Des élections sénatoriales ont lieu le , en France, afin de pourvoir 170 sièges de sénateurs de la série 1, soit près de la moitié de l'effectif total de la chambre haute. Elles sont marquées par le basculement du Sénat à gauche, devenue strictement majoritaire pour la première fois de la Ve République.
Modalités
La loi organique no 2003-696 du a modifié certaines modalités de renouvellement du Sénat. La durée du mandat est ramenée de neuf à six ans. En 2011, les élections sénatoriales portent ainsi sur la moitié des sièges, nommée Série 1, alors que, jusqu'à 2008, le renouvellement était réalisé par tiers. Le nombre total de sénateurs à l'issue de ce scrutin est porté à 348, nombre maximal désormais inscrit dans la Constitution française.
Dans les 18 départements élisant au moins quatre sénateurs, de même que pour les Français de l'étranger, le scrutin est proportionnel plurinominal, sans panachage ni vote préférentiel. Il représente 112 sièges. Dans les autres départements et les collectivités d'outre-mer, le scrutin est majoritaire uninominal ou plurinominal à deux tours et concerne 26 départements, soit 58 sièges.
Le vote est obligatoire pour les 71 890 grands électeurs. Le scrutin a lieu le dimanche entre 9 h et 15 h, à la préfecture du département concerné. Dans les départements élisant un, deux ou trois sénateurs, le premier tour s'effectue entre 8 h 30 et 11 h, le second entre 15 h 30 et 17 h 30.
165 sièges sont renouvelés par ce scrutin[1] et 5 nouveaux sièges, créés pour tenir compte de l'évolution démographique, sont aussi pourvus. 38 départements métropolitains sont concernés, dans l'ordre des numéros de départements entre l'Indre-et-Loire (37) et les Pyrénées-Orientales (66), ainsi que l'ensemble des 8 départements de l'Île-de-France, 6 départements ou collectivités d'outre-mer et la moitié des 12 sénateurs des Français de l'étranger.
Le président du Sénat sortant Gérard Larcher est réélu dans les Yvelines.
Membres du gouvernement, Chantal Jouanno et Gérard Longuet sont élus sénateurs tandis que le ministre Maurice Leroy est battu. Seule Chantal Jouanno quitte finalement le gouvernement pour siéger au Sénat.
Pierre Charon, candidat dissident de l'UMP et ancien conseiller du président de la République Nicolas Sarkozy, est élu sénateur.
Paul Vergès, 86 ans est le doyen du Sénat. Il annonce vouloir renoncer à son mandat de sénateur mais préside la séance d'élection du nouveau président Jean-Pierre Bel le .
La gauche remporte quatre des cinq nouveaux sièges créés.
Conséquences du scrutin
Basculement à gauche
Du fait de son mode de scrutin, le Sénat sous la Cinquième République a toujours été contrôlé par une majorité de droite ou de centre-droit. Cependant, les gains en sièges de la Gauche lors des dernières élections sénatoriales de 2004 et 2008 respectivement de 14 et 21 sièges supplémentaires, permettent une alternance, pour la première fois de la Cinquième République.
Réactions
À la suite du basculement à gauche du Sénat, Harlem Désir, du Parti socialiste, désigne le comme étant « un jour qui marquera l'histoire[12] ». Martine Aubry et François Hollande estiment que c'est « un échec pour le président de la République » et soulignent que « l'UMP recule partout[13] » et qu'un Sénat à gauche « serait aussi pour le prochain président de la République, s'il est de gauche, un sérieux atout[14] ». Ségolène Royal a « salué la victoire de la gauche » aux élections sénatoriales et a estimé qu'il s'agissait « d'une sanction d'une sévérité extrême de la politique de la droite[15] ». Le ministre chargé des relations avec le Parlement, Patrick Ollier, tempère en soulignant que « le dernier mot est à l'Assemblée[16] ». La présidence de la République, dans un bref communiqué, « prend acte des résultats[17] » qui sont dus, selon l’Élysée, aux succès de la gauche aux élections locales. Le Premier ministre François Fillon et le secrétaire général de l'UMP Jean-François Copé ont imputé le fiasco aux divisions de la droite[18].
Présidence du Sénat
Les jeux d'alliance peuvent faire basculer une élection : selon Jean Arthuis, « l'élection du président du Sénat est aussi complexe que celle d'un pape »[19].
À droite, le président sortant du Sénat, Gérard Larcher, annonce dès 2010 sa candidature à un second mandat[20]. Pour la gauche, le président du groupe socialiste Jean-Pierre Bel est désigné candidat des socialistes le et fait figure de favori contre Gérard Larcher[21]. L'ancienne ministre et vice-présidente du Sénat Catherine Tasca, qui avait un temps présenté sa candidature, a finalement renoncé à se présenter[22]. En 2009 et 2010, l'attention s'était aussi portée sur le sénateur-maire de Dijon, François Rebsamen, sur l'ancien ministre et sénateur des Hauts-de-Seine Robert Badinter[20] ou même sur l'ancien Premier ministre, Laurent Fabius, qui n'a pourtant jamais été sénateur[23].
Le , Jean-Pierre Bel est élu président du Sénat à la majorité absolue, dès le premier tour, avec 179 voix, soit deux de plus que le total théorique (177) des voix de gauche. Il a notamment bénéficié du soutien des groupes CRC[24] et RDSE[25]. Le président sortant du Sénat Gérard Larcher pouvait compter sur le soutien de son parti[26] tandis que les centristes avaient choisi l'ancienne secrétaire d'État Valérie Létard comme candidate au « plateau »[27] .
↑D'abord rattachés au groupe socialiste, les dix sénateurs écologistes ont par la suite créé leur propre groupe grâce à l'abaissement du seuil requis pour former un groupe
↑Les sénateurs d'EELV, qui étaient rattachés au groupe socialiste, ont obtenu l'abaissement du seuil de formation d'un groupe de 15 à 10 élus, et ont ainsi pu former leur propre groupe.Groupe écologiste sur le site du Sénat
↑François Cariès et Suzette Bloch, La bataille du Sénat, éditions Robert Laffont, 208 p. (ISBN978-2221124901), cité dans Le Monde, le 15 septembre 2011, lire en ligne.