement victorieuse, prend l'hégémonie à droite, la "Nouvelle UDF" de François Bayrou se sauvant qu'une vingtaine de sièges.
Les scrutins locaux qui suivront verront le retour de la domination du Parti socialiste sur l'ensemble de la gauche, contribuant à faire converger peu à peu le système partisan vers une situation de bipartisme, bien que l'audience conservée par les petits partis (le PCF, les verts et le PRG à gauche, l'UDF à droite), oblige les deux grandes formations à continuer d'évoluer dans le cadre de la bipolarisation.
Six mois plus tard, après la mort de deux jeunes poursuivis par la police nationale, et réfugiés pour leur échapper dans un transformateur EDF (un troisième ne sera que blessé), des émeutes éclatent dans des banlieues en novembre 2005 qui s'expliquent par le sentiment d'abandon et le chômage élevé qui touchent les descendants d'immigrés en provenance des anciennes colonies. Au niveau international, la France est décrite comme vivant un climat insurrectionnel. Un couvre-feu provisoire sera mis en place en décembre.
La lutte contre le chômage est la priorité du gouvernement, qui propose en septembre 2005 le CNE (déclaré en juillet 2007 illégal par les Instances Internationales). Six mois plus tard, il propose le CPE réservé aux jeunes, mais un vaste Mouvement anti-CPE se met en place et fait reculer le gouvernement. À la fin de ces événements agités, le Pouvoir se contentera de gérer les affaires courantes, et sera principalement occupé par l'affaire Clearstream, puis par la présidentielle de 2007.
Lors de l'élection présidentielle de 2007, l'UMP et le PS se renforcent et leurs candidats s'affrontent au second tour dans un schéma plus traditionnel qu'en 2002. Les petits candidats à la gauche du PS sont laminés, obtenant des scores très inférieurs à ceux qu'ils avaient obtenu en 2002. Jean-Marie Le Pen, concurrencé par la campagne très marquée à droite du candidat de l'UMP Nicolas Sarkozy, s'effondre à 10,4 %, tandis que François Bayrou, en axant son discours sur une volonté de former une formation centriste indépendante de la droite, atteint plus de 18 % des voix. La transformation de l'UDF en Mouvement démocrate (MoDem) ne permettra toutefois pas de concrétiser ce succès, le nouveau parti obtenant un score nettement plus faible lors des législatives qui suivront (7,6 %). En revanche le FN s'effondre à nouveau et, avec 4,3 %, n'est définitivement plus en mesure de peser sur le débat politique.
Les scrutins locaux qui suivront confirmeront cette tendance. Le paysage politique français s'organise actuellement sur la base d'une opposition gauche/droite très marquée, avec deux grands partis forts, l'UMP et le PS, qui composent avec plusieurs petits partis proches de leur sensibilité. Les dernières élections municipales ont été le théâtre d'une marginalisation du FN, de l'obtention de bons scores pour des listes menées par des partis de gauche autre que le PS (PCF, verts et surtout Ligue communiste révolutionnaire (LCR) dans plusieurs grandes villes) ainsi que de l'échec de la stratégie d'autonomie du MoDem, contraint de composer avec le PS ou l'UMP lorsque c'est possible, battu lorsqu'il présente des listes autonomes.
Fin 2008, la France doit faire face à la crise des subprimes. Les bourses s'effondrent et l'économie entre en récession. Des mesures de relance sont mises en place, comme la suppression de la 1re tranche de l’impôt sur le revenu, ou le retour d'une prime à la casse automobile. Malgré cela, le chômage augmente, le pouvoir d'achat des Français baisse. Durant l'été 2010, la France est vivement critiquée pour avoir mis en place des expulsions massives et discriminatoires de roms à la suite d'un fait divers. Dans le même temps, les retraites sont réformées par Éric Woerth, avec de nombreuses manifestations et une polémique qui éclate à la suite de l'implication présumée du ministre dans plusieurs affaires. Le président atteint alors un niveau d’impopularité record[21].
Les élections européennes de 2009, marquées par un taux de participation historiquement faible de 40,6 %, ont été l'occasion de plusieurs reclassements sur l'échiquier politique français. L'UMP s'est imposée avec près de 28 % des voix, loin devant le PS qui, à 16,5 %, subit la concurrence d'Europe écologie, rassemblement écologiste initié par les verts (16,3 %). Ce scrutin fut également l'occasion d'une nouvelle déconvenue pour le MoDem qui n'obtient qu'un piètre score de 8,5 %, très en dessous de la performance réalisée par l'UDF en 2004. À gauche, le Front de gauche initié par le Parti communiste et le nouveau Parti de gauche fondé par d'anciens membres de la minorité du PS obtient 6,5 % des voix, tandis que l'extrême-gauche se renforce considérablement, avec la percée du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), successeur de la LCR, qui obtient 5 % des voix (Lutte ouvrière est à 1,2 %). Le FN, à qui profite normalement ce type d'élection, demeure faible à seulement 6,3 % des voix, devant les listes Libertas alliant le Mouvement pour la France et CPNT, à 4,8 %, là aussi en net reflux par rapport aux scores obtenus par le seul MPF lors des scrutins précédents. Des courants minoritaires, en particulier l'Alliance écologiste indépendante et la formation gaulliste « Debout la République », obtiennent en outre des scores significatifs (respectivement 3,6 et 1,8 %).
Les élections régionales de 2010 sont remportées par la gauche qui gagne 21 des 22 régions métropolitaines. Cela est principalement dû à un retour du Front national qui réalise 11,4 % des suffrages et s'est maintenu dans douze régions. Les élections cantonales de 2011 sont aussi gagnées par la gauche qui totalise 49 % des voix. L'UMP est la grande perdante de cette élection, puisqu'elle ne représente que 17 % des voix. Le Front national, quant à lui poursuit son ascension et réalise 15 % des voix. Désormais, tous les regards sont portés vers l'élection présidentielle de 2012.
Une nouvelle étape de la crise frappe la France et l'Europe durant l'été 2011. Les bourses s'effondrent à la suite de la perte du triple A par les États-Unis, et la confiance disparaît dans les dettes publiques. Le gouvernement est contraint de lancer un premier plan d'austérité de 11 milliards d'euros fin août, puis un autre de 8 milliards en novembre. De plus, les sommets européens tentent de résoudre les problèmes grecs, espagnols et italiens.
Mais les efforts du gouvernement sont vains, et l'agence de notation Standard & Poor's dégrade la note de la France en . Le président, alors en difficulté dans les sondages pour sa réélection, réunit un sommet social pour atténuer la hausse du chômage. Il décide également de relancer la TVA sociale, entraînant un passage de la TVA de 19,6 % à 21,2 %. La fin du mandat de Nicolas Sarkozy est marquée par les tueries de Toulouse et Montauban.
Candidat à sa propre succession, Nicolas Sarkozy mène une campagne marquée par un positionnement très à droite. Lors du premier tour de l'élection présidentielle de 2012, il se qualifie pour le second tour au cours duquel il rassemble 48,36 % des voix. Il quitte la présidence de la république le après les cérémonies du où il accueille son successeur, François Hollande.
La présidence de François Hollande (2012-2017)
Cette section est vide, insuffisamment détaillée ou incomplète. Votre aide est la bienvenue ! Comment faire ?
Le premier tour de l'élection présidentielle de 2012 voit le candidat du PS François Hollande arriver en tête devant le président sortant Nicolas Sarkozy ; les observateurs notent également les 18 % de la candidate FN Marine Le Pen, qui maintient son parti comme troisième force politique nationale. Au second tour, François Hollande l'emporte sur Nicolas Sarkozy, par 51,6 %. Le suivant, à la suite des élections législatives, le Parti socialiste devient majoritaire à l'Assemblée nationale. Ainsi, pour la première fois sous la Ve République la gauche est majoritaire dans toutes les institutions (Présidence, Parlement, Conseils régionaux, Conseils départementaux, Conseils municipaux).
François Hollande nomme Jean-Marc AyraultPremier ministre et compose un gouvernement paritaire (17 femmes et 17 hommes) marqué par une grande diversité.
Le , après la défaite du PS aux élections municipales, le Premier ministreJean-Marc Ayrault démissionne. François Hollande nomme Manuel Valls, alors ministre de l'Intérieur, Premier ministre. Ces deux derniers font face à une importante baisse de popularité, due à une politique jugée inefficace par bon nombre de citoyens et une incarnation par François Hollande du Président de la République très contestée. Nonobstant, la gestion des attentats de janvier 2015 par le Président, le Premier ministre, le ministre de l'Intérieur et dans une plus ample mesure de tout le gouvernement, est saluée unanimement par la classe politique.
La forte poussée du FN lors des scrutins suivants conduit les observateurs à évoquer, surtout à partir des élections européennes de 2014, une « tripartition » du système politique, expression créée dès 1997 par Gérard Grunberg et Étienne Schweisguth à propos de l’élection présidentielle de 1995 ; le politologue Joël Gombin remet en cause cette notion en soulignant que « la porosité entre les électorats de l’extrême droite et de la droite ne cesse de grandir », et lui préfère celle de « système bipolaire, mais asymétrique »[22].
À la suite d'une forte impopularité, aussi bien dans son propre camp qu'au sein de la population française, François Hollande annonce en qu'il ne se représentera pas pour un second mandat. Fait inédit, il n'annonce par ailleurs aucun soutien clair au candidat de son propre parti, Benoit Hamon, et appelle à voter pour Emmanuel Macron au deuxième tour de l'élection présidentielle de 2017.
Cette section est vide, insuffisamment détaillée ou incomplète. Votre aide est la bienvenue ! Comment faire ?
Au terme d'une élection présidentielle atypique, le , Emmanuel Macron est élu président de la République, ayant fait face à Marine Le Pen au second tour. Le bipartisme politique formé alors par le Parti socialiste et Les Républicains s'effondre au profit d'un candidat dont l'ascension politique est extrêmement rapide : Macron ne devient connu par le grand public qu'en 2014, lors de sa nomination au ministère de l'Économie. En outre, il est le plus jeune président élu et son mouvement En marche (de tendance sociale-libérale, centre-droit) n'est créé qu'en 2016, soit un an auparavant. Lors de cette élection, le Parti socialiste au pouvoir s'effondre en effectuant le score le plus bas depuis sa création (6,3 % avec Benoît Hamon), au profit de deux candidats qui ont polarisé ses deux tendances : la France insoumise de Jean-Luc Mélenchon (19,6 %) représentant un socialisme écologique marqué plus à gauche, et En marche d'Emmanuel Macron (24,1 %) incarnant désormais sa tendance social-libérale.
À la suite des élections législatives, ce même parti (devenu La République en marche) remporte la majorité des sièges au parlement. Le Parti socialiste passe de près de 300 sièges avec ses alliés à seulement 30, et Les Républicains passent de près de 200 sièges à moins d'une centaine.
Le premier quinquennat du Président Emmanuel Macron est marqué par des crises sociales, notamment la révolte des Gilets Jaunes et les très longues grèves contre la réforme des retraites de 2019. Le quinquennat est également marqué par la pandémie du COVID-19 qui impacte durablement l'économie du pays.
Le , après une élection plus que tendue, Emmanuel Macron est élu président de la République pour la seconde fois avec près de 58 % des suffrages exprimés soit 17 millions d'électeurs. C'est la première fois dans l'histoire de la Cinquième République qu'un président en exercice est réélu hors période de cohabitation.
Le second quinquennat du Président Emmanuel Macron est marqué, en 2023, par une réforme des retraites qui suscite un mouvement social d'ampleur, les sondages d'opinion montrant par ailleurs un rejet de la réforme par une majorité de la population (60 % en janvier 2023 selon Elabe[24], 64 % en février 2023 selon Ipsos Sofra Steria[25]). La loi est promulguée le 14 avril 2023[26] après que la Première ministre a engagé la responsabilité de son gouvernement sur le texte en utilisant l'article 49 alinéa 3 de la Constitution[27], conduisant ainsi à l'adoption du texte sans vote de l'Assemblée nationale.
En avril 2023, l'agence de notation Fitch abaisse la note de la France, de AA à AA-[28].
Elle a été poursuivie sous la Ve République par tous les présidents, qu'ils soient de droite ou de gauche. En effet, bien que la France reste très attachée à sa riche histoire et à son indépendance, le pouvoir se situant au moins autant au niveau économique qu'au niveau politique, les dirigeants français travaillent à lier de plus en plus l'avenir du pays au développement de l'Union européenne. Le créateur de la Cinquième République, Charles de Gaulle, était assez sceptique quant à la construction européenne et bloqua par exemple l'entrée dans la CEE du Royaume-Uni qu'il considérait comme le cheval de Troie de l'Amérique par la politique des chaises vides. La construction européenne s'accélère donc pendant la présidence de Pompidou et surtout de Giscard d’Estaing. Pendant la présidence de François Mitterrand, celui-ci insista sur l'importance de l'intégration européenne, et poussa à la ratification du traité de Maastricht sur l'union économique et politique européenne. Cette ratification fut approuvée par l'électorat français en septembre 1992. En 2003, la France et l'Allemagne ont par plusieurs aspects renforcé leurs liens, le fait le plus marquant étant peut-être la représentation des intérêts de l'Allemagne par le président de la République française au Conseil européen, attestant de la confiance mutuelle que se portent les deux pays et montrant l'exemple à leurs partenaires européens.
Jacques Chirac fut obligé, pour satisfaire aux critères de l'Union économique et monétaire, de mener plutôt une politique de réformes économiques et de rigueur. Fin 1995, la France connut d'ailleurs les plus importantes grèves de la décennie, lorsque les fonctionnaires protestèrent contre l'alignement de leur régime de retraite sur celui du privé, dans la lignée de cette politique de rigueur.
En politique étrangère, Jacques Chirac mit l'accent sur la protection de la force d'interposition française en ex-Yougoslavie, et aida à promouvoir les accords de paix négociés à Dayton, et signés à Paris en décembre 1995. Avec l'Allemagne et la Russie, la France fut l'un des opposants les plus fermes à la deuxième guerre d'Irak menée par George W. Bush et ses alliés.
Les gouvernements français se sont montrés défenseurs de la politique de l'ONU et de l'Union européenne au Kosovo, puis dans les Balkans.
↑Marc Bernardot, « Camps d’étrangers, foyers de travailleurs, centres d’expulsion : les lieux communs de l’immigré décolonisé », Cultures et Conflitsv, no 69, printemps 2008, mis en ligne le 8 juillet 2008.
↑ ab et cJean Guisnel, « Derrière la guerre du Biafra, la France », in Histoire secrète de la Ve République (dir. Roger Faligot et Jean Guisnel), La Découverte, 2006, 2007 (pp. 147-154).
↑Jacques Foccart, Foccart parle. Entretiens avec Philippe Gaillard, tome I, Fayard/Jeune Afrique, Paris, 1995, p.342, cité par Jean Guisnel, « Derrière la guerre du Biafra, la France », in Histoire secrète de la Ve République (dir. Roger Faligot et Jean Guisnel), La Découverte, 2006, 2007, p.148
↑Marie-Thérèse Bitsch « Le sommet de La Haye. L’initiative française, ses finalités et ses limites » dans la Revue d'histoire de l'intégration européenne.
↑Le 27 mai, dans son discours d'investiture, il proclame « J'entends encore l'immense rumeur du peuple français qui nous a demandé le changement. Nous ferons ce changement avec lui, pour lui, tel qu'il est dans son nombre et sa diversité. »