La construction de l'église débute en 1858 sur le territoire de la commune de La Chapelle, qui sera rattachée à Paris en 1860. L'église est consacrée en 1861.
L'église en totalité (incluant la grille de pourtour et les emmarchements du parvis ainsi que le sol de la parcelle) est inscrite au titre des monuments historiques le [1], puis classée le [3].
Histoire
Construction
Dans la première partie du XIXe siècle, le hameau de la Goutte d'or, situé dans la commune de La Chapelle, se développe et devient un véritable quartier urbain. Il est décidé de construire une deuxième église en complément de l'église Saint-Denys de la Chapelle située au cœur du bourg de La Chapelle.
Pendant la Commune de Paris de 1871, Louise Michel, grande figure de cette révolution, anime dans cette église le club de la Révolution[6], lieu privilégié de l’expression populaire comme bon nombre de ces clubs dont elle préside souvent les séances. Elle préconise alors un enseignement vivant, des écoles professionnelles et des orphelinats laïques.
Le , trois cents étrangers, en majorité des Maliens et des Sénégalaisen situation irrégulière, commencent l'occupation de l'église pour demander leur régularisation, le tout nouveau gouvernement de Jacques Chirac ayant fait des propositions de régularisation jugées décevantes (carte de séjour d'un an renouvelable pour quarante-huit personnes)[7]. Ils ont d'abord occupé l'église Saint-Ambroise de Paris le , mais en application de la loi Pasqua s'en sont fait expulser dans l'indifférence après une visite du cardinal Lustiger, qui a autorisé le curé à donner les clefs à la police[8].
Ils ont ensuite occupé le gymnase Japy le , dont ils se sont fait expulser par la police deux jours plus tard, avant d'être accueillis dans les locaux de différentes associations et syndicats. Ensuite, après avoir été hébergés à la Cartoucherie de Vincennes depuis le , ils ont ensuite occupé des entrepôts désaffectés de la SNCF, rue Pajol, le [8]. Autour de leur action se crée une forte médiatisation et est mis en place un collège de médiateurs. L'expression « sans-papiers » connaît une large diffusion auprès du grand public à la suite de ces occupations[9]. Ils arrivent à l'église le , vers 17 heures et sont autorisés à y demeurer par le curé Henri Coindé[10].
Le à 7 h 30, à la suite d'un arrêté d'expulsion (visant l'occupation de l'église) pris d'urgence, sans que l'expulsion soit confirmée par un juge[11], 525 gendarmes mobiles protégés par 500 policiers des commissariats environnants et 480 CRS, sont déployés[7] pour ouvrir à coups de bélier et de merlin la porte de l'église et évacuer les occupants. Au total, l'évacuation de l'église se solde par 220 interpellations, dont 210 sans-papiers (98 hommes, 54 femmes et 68 enfants) qui sont placés dans le centre de rétention de Vincennes. Bien que tous soient en principe menacés d'arrêté de reconduite à la frontière, seules huit personnes le seront effectivement[12]. Certaines personnes disent que les modalités de cette expulsion sont incompatibles avec une déclaration de Jean-Louis Debré, ministre de l'Intérieur ayant ordonné l'expulsion, selon laquelle il agirait « avec humanité et cœur »[8]. Ce jour est devenu une date importante dans le mouvement des étrangers en situation irrégulière en France[8].
L'épisode a un écho international[13]. En France, des manifestations rassemblent des dizaines de milliers de personnes contre la politique du gouvernement d'Alain Juppé[8]. S'engage alors un processus de régularisation au cas par cas. Quelques étrangers en situation irrégulière sont expulsés, mais beaucoup restent, ayant des enfants nés en France, étant mariés, ou travaillant depuis longtemps en France[8].
En , la Cour de cassation rend un arrêt concernant l'évacuation de Saint-Bernard, jugeant que l'interpellation des personnes sur les lieux et par la suite expulsées était régulière, le fait de manifester publiquement son statut d'étranger autorisant celle-ci au visa de l’article 8 de l'ordonnance du 2 novembre 1945[14],[11].
L’église Saint-Bernard de la Chapelle est située au 11, rue Affre et l'entrée se fait actuellement rue Saint-Bruno. Elle est bâtie dans le style néogothique avec une façade initialement plate mais qui fut complétée par un porche offert par la municipalité de Paris lors de l’intégration de la commune de la Chapelle à la capitale. Cette façade présente donc un porche, de style flamboyant, rehaussé d’arcs en accolade et épaulée par des arcs-boutants. Un clocher avec une flèche de 60 mètres domine l’église.
Chevet depuis l'angle des rues Saint-Luc et Saint-Mathieu.
Les travaux de décoration ne se terminent qu'en 1870.
L'artiste Michel-Pascal réalise une partie du décor sculpté, à l'extérieur comme à l'intérieur : statues du Christ et de la Vierge à l'enfant sur la façade, des deux anges et des saints du portique, du Chemin de croix, de la Vierge à l'enfant au dessus de la chaire, etc.
À l'opposé de la chapelle des fonts baptismaux, la chapelle numéro 15 contient un mobilier renouvelé en 1924-1925 afin de commémorer les défunts de la paroisse morts pendant la Première Guerre mondiale ; elle fut inaugurée le 22 février 1925. Sous deux toiles marouflées de Robert-Fleury qui ont été conservées s'élève un autel des morts dû à Georges Saupique[22].